Henri Limouzin. « Les secrets du pêcheur de perches »

Pour les pêcheurs de ma génération (je suis né en 1965) Henri Limouzin est une légende. J’aurais aimé dire une légende vivante, mais il nous a quittés hélas, l’année dernière.

 

Il a marqué de son empreinte le monde de la pêche en lui insufflant un souffle de modernité salutaire, tout en restant fidèle à ses racines.

 

 

 Dans ma famille, personne ne s’intéressait vraiment à la pêche,  j’ai donc du apprendre les rudiments de mon art empiriquement, au bord de la rivière et à l’aide des livres et des revues halieutiques qui me tombaient sous la main. J’avais repéré très vite les articles de Limouzin dans « La pêche et les poissons », qui, à la fin des années 70, était le magazine généraliste qui faisait autorité.

Limouzin avait un style bien à lui, pédagogue et enjoué, ou transparaissait sa passion et sa gentillesse. Tous ceux qui l’ont connu soulignent d’ailleurs sa disponibilité et sa bonhomie. Grâce à lui, tout devenait limpide, et je progressais.

A l’époque, on était en pleine folie du mort-manié, mis au point par Albert Drachkovitch, et dont Henri Limouzin se faisait le chantre. Autant le dire tout de suite, sans Limouzin, cette technique de pêche serait restée confidentielle. Il a su, grâce à sa plume, populariser avec le succès que l’on sait la célèbre monture et son non moins célèbre inventeur.

C’est lui également qui nous a fait découvrir les leurre souples et les têtes plombées, avec son complice Michel Naudeau, au milieu des années 80. Je me souviens encore de la méfiance des pêcheurs vis-à-vis de ces petits bouts de plastique multicolore !

Il a également été le promoteur des techniques modernes de la pêche de la carpe.

Tête plombée, leurre souple, bouillette : on lui doit, entre autre, ces expressions désormais passées dans le langage courant des pêcheurs modernes. Oui, on lui doit vraiment beaucoup.

 

Ses livres consacrés au sandre et à la perche rassemblent la somme de ses connaissances et de son expérience et ne peuvent que susciter l’intérêt de tout bon pêcheur de carnassiers qui se respecte.

 « Les secrets du pêcheur de sandre » et « Les secrets du pêcheur de perches », en deux tomes chacun, se lisent avec un  plaisir un brin nostalgique, mais en vérité ils n’ont pas pris une ride.

Bien sûr, le matériel a évolué, mais les conseils qu’il nous donne restent valables 30 ans après. Les poissons n’ont pas changés !

Celui sur la perche me tient particulièrement à cœur : Il est rare de trouver un livre totalement consacré à ce poisson, et qui plus est aussi détaillé. Le premier tome est consacré à la pêche aux esches naturelles, le second aux leurres. On y apprend une foule de chose sur la belle zébrée, de la confection des « guignols »  à la pêche « à la petite bête » en passant par les lignes de « gambe » qui ne sont pas sans rappeler les montages en drop shot d’aujourd’hui par certains côtés…

On peut encore trouver ces ouvrages d’occasion sur internet, ou au détour d’une brocante, les Editions Borneman ayant hélas disparues. J’espère qu’une réédition viendra un jour rendre hommage à ce grand pêcheur et ce grand vulgarisateur.

Vous trouverez sa bibliographie complète sur le site que lui a consacré sa femme Martine Courtois-Limouzin, photographe de talent à qui on doit un nombre incalculable de couvertures et d’illustrations pour les livres et magazines de pêche.

Je me souviens d’une interview où il disait (je cite de mémoire) : « Pêcher un poisson, c’est être accepté par la nature, c’est faire à nouveau partie du cycle naturel. » Cela résume bien sa philosophie de la vie et de la pêche, et c’est une vision des choses que je partage pleinement.

Jean Paul CHARLES   (texte et photos de l’auteur)

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