Old school

penn 14022016Et, t’as vu son moulin??? On dirait  bien qu’il sort d’un musée …

Malgré les alléchantes promesses de la vidéo promotionnelle du dernier Shiwapenabu, s’engageant à vous donner des sensations de pêche inégalables grâce à une extraordinaire technologie, vous contemplez avec envie le sourire et la satisfaction de ce pêcheur sortant d’une main de maître cette énorme truite avec un engin  qui vous semble antédiluvien.

Le plaisir de la pêche commence souvent par le plaisir du beau matériel.

Mais dans le cas des moulinets, force est de constater que le «rebranding» (cf J.P. Charles, que je m’autorise à citer) et autres compromissions industrielles commencent à faire douter de la réelle capacité de certaines marques à produire de la qualité, et toutes les daubes qu’on nous refourgue allègrement semblent de plus en plus analogues (merci la mondialisation …) en terme de médiocrité.

Et je ne parle pas du look ou du design de certains modèles, on frise parfois le ridicule (qui, heureusement on le sait, ne tue pas …)

En outre, on ne peut pas vraiment vraiment dire qu’il y a eu une (r)évolution technologique majeure depuis 30 ans, tout du moins pour les moulinets spinnings. Le principe de fonctionnement, établi une fois pour toute, ne tolère plus guère de dispersions. En effet, les tentatives et idées (plus ou moins réussies, certes …) des ingénieurs des années 50 pour améliorer le système semblent bien loin maintenant. Et ce n’est pas la multiplicité de dénominations plus ou moins techniques et fantaisistes, des roulements à foison et autres attrapes-gogos qui y changeront quoi que se soit.

Heureusement, certains moulinets actuels valent vraiment le détour, mais à quel prix?

Et pourquoi ne pas se tourner vers un ancien moulin?

Pêcher au leurres avec un moulinet ancien, c’est un peu comme rouler avec une voiture de collection: C’est d’abord un état d’esprit faisant passer le plaisir de la belle mécanique avant tout le reste, reléguant le look dernier cri (totalement has-been au bout de 2 mois) contre une certaine idée d’une classe indémodable (Aldo, tu n’est pas si loin, hein?).

Un moulinet ancien attire forcément le regard et la sympathie, et vous êtes sûr de sortir du lot de l’anonymat ambiant. Et de plus, ça ne prend pas moins de poissons …C400 14022016

Certes, un vénérable ne pourra pas rivaliser lorsqu’il faudra treuiller une cuillère N°7 ou un gros cranck-bait, mais pour un usage plus subtil avec des leurres de taille raisonnable (qui doivent sembler énormes par rapport à l’époque) pour la perche et la truite, ou pour le mort manié (ou le moulin n’est pas sollicité outre mesure), le choix d’un moulinet old school peut sembler pertinent.

Un moulin, mais lequel?

Attention, pas n’importe quelle bouse des années 70/80, prémices de la société de consommation. Je parle ici d’une vraie belle réalisation de précision, conçue avec amour par des ingénieurs travaillant pour une «vraie» marque. On utilisait alors des matériaux de qualité, usinés avec rigueur par des ouvriers qualifiés. Le slogan de l’époque était: «Le moulinet d’une vie de pêcheur»… Tout un programme, n’est-ce pas?

J’ai eu la chance de rencontrer, il y a plusieurs années, un collectionneur qui m’a fait découvrir et apprécier la qualité des Luxor des années 50/60.

L’emblématique Mitchell 300/306 et consort, et encore plus s’il est de type «pro», est également un excellent candidat. Je ne connais pas assez les autres moulins de l’époque,… Mais on ne peut pas tout connaître.M908 14022016

Suv 14022016Un des graal du moulin ancien est certainement l’abu Suveran, une merveille de conception et de réalisation. Un jour, dans une brocante pêche, j’ai failli en acheter un. Le vendeur m’a fait remarquer qu’au vu de son prix et surtout de sa rareté (ainsi que celle des éventuelles pièces de rechange), se serait dommage de risquer de l’endommager en pêchant avec. On a ici à faire à un moulinet qui est devenu un pur modèle dit de «collection».

Ce qui amène une réflexion: Pour un coup de cœur, on peut se faire plaisir, certes, mais si l’on souhaite rester raisonnable afin d’assouvir sa passion, il faudra se tourner vers un modèle assez répandu ayant connu un bon succès commercial. Et le choix est vaste, le plus compliqué étant de réussir à trouver un modèle (pouvant friser les 50 ans d’âge) en (très) bon état de fonctionnement.

Pour ma part, je suis fan du Luxor 1A type 56. C’est léger, fiable, ergonomiquement bien conçu, léger et indestructible.LUXOR 14022016

Côté mécanique, le train d’engrenage à denture droite, tout en bronze, génère un très léger ronronnement, mais quel plaisir de pêcher avec ce petit moulinet. Le pick-up se referme tout en douceur, les paliers, également en bronze, sont parfaitement ajustés, et il possède (déjà pour l’époque) un ingénieux anti-retour infini.

Son frein n’égale certes pas celui d’un moulinet moderne, mais il est largement assez performant pour contrer, sans rechigner et en douceur, le rush de n’importe quel brochet irlandais (quand ce n’est pas un gros silure tout surpris de devoir s’incliner face à un tel adversaire…).

Côté look, c’est affaire de goût, et je saurais me prévaloir de quoi que ce soit de ce côté là.

De plus, c’est un modèle emblématique des années 50/60, qui coûtait quand même un certain prix. Tout le monde ne pouvait pas se l’offrir.

Pour la truite et le mort-manié, je ne saurais plus m’en passer…

RD 14022016N’allez surtout pas imaginer que je suis un passéiste attardé: Je considère que le carbone, la tresse, les leurres, les écho-sondeurs etc. que j’utilise allègrement avec bonheur ont fait évoluer les techniques de pêche d’une manière considérable. Je possède également nombre de moulinets actuels, que je tente de choisir avec soin. Mais il ne faut jamais oublier que nos anciens avaient parfois de bonnes idées, et surtout des moulinets de qualité qu’il serait dommage de ne pas continuer à utiliser.

AB

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