Vif, non ce n’est pas ringard !

Le moins qu’on puisse dire c’est que le pauvre vif divise depuis quelques années les pêcheurs de carnassiers en deux clans, les ferrailleurs et les viandards. Ce n’est pas moi qui le dit mais la majorité de ceux qui détestent l’autre partie. Mais il reste un ultime espoir, non pas Luke Skywalker mais moi et ceux qui sont comme moi, ceux qui pêchent, tout simplement, sans esprit de clan.

J’aimerai dire à tous les crankophiles, les leursouplovistes, les topwatermen que le vif d’une, ce n’est pas ringard et deux c’est une pêche aussi technique et honorable que toute les autres.

 

Certes le pêcheur au vif n’échappera pas à l’image ringarde de l’amateur de kronenpils contemplant ses bouchons en écoutant RTL mais on s’en fout de l’image après tout, l’important est de passer un bon moment à la pêche.

Et si l’on veut changer l’image de l’amateur de pêche aux proies vivantes on peut toujours faire comme nos voisins d’outre manche : Perfectionner les montages pour les rendre plus efficaces et plus modernes.

 

C’est là une partie du problème, la pêche au vif n’attire pas parce qu’en réalité il faut faire provision de vifs mais surtout qu’on se dit que l’on est ringard de ne pas utiliser exclusivement ces beaux leurres géniaux pour le nokill. On est programmé pour ça par les marques de leurres, par les leaders d’opinions que sont nos gentils compétiteurs à chemises bariolées et par toute la gente de moralisateurs qui inondent les blogs et Facebook.

On finit par se dire soi même, je suis un pêcheur éco responsable car je ne pêche plus au vif ou au manié, j’ai une grande éthique et une haute estime de moi même mais j’oublie les dizaines de têtes plombées et les plastiques que je laisse au fond des eaux……Ou alors je suis sport, fun, et j’oublie qu’un poisson ne doit surement pas aimer d’être piqué par un hameçon et sorti de son élément pour faire une belle photo devant une chemise pleine de pubs.

 

Il y a bien longtemps que j’ai choisi. Le poisson n’est pas mon ami, pas un membre de ma famille « mère planète », pas mon égal, pas un pote de jeu, pas non plus un moins que rien. Le poisson est un poisson, une proie que moi prédateur aime prendre, jouer avec comme le fait un chat avec une souris et qui possède cette faculté de libre arbitre de relâcher ou non cette proie quand il a fini de jouer. Car, ne l’oublions pas, la pêche au vif est associée au congélateur, un amalgame, un de plus, dont la responsabilité est porté par nos anciens.

J’imagine bien le jeune pêcheur débutant à qui l’on file une vieille canne de 3,5m équipée d’un moulinet garni de 30 centièmes avec un bouchon de 20g en lui disant de pêcher. Ça ne le fait pas rêver par rapport à ce qu’il voit dans les magazines et sur les sites internet. Pourtant, la pêche au vif peut être très technique si on veut bien se creuser la tête et autant riche d’émotion que la pêche aux leurres.

 

Voir au petit matin, alors que la brume s’attarde sur un lac calme et sans vague, son bouchon se promener, s’énerver, plonger, vous file une décharge d’adrénaline plus puissante qu’une touche au spinnerbait.

Arriver avant l’aube, s’affairer au bord de l’eau, tendre ses cannes est avant tout un acte préparatoire de pêche qui vous met progressivement  dans le bain, qui vous fait apprécier cette pêche.

Choisir le bon coin en fonction de vos connaissances des fonds, des poissons présents, de l’activité est tout aussi valorisant que choisir le leurre adapté au poste.

 

Installer son poste de pêche, se poser confortablement et apprécier la nature sans avoir rien d’autre à faire que contempler la beauté des lieux est aussi jouissif que sortir des mètres et des mètres de tresse en casting pour leurrer un brochet.

Pour les montages modernes je vous renvoie à ma page: la pêche au vif moderne, il n’est pas besoin d’y revenir mais ceux ci permettent un ferrage à la touche qui n’abimera pas le poisson et vous permettra si vous le désirez de le relâcher dans les meilleurs conditions.

 

Nos amis anglais n’ont pas droit au vif seulement au poisson mort, eux peuvent pêcher à la truite morte pas nous. Chaque année ils prennent nombre de poissons records avec un simple gardon qui pendouille sous un bouchon, ils pêchent même avec des tronçons de lamproie. Des concours sont organisés où seule la pêche à l’appât naturel est permise et ça ne choque personne là bas, imaginez en France ce type de compétition ! On verrait de suite se lever les grands combattants du web, si prompts à s’enflammer devant leurs claviers !

Tout ceci pour dire que la pêche au vif n’est pas qu’une technique ancestrale qu’on devrait ranger au placard. Tous les ans il se prends de beaux poissons sur des montages fins,  des cannes posées sur des rodpods, des lignes surveillées par des détecteurs électroniques, des moulinets débrayables aussi performants que ceux des carpistes.

 

Il ne reste plus qu’à introduire cette « mode » en France, avec des cannes fines mais puissantes, des moulinets en taille 4000 ou 2500, des flotteurs high tech, du fluoro et des montages dernier cri permettant le ferrage à la touche.

Et on verra un jour ces nouveaux pêcheurs, heureux d’être des vifeurs et non des viandards qui feront la nique à tous les donneurs de leçons !

Gardez la pêche.

 

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