Pourquoi une manif contre une régulation des silures au pied des barrages ?

reflechirPlus précisément et parce qu’un titre d’article sur internet se doit d’ être court, pourquoi une manifestation est elle organisée contre une tentative de mettre en place une régulation expérimentale des tops prédateurs de part et d’ autre des ouvrages de franchissement en prétendant vouloir protéger les migrateurs ?

J’ai donc souhaité en savoir plus pour expliquer au mieux à ceux qui ne sont pas au fait, le pourquoi de cette manifestation. Je précise que je n’appartient à aucune des associations ayant lancé cet appel.

La Loire est en quelque sorte gérée au niveau peuplement piscicole migrateur par un comité se nommant COGEPOMI pour comité de gestion des poissons migrateurs.

Voici les informations  officielles émanant de leur site internet :

« Quelle est la composition du COGEPOMI ?

 La composition générale des comités de gestion des poissons migrateurs est fixée par l’article R.436-49 du code de l’environnement. La composition des comités de gestion des poissons migrateurs est précisée dans l’article 1er de l’arrêté du 15 juin 1994. Compte-tenu de la date de publication de cet arrêté, certaines dénominations ont changé.

17 membres avec voix délibérative :

    4 représentants de l’État : le directeur régional de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Bretagne ou son représentant, le directeur interrégional de la mer Nord Atlantique – Manche Ouest ou son représentant, le directeur départemental des territoires et de la mer du Finistère ou son représentant, le directeur départemental des territoires et de la mer d’Ille-et-Vilaine ou son représentant
    4 représentants des différentes catégories de pêcheurs amateurs en eau douce et de leurs associations
    1 représentant des pêcheurs professionnels en eau douce
    3 représentants des marins pêcheurs professionnels
    1 représentant des propriétaires riverains de la circonscription du comité (désigné par le préfet de région)
    4 conseillers généraux (désignés par leurs assemblées respectives)
    2 conseillers régionaux (désignés par leur assemblée)

Et 2 membres avec voix consultative : le délégué inter-régional de l’ONEMA et un représentant de l’IFREMER

En ce qui concerne les représentants de la pêche :

Les 4 représentants des pêcheurs amateurs en eau douce sont issus des fédérations départementales des associations agréées de pêche et de pisciculture de la circonscription du comité dont, le cas échéant, un représentant des associations départementales agréées de pêcheurs amateurs aux engins et aux filets sur les eaux du domaine public de la circonscription du comité. Ils sont désignés sur proposition du collège des présidents des fédérations, parmi les membres des conseils d’administration de ces fédérations.

Le représentant des pêcheurs professionnels en eau douce est issu de la ou des associations départementales ou interdépartementales agréées de pêcheurs professionnels en eau douce de la circonscription du comité. Il est désigné sur proposition du ou des présidents, parmi les membres des conseils d’administration de ces associations.

Les 3 représentants des marins-pêcheurs professionnels sont désignés par le président du comité national des pêches maritimes et des élevages marins sur proposition du comité régional des pêches maritimes concerné, après consultation du président de la commission nationale des poissons migrateurs et des estuaires. La délégation devra assurer la représentation des différentes catégories de pêcheurs concernés par la pêche des poissons migrateurs. »

Cette précision un peu indigeste par sa longueur était nécessaire afin de bien distinguer les acteurs de ce projet.

reflexion2

 

Dernièrement, soit le 21 février 2017, le groupe technique silure du COGEPOMI Loire s’est réuni et a décidé de mesures que le COGEPOMI doit encore valider.

Vous trouverez en annexe les documents à consulter qui sont longs et techniques mais en voici les principaux points :

Le COGEPOMI a acté la possibilité d’envisager à titre expérimental des actions de régulation au niveau d’ouvrages hydrauliques et en direction du silure afin de protéger les saumons, lamproies et aloses. Le groupe technique silure propose donc des mesures expérimentales et évaluable  pour obtenir un franchissement sans mortalité et sans retard des obstacles à l ‘écoulement, en gros protéger les migrateurs au niveau des passes à poisson où on observe des rassemblements de silures ainsi qu’ au pied des barrages.

silure 92 torcy 100814 (15)

 

Le groupe silure du COGEPOMI propose d’ expérimenter, suivre, et évaluer l’ efficacité à court et moyen terme de pêches ciblées de silures à proximité de certains ouvrages hydrauliques par la mise en place de pêches expérimentales sur un secteur suffisamment étendu de part et d’autres des ouvrages  afin de prendre en compte les zones de chasse et de repos des silures.  Ce qui veut dire en simplifiant : Pêche du silure en amont et aval des barrages au filet mais aussi par tous les moyens possibles.

