Mise au point sur ma pêche accidentelle sur des frayères de sandres

avatar-esoxiste-2014Lorsque j’ai mis en ligne mon compte rendu d’ouverture 2017 je savais que j’allais me faire allumer par certains moralistes. Pourtant sur l’ article en lui même, un seul commentaire désobligeant et presque hors sujet que j’ai modéré.

Que se passe t’il me suis je dit, les partisans  de l’ ychtiophilie sont en vacances ? Mais non, il ont seulement mit deux jours à réagir  et sur Facebook.

En préambule, j’avais prévu une ouverture au grand Large près de Lyon mais la météo annoncée difficile m’a fait faire marche arrière et c’est encore à cause de la météo que nous ne sommes pas allés sur les lacs du Morvan. Torcy était une solution de repli et comme je l’ai écrit, nous nous attendions juste à une brecouille mais pas loin de chez nous en cas de forte pluie.

Fallait il que je publie ce compte rendu ? Rien ne m’y obligeait, seul le besoin de vérité me l’ a dicté. Oui j’ai pris du sandre sur des frayères mais sans le chercher, avec des leurres et des techniques à brochet, en changeant de coin à chaque fois à la prise d’un sandre pour ne pas piquer les autres sauf le premier accident.

gueule-sandreSuis je fier d’avoir pris des sandres ? Oui. J’ai aimé les combattre et j’ai pris mon pied comme chaque pêcheur qui prend un poisson.

Suis je fier d’avoir pris ces sandres sur des frayères ? Non, bien évidemment.

J’ai mesuré via Google Heart le linéaire que j’ai pêché en dérive ce matin là ,  environ 2600 m durant 5 heures, soit en moyenne 525m à l’heure. Je pourrais sans mentir arrondir à 600m puisque suivre les  bordures ne se fait pas en ligne droite.

Le tour du lac, sauf la partie de la digue fait environ 4000 m, j’ai donc pêché la moitié du linéaire des bordures de ce lac d’environ 70 hectares.

Des renseignements recueillis auprès de pêcheurs et de responsables d’ AAPPMA m’avaient appris que :

1 – La fraye des sandres était estimée être terminée depuis deux bonnes semaines

2 – La température de l’eau avait ramené le poisson blanc sur les bordures, information corroborées par l’observation au sondeur et à l’ activité de surface.

sandre-ppEn conséquence, j’en ai déduit que les brochets se trouveraient dans les bois noyés des bordures de cet étang, bois noyés qui sont actuellement sous 1,5m d’eau  et à plus de 20m du rivage correspondant au niveau du lac plein.

Au sondeur, aucun poisson en dessous de 5 m de profondeur, ou tout du moins aucun écho de poisson repéré. Donc la stratégie était simple, pour cibler le brochet, pêche des bordures dans 5m maximum avec des leurres très bruyants et brillants. Y’a t’il là une volonté délibérée de « massacrer des sandres » en employant cette approche qui est la mienne et celle d’une majorité de pêcheurs aux leurres  depuis des années.

Par le passé, prise d’un sandre sur une frayère ou supposée frayère dans 2/3m m d’eau il y a 4 ans  à cette époque. Donc on n’a pas pêché ce secteur là !

Arrivé sur le premier poste, à 30m de pêcheurs au vif, prise d’un premier sandre au spinnerbait. Il faudrait être sacrément con pour chercher spécifiquement le sandre au spinnerbait !!! Je n’aurai pas du relancer puisque nous étions sur une frayère mais pris dans mon élan de pêche, j’ai pêché….Au chatterbait qui comme la cuiller, le spinner et autres leurres métalliques à éclats ne sont pas connus pour être des leurres destinés au sandre. J’ai piqué ce second sandre.  Bien entendu nous avons immédiatement quitté le secteur, 200m pour être plus précis là où il n’y a eu aucun sandre ni brochet durant une bonne heure de dérive.

Les sandres pris pissaient le sang car piqués dans les arcs branchiaux, nous les avons mis dans une bourriche flottante de grande taille pour voir s’ils pouvaient se requinquer, deux minutes plus tard ils étaient morts.

sandre du 110613 (7)Le troisième sandre pris c’est sur un poste encore plus improbable puisque sous un arbre sous un apic de la berge, un poste d’ affût à brochet, situé à l’autre bout du lac. On continue avec le coffrage en fond de gueule sur un gros simple. Un gratteur de sandre sur frayère, à moins d’être un couillon, utiliserait un leurre lourd qui gratte le fond et équipé de gros triples !!!

Le dernier pris le fut sur une pointe, qui abrite tous les ans un brochet que nous prenons à peu près à cette époque de l’ année. Là aussi le coin avait été pêché par des pêcheurs au vif toute la matinée et la profondeur était de 4m. Je ne cherche aucune excuse en disant ça, j’expose des faits qui tendent à corroborer l’ hypothèse qu’ aucun sandre ne pouvait se trouver sur une frayère dans un poste connu à brochet, qui plus est matraqué au vif toute la matinée.

