Le coboaturage via des sites de partage, bonne ou mauvaise idée ?

Les réseaux sociaux, plus que les sites internet classiques, ont permis l’ émergence d’une forme d’ économie circulaire tendant à faire du partage et de l’ économie une norme vertueuse.

Ainsi sont nées des pages Facebook de partage de sorties de pêche qui ont remplacé les forums et les sites internet des clubs carna. Le principe de ces pages est de faire se rencontrer un propriétaire d’embarcation qui accepte d’embarquer avec lui un pêcheur inconnu contre une petite participation aux frais d’essence.

Si cette manière de procéder n’est pas hyper récente, on la retrouvait depuis longtemps en mer où les frais engendrés par les distances à parcourir pouvaient être importants, elle peine à se mettre en place en eau douce, alors le coboaturage, bonne ou mauvaise idée ?

J’ai emmené beaucoup de monde à la pêche, par relation ou parce qu’on me l’avait gentiment demandé mais je n’ai jamais réclamé quoi que ce soit vu qu’au pire j’allais user 3 litres d’essence mais si je pratiquais régulièrement sur les lacs alpins ou les grands lacs du pays j’y regarderai à deux fois.

Entre le coût d’un plein d’essence ou de gasoil pour la voiture, les cartes journalières, le coût du plein du bateau on se dit que minimiser tout ça n’est pas forcément une mauvaise idée. Généralement on part avec un copain ou le copain d’un copain et ça se passe plus ou moins bien.

Le principe du coboaturage c’est donc de mettre en relation deux personnes qui ne se connaissent pas dont une qui va participer aux frais mais qui ne pourra décider ni du lieu ni de l’heure, ni même de la technique employée puisqu’il ne sera qu’invité.

Attention il ne s’agit pas de faire du guidage déguisé car cette profession est très encadrée bien que pour moi la formation de guide de pêche soit trop longue et complexe pour juste accompagner des pêcheurs mais ça fait vivre les centres de formation professionnels…

Attention aussi, il ne s’agit non plus pas de louer son bateau et se mettre à disposition en temps que skipper mais juste d’emmener quelqu’un avec soi à la pêche. Certains guides vont hurler à la concurrence déloyale mais ces pratiques de partage et de réduction des coûts sont dans l’air du temps, ne leur en déplaise.

Dans l’absolu l’idée peut paraitre bonne, avoir de la compagnie lorsqu’on a un bateau ou une barque et qu’on rechigne à aller seul à la pêche, pêcher en bateau sur les lacs de son coin quand on en peut pas en avoir un. Voilà les arguments retenus par ceux qui vantent cette pratique.

En fait, sans vouloir la dénigrer, il va falloir être patient et de bonne composition. Du coté du capitaine, il faudra supporter la présence d’une personne pas forcément sympa, qui n’aime peut être pas le casse croute, qui n’a pas la même approche éthique de la pêche que vous, qui ne sais pas pratiquer vos techniques préférées, qui écoute Indochine en pêchant, qui n’aide pas pour la mise et la démise à l’eau….Du coté du matelot, idem, le capitaine ne sera peut être pas sympa, il ne voudra pas s’adapter à vos horaires, vous permettre de pratiquer vos pêches préférées, il écoute peut être Indochine sur son téléphone !…

Pour autant pour l’avoir vécu, je n’ai eu qu’une mauvaise expérience avec un jeune qui n’écoutait rien en termes de sécurité et un ancien qui commençait à me dire que mon sondeur ce n’était pas de la pêche. Bien évidemment j’ai débarqué les deux, et un bien plus vite que l’autre !

La très grande majorité du temps, je suis tombé sur des gens très sympas, passionnés, bons vivants,  qui m’ont aussi beaucoup apporté humainement. Avec une personne qu’on ne connait pas dans son bateau, on se remet en question, on veut lui faire réussir sa sortie et on se démène un peu en sortant de ses petites habitudes. Cette notion de coboaturage est appelée à se développer et je pense que c’est une bonne chose tout comme le covoiturage dont personne ne remettrait en question l’existence.

Gardez la pêche.

NDLR : J’exècre au plus haut point la musique d’ Indochine, ça me fait saigner les oreilles. 🙂