Comment monter un magasin de pêche

Vous êtes certainement nombreux à vous être vus en rêve une nuit, derrière votre comptoir rutilant, entouré de cannes et des leurres tous plus beaux les uns que les autres  à vendre de magnifiques moulinets à des pêcheurs captivés par vos arguments.

Comme moi, un jour dans votre vie vous vous êtes dits : «  Ah si seulement j’avais un magasin de pêche, je serais le plus heureux des hommes ! ». mais la vie en a décidé autrement et votre métier actuel, même s’il ne vous passionne pas autant vous permet quand même d’assouvir votre amour de l’art halieutique.

Mais si vous en aviez la possibilité, le feriez vous ?  Lâcheriez vous tout pour devenir détaillant en article de pêche ?

Voyons ensemble les modalités à mettre en œuvre  pour monter un magasin de pêche et merci à mes amis de Morvan Pêche pour les tuyaux.

En préambule, si vous n’êtes pas un pêcheur accompli, autant renoncer avant la catastrophe. Il vous faudra connaître toutes les pêches, toutes les techniques,  être calme et avenant, avoir constamment le sourire.

 

La bonne volonté ne suffit pas, on ne se lance pas comme ça, il vous faudra des bases en commerce. Comprendre l’acte de vente, apprendre à gérer un stock, communiquer sur les produits…. Pour cela l’ AFPA de votre département ou votre CCI pourra vous intégrer dans des stages de mise à niveau.

L’argent est le nerf de la guerre et monter une activité commerciale n’est pas simple, il vous faut un apport, le plus important possible afin de décider votre banquier. Donc sans économies, pas de magasin. Il vous faut aussi de quoi patienter, car on ne monte pas un magasin en deux jours, il vous faudra démissionner de votre ancien poste et prévoir trois mois minimum pour mettre en place votre boutique.

La première étape est d’ordre logique, monter un commerce s’est aussi s’assurer qu’il pourra vendre dans sa zone de chalandise  donc il ne sert à rien de s’installer à coté de concurrents où encore si ceux ci sont nombreux sur la ville.

Pour cela, le secours de professionnels est indispensable et la chambre de commerce et d’industrie de votre département possède des adresses de cabinets spécialisés. Cette étude est bien entendu payante mais nécessaire pour la suite.

 

Une fois votre étude marché en poche, qui vous certifie que vous pourrez vivre de votre commerce au regard des institutionnels, il vous faut monter la société. S’inscrire au registre du commerce est la seconde étape de ce marathon, car c’en est un….Il vous faudra choisir une enseigne, vérifier que celle ci n’est pas déjà utilisée ou déposée à l’INPI. Une fois ceci fait vous avez votre numéro SIREN qui vous permet de commercer. Il vous faudra vous inscrire auprès d’une caisse de retraite du commerce etc etc..

Vient maintenant le moment de trouver un local, ce qui n’est pas le plus simple. Actuellement les pêcheurs aiment les locaux vastes et bien éclairés, fini le temps des bouis-bouis où les leurres côtoyaient l’amorce, le commerce actuel de la pêche ce sont des zones dites « univers » où le pêcheur trouve en un clin d’œil tout ce qu’il cherche. Trouver ce type de local en location n’est pas chose aisée et une fois dégoté  il vous faudra procéder à  l’implantation du magasin, mais c’est une autre étape. N’oubliez pas de faire vos déclaration de devanture en Mairie, de prévoir de faire passer la commission de sécurité pour les lieux recevant du public, donc d’être aux normes… Pas simple tout ça !

Il vous faut aussi faire une demande en mairie pour savoir si personne ne s’oppose à l’ouverture du magasin !

 

Il est alors temps d’aller voir votre banquier. Pour cela vous devrez le convaincre de vous prêter une belle somme pour démarrer. C’est le point le plus difficile car si vous n’avez jamais tenu de commerce, gérer un stock ne s’improvise pas et vous aurez besoin de liquidités le moment venu. Il vous faudra acheter un stock et le payer avant d’engranger les premiers bénéfices.

Vous avez les locaux, vous avez l’argent, le plus dur commence…..Et oui !!

Maintenant il vous faut préparer l’implantation du magasin, choisir les espaces qui seront dédiés aux techniques. Vous devrez  acheter des linéaires, ces mobiliers pour mettre en place les articles. Vous aurez aussi à mettre en peinture le magasin, installer des éclairages pour donner une lumière importante. La caisse enregistreuse sera un élément à prendre en compte, avec l’informatisation des stocks vous devrez vous équiper au top car un magasin de pêche ce sont des milliers de références. Le gros du travail commence lorsqu’il faudra référencer et étiqueter vos produits, ainsi le logiciel vous permettra d’avoir une vue globale et précise de votre stock.

