La Méduse d’eau douce ou Craspedacusta Sowerbii Lankester

NOM PHOTO

 

La Craspedacusta Sowerbii Lankester est tellement peu commune qu’elle n’a pas de réel nom hormis celui en latin. Certains l’appellent « cnidaire » mais il s’agit du nom qui regroupe toutes les variétés de méduses, tant d’eau douce que d’eau salée.

Photo: le Journal de Saône et Loire

 Elle fait de temps en temps les choux gras d’une presse locale qui s’extasie de voir ces méduses proliférer un temps dans les eaux des lacs. En réalité la méduse d’eau douce n’est pas rare mais seulement très discrète. Ceci s’explique par son mode de vie que je vais développer supra.

 En attendant il faut préciser que cette bestiole n’est pas dangereuse pour l’homme, pour l’heure aucun phénomène allergique n’a encore été détecté chez les individus ayant été en contact de cette créature.

 La craspedacusta mesure environ 2cm de diamètre (une pièce de deux euros)  pour un poids de 4 grammes (99 % d’eau). Son ombrelle contient à sa basse 4 longs tentacules et environ 400 petits qui disposent de cellules urticantes pour tuer le zooplancton qui est la nourriture naturelle de ces animaux.

 On a accolé au nom de craspedacusta le nom de Sowerbii pour rendre hommage au professeur Sowerby qui l’a découvert en 1880 dans un bassin à Londres. Selon les spécialistes, elle est originaire du fleuve Yang Tsé Kiang et se serait développée par l’introduction de plantes aquatiques chinoises en Europe. On la rencontre désormais partout dans le monde.

 

Cette bestiole est intéressante par sa façon de vivre. Elle possède trois formes de vie différentes. La plupart du temps la craspedacusta vit sous la forme d’un polype dont la forme est celle d’un hydre: Un tube avec ou sans  tentacules. Cet hydre ne mesure pas plus de deux millimètres et passe totalement inaperçu.

 Ces bébêtes se reproduisent de deux façons différentes, ou il y a reproduction sexuée par émission d’ovule et spermatozoïdes (comme pour le corail ou les oursins qui libèrent  leurs œufs en même temps pendant que  d’autres libèrent du sperme) ou alors le polype se reproduit par bourgeonnement.

 Dans ce cas là, si les conditions de température sont optimales (eau à + de 25 ° c) le bourgeon peut se développer en méduse. Cette apparition se déroule de juillet à octobre avec un pic de fin août à début septembre.

 Une fois les méduses mobiles, elles vont flotter au gré des courants en se nourrissant du zooplancton puis vont se reproduire si la température de l’eau est toujours adaptée. Cette reproduction est sexuée avec ovules et spermatozoïdes qui vont donner des œufs. Ceux ci vont éclore au fond du lac et donner des polypes qui se fixeront sur des pierres où comme je l’ai constaté de visu, sur la carapace d’écrevisse comme c’est arrivé à une que j’ai gardé dans mon aquarium.

 Une semaine après l’avoir ramené de Pannecière (ou elle avait mordu au fire ball, si si …..) j’ai vu apparaître des filaments blancs sur ses pinces et son rostre. J’ai cru à une maladie fongique et j’ai traité l’eau au Médifin Tetra, sans succès. Néanmoins avec une loupe j’ai pu constater qu’il s’agissait de formes d’hydres d’eau douce. Sans le savoir j’ai peut être introduit des craspedacusta dans mon aquarium ou tout simplement des hydres. Depuis que l’écrevisse à mué ces polypes ont disparu.

 Pour en revenir à notre sujet, lorsque l’hiver arrive, l’hydre craspedacusta ne meure pas mais change de forme. Il va se contracter en podocyste, une capsule entourée d’une membrane chitineuse qui peut survivre aux conditions hivernales. Cette capsule est comme dans le cas de la Pectinella (le blob – voir mon article précédent sur le bryozoïaire) peut s’accrocher aux pattes des animaux, aux végétaux … Lorsque les conditions redeviennent vivables pour cet organisme, il reprend une forme d’hydre et continue sa vie.

Photo Christophe DEHONDT

 

Pour faire simple, car la vie de ces bestioles ne l’est pas, un hydre peut bourgeonner en un autre hydre, en une méduse ou en une larve non cillée. Avec la reproduction sexuée par œufs on peut constater quatre modes de reproduction, c’est rare dans le monde animal, d’ailleurs je ne pense pas que l’on puisse classer cet organisme comme un animal ou un végétal…..

 Et dire que certains croyaient qu’il n’y avait pas de bestioles étranges dans les eaux françaises !!

 

Gardez la pêche.

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