Questions aux candidats aux élections présidentielles par la FNPF et trois réponses

logo-fnpf300Le 21 mars 2017, la FNPF a envoyé un courrier aux candidats à l’ élection présidentielle, seuls trois à priori ont répondu, les autres ne l’ayant pas fait on ne pourra jamais savoir ce qu’ils pensent de la pêche de loisir.

Voici les questions posées par la FNPF et les réponses des candidats Asselineau (0.92 %)  Fillon (20.01 %)  et notre nouveau président Macron (24.01 %).

Donc merci à Dupont Aignan, Le Pen, Hamon, Arthaud, Poutou, Cheminade, Lassale et Mélenchon de s’en battre les …… On ne les oubliera pas !

Questions de la FNPF aux candidats aux élections présidentielles 2017.
1) Le monde associatif de la pêche de loisir soutient que les écosystèmes aquatiques ne sont pas en contradiction avec les impératifs de développement économique. Par ailleurs, nous refusons toute forme d’appropriation privative de l’eau, patrimoine commun, au travers notamment des retenues de substitution dès lors qu’elles sont en contradiction avec les exigences naturelles des cours d’eau.
Selon nous, la priorité doit être donnée à une gestion économe et efficace de la ressource en eau. Elle doit également être plus collective et respectueuse de tous les impératifs en particulier des écosystèmes aquatiques et de leurs usages de loisir. Qu’en pensez-vous ?
2) Roustan_L150L’ambition énergétique de la France et, avec elle, le développement de l’hydroélectricité ne peuvent se faire au détriment de la nécessaire protection de nos rivières. En France, plusieurs dizaines de milliers de petits ouvrages sont recensés, dont une infime minorité présente un réel avantage énergétique. Pour les pêcheurs, le taux d’équipement de nos rivières en ouvrages de toute nature en particulier hydroélectriques a atteint un seuil écologique, social et économique optimal. Partagez-vous ce point de vue ? Que ferez-vous pour faciliter la coexistence entre les ouvrages existants utiles et la nécessaire protection de notre patrimoine naturel que constituent nos rivières ?
3) Le financement de la politique de l’eau repose sur de nombreux principes dont le principe du pollueur payeur. Ce principe, malgré quelques ajustements, n’est toujours pas pleinement appliqué. Que comptez-vous faire pour que les redevances soient véritablement incitatives et respectueuses du principe pollueur-payeur ?
Par ailleurs, la pêche est la seule activité de loisir à être assujettie à une redevance. Les pêcheurs ne souhaitent pas remettre en cause ce principe. Toutefois, les pêcheurs attendent des pouvoirs publics l’ouverture d’une véritable réforme afin que la redevance acquittée par chaque pêcheur exerçant en eaux libres soit plus acceptable . Qu’en pensez-vous ?
4) Qu’envisagez-vous de faire pour favoriser le partenariat entre le monde associatif de la pêche et les collectivités territoriales qui ont de plus en plus de responsabilités dans le développement économique des territoires, la gestion des milieux aquatiques, (décentralisation du domaine public fluvial et mise en place de la GEMAPI)?
5) Comme les autres mouvements associatifs, le réseau de la pêche de loisir est confronté à une véritable crise de l’engagement bénévole malgré ses 4000 associations locales. Que comptez-vous faire pour encourager la mise en place d’un véritable statut du bénévole associatif ?

Réponses des candidats:

