Augmentation de la carte de pêche 2020, et hop c’est reparti !

Ca faisait longtemps… En fait trois ans que la carte de pêche n’avait pas augmenté. La dernière fois c’était le tarif de la partie interfédérale (E.H.G.O.) qui avait amené le prix du permis à 96 euros. Cette fois c’est la part CPMA qui augmente.

Certes comme je l’ai écrit à maintes reprises, le tarif d’un permis de pêche reste encore accessible par rapport à des licences sportives néanmoins le seuil psychologique des 100 euros est franchi ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir.

 

Les augmentations devraient être les suivantes :

  • Carte interfédérale : 100 euros soit 4 euros d’augmentation
  • Carte femme : 35 euros soit 2 euros d’augmentation
  • Carte hebdomadaire : 33 euros soit 1 euro d’augmentation
  • Carte journalière : 10 euros soit 1 euro d’augmentation (selon les départements)
  • Carte majeur départementale : 78 euros soit 2 euros d’augmentation
  • Carte mineur : 21 euros soit 1 euro d’augmentation

Voici un graphique vous montrant l’augmentation régulière de notre chère carte de pêche (au sens propre comme au figuré).

 

A titre comparatif le coût de la vie moyen a augmenté peu ou prou de la même manière mais quand même moins vite, en moyenne deux fois moins vite. Sur les 10 dernières années l’ inflation a été de 9,5 %, parallèlement celle de la carte interfédérale a été de  16.5 % soit une tout petit peu moins que le double.

Attardons-nous un peu sur la part des différents acteurs contenu dans une carte de pêche car lorsque nous achetons une carte nous cotisons à une AAPPMA, une fédération et nous payons une taxe dite CPMA.

Voici un tableau émanant de la fédération de pêche de Saône-et-Loire (top 5 des ventes de cartes en France) qui vous montre la ventilation de l’ argent.

Sur une carte à 96 euros en 2019 : 25,40 euros est parti à la FNPF qui a redonné une grande part de ceci sous forme de subventions aux fédés. 8,8 euros est parti aux agences de l’ eau dont on ne sait pas franchement ce qu’elles en font avec, surtout pour la pêche…

Ma fédé a encaissé directement 20,30 euros, mon AAPPMA 15,25 euros et une caisse de compensation destinée à aider les petites AAPPMA face aux grandes a reçu 5,25 euros. Terminons avec l’EHGO qui a encaissé 21 euros.

La loi oblige les AAPPMA à adhérer à une fédé, de même que les fédés à adhérer à la FNPF. La caisse de compensation n’est qu’une cuisine locale et l’ EHGO une strate, une caisse commune dont on peut se demander pourquoi elle est là si ce n’est elle aussi de servir de caisse de compensation entre fédés adhérentes.

 

Ca c’est la théorie où tout devrait bien se passer mais la réalité se heurte au fait que ce sont des humains, des élus qui gèrent ça. La part AAPPMA, celle qui paye les rempoissonnements, les nettoyages…n’a pas augmenté depuis le passage à l’euro chez nous et encore dans certains départements elle n’existe même pas, tout est géré par la fédé qui redistribue. Certes la fédé va aider pour acheter une tronçonneuse mais il faudra réclamer, monter un dossier pour une subvention, quelquefois flatter pour recevoir.

Cette gestion étant soumise à des élus, les dérapages sont là car une majorité d’ élus souhaitent être réelu et mener à bien leur propre projet ou rester dans un certain type de confort social. Certains seront à fond sur la pêche, d’autres sur la protection des milieux, d’autres sur d’ autres choses, c’est humain mais ça ne profite pas toujours au pêcheur ou au poisson selon le point de vue utilisé.

Cette année on a encore vu la polémique de « génération pêche au tour de France » enfler sur le réseau social de référence qu’est Facebook. Beaucoup de yaka faucon ont donné un avis éclairé sur le sujet mais peu ont réfléchi en termes de gestion d’entreprise car notre bateau FNPF doit se gérer comme une entreprise. Il est juste nécessaire de communiquer pour maintenir les effectifs qui vont cotiser et permettre de continuer. Si on se replie sur soi, il restera à terme un bel entre soi de passionnés qui ne pourront rien faire puisqu’ils n’auront plus les sousous dans la popoche afin de réhabiliter tel milieu ou d’aménager tel autre.