Que faire, replier et rentrer chez soi à la prise du premier sandre un jour d’ouverture ? Aller au milieu du lac et pêcher dans 11 m d’eau pour se donner bonne conscience ?  Ne rien dire du tout et laisser courir les rumeurs qui ne manquent pas d ‘arriver lorsque on ne communique pas ?

Sérieusement, certains croient que je n’ai que ça à faire de philosopher sur ce type d’ aventure ?

Localement j’en connais qui me moquent gentiment  parce que je ne prends que très peu de sandres dans ma saison, c’est normal je ne les cherche pas. Esoxiste n’est pas sandriste, ce poisson ne nous attire pas, il se défend comme un bout de bois et mord chez nous sur des petits trucs en plastique mou, ce qui n’est pas ce que je préfère. J’aime bien envoyer du machin plutôt gros, bruyant, clinquant et me faire stopper net par une grosse châtaigne avant de voir mon frein chanter.  Voir une chandelle de brochet c’est quand même mieux que trois coups de tête de sandre non ?

430186-mbax54uei3whqa7ffutqdhqvjez842-arriere-plans-chatons-2-h173525-lAprès donc les critiques sur la pêche, sont arrivées celles sur les photos, je n’aurais pas du mettre ces sandres en photo car je provoque. Donc j’écris un article où je relate cette partie de pêche et pour ne pas choquer quelques bien pensants, je met en photo….un calendrier de la poste avec des chatons, non c’est déjà fait !!

Si j’avais fait ça, les chatons, on m’aurait encore sûrement accusé d’ être un tordu qui plus est assassin (meurtrier avec préméditation pour ceux qui ne savent pas) et on aurait exigé de moi que je fasse pénitence et m’autoflagellant avec de la tresse en 40 centièmes.

Un ouvrage de référence sur les poissons, que m’ont conseillé des ingénieurs de fédé, note que la reproduction du sandre s’ étale d’ avril en août, il y aurait donc danger à piquer des sandres sur les frayères en pêchant les bordures jusqu’en août. Je rappelle aussi que le bass fraye en mai/juin/juillet et aussi sur les bordures, que le silure fraye en juin/juillet/août chez nous, il y a là aussi danger à les piquer sur leurs nids.

Personnellement ces dernières années j’ai piqué sans le vouloir quelques rares sandres sur leurs nids, généralement ils sont piqués à ras la gueule et repartent pépère ventiler les œufs, ce coup ci pas de bol.

Et revient l’ argument du modèle, je  serai un exemple qui influence….Doucement les gamines, je ne suis pas un gourou, je n’ai rien à vendre, je suis juste un pêcheur qui raconte ses parties de pêche et présente du matériel, je file quelques astuces aux débutants et c’est tout, je ne suis pas un exemple. J’ai longuement développé sur ce site ma vision de la pêche, de la pêche raisonnée et raisonnable, selon moi, mais je ne veux l’imposer à personne. La seule chose qui s’impose à tous c’est la loi, on a une carte de pêche en règle, la pêche du  poisson est ouverte, il fait la maille légale, il reste dans un quota légal,  que peut on alors fondamentalement reprocher à un pêcheur qui  garde ces poissons blessés qui iraient crever et nourrir les écrevisses ? Si ce n’est à avoir une vision très radicale de notre rapport avec le poisson, vision que je ne partage pas du tout et que la loi ne partage pas du tout non plus.

nanosandreCette  morale pisciphile rabâchée à tour de bras sur Facebook n’est pas forcément mauvaise car elle fera évoluer les choses, j’en suis persuadé,  mais aller m’insulter pour avoir pris par accident des sandres  est juste très con et le pire c’est que ça me fait m’ arc-bouter contre cette morale à qui je trouvais des points positifs. Désormais je considère que j’ai en face de moi quelques ayatollahs de la religion des potapoissons et je n’ai plus le temps de discuter avec des pêcheurs bornés.

A présent je vais continuer ce que je sais faire en  oubliant ces prédicateurs, retourner faire mon boulot de bénévole comme secrétaire de mon AAPPMA, de bénévole aussi comme membre du conseil d’ administration de l’ AMC qui promeut la pêche des carnassiers et engage son argent en repeuplement de sandres sur les lacs du Morvan.  Je continuerai à m’extasier sur la beauté de la nature mais ce n’est pas pour ça que je ne mangerai pas un bon poisson de temps en temps.

Et puis j’irai à la pêche, sur les bordures comme d’ habitude. Et si un accident se produit avec un sandre, un bass ou n’importe quoi d’autre sur sa frayère, ce ne sera qu’un accident pas un crime contre Mère Nature !

Gardez la pêche.

 

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