Pourquoi les carnassiers ne sont jamais à la même profondeur ?

Nous l’avons tous constatés depuis notre première partie de pêche au coup, lorsque Papy a réglé le fond de la ligne : Les poissons évoluent dans les trois dimensions de leur univers aquatique. Si au coup on peut leur faire rejoindre une profondeur déterminée en amorçant, pour les carnassiers c’est une autre paire de manche.

Je n’ai pas la prétention de faire un article technique comme pourrait le faire un hydrobiologiste (je n’en ai malheureusement pas le niveau) mais après avoir lu pas mal d’auteurs sur le sujet, discuté avec pas mal de pêcheurs et fait mes propres constatations depuis plusieurs années. J’ai compris que nos carnassiers avaient une certaine forme de bougeotte dans la troisième dimension qu’est la hauteur d’eau et ceci dépendait de plusieurs paramètres que je vais vous exposer.

Il  existe certainement d’autres explications à ce positionnement des poissons dans la couche d’eau mais les mystères aquatiques doivent rester des mystères pour que la pêche garde un peu de sa magie.

La thermocline :

On a beaucoup écrit à une époque sur cette fameuse thermocline avant de la mettre un peu au placard. La thermocline est , pour simplifier une zone dite de confort où la couche d’eau possède une température quasi uniforme sur son étendue et qui ne perd que quelques degrés suivant sa hauteur. C’est dans cette zone en été que prospère le plancton. Elle est riche en nourriture, on y retrouve toute la chaine alimentaire, du phytoplancton au poisson carnassier. C’est cette zone qui apparaît quelquefois comme une bande plus ou moins épaisse  sur votre sondeur. Elle peut varier de 3 à 10 m ou plus de profondeur  selon le moment.

 

Un lac, car nous éviterons de parler des rivières et petits étangs peu profonds, est cloisonné au printemps, en  été et en automne par trois couches d’eaux: Celle de surface,  l ‘épilimnion, qui se réchauffe le plus vite et qui peut avoir une température différente de plusieurs degrés suivant la zone du lac.

La thermocline dont je vous ai parlé ,

La moins connue l’hypolimnion, zone ou l’eau est la plus dense. En cas de grands fond, elle  ne descend pas en dessous de  4 degrés centigrades. Il faut noter que c’est à cette température que l’eau est la plus dense (ou la plus lourde), c’est pourquoi des glaçons à 0 degrés flottent et c’est aussi pourquoi le fond d’un lac ne gèle jamais.

Il existe un a deux brassages d’eau complet dans l’année pour un lac. Des recherches scientifiques on mis en exergue que l’eau d’un lac naturel ou d’un lac de barrage pouvait posséder des « courants » mis en œuvre par les différentes couche d’eau et leur température et que ceux ci s’inversaient une à deux fois dans l’année provoquant un brassage sous l’effet du vent de surface et des températures des couches. Pour simplifier, ces couches d’eaux ne sont pas statiques et évoluent sans cesse.

La thermocline séparant deux couches d’eau importantes peut elle aussi être séparée en plusieurs couches dont la température et la densité de l’eau ou des sédiments/plancton contenus peut varier.

Le plancton

On a vu que le plancton pouvait être abrité dans la thermocline mais aussi au dessus, voir au dessous. La plancton est la base de la chaîne alimentaire et s’il se situe à 6m, il y a fort à parier que les gardons seront à 6m et que les carnassiers y seront à peu près aussi. Le garde manger est l’explication la plus probable de la présence des carnassiers. Bien qu’on chope au milieu de nulle part dans des profondeurs parfois étonnantes des brochets, la majorité de ceux ci suivent de près le casse croûte.

Le confort thermique :

Comme nous le poisson possède une plage de température préférée, où il sera plus vif, aura plus d’appétit … On peut donc en déduire que si on découvre des poissons à une certaine profondeur c’est peut être aussi parce que la température de l’eau leur convient au mieux. Peut être que les vifs seront au dessus ou dessous mais que le brochet une fois rassasié viendra se reposer dans cette couche d’eau plus fraiche ou plus chaude.

Le taux d’oxygène dissous :

Autre élément à prendre en compte, selon sa densité l’eau n’a pas le même taux d’oxygène dissous. A priori plus l’eau est froide plus le taux d’oxygène dissous est important.

Lorsque l’on combat un brochet, il s’essouffle même si le terme est inapproprié c’est pour l’image. Il peine à respirer car ses muscles ont brulé beaucoup d’oxygène durant le combat. Pour se remettre il aura besoin de rejoindre la couche d’eau où il respirera le plus facilement. Ce qui pourrait expliquer pourquoi les becs se tiennent au large en été et ne font que des razzia en bordure sur les bancs de gardons.

 

Les proies :

Comme je l’ai mentionné plus haut, les carnassiers suivent la nourriture. Les vifs suivent leur propre casse croûte etc etc..

Si vous détectez un beau banc de gardons entre 2 et 4m de fond sur une profondeur de 8m, je vous invite à pêcher dans le banc de gardon à la profondeur de ceux ci, il y a fort à parier que les carnassiers vont surgir pour chasser dans le banc de vifs et que ceux qui seraient au fond ne feraient que se reposer et ne seraient pas actifs.

Les obstacles, les cachettes :

Autre paramètre à prendre en compte, les carnassiers adorent les obstacles pour s’y cacher.  Si vous avez eu une première touche à 6m de fond sur une bordure, restez à cette profondeur  et raclez ce fond. On peut en déduire que les sandres sont positionnés sur le fond à cette profondeur.  Idem pour des cachettes du style arbre noyé où les poissons carnassiers se reposeront à une certaine hauteur. Si certains arbres noyés s’étagent sur 10m, il faut explorer mètre par mètre pour trouver cette bonne hauteur.

 

Compliqué tout ça ! En plus de les chercher sur la surface du plan d’eau, il faut aussi les chercher sur la hauteur. La recherche la plus emblématique est celle du sandre en verticale. On cherche des échos sur une zone puis on détermine la zone en prenant en compte la profondeur pour ratisser le secteur au leurre.

Y’a t’il une vérité utile au pêcheur dans tout ça ? Pas vraiment car la hauteur d’évolution des poissons change tous les jours, voir même dans la journée. Ceux que je cherchai en novembre de cette année dans une profondeur de 6m, je les cherchai il y a un an dans 10m ! La seule vérité est qu’un secteur connu pour abriter les poissons les abritera toujours mais ce sera à vous de trouver leur hauteur d ‘évolution du jour.

Gardez la pêche.

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