Les Grandes Gueules de la pêche de Juillet: Pour ou contre un permis de pêche comme celui de la chasse

Lorsque j’ai commencé à réfléchir à ce sujet, je me suis dit encore une belle connerie qu’on nous prépare à l’avenir mais force a été pour moi de constater que les avantages l’emporteraient sur les inconvénients. Voici quelques éléments de réflexions de nos lecteurs qui sont soit pour soit contre, plutôt contre dans leur majorité. Alors pour ou contre un permis de pêche comme celui de la chasse ?

La pêche et la chasse, beaucoup de points communs, plus qu’il n’y parait. Un amour immodéré de la nature, pas de sensiblerie déplacée, une envie de gestion de la ressource…Pourtant ça marche mieux du coté de la chasse, pourquoi ?

Et pourtant le gibier se déplace autant que le poisson, les chasseurs sont autant adroits que les pêcheurs. Mais placez un chasseur et un pêcheur au premier rang de l’école et posez leur ces questions :

  • Au chasseur, (avec une alouette huppée) cette espèce est elle chassable ou protégée, il saura vous répondre presque à 100 %
  • Au pêcheur, même question avec une bouvière, pêchable ou protégée….5 % sauront vous répondre à coup sûr.

Au chasseur on ne lui demande d’adhérer à rien mais de payer un droit de chasse ensuite il se débrouille pour trouver un territoire, au pêcheur il faut qu’il adhère obligatoirement à une AAPPMA ou le mot pêche côtoie celui de la protection des milieux aquatiques. Pourtant dans une grande majorité le pêcheur n’y pige rien, n’y connaît rien et s’en moque comme de l’an 40. Peu savent reconnaître un potamot d’un cératophylle, un able de heckel d’un gardon, un tacon d’une truitelle,  une larve de mouche de pierre d’une patraque et je ne vous parle même pas des techniques modernes ou anciennes.

Le pêcheur est là pour pêcher et il pêche, s’il veut s’instruire il le fait sur son temps libre (façon de parler). Le chasseur par contre doit s’instruire, maîtriser tout un tas de connaissances avant qu’on lui donne l’autorisation de chasser. Ce n’est pas l’usage de l’arme qui impose le permis car celui ci n’entre que pour un nombre réduit  de questions dans l’examen, non, le chasseur doit connaître son environnement et ainsi il sera un meilleur chasseur.

Transposons ça à la pêche, on aurait ensuite des gens plus ouvert d’esprit, plus engagés dans leurs AAPPMA, plus adepte dans le fait de relâcher des poissons ou ne pas en garder de trop. Le permis de pêche deviendrait un vrai permis avec photo d’identité et visé par l’autorité administrative, ça simplifierai le contrôle du garde. Avec une formation obligatoire on aurait moins de braconniers car on les aurait amené à réfléchir. Les pêcheurs auraient eu toutes les techniques présentées et en saurait un peu sur tout.

Personnellement je suis presque  pour, même si ça ferait fuir beaucoup de pêcheurs du dimanche qui ne prendrait plus de permis de peur de cette épreuve et des obligations qui l’accompagnent en terme de temps de formation et de déplacement pour l’examen. Ca se fait déjà à l’étranger, pas partout mais je sens qu’on y viendra un jour, tout doucement..

J’espère que vous n’êtes pas d’accord avec moi !

Sylvain l’Esoxiste

—-

Comment êtes-vous venus à la pêche ?

Pour ma part c’est très jeune avec mon père et mon grand-père, et on péchait les poissons chats, des bourriches pleines !!!! Puis je me souviens encore plus tard des bourriches de hotus en Loire et dans l’Arroux…Puis les pêches de l’époque , chènevis, blé….puis les brocs à la Sorme puis l’arrivé du Sandre…..voilà le meilleur des permis….On nous a inculqué des valeurs à notre tour d’en faire de même, et je suis fier que mon fils pêche avec les même valeurs que moi voir même plus moderne…..Alors pourquoi parler de permis ?????

