Danse avec les silures

Ce mercredi, alors que j’effectue une sortie sur la Seille en mode ultraléger, j’observe en surface un coquillage d’eau douce. Serait-ce un signe avant coureur ? Le phénomène va-t-il se produire cette année ? Il est vrai que je suis frustré car il n’a pas eu lieu ces dernières années.

Mais quel phénomène ? La montée des silures en surfaces en quête des corbicules.

Le corbicule est un coquillage bivalve d’eau douce, sorte de palourde originaire d’Asie qui a envahi nos eaux. Souvent, en été, suite à de fortes chaleurs, et peut-être par manque d’oxygène, la bête meurt, sort de sa coquille et remonte en surface. C’est alors que le festin commence pour les silures.

Ils naviguent alors en surface, se délectant de ce bivalve qui flotte. Ce phénomène peut durer plusieurs jours et il ne faut pas le rater. Je n’ai pu en profiter depuis 2010 !

Jeudi soir, à 21h10, j’effectue un petit tour en voiture pour confirmer mon intuition de la veille. A 21h15, je repère 2 glanes et ni une, ni deux, je remonte à la maison atteler le bateau. A 21h30, je suis sur l’eau et je parts en quête de ces silures. J’en apercevrai plusieurs sans réussir à les prendre. Vendredi soir, après la défaite des bleus et un orage, nouveau repérage du bord : les silures sont bien en activité sur différents postes où les corbicules pullulent en surface.

Bref, ce samedi matin, je me réveille au petit jour en espérant m’amuser un peu.

 La pêche s’apparente plutôt à une traque à vue. Il s’agit alors de scruter la surface de l’eau afin de repérer le sillon des silures en surface. Parfois on peut voir ainsi des dizaines de poissons sur un secteur très limité, comme s’ils s’étaient passé le mot. Il n’est pas rare de les apercevoir se déplacer par 2.

 Ensuite, c’est une question d’approche : rapide et la plus discrète possible car les silures peuvent plonger rapidement. Je les approche alors à prêt de 2m pour leur déposer mon appât sous le nez.

 Silure à l’approche d’un corbicule: (la tache blanche à la surface)

 

Côté technique, le montage est des plus simples : juste un triple accroché à une agrafe. Celui-ci est esché de corbicules et en avant. !

 Dans la pénombre du matin, mon premier poisson repéré, je m’approche de lui et lui pose devant le nez mon triple. J’assiste alors en direct à l’aspiration de mon montage. Un premier combat s’engage sur ma canne Smith Tourler. Le poisson est vif et puissant mais il finira par se résigner assez rapidement.

 

Rapidement, j’enchaîne avec un second poisson.

  Il est toujours marrant de voir le silure se saisir de mon montage. Le ferrage est légèrement retardé au risque de lui enlevé de la gueule la proie convoitée. Au final, le triple est bien engamé pour celui-ci.

 Je change de secteur, car j’opte pour un déplacement rapide, on dirait que les silures s’habituent à ma présence. Ils disparaissent pour réapparaître un moment plus tard mais je ne veux les attendre alors, j’enchaîne les postes. Ce sont souvent des zones de faible profondeur où les corbicules doivent être bien présents.

Pendu! 

Et un de plus.

Un sillon repéré, est loin d’être un poisson capturé. Les silures se déplacent vite et quand ils ont trouvé un corbicule, je peux souvent les observer tourner autour avant de le happer. La mâchoire supérieure vient alors fendre la surface de l’eau et c’est avec une extrême douceur que le glane engame le bivalve. Parfois je les repères car ce sont les moustaches qui sortent de l’eau. J’ai remarqué aussi que lors de leur déplacement les 2 grands barbillons sont tendus vers l’avant : le radar est en marche, leur permettant ainsi sans doute d’analyser la proie flottante. J’ai pu observer le rôle de ces 2 grands barbillons dans la détection de la proie. Ainsi, un silure en quête s’arrêtera devant une feuille de nénuphare dérivant et reprendra son chemin pour quelques instants après s’arrêter devant le petit molluqsue qu”il cherchait avant de l’engamer. Véritable radar mais aussi organe sensoriel aux capacités d’analyse physico chimique que ces 2 barbillons.

Pour moi, les captures s’enchaîneront et je finirai par m’approcher d’un premier beau poisson. Souvent les silures font entre 80cm et 1m30 mais celui repéré est plus gros. Je lui dépose sous les « moustaches » mon triple et il s’en saisit. Mon ferrage est puissant et le combat s’engage.

Après plus de 10 min, je vois les premières bulles de décompression mais la bête n’a pas dit son dernier mot.

 

 Je l’amènerai à plusieurs reprises avant de pouvoir la hisser dans le bateau.

Il me régurgitera les corbicules dont il s’est gavé pendant le combat.

  Si la mingrippe est efficace sur les poissons jusqu’à 1m30, la prise à la main est nécessaire pour les plus gros. Je finis par hisser le poisson à bord.

Ce poisson a la particularité d’avoir une queue atrophiée. Il aurait fait quelques dizaines de centimètres de plus ! Un peu plus d’1m70 quand même !

Je poursuivrai ma prospection en cherchant d’autres secteurs à silures. Là encore, c’est un beau poisson qui se déplace devant moi. Il se saisit de mes corbicules et nouveau combat. Ca dure. Je finis par l’amener à l’aplomb du bateau et le remonte à la main. J’ai peur de trop forcer sur la canne alors qu’il s’est mis en chandelle.

Enfin, hissé dans le bateau, il dépasse aussi les 1m70. On peut constater une blessure sur la mâchoire supérieure. Est-ce dû au combat ?

 Je suis content de ma matinée, avec au final 10 poissons capturés et des loupés.

Je m’essayerai aussi au buster jerk. Mais je me ferai casser par 2 fois. Les touches sont super violentes sur les leurres bien que les silures y soient plus difficilement réceptifs.

La traque au corbicule est pour moi, dans ces sonditions, de loin la plus efficace et pleine d’originalité. Le silure court après les corbicules et moi après le silure. J’espère que cela va durer encore un peu… Mucus quand tu nous tiens…

 

Pêchement vôtre

 Olivier BERNOLIN

 

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