La truite, c’est maintenant …

Ma région n’est pas à proprement parlé un coin riche en rivières de première catégorie, du moins dans le sens « torrent de montagne » tels que l’on pourrait se l’imaginer …

Mais néanmoins, en cherchant un peu, on finit par trouver quelques cours d’eau pas trop éloignés de la maison, dont la qualité biologique, sans avoir la clarté de l’onde pure digne d’une eau de source auvergnate, permet à des truites de se maintenir toute l’année dans des conditions acceptables à leur métabolisme.

Au fil des années, avec de nombreuses sessions de repérages et d’essais plus ou moins fructueux, mes vagabondages m’ont permis de dégotter des coins sympas, et relativement sauvages (du moins en ce qui concerne la présence de pêcheurs).

Ces cours d’eau sont loin de tout, mais ils me permettent de courtes et néanmoins intenses sessions à la recherche de truites autochtones.

L’eau reste fraîche sous les frondaisons …

Passé la période de l’ouverture, où ces quelques ruisseaux sont pris d’assaut par des hordes de pêcheurs, les truites locales ne voient pratiquement plus personne depuis plusieurs semaines.

En effet, le 1er mai (ou du moins le 27 avril cette année) sonne pratiquement le glas de la pêche de la truite dans la région : La pêche du carnassier est reine, et seuls quelques passionnés de PALM officient encore, là ou c’est possible.

Et pourtant, la meilleure période pour tenter de prendre une belle truite, c’est maintenant.

En cette période de l’année, où la nature explose de vie, les poissons sont à la recherche de nourriture quasiment toute la journée.

Les truites, délaissant les caches du début de saison, sont en maraude, et n’hésitent pas à traverser la rivière pour tenter nerveusement de prendre la cuillère au passage.

Laquelle sera celle de la journée ?

Rendues peu farouches du fait de l’abandon quasi total de la pêche sur ces cours d’eau, les truites sont « relativement » faciles à leurrer, prenant parfois la cuillère quasiment « dans les bottes », sans trop se poser de questions quant à la présence d’un humain dans l’eau, pour peu que sa gestuelle soit mesurée et discrète.

Ces quelques rivières délaissées ne sont pas faciles à aborder. La végétation oblige à chausser les waders afin de pouvoir pratiquer depuis l’eau, car les berges sont devenues totalement impraticables.

Le “kit” de base de l’été : Canne UL, gilet fourre tout, waders, petit sac à à dos pour les chaussures …

Pour rappel, il est fortement déconseillé, quand ce n’est pas tout simplement interdit, de pratiquer en marchant dans l’eau avant la mi-mai, afin de ne pas risquer de piétiner la jeune génération salmonicole.

La ripisylve, devenue très abondante en cette saison, permet, grâce à l’ombre qu’elle produit, de maintenir l’eau à une température relativement basse en été. Elle joue pour un rôle majeur pour le maintien de la biodiversité, tout en filtrant et protégeant la qualité de l’eau.

Quelques jolis poissons se cachent dans les fosses …

Malgré la canicule qui se profile pour cet été, annonçant, comme l’année dernière, la fermeture anticipée de la pêche dans de nombreux départements, les débits des rivières sont encore corrects en cette période de l’année, et permettent la pratique de la pêche dans de bonnes conditions.

Chaque obstacle dans le courant se doit d’être exploré

Il y a sûrement un poisson à proximité de ces racines immergées

Bingo !!!

Quelques zones de courant …

Petit bémol écologique :
Comme bien trop souvent, ces rivières ont été maltraitées dans un passé plus ou moins récent.
Leurs méandres naturels ont été redressés et linéarisés pour en faire des fossés d’évacuations, rendant ces portions peu propices à la présence de poissons.

D’anciens aménagements de type barrages, aujourd’hui abandonnés …

Un seuil infranchissable pour les poissons … Le courant est fortement ralenti, et la partie amont est totalement envasée …

Nul doute qu’avec la loi sur l’eau et les travaux d’aménagement qui en découlent, ces rivières, au potentiel halieutique quasiment exceptionnel, sauront retrouver leur fonctionnement d’antan, avec tout de qui en découle.
La protection et la restauration du milieu comprend aussi la franchissabilité des ouvrages artificiels en travers du lit d’une rivière, de façon à permettre la remontée naturelle des poissons.

Indubitablement, celui qui peut pêcher à proximité de chez lui des cours d’eau pratiquement abandonnés une grande partie de l’année devrait se considérer comme un privilégié.
J’en fait modestement partie, pourvu que ça dure encore un peu …

AB

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