Nous les pêcheurs on est les rois pour se tirer une balle dans le pied……Existe-t-il un permis pour jouer au foot ? Un permis pour faire du canoë ?….etc. Laissons la pêche à son niveau…UN LOISIR !!! Donc vous avez compris CONTRE UN PERMIS DE PECHE

Dominique HOSSA

—-

Ca c’est une grande idée…

Mettre un examen de permis de pêche et fournir même, dans l’idéal un permis de pêche à points….genre…

.Prise d’un poisson non maillé….-4pts

.Pêcher les pieds dans l’eau dans une réserve d’eau potable -3pts

Pêcher avec des methodes peu orthodoxes -5pts

.Pêcher en état d’ivresse….euh…juste -1points (ça m’arrive souvent!!!)   🙂

Bon, ok, c’est une blague…..Bien sur je ne peut être qu’opposé au principe d’un examen pour pouvoir pêcher..De mon temps (et oui l’âge est là…), le pêche et le respect étaient souvent inculqués inter-générationnellement….

Je crois (en vieux con que je suis!!!) que ces “usages” se perdent un peu….Je suis donc contre l’examen, mais je suis pour des informations plus présentes sur les lieux, les droits, les règles en vigueurs…Comme d’habitude, internet serait un formidable outil pour ça…mais comme d’habitude, il faudrait plus de moyens aux gens proches du terrain pour fournir ces infos et ces conseils….

Et puis, à quoi servirais le permis à point sans gendarmes….on en reviens toujours aux fondamentaux…..

Seb Jis Mouches

—-

Un examen de permis pêche pourquoi pas, mais il ne faut que cela deviennent une sélection par la connaissance, car il y aura des personnes qui n’auront pas la faculté de retenir les leçons et le jour de l’examen seront calés, ne pourront plus aller à la pêche, cela favorisera encore la pêche sans carte, et un manque de recette aux fédérations.

il ne faudra pas faire comme à la chasse des timbres pour chaque sorte de poissons je m’ explique : un timbre pour le carnassier ou la carpes, salmonidés, poissons blanc.

Avant 1974 nous pouvons aller à la chasse,   il à été crée l’examen du permis de chasse à cette époque il était accessible à tout le monde, aujourd’hui  c’est bientôt bac +.

Maintenant si je voulais le passer, vu les questions il y a des chances que je ne soit pas reçu. Pensons aux anciens qui n’auront plus la mémoire nécessaire de retenir les questions , ou alors  faire comme le permis de chasse, si un texte oblige de passer le permis  que les personnes qui auront pris des permis avant la date de ce texte, ne passent pas l’examen. Ils auront intérêt à garder le permis des année précédente

Roger ROLLAND

—-

Bonjour,

Vieux pêcheur de plus de 45 permis, je m’insurge contre l’idée même d’évoquer le permis de pêche:

étant également détenteur de + 40 années de chasse, je pense qu’à la pêche on a peu de risques par rapport aux autres sauf pour la conduite d’un bateau (avec permis pour les plus de 6 cv).

Par contre oui à plus d’informations quand à la biologie du poisson et à l’encouragement au respect des tailles. Mais un permis n’ apprendra pas aux sagouins qui polluent nos bords en laissant leurs déchets. Le nombre de pêcheurs est déjà bien assez en chute pour ne pas en rajouter.

Les nouvelles tailles pour brochets et sandres (justifiées) ont déjà fait raccrocher assez de monde.

Saônatement vôtre

Jacques HUMBERT

—-

Bonjour,

Je (re)débute dans la pêche après une pause d’une trentaine d’années.Quelques éléments de réflexion (teintés d’ironie) :

– la pêche est devenue terriblement complexe. Entre les associations locales, les fédérations départementales et les inter-fédérations multi-régionales, chacune avec ses propres réglements, il faut au moins bac+8 pour savoir si on a vraiment le droit de pêcher dans la rivière qu’on a devant soi. Ce n’est donc pas d’un permis dont on a besoin, mais d’un doctorat en pêche à la ligne (argh, je me suis arrêté à bac+4 !)

– crankbait, spinning, casting, swimbait… Il faudrait également exiger une licence d’anglais !