Certains ont vilipendé le budget com de la FNPF en proposant de salarier des gardes, j’avais déjà fait le calcul et ça ne fait même pas un garde par département, juste un pour le quart des départements ( 800 000 euros pour le tour de France, comptez au minimum 30 000 euros de salaires et cotisations pour un garde par an payé à 1500 euros sans compter la voiture, les frais..). Cette com à destination du tour de France représenterait 3 % du budget de la FNPF et elle me paraît plutôt opportune en termes de visibilité tout public pas comme celle de payer des encarts publicitaires dans des magazines de pêche. Pourrait-on faire mieux avec ce budget, peut-être mais la solution miracle n’a pas encore été découverte.

 

Ce système associatif, basé sur des strates multiples n’est pas la meilleure chose pour gérer efficacement la pêche et notre argent car il s’agit bien de nos sous. Très objectivement la carte de pêche est bien trop chère quand on voit ce qu’elle offre. Des kilomètres de rivières et fleuves, des lacs, des étangs mais très peu sont poissonneux, faciles d’accès, sans contraintes diverses. Bien entendu si tout était privé ça coûterait encore plus cher mais si un lac de mon secteur était à la hauteur de mes espérances en termes de population piscicole je n’aurais pas besoin d’aller voir ailleurs.

100 euros, ça en fait une somme pour avoir le droit de jeter mes leurres, garder un brochet et trois sandres par an. Autant les acheter ? Mais il se trouve que j’aime les bredouilles, les aubes estivales, les matinées brumeuses de novembre au bord de l’eau, j’aime acheter du matériel, voguer sur les lacs, arpenter les berges, cuire au soleil ou grelotter de froid. J’aime la pêche plus que le poisson et 100 euros pour quelqu’un qui comme moi va quasiment 100 fois à la pêche dans sa saison, ça ne représente qu’un euro  par sortie. Mais pour un jeune qui démarre dans la vie ou un vieux pêcheur avec une petite retraite qui ne peut guère bouger de son coin et ne peut pas crapahuter dans la nature, c’est juste indécent pour avoir le droit de tremper sa ligne.

L’année prochaine, une des strates de ce permis demandera une nouvelle augmentation, toujours bien justifiée selon elle. Dans mon département nous avons perdu un poste de technicien (garde) par conséquent la part fédé aurait dû baisser non ?  100 euros, ce n’est que 4 euros de plus mais c’est une limite que mon esprit a défini comme une barrière à ne pas dépasser. Il me faut payer et en plus donner de mon temps pour mon AAPPMA pour prendre juste quelques poissons…La pêche, une quête de l’ impossible, une course à l’ inutile selon certains, un combat épique biaisé où le pêcheur gagne tout le temps face au poisson mais pas face à ses contemporains selon d’autres.

 

En conclusion, si vous n’êtes pas content de ces augmentations ou de la gestion de la pêche en France, engagez-vous au sein de votre AAPPMA puis de votre fédé, puis de la FNPF, sinon arrêtez de crier haro sur le baudet. Polémiquer en accusant la FNPF de tous les maux sur les réseaux sociaux c’est méconnaître le pouvoir des fédés et ça n’a jamais fait réellement avancer quoi que ce soit, sauf gonfler l’égo des polémistes et provoquer une tempête dans un verre d’eau.

Nous pouvons tous changer cela, en allant à l’ AG de notre AAPPMA pour commencer !  En attendant, et pour ceux qui auraient lu en diagonale ce long article un peu indigeste, STOP à ces augmentations sans arrêt de la carte de pêche  sinon à force de tirer sur la tresse, elle va finir par lâcher. Un tarif de carte de pêche qui augmente deux fois plus vite que l’inflation, où est le service supplémentaire qui justifie une telle hausse ? Que font ceux qui sont censés nous représenter et veiller sur nos intérêts, voici des questions légitimes.

Gardez la pêche

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