 

Auparavant vous aurez contacté les services commerciaux des marques les plus connues et les plus sérieuses (penser au SAV) afin de recevoir la visite de leurs commerciaux. C’est à ce moment que vous constaterez que la concurrence peut faire montre d’indélicatesse à votre égard. Le monde du commerce n’est pas le délicieux pays des Bisounours et seuls les plus solides et les plus sérieux survivent.

Voilà, vous êtes dorénavant installés dans vos murs, vous recevez votre stock et signez des chèques et là vous constatez que vous n’avez plus d’argent…Il vous faut donc vendre..Un comble pour un commerçant.

 

Fixez vous une date butoir pour votre ouverture, Il faudra vous y tenir, votre banquier saura vous la rappeler.

S’il vous reste du temps, apprenez le démontage et le remontage de cannes, la mécanique des moulinets, les termes hyper techniques des pêcheurs spécialisés.

Le jour de l’ouverture approche et il faut vous faire connaître, c’est la presse locale qui vous permettra dans un premier temps de vous donner de la lisibilité. Faites un peu de pub sur les journaux du secteur, créez un événement sur Facebook ou créez un blog. Invitez les « forces vives » et tous les clients potentiels pour l’inauguration. En gros, créez l’événement autour de l’ouverture qui devra faire l’objet d’un article dans la presse locale et spécialisée si possible.

 

Adjoignez vous le concours de personnalités de la pêche, des pêcheurs reconnus du secteur, des commerciaux qui sauront vous faire de la pub. Dites vous bien qu’après trois mois ou plus de dur labeur c’est une année minimum de très dur labeur qui vous attend. Vous devrez être toujours d’humeur égale, avoir un SAV de haute qualité, toujours disponible, toujours à l’écoute des clients et des tendances pêche. Il vous faudra donner à vos clients l’envie d’aller à la pêche et d’essayer des techniques nouvelles, inspirez vous des super marchés pour disposer votre magasin. Le moins cher au fond pour que le client passe deux fois devant le plus cher…..

 

Votre publicité se fera alors plus par votre notoriété que par les autres vecteurs, là ce sera presque gagné.  N’oubliez pas que votre pêche préférée n’est pas forcément celle du client, donc n’en dénigrez aucune et ne prenez pas la grosse tête. Invitez vos clients à la pêche, le soir à la fermeture, prenez quelques minutes pour expliquer une technique au bord de l’eau à un client curieux.

Un magasin, c’est un lieu de rencontre et un lieu de vente et cela mes amis de Morvan Pêche l’ont compris. Ils ont installé un coin VIP ou chacun peut s’asseoir et feuilleter revues et catalogue face aux vitrines présentant le haut de gamme. Dans cet espace privilégié les contacts se font entre pêcheurs pointus et amateurs, le détaillant y trouve un endroit discret pour y discuter avec ses meilleurs clients. Ne négligez pas l’accueil, c’est important. J’adore personnellement qu’on m’offre un café quand j’arrive au magasin.

Dernier point : Les tarifs. Ne soyez pas gourmands car désormais chaque client à déjà regardé  le prix de ce qu’il convoite sur internet et si vous êtes vraiment plus cher il fuira votre établissement.

Il vous faudra avoir en rayon quelques produits haut de gamme, ce ne sont pas ceux que vous vendrez le plus mais comme chez un concessionnaire automobile on permet au client d’admirer la grosse berline pour lui vendre une petite familiale

 

Et ensuite ?

Vous devrez supporter les affluences des veilles d’ouverture, l’absence de clients certains jours qui vous feront douter, ceux qui arrivent à deux minutes de la fermeture. Le client grincheux,  ronchon, le papy qui vient là tous les jours pour discuter, le gosse qui vient là tous les jours pour rêver, le passionné qui en sait plus que vous, celui qui croit en savoir plus que vous, le grand débutant, le radin, le pleureur de réductions, celui qui met des jours à se décider, celui qui se trompe et rapporte sans arrêts ses achats, celui qui a vu de la lumière et ne sait pas pourquoi il est là, le voleur, la roumaine et son bébé qui a faim, le représentant en mauvais matériel, toutes les associations de la ville qui veulent vous vendre un espace sur leur calendrier….J’arrête là mais cet inventaire plutôt drôle est sans fin.

Vous ferez de belles rencontres, vous aurez des conversations enrichissantes, vous apprendrez et distillerez votre savoir, vous verrez la lumière s’allumer dans les yeux des pêcheurs.

Rien que pour cela ce métier est passionnant, très dur mais passionnant. Alors bon courage et bon vent si vous souhaitez vous lancer dans cette aventure.

Gardez la pêche

 

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