Faut il protéger la fraye des poissons non originaires ?

penseurVoilà une question qui clive le monde de la pêche depuis quelques années, doit on ou non protéger la fraye de poissons introduits en France ?

Prenons comme exemples pour répondre à cette question, les AAPPMA  et fédé, les clubs et le monde scientifique qui a aussi son mot à dire.

Nous, pêcheurs, avons tendance à voir l’eau comme notre propriété par le biais de la gestion halieutique mais l’eau est à tout le monde, propriétaires agricoles qui en ont besoin pour irriguer, entrepreneurs touristiques pour développer le territoire, état pour la production d’électricité, communautés de communes, communes pour l’eau potable et bien d’autres encore comme les scientifiques qui sont chargés par l’ état de surveiller et donner leur avis éclairé.

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Pourtant nous pêcheurs, aménageons les rives pour la pêche ou pour la protection du milieu mais nous intervenons, nous déversons des poissons rarement originaires du coin pour le plaisir de les attraper ensuite et nous faisons fi des effets de leur introduction.  Sous le biais bien gentil et bien propret de la protection des milieux aquatiques nous sommes en fait des fermiers qui cultivons le poisson en élevage extensif pour notre plaisir de pêcheur.

Perso je n’ai aucun problème avec ce positionnement, pour moi la nature est un jardin que l’homme modèle depuis la nuit des temps et continuera à modeler, peu importe l’avis des écolos radicaux qui voudraient en faire un sanctuaire.

Selon eux il ne faudrait pas protéger la fraye des poissons que l’on a introduit, voir même s’en débarrasser comme  ce fut presque le cas en Espagne ces dernières années.

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Une AAPPMA et une fédé répondent à la pression des pêcheurs car ce sont ceux ci qui font remonter leur grogne. Par conséquent une AAPPMA, qui plus est soumise au règlement de réciprocité, ne pourra jamais ne serait ce que demander l’ouverture du sandre par exemple durant sa période de fraye !  N’oublions pas que si on voulait revenir au temps jadis, on ne retrouverai que le brochet et la perche comme carnassiers, en rajoutant anguille, chevaine, truite, saumon…. Aux oubliettes les sandres, silures, black bass,  aspes, truites arc en ciel…. Pourtant nos fédés font des pieds et des mains pour protéger la fraye du sandre mais pas celle de la perche !

Les clubs carnassiers font eux aussi pression et lobbying pour protéger le sandre, le silure et le bass, pourtant on les voit très peu se soucier du brochet, qui rappelons le est placé sur la liste rouge des espèces menacées. Le brochet ne remporte pas les suffrages des associations, c’est étonnant car c’est lui qui détient les records du nombre de couvertures de magazines.

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Dans mon département de Saône et Loire, la fraye du brochet est protégée comme partout ailleurs du 30 janvier au 1er mai, ce qui est, il faut le dire, plutôt pas mal. La perche est oubliée mais n’étant pas classée comme une espèce en danger on considère qu’on peut la pêcher sans limite.

Le silure n’est pas protégé durant cette période, le bass l’est puisque l’ arrêté préfectoral empêche sa pêche de mai à juillet. La truite l’ est tout comme la truite arc en ciel, pourtant cette année le quota de six truites/jour a été remplacé par  six truites dont seulement trois farios/jour.

Le cas du sandre est le plus complexe, ma fédé voudrait interdire sa pêche en même temps que le brochet mais les pêcheurs pro en comité de bassin s’y opposent.

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Du coté scientifique la position est plus tranchée, les poissons originaires de France doivent être protégés mais pas les autres. Ces derniers n’ont rien à faire ici et s’ils sont là il ne faut surtout pas leur permettre de se développer au détriment des autochtones. Un positionnement radical mais qui logiquement se tient si on oublie le coté pêcheur.

Il n’y a selon moi pas de réponse « vraie » à cette question car selon que l’on soit pêcheur, agriculteur, baigneur, producteur électrique, commune, scientifique et même pêcheur pro, les intérêts sont divergents. Ils sont tellement divergents que les pêcheurs de silures voudraient les protéger au maximum alors que les exploitants de baignade voudraient bien les voir totalement disparaître.

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Il existe un semblant de juste milieu, une paix des braves pas facile à tenir, c’est notre position actuelle. N’oublions pas que nous pêcheurs devons choisir entre pêcheurs et les autres car nous ne somme pas miscibles entre nous dans le combat pour l’eau tel que nous le concevons.  L’alliance de circonstance entre écolos et pêcheurs n’est que le mariage du loup et de l’ agneau, et le loup bouffera toujours l’agneau.

Protégeons la fraye des poissons, de tous les poissons, sans trop nous poser de questions philosophiques comme celle ci, nous seront alors plus unis et plus fort pour faire passer notre avis.

Gardez la pêche.

 

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