Redécouvrir la pêche aux leurres du bord

En faisant le compte cet après midi, je me suis aperçu que ça faisait presque 8 ans que je ne pêchais plus qu’en barque, certes il m’arrive de faire quelques sorties à pieds ou alors à la truite mais à partir de mai, je ne foule plus guère le rivage de mes lacs favoris.

C’est à l’occasion de la sortie Aspe avec Guilhem Cognet que je me suis fait cette réflexion. Que c’est agréable d’avoir les pieds au sol, pas de limite au mouvement, pas besoin de faire gaffe à l’équilibre….

Cette spécialisation de la pêche en barque m’a quelque peu aveuglé sur le reste et je me suis promis de revenir aux fondamentaux, accepter de perdre des leurres, n’en emporter qu’un minimum….

Beaucoup d’entre nous font comme moi, on achète un bateau et on conjugue plaisir du nautisme aux plaisirs de la pêche….et le matériel destiné à la pêche du bord reste au fond du garage.

 

J’ai le souvenir de crapahuts mémorables au bord des lacs de ma région. Je partais alors le plus souvent seul équipé d’une paire de pataugas en été  car ces chaussures une fois mouillées sèchent très vite. En hiver c’était bottes de chasse  car marcher avec des chaussures inappropriées vous faisait vite revenir à la réalité du terrain.

J’avais alors ma canne passe partout en MH, une 2,70 en multibrins qui ne tenait pas de place dans le coffre  et donnait un bon bras de levier pour lancer loin mes cuillers ondulantes. Mon attrait pour les poissons nageurs  viendra après, lorsque la barque m’a permis de me décrocher  du fond !

 

Comme moulinet un bon gros moulin de qualité en taille 4000, du bord dans la vraie nature, je ne parle pas des quais du canal Saint Martin à Paris….On a besoin de pêcher costaud car on vise le joli poisson. Un gilet, une ou deux boites de leurres, des polarisantes et hop c’était parti pour 4h au travers des broussailles et des forêts profondes.

J’avais toujours avec moi dans ma poche dorsale un poignard avec une lame de 20 cm, pas pour tuer les ours mais pour couper une branche gênante ou me fabriquer un fouet à abattre les orties lorsqu’il fallait traverser un massif de 20m de large avec des orties de 2 m de haut pour accéder à ce coin secret si joli !

 

Il fallait marcher et cette marche était prétexte à humer la nature de bon matin, la ressentir, la découvrir alors que maintenant une fois la barque à l’eau je pêche sans prendre le temps de m’ébahir de la beauté de ce qui m’entoure. Il est vrai que c’est seulement du bord que je peux rester quelques minutes à regarder la rosée sur une feuille, une araignée qui tisse sa toile, un rat d’eau qui déguste un roseau.

Hormis cette poésie halieutique, la pêche du bord c’est aussi de la pêche et la plupart des poissons se font encore attraper du bord. Même matraqué, un bon coin du bord sera toujours aussi productif qu’un bon coin au large.

Je me rappelle ces soirs d’été, les pieds dans l’eau jusqu’au genoux à pêcher la queue de l’étang au stickbait. Ces soirées à longer les berges à la recherche d’un black bass en maraude.

La pêche du bord vous oblige a faire des choix drastiques. Tout d’abord sur la zone à pêcher car on en peut pas se déplacer autant qu’en barque et on pêche alors en raisonnant plus qu’en barque où on peut vagabonder. Choix des leurres aussi car on ne peut pas tout emmener comme sur son bateau. La pêche du bord est une école d’humilité et qui vous oblige à vous satisfaire d’un rien et ça je l’oublie peu à peu avec mon embarcation sophistiquée. Je sonde, je dérive, je pêche, alors que du bord, j’observe, je me place discrètement et je pêche.

 

Dans quelques semaines je serai en vacances  et si actuellement la team n’adhère pas trop  à mon envie de  ballade sur terre, une fois en vacance je m’y remettrai, seul.

Partir dans des coins paumés à 05h30 du matin, savoir qu’on ne rencontrera âme qui vive en ces lieux, s’éloigner du tumulte pour mieux chercher la rencontre violente avec le poisson. C’est un peu ça qui me manque et que je me suis promis de retrouver.

Gardez la pêche.

 

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