Le « comment c’est fait » du moulinet spinning

Il y a quelques années je vous avais proposé un article intitulé « anatomie d’un moulinet spinning » dont vous trouverez le lien en fin de page. Cette année je vais m’atteler à vous expliquer à quoi servent les pièces situées à l’intérieur de votre moulinet et comment elles agissent sur le mécanisme.
Pour ce faire il nous faut démonter le carter du bâti pour découvrir l’intérieur de la bête et constater que la façon d’agencer la pignonnerie peut être bien différente entres grandes marques où au travers des époques.

Le frein :

Nous allons parler du frein contenu dans le haut de la bobine pour les spinning frein avant, au carnassier nous n’utilisons quasiment jamais des freins arrières.
Le système de frein agit par friction dont on augmente ou diminue la puissance en serrant ou desserrant via une grosse molette située en haut de la bobine. En gros cette molette comprime les rondelles constituées de feutre ou de carbone entre des rondelles métalliques. Le but n’est pas ici de bloquer la bobine mais de la freiner sans à-coups qui sont propices aux décrochages. Les rondelles de feutres graissées sont plus fluides que les rondelles carbones qui ne trouvent leur utilité que sur les pêches de poissons extrêmement puissants du type exotique. En second cliché, voici le frein du Mitchell 350 qui date de pas mal d’années à titre de comparaison, pas de rondelles de feutre, juste un ressort  à compression.

A l’intérieur du bâti

Le bâti c’est le carter, la zone qui renferme les engrenages. Ce bâti a tout intérêt à être le plus solide possible car avec les contraintes d’un combat, s’il se déforme un tant soit peu il se pourrait que les engrenages ne coïncident plus et alors le moulinet deviendrait inutilisable. C’est pourquoi on parle de bâti monocoque pour les moulinets les plus solides.
Le bâti renferme plusieurs pièces dont il faut bien comprendre le fonctionnement pour appréhender comment votre moulinet travaille.

La roue de commande

C’est le gros engrenage qui est directement mis en branle par votre action sur la poignée. Désormais les meilleurs systèmes ont une poignée qui se visse directement sur la roue de commande, ça évite le léger jeu des poignées traversantes. Cette roue c’est un peu le plateau du vélo mis en route par l’action de votre pied sur la pédale, c’est elle qui prend le choc lorsque vous vous crispez en ferrant et en appuyant bien sur la poignée, c’est pourquoi la roue de commande, en plus d’avoir des pignons de précision, se doit d’être très solide. Elle transmet son mouvement à une autre roue au moyen d’un engrenage de façon à faire tourner le rotor qui va enrouler le fil, le second pignon de cette roue va servir à mettre en action la seconde série de pignons pour faire monter et descendre l’axe

La came et les engrenages d’oscillation

Son rôle est d’assurer la montée et la descente de la bobine, les cames actuelles sont de forme en S afin d’assurer une différence de vitesse durant la montée et la descente afin de favoriser un enroulement  croisé au fil ou à la tresse. Pourquoi ça ? Pour éviter qu’une spire ne s’imbrique dans une autre sur un ferrage ou un combat puissant et se bloque au lancer suivant en provoquant une casse. Il fut un temps ou les spires étaient jointives car on pêchait avec un nylon de fort diamètre, depuis l’avènement de la tresse il nous faut un système à double oscillation pour éviter le désagrément cité plus haut. Ce qui explique aussi qu’on ne peut pas pêcher avec de la tresse fine sur le Mitchell 300 de son grand père !
Il existe un autre système qui se nomme wormshaft qui n’utilise pas de came, c’est une double vis sans fin comme celles qu’on trouve sur le devant des moulinets casting.

L’axe

C’est la pièce centrale mue par les engrenages et qui supporte la bobine, son rôle est de monter et descendre tout en restant un excellent support de la bobine durant le combat. Tordre un axe est rare mais ça arrive c’est pourquoi il est impératif de respecter les consignes des fabricants en terme de diamètre de tresse supportable par le moulinet. Généralement un axe est en inox et avec la roue de commande c’est souvent la pièce la plus lourde du moulinet.

Le rotor

Le rotor, c’est la pièce qui tourne autour de  la bobine et qui donne le nom de tambour fixe au spinning. Il supporte le pick up et son galet et renferme sur le coté de l’un de ses bras le système de fermeture par ressort du pick up.  Un rotor doit être très solide tout comme il doit être très équilibré. S’il n’est pas assez solide, sur un combat il va se plier et venir frotter contre la bobine, s’il est mal équilibré il y aura un balourd et le moulinet tournera mal.

Voici l’intérieur d’un vieux moulinet des années 60. Vous constaterez qu’il y a beaucoup plus de pièces sur le modèle récent, que la roue de commande comporte plus de dents…Evidemment dans les années 60 ou 70 on ne cherchait pas à faire du super léger mais du solide et ces moulinets sont quasiment increvables bien que très lourds.

Image Jean Paul Charles

J’espère vous en avoir appris un peu sur ces équipements qui peuvent quelquefois valoir très cher mais le tarif élevé c’est généralement plus de solidité, de fluidité et d’efficacité.

Gardez la pêche.

Relire l’ article: Anatomie d’un moulinet spinning