Effacement des barrages sur la Sélune, les pêcheurs pas satisfaits.

penseurLa Sélune est un petit fleuve de 70 à 80 km qui coule dans le département de la Manche et se jette dans la baie du Mont Saint Michel. Deux barrages à vocation hydroelectrique ont été construits sur son cours dans la première moitié du 20 ème siècle : La Roche qui Boit et Vezins.

Il y a quelques années, la fin de la concession a amené les pouvoirs publics à se poser la question de que faire de ces deux retenues ? Soit tout garder dans l’état en produisant de l’électricité, soit garder les barrages mais arrêter la production hydroélectrique soit araser les ouvrages.

C’était à l’époque Chantal Jouanno alors secrétaire d’état à l’écologie qui en 2009, dans le cadre des projets de trame verte et bleue a annoncé l’effacement de ces ouvrages. La Ministre Nathalie Kosciusko-Morizet a entériné cette décision en 2012 et lancé la procédure administrative.

On a donc vu un peu partout se réjouir les défenseurs des migrateurs, pêcheurs mais aussi le WWF et consorts sauf les pêcheurs du coin…

En effet ces deux lacs de barrage qui ne couvrent que 72 ha sont les seuls dans ce coin de France et ils étaient fort appréciés des pêcheurs de carnassiers qui aiment taquiner brochets, sandres et perches..

Barrage de Vezins  photo La manche libre
Barrage de Vezins – photo La manche libre

 

On avait donc depuis plus de 80 ans une situation qui semblait satisfaire tout le monde, sauf les pêcheurs de saumons qui voyaient dans ces barrages un obstacle à la remontée des migrateurs.

Durant de longues années, le tourisme s’est développé, une base de loisir fut construite et accueille les scolaires, la pêche, la baignade, le petit nautisme..Tout ceci a fait de ces coins un havre de paix sur un secteur encaissé très apprécié des touristes et des locaux.

Or la destruction de ces barrages, évalués quand même à 40 millions d’euros, est loin de faire l’unanimité. Les élus, les professionnels du tourisme, les locaux défendent leur barrage. Ça on s’en doute..

Mais les pêcheurs aussi, certes pas tous mais ceux qui pêchaient ces lacs. Les amateurs de saumons crient victoire et on les comprends et les amateurs de brochet hurlent de désespoir et on les comprend aussi.

Barrage de la roche qui boit -- Photo la manche libre
Barrage de la roche qui boit — Photo la manche libre

 

Quelle est la meilleure solution ? Je me garderai bien de donner mon avis n ‘étant pas de la région et ne connaissant pas suffisamment le dossier mais comme le disent les défenseurs des barrages, ces derniers ont d’autre atouts que le tourisme.

Selon eux le cours haut de la Sélune est pollué est les polluants se retrouvent capturés par les sédiments des barrages, les inondations sont stoppées par ces ouvrages.

Concernant le saumon, selon les pêcheurs du coin, rien n’atteste de sa présence avant 1919 en amont du barrage de Fezins et dorénavant avec la mauvaise qualité des eaux sa remontée et sa reproduction en serait affectée.

Les partisans des barrages préfèrent à leur arasement la construction de « vraies » passes à poisson en parallèle avec l’arrêt des turbines hydroélectriques.

barrage de la roche qui boit - photo eau-et-rivieres.asso.fr
barrage de Vezins – photo eau-et-rivières.asso.fr

 

L’enquête publique s’achève le 17 octobre, soit demain, par la suite la décision finale sera prise.

Par delà ce fait, les nouvelles directives encadrant la continuité hydrologique pourraient amener à l’effacement de plusieurs barrages en France et par là même pénaliser la pêche des carnassiers, alors un mal pour un bien ?

Gardez la pêche.

 

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