Ce groupe silure propose en outre de faire réaliser ces pêches par des pêcheurs professionnels au vu de leur compétences techniques et au vu de leur possibilité de commercialiser le silure. Si cette opération était faite par un bureau d’ étude cela coûterai plus cher puisqu’ils ne pourraient pas commercialiser le poisson  pour rentrer dans leurs frais.

silure seille 06071486

 

On comprend donc la menace qui pèse sur les silures de Loire puisqu’ils pourraient être massacrés au pied des barrages dans un futur proche et bien entendu ça ne plaît pas du tout aux pêcheurs de silures. C’est pourquoi ils appellent au rassemblement  pacifique afin de montrer leur détermination à faire échouer ce projet.

On notera que cette « régulation expérimentale » ne fait pas l’unanimité chez les professionnels mais fait suite aux interventions du désormais tristement célèbre  Connaped  qui veut à tout prix valoriser le silure et développer la pêche pro en eau douce, il avait même demandé le classement nuisible du silure.

 

silure mequi

 

Comme souvent dans ces réunions de comités paritaires ou comités théodules c’est celui qui parle le plus fort et qui se targue de la plus grande expérience/compétence qui l’ emportera face à des fonctionnaires des services de l’ état  et des élus qui traitent d’une multitude de choses et qui ne sont pas du tout au fait de la pêche du silure. Nos fédérations de pêche qui siègent au COGEPOMI avec quatre  voix auront fort à faire face au quatre autres voies des pêcheurs pros qui bien entendu demanderont avec force arguments la possibilité d’ effectuer ces pêches.

Ce qui est  bien avec les services de l’ état c’est qu’ils publient et donnent au public la possibilité d’être informé au travers de la lecture  des comptes rendus des réunions. Nous pourrons donc savoir ce qu’on vraiment dit les fédés et les pêcheurs pros !!!!

je-suis-silure

 

Malheureusement, par effet de rebond et même si cela a bien été précisé par les organisateurs de la manif que celle ci n’est pas organisée contre les pêcheurs pro,  on verra de nouveau les rancœurs mutuelles  s’ attiser avec cette action. Alors que pros et amateurs cohabitaient pacifiquement depuis des lustres, les actions des uns et des autres en font dorénavant des ennemis et le fossé qui nous sépare ne me semble pas prêt de se boucher. Dernièrement dans mon département c’est un pêcheur amateur qui a été condamné à 2500 euros d’ amende pour avoir crevé les 4 pneus d’un pêcheur pro, mais les pros ne sont pas mieux avec certains qui braconnent au vu et au su de tout le monde sans jamais se faire contrôler.

Faut il protéger quelques saumons dans les passes à poissons sur la Loire alors qu’ils sont massivement  pêchés au filet aux abords des estuaires ?  Faut il protéger les saumons tout court à grand renfort de millions d’ euros en lâchant des millions de tacons dans les rivières comme le Ternin en Saône et Loire où jamais un saumon n’est remonté depuis la première moitié du 20ième siècle ? C’est là un autre débat. Faut il protéger le silure, ce poisson à l’image populaire d’ogre mal servi par un physique ingrat ? C’est là aussi un autre débat.

silure seille 060714103

 

Je réfléchi en tant que pêcheur car je n’ai pas la prétention d’être autre chose. Le silure est là, on le pêche et on apprécie sa pêche sportive. Le saumon n’est plus là et on ne le pêche plus sur ces secteurs concernés ou alors de façon anecdotique. Pour moi le choix est vite fait, arrêtons ce massacre programmé de silures records qui rapportent de l’ argent aux guides de pêches, aux campings, restaurants, détaillants,  aux fédés de pêche donc à toute l ‘économie locale et qui rapportent surtout du plaisir aux pêcheurs qui les attrapent.

Je vous invite à soutenir cette mobilisation qui ne vise qu’ à protéger la pêche sportive telle que nous l’ aimons. Partagez ce appel à rassemblement, allez y si vous le pouvez et pour les pêcheurs des fédérations concernées, faites du lobbying auprès de votre fédé.

Gardez la pêche

Lire le compte rendu de réunion du groupe technique silure du COGEPOMI du 21/02/17

Relire l’article sur l’appel à manifester

 

Les commentaires sont fermés.