– quid des pêcheurs en nokill (“moi pas tuer”) ? S’ils étaient soumis à ce permis, soyons juste, il faudrait a minima mettre en place des cartes locales, départementales et inter-régionales pour autoriser la photographie en forêt.

– que risque un chasseur qui tue un animal protégé (parce que trop petit ou d’une espèce elle-même protégée) ? Un retrait de permis ? Ok, alors retrait de permis pour un pêcheur qui se retrouve avec une truite trop petite au bout de sa ligne !

Soit dit en passant, on sait maintenant qu’il existe des mécanismes de transmission chez les poissons, les plus jeunes apprenant des plus âgés (donc les plus gros, qu’on a le droit de pêcher) : où frayer, de quoi se nourrir, etc. Autoriser systématiquement le prélèvement des spécimens les plus gros n’est pas forcément une bonne chose.

Bref, pour terminer plus sérieusement :

– si un permis devait être mis en place, ce devrait être un permis de prélèvement

– pas sûr que je reprenne une carte l’année prochaine ; la pêche est déjà, en l’état, devenue une activité trop chère et pourrie par l’obscurantisme des règlements.

En vous remerciant pour votre attention,

Hervé STERN

Ayant été chasseur, ce sujet m’intéresse. Tout d’abord un petit rappel historique sur le permis de chasse. Réservé à la noblesse, « la chasse pour tous » date de 1789 et de l’abolition des privilèges mais rapidement en raison de l’extermination en masse du gibier et des problèmes sécurité, autant humaine que démocratique (jamais très apprécié d’avoir beaucoup d’armes en circulation dans un pays surtout en période de contestation), il fallut prendre des mesures (Napoléon en 1810 puis plus tard au milieu du XIX) avec l’instauration de plusieurs lois et décrets pour aboutir en 1975 au permis de chasse actuel pour répondre à la pression de plus en plus insistante des associations de protection de l’environnement. Pour montrer que les chasseurs sont respectueux de la sécurité des autres et de la nature.

Alors quel est le contenu du permis de chasse, qu’apprenons-nous réellement, ce qui permet de faire un parallèle avec la pratique de la pêche:

Les différentes méthodes de chasse : à courre, devant soi, à la hutte, au grand gibier à l’approche…évidement la même chose peut être appliqué à la pêche.

La connaissance des espèces & l’identification des espèces chassables (le fameux : « je tire » « je ne tire pas ») : Répartition géographique, les habitats, les mœurs (le comportement), la reproduction, les méthodes de chasse ; cette section peut directement être appliqué à la pêche. Ce qui permettra d’essayer différencier  un aspe d’un chevesne, une ablette d’une vandoise, d’un brème commune d’une bordelière.  De connaitre les espèces protégées etc..

La connaissance des organismes de la chasse (de la cours européennes aux ACCA en passant par le rôle des fédérations, du préfet et de l’ONCF pour la gestion du grand gibier) . Nous aurions des pêcheurs informés sur les organismes de la pêche (d’ailleurs personnellement pour moi c’est toujours flou on va notre argent).

La réglementation de la chasse :Garderie, police de la chasse, braconnage Période de chasse (grand gibier, gibier d’eau), Rôle des Fédérations dans la fixation des jours de chasse, Méthode de chasse autorisé (par exemple 3 coups pour les semi-automatique, glue pour la grive dans certaines régions, installations de chasse de nuit pour le gibier d’eau…). Nous aurions donc la même chose mais pour la pêche. comme par exemple ne pas remettre à l’eau un brochet à l’eau en première catégorie (je sais, je provoque), ne pas pêcher le silure la nuit, ne pas utiliser un poisson soumis à la maille en vif, pêcher avec 4 cannes etc…

Et surtout, le plus important la sécurité. Avec une épreuve théorique de maniement d’un fusil. Dans mes souvenirs c’était presque 80 % de la formation (ce qui me parait plus que logique). Cette formation à la sécurité ne me parait pas surperflu à l’heure du float tube et petite barques sans moteurs, comme par exemple former les pêcheurs à mettre un gilet de sauvetage, ou naviguer , ou faire du float tube, comment être en sécurité sur une barque..

