H – 17 heures avant le grand cirque de l’ouverture de la truite 2014

Cette année encore, comme toutes les précédentes je suis tout énervé comme un gamin et j’attends demain en trépignant !

Demain samedi 8 mars 2014 à 6h37 (pour mon coin de rivière) c’est l’OUVERTURE !!!! Au cas où parmi les presque 3800 venus hier, l’un de vous l’aurait oublié..L’année dernière  pour la veille de l’ouverture c’est  un peu plus de 2000 lecteurs qui étaient venus prendre quelques nouvelles.

Plus que celle du brochet, l’ouverture de la truite reste un jour magique, jour de retrouvaille avec l’élément liquide  après une absence prolongée, jour où le soleil tant attendu inondera notre journée.

Donc dès demain, je serai prêt aux aurores pour pouvoir lancer mon vairon mainé à 6h37  (soit une demi heure avant l’heure légale du lever du soleil). Comme toujours je serai énervé, jaloux, envieux, limite discourtois durant la première heure. Si par malheur mon voisin prend une truite alors que je n’en prends pas je grognerai tel un ours qu’on dérange dans sa tanière.

 

Mon épouse s’écartera de moi, pas pour pêcher ailleurs mais pour ne pas avoir à subir mes réflexions énervées du genre, « branche de m..de », « p…ain de tresse de m..de ! », « trop d’courant », «  keskifoula çuila ? ».

Comme je l’avais écrit l’année dernière pour la veille de l’ouverture : « Demain, prenez deux minutes et regardez vous, regardez les autres, c’est riche d’enseignement. A l’aube personne ne viendra taper la causette, personne ne s’attardera à admirer le paysage. Tout le monde sera ultra pressé, ultra concentré, impatient de jeter sa ligne à l’eau, moment libératoire et presque jouissif après tout ce temps passé en préliminaires à préparer son matériel ».

Et oui, nous sommes presque tous comme ça, je dis presque car il y a toujours le gars qui s’en fout, qui vient pour passer du bon temps, quel chance il a ! Perso je stresse comme avant un oral du bac puis les heures passant  je vais me calmer. A  9/9h30 la tension finira par redescendre avec « l’appel du casse croûte, au cri si particulier de la bouteille de Macon Village à qui l’on arrache son bouchon de liège avec un certain savoir faire dut à bon nombre d’ouvertures précédentes (de bouteilles et de truites). »

 

Ce sera alors le défilé des copains et chaque mine réjouie en dira long sur la réussite ou non de cette ouverture. «  Sûr qu’il en aura attrapé plus que moi avec ce sourire mesquin !!!! Ou alors il bluffe et vient à la pêche aux infos ???? Lequel va demander en premier combien l’autre à pris ? Buvons un coup, on verra bien ! Et oui la jalousie, l’envie, la convoitise sont aussi l’apanage du pêcheur, c’est humain. Ce n’est pas tant le poisson qu’il veut, c’est prendre le poisson, déclarer à la face du monde qu’il est un grand pêcheur et un grand guerrier…….Et en ce jour d’ouverture ou les passions sont exacerbées, c’est typiquement le raisonnement que je me fais sans bien entendu me rendre compte du ridicule de la situation. 

Le jour de l’ouverture je ne suis plus moi même, j’ai oublié mon sens critique à la maison. Ce dernier m’attend patiemment posé sur mon clavier d’ordinateur, attendant que je rentre et qu’enfin je fasse le point le plus objectivement possible. Au bord de la rivière, j’aborderai les postes n’importe comment et le plus vite possible dans l’espoir de prendre, prendre et reprendre..Mon œil critique s’attardera toujours sur les autres et je repérerai immédiatement leurs défauts, technique, matériel, comportement, je me gausserai en moi même de l’autre alors qu’en réalité je suis pire. Trop pressé et trop excité, j’en oublierai certainement  une pince au sol ou rangerait une bobine dans la mauvaise poche du gilet en pestant ensuite de ne pas la retrouver.

 Je ne suis pas l’ombre de moi même ce jour là mais le pire de moi même, un être autoritaire qui s’engueulera tout seul s’il décroche une pauvre truite de bassine. Imaginez si je décroche trois ou quatre poissons, c’en sera fini de ma zénitude pour le reste de la journée.

Pourtant, à chaque fois, la pression retombe à mesure que de mon demi de bière pourrait remonter. Après le casse croute, toujours rapide (on sait jamais si un autre prenait ma truite du trou sous la roche..) c’est le retour au bord de l’eau, certes moins speed car le vin apaise le guerrier  mais toujours avec cette envie chevillée de combattre.

Ce n’est que vers 11h30, lorsque sonnera le gong de la fin du match que je rendrai enfin les armes. Je me déclarerai ou vainqueur ou vaincu et tel Vercingétorix après Alesia, j’irai déposer mes cannes au pied de la voiture, symbole du retour à la paix des hommes. »

 

Voila ce que j’écrivais l’année dernière en préambule à cette ouverture et si j’ai repris ces réflexions telles quelles c’est parce que j’ai pensé que je ne pourrai pas mieux dire. J’étais assez inspiré l’année dernière, je m’en épate moi même !

Et puis vers 11h30 donc, ce sera le replis stratégique du combattant vers la zone de débrieffing : La buvette de l’ AAPPMA. Je serai plus calme, plus enclin à me faire chambrer ou à frimer devant les potes. Pourtant je sens que je ne vais pas faire mon malin, une entorse du genou pas encore guérie ne me permettra pas de couvrir autant de terrain que d’habitude.

 

Devant un blanc cassis, entouré de fines cannes, je saurai si oui ou non mes choix techniques ont été les bons, qui à trouvé la pêche du jour, où ça a mordu…. Je vous remets ce passage de l’année dernière qui me plaît bien aussi : « Là au pied de la buvette, j’abandonnerai ce coté obscur pour la sagesse du Jédi du Morvan, j’écouterai les autres, je serai bien, j’attendrai patiemment le moment de rentrer jusqu’au lendemain matin où tout ce bazar recommencera dans ma tête…..Au secours, il faut que j’arrête la pêche ! »

Demain je n’aurai pas l’esprit à l’autodérision, je serait trop pris donc autant en faire un peu aujourd’hui, ça ne fait pas de mal et ça ne coûte rien.

 

Truites du Ternin, tremblez de toutes vos nageoires, j’arrive plus décidé et plus timbré que jamais !

Gardez la pêche.

 

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