Comment devient on un bon pêcheur ?

C’est la question que je me suis posé un après midi en longeant un canal en voiture, qu’est ce qui fait qu’un homme deviendra un meilleur pêcheur qu’un autre, talent inné, acquis, sens de l’orientation affuté, facilité à appréhender la nature dans un contexte global ?

J’aimerai bien détenir la réponse  mais pour l’heure je n’ai que quelques pistes que je me propose de partager avec vous.

On connaît tous un pêcheur exceptionnel, celui ci prend plus de poissons que les autres et fait souvent l’admiration du sérail. Qu’il soit un acteur du monde halieutique par son engagement associatif ou un simple pêcheur de poisson, le bon pêcheur n’est pas fondamentalement différent des  autres, il a juste un petit truc en plus qui fait que…..

Le talent inné

Je ne crois pas que le talent, le vrai, l’inexplicable existe. Je pense que c’est la somme d’un tas de petits détails mis bouts à bouts qui font qu’un réel don se montre au grand jour. Nous connaissons tous un copain chanceux, mais l’est il vraiment ou met il en œuvre inconsciemment une technique différente de la notre ? Et le mot don se rapporte trop pour moi au don d’un dieu pour satisfaire le bon athée que je suis.

Si ce talent semble inné c’est certainement parce que son cerveau aura assimilé des informations et en aura tiré des conclusions différentes de nous. En cela on peut presque moralement  accepter le talent qui ne devient plus magique ou mystérieux mais s’explique par un fonctionnement chimique ou biologique différent de nos hémisphères cérébraux.

Je ne crois pas qu’un homme seul puisse un jour devenir le meilleur pêcheur du monde, pour cela il lui faudra engranger des données et apprendre de ses erreurs mais aussi apprendre des autres car nul ne sait tout faire .

 

le sens de l’observation, de l’analyse.

C’est à mon avis un des éléments importants, certains d’entre nous remarquent plus facilement les détails, leur mémoire assimile mieux les micro informations. Un ami se souvient de toutes les personnes qu’il rencontre, ce qui facilite son travail en relations humaines, un autre à une mémoire exceptionnelle, il est capable de vous dire ce qu’il a mangé le même jour à un mois d’intervalle, quand à moi j’ai comme beaucoup une mémoire bizarre qui se rappelle d’un tas de choses futiles et oublie les rendez vous ou les noms.

Cette mémoire est importante à la pêche et profite à l’observateur qui se rappellera la fois suivante pourquoi cela a ou n’a pas marché à cet endroit et dans ces conditions.  Il aura observé, mémorisé et en aura déduit quelque chose. Nous le faisons tous de toute manière mais pas à la même échelle que certains.

Tentez avec un ami cette expérience que j’ai déjà faite, décrire la même chasse de brochet ou tout autre épisode de vie aquatique. Déjà vous n’utiliserez pas le même vocabulaire, ensuite si vous avez regardé la même scène vous n’aurez pas vu la même chose. Chacun aura retenu ce que son cerveau aura voulu capter et ceci vient de la façon dont vous vous êtes construit. Un sportif jouant en équipe y verra un truc qu’un sportif solitaire n’aura pas vu, un peintre y verra des couleurs, un dessinateur des formes, un musicien des sons…Et un con n’y verra qu’une chasse de brochet.

 

La curiosité

La pêche est affaire de traqueur et pour être un bon pêcheur il faut aussi être curieux, positivement curieux, de celui qui se renseigne mais avec un but précis. Par la suite on se renseignera sur la biologie du poisson par simple plaisir de connaître mais au début c’est pour connaître les habitudes de sa proie pour mieux l’attraper. Un homme peu curieux ne fera qu’un piètre pêcheur.

 

La patience

On la dit la vertu du pêcheur, j’aime à croire que c’est celle de l’homme sage. La patience comme balance à l’impétuosité du combat avec le poisson, la patience face à la nature du pêcheur qui sait qu’il faut attendre pour que cela arrive.

La patience s’acquiert par la curiosité, encore que ! Cette patience qui fait tant défaut à nos gamins lorsque nous les emmenons à la pêche, cette patience qui fait dire à nos proches « t’es vraiment cinglé de rester aussi longtemps à la pêche pour rien prendre ». Mais une patience sans volonté qu’elle apporte quelque chose n’est que béatitude et contemplation, certes cette dernière est souvent évoquée par le pêcheur mais en réalité le bon pêcheur ne contemple plus guère, il guette !

 

les amis, les maitres, un bon détaillant

Comment devenir bon pêcheur? S’offrir les services de guides reconnus, se faire emmener par des copains déjà bons, avoir à proximité un détaillant qui a envie de remonter le niveau de ses clients.

Je l’observe chez moi avec quelques bons pêcheurs qui deviennent très bons, tout ça parce qu’un détaillant local ou une association les réunis et leur permet de mettre en commun leurs connaissances et crée ainsi une saine émulation.

Ainsi on progresse plus vite, on partage, on fait des sorties ensemble, on découvre de nouvelles régions, de nouvelles pêches, de nouvelles techniques qu’on adapte localement. Je pense que ce sont les amis pêcheurs qui vous rendent meilleurs, pas seulement pêcheur, humainement aussi en comprenant ou en tentant de les comprendre.

l’envie de progresser

Encore faut il avoir envie de progresser et aussi en avoir les moyens et le temps. La pêche des carnassiers est un sport (à ce niveau) onéreux et chronophage. Tous les loisirs y sont consacrés, les vacances aussi et une grande partie du budget familial. Ce n’est pas tout le monde qui peut le faire, souvent il faut s’y mettre avant d’avoir des enfants et y revenir dès qu’ils sont plus grands et que les travaux de la  maison sont en bonne voie d’être achevés.

A quoi vois t’on qu’un bon pêcheur habite là ? La pelouse et la haie ne sont pas taillées, pas le temps …il est à la pêche !!

 

la chance plus développée ?

Dernier argument de cette petite analyse sans prétention, la chance, le bol, la chatte ..Ou comme on voudra appeler cette veine insolente du type qui prend sans arrêt du poisson n’importe où et surtout n’importe comment.

Un jour avec un voisin à la truite en lac pour l’ouverture nous avons fait l’expérience suivante. Comme il prenait des truites sous mon nez, je lui ai demandé un appât, puis un hameçon, un bas de ligne, des plombs…Jusqu’à monter une ligne strictement identique à la sienne bouchon compris et pêchant à 5 cm de la sienne. Et pourtant toujours rien pour moi ! Pourquoi ? Cette fois ci seule la chance pouvait être évoquée face à l’essai quasi scientifique que j’avais fait à coté de lui.

Heureusement qu’elle est là cette chance, ce mystère, sinon la pêche y perdrai un peu de son intérêt.

Alors inné ou acquis ?

Un peu des deux mon adjudant. Mon esprit cartésien à horreur du paramètre hypothétique et voudrait que tout soit acquis mais on ne peut que constater chez certains un semblant de don pour la pêche qu’on ne sait expliquer. Comme je le disais plus avant, chimie du cerveau différente certainement. Pour autant, nous qui sommes tous de bons pêcheurs ou qui voulons l’être savons qu’il nous faut forger sans cesse avant d’être forgeron.

Comment devient on un bon pêcheur ? Je crois finalement que c’est en allant à la pêche tout simplement !

Gardez la pêche.

 

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