En conclusion, en dehors de l’aspect sécuritaire, je pense que l’intérêt du permis chasse est multiple pour les chasseurs. Premièrement, assez évidente, il apporte une connaissance minimale sur la chasse en générale et la faune sauvage (je prends mon exemple perso, je ne savais pas avant le permis que les males de canard après la reproduction prennent les mêmes couleurs que les femelles ou alors que les palombes c’étaient en réalité des pigeons ramiers). D’autre part il permet également de mieux prendre conscience de la gestion du territoire. En dernier lieu, même si c’est sporadique (car peu de personne savent qu’il faut un permis de chasser), il montre à la société en générale que la chasse est une activité réglementé.  Nous pourrions dire «  c’est merveilleux », et bien non car il y a quand même quelques bémols à ce permis. Un, nous perdons le côté la chasse pour tous qui est « redevenu » un loisir plutôt pour une classe assez privilégié, là je ne parle pas du financier, car clairement la chasse n’est plus un loisir populaire depuis longtemps, non je parle du côté faut passer un examen donc pouvant être raté, demande des déplacements pour le passer, de réviser, un âge pour postuler…le côté sanction de l’examen et paperasserie, qui rime avec tracasseries, peut rebuter et peut décourager. Naturellement ca limite le nombre de pratiquants. Ensuite sur sa validité, que vaut un permis de chasse de 30 ans ? Peut-on encore chasser à 70 ans ?  Même question pour tous les autres permis…J’ajouterai également que c’est très généraliste, c’est  dire une revue de toutes les méthodes de chasse/gibier, ce qui à mon avis va conduire à un second permis plus spécialisé (comme c’est le cas avec le module grand gibier). Et pour finir, le permis n’entraine pas une baisse du braconnage, ni l’aspect je remplis mon congélateur des viandards, pratiques certes assez marginales mais existantes (on ne va pas se mentir).

Maintenant, est ce que cela est applicable à la pêche et présente un intérêt pour la pêche. Au premier abord et suite à cet exposé je suis tenté de dire : « mais bien sur ! C’est tellement évident, qu’attendons-nous ! Mettons en place le permis de pêche ». Et non, je suis contre pour plusieurs raisons :

Un au niveau accessibilité de la pêche ; la pêche est un loisir populaire. Il est encore accessible à tous (au grand dam de certains ayatollah du no-kill et des adeptes du poisson c’est mon compagnon de jeu, voir mon frère ou pire) et il faut qu’il y reste si on veut ne pas disparaitre. C’est déjà pas évident de vendre des permis de pêche mais en plus si on rajoute un examen pour amener deux fois dans l’année le fiston pêcher le goujon, on marche sur la tête. Il y a à l’heure actuelle une espèce de courant élitiste, surtout chez les pêcheurs de carnassiers, très déplaisant véhiculé par des clips/spots de grandes marques qui divise les pêcheurs en catégories et stigmatisent les autres : les no-killistes contre les papys vifeurs, pas d’utilisation d’appâts naturels, si tu n’as pas 3 cannes casting (ou une canne de 13 m avec 6 kits pour ceux qui pêchent au coup) tu es « has been »….

Deuxièmement au niveau purement logistique : il y a une multitude de milieu en France, de type de pêche ; devons-nous avoir un permis carnassier ? un permis truite ? un permis mer ? un permis pêche au coup ? Pêche à la carpe (inclus le permis de conduire du drone ;)) ? Un vrai usine à gaz, le meilleur moyen de survoler tous les sujets sans en approfondir un seul. Ensuite s’il y a un permis par type de pêche, on en revient à mon premier point, ca redevient élitiste.

Et enfin comme pour la chasse, la partie administrative, examen, révision, et financier va limiter le nombre de pêcheurs.Il faut déjà en France des permis pour beaucoup de chose, si celui-ci on peut l’éviter… Halieutiquement.

Sylvain Delzenne

——-

Merci à tous les participants et à leurs arguments qui sont tous très intéressants. Le sujet est désormais clos, merci.

Gardez la pêche

 

 

Les commentaires sont fermés.