Réponses d’Emmanuel Macron aux questions de la FNPF aux candidats aux élections présidentielles 2017.
Emmanuel_Macron_par_Claude_Truong-Ngoc_avril_20151)  Je partage votre opinion sur l’importance vitale de l’eau et des écosystèmes aquatiques qui onttrop longtemps été considérés comme des variables d’ajustement du développement économique. Nous ne pouvons plus avoir une vision de court terme sur les politiques de biodiversité aquatique comme d’ailleurs sur la biodiversité terrestre, car nous parlons d’un bien commun qu’il faut durablement préserver. J’ai conscience que les politiques agricoles ont eu un impact négatif considérable en raison de l’utilisation de nombreux pesticides en bordure des rivières, des assèchements de zones humides tampons, de l’irrigation et du développement des retenues de substitution. C’est l’enjeu de la politique agricole que j’entends conduire en respectant la ressource en eau et en assurant des mesures d’accompagnement pour que les agriculteurs acceptent les contraintes grâce à des compensations réelles. Parallèlement j’ai l’intention d’être très volontariste sur la réduction drastique de l’utilisation des pesticides dont certains ont des conséquences dramatiques pour la santé publique et pour la faune aquatique.
Je souhaite aussi profiter de la réforme de la PAC pour que la biodiversité aquatique soit intégrée dans les critères de valorisation des espaces agricoles.
2)Il reste encore de nombreuses possibilités d’équipements concernant la petite hydroélectricité. Je sais que de nombreux élus y sont favorables pour des raisons de retombées fiscales et sont prêts à s’engager dans cette voie. Toutefois je suis plus nuancé à la lecture de la rentabilité économique de potentiels nouveaux équipements et surtout de leur localisation qui conduira à une rupture encore plus forte de la continuité écologique de nos rivières. Comme vous le dites, des dizaines de milliers de petits ouvrages existent déjà et ne représentent une part non négligeable de notre potentiel en énergie renouvelable. Dans
l’optique de la transition énergétique que je porte, nous devons privilégier l’existant, réhabiliter et optimiser tout en prenant en compte l’impact réel sur les équilibres naturels. Au-delà, je sais que beaucoup de nouveaux projets pourraient voir le jour dans des rivières avec des conséquences écologiques dramatiques. Ce n’est pas ce que je souhaite en référence à leur impact et la concertation sur ce point doit impérativement passer aussi par vous. Je m’y engage, car je crois au dialogue entre les partenaires sociaux pour faire raisonnablement avancer les choses sans dogmatisme.
3) Je vous sais très attaché à ce principe du pollueur-payeur qui est avant tout un principe de bon sens. Comme vous je suis attaché au principe « pollueur – payeur » et je vais faire en sorte qu’il redevienne la règle applicable au quotidien. La récente création de l’Agence Française de  la Biodiversité que je soutiens nous invite également à évoluer – en concertation – sur de
nombreux points pour éviter les tensions inutiles.
Je connais votre revendication et j’ai toujours été étonné que vous soyez la seule activité de loisir aquatique à être soumis à une redevance. Je sais aussi que vous avez fait le choix de ne pas demander sa suppression ou son élargissement à toutes les autres activités de loisirs aquatiques qui sont pourtant nombreuses et souvent beaucoup plus impactant que vous sur le milieu. On vous taxe de façon injuste au prétexte que vous prélevez une partie de la ressource halieutique. Je pense raisonnablement que l’on doit baisser cette redevance ou à défaut vous affecter une partie de cette dernière pour que vous puissiez poursuivre votre
activité indispensable en faveur de préservation et la restauration de nos cours d’eau.
4) Ce sujet fait aussi partie de la concertation essentielle évoquée plus haut. Un partenariat exemplaire et durable doit s’instaurer entre votre fédération nationale, vos fédérations départementales et les collectivités territoriales. Votre expertise et votre savoir-faire sont indispensables pour les élus qui doivent conduire des politiques environnementales. Avec les Agences Régionales de la biodiversité et les schémas régionaux de cohérence écologique, c’est le bon état écologique de l’eau qui doit être l’une des priorités des régions. Vous avez un rôle clef à jouer et je ferai ce qu’il faut pour que vous soyez des partenaires reconnus et respectés dans ce domaine. C’est l’un des enjeux pour parvenir à rattraper notre retard et respecter la directive-cadre sur l’eau alors que moins d’un cours d’eau sur deux répond aux critères de ce texte européen. En tant qu’Européen convaincu, je ne veux pas d’une Europe tatillonne qui empêche les ruraux de vivre normalement. Mais concernant la gestion des milieux aquatiques, j’entends que nous soyons avant-gardistes et pas dans la situation caricaturale qui est le nôtre aujourd’hui avec des retards considérables dans tous les domaines d’application de cette directive.
5)Durant la campagne j’ai découvert l’incroyable potentiel associatif du monde de la pêche comme de celui de la chasse. Dans le monde rural, vous faites partie des associations les plus dynamiques avec des dizaines de milliers de bénévoles engagés au quotidien dans les actions nature, comme vigies et gestionnaires des cours d’eau, dans l’animation des territoires ou dans
l’éducation à la nature. Votre passion vous conduit à être parmi les premiers militants de la défense de l’environnement, bien au-delà des rivières et des étangs. C’est pour cette raison que ce statut toujours annoncé et toujours reporté du bénévole associatif doit être mis en chantier absolument. Nos espaces ruraux comme nos quartiers ne peuvent être de vrais lieux de vie que si la dynamique associative est là, avec des bénévoles reconnus et toujours présents. Je m’y engage, car c’est la cohésion sociale de nos territoires qui est en jeu et c’est fondamental pour notre pays

La réponse de François Fillon:

François_Fillon_2010Monsieur
Je vous remercie de votre courrier et du questionnaire joint sur la pêche de loisir en eau douce qui réunit autour de cette belle et très utile passion plus d’un million et demi d’entre nous.
Votre réseau associatif s’est engagé dans les actions de protection de I’environnement et de préservation de la biodiversité aquatique. C’est un point sur lequel je suis très sensible et je sais que nous partageons cette même préoccupation. La protection de la biodiversité, de la qualité de I’air, de I’eau et des sols seront mes priorités. A titre personnel, habitant près de la Sarthe depuis de longues années, je suis très sensible au sujet de la qualité de I’eau et des écosystèmes aquatiques.  Je veux redonner toute son efficacité à I’action publique dans le domaine de I’eau. A l’heure où le changement climatique monte dangereusement, je reprendrai la construction de retenues d’eau raisonnables et dans un nouveau pacte entre l’eau et l’agriculture je mettrai en
place des périmètres de protection des captages d’eau potable pour mettre fìn au gaspillage financier de la dépollution des eaux qui pèse sur nos factures d’eau. L’eau c’est la vie. Elle sera source d’emplois : je lancerai le chantier de la lutte contre les gaspillages d’eau dans les réseaux hors d’âge. Une gestion économe, collective et efficace de la ressource en eau doit être aujourd’hui une préoccupation majeure. Elle doit, de ce fait, devenir respectueuse de tous les impératifs que ce soit, des besoins de I’agriculture comme de ceux de la population et des écosystèmes aquatiques et de leurs usages de loisir. Cet équilibre doit être à chaque instant réinventé et j’y veillerai. Notre conception de la biodiversité s’est, jusqu’ici, concentrée sur ce que I’on peut
appeler la < biodiversité extraordinaire >, les sites exceptionnels et espèces menacées. Je souhaite y ajouter la préservation de la biodiversité < ordinaire >, celle que I’on détruit sans y prendre garde.
Vous attirez mon attention sur le développement de nombreux petits ouvrages hydro-électriques qui se ferait au détriment de la nécessaire protection des rivières. J’ai placé mon projet pour la France sous le signe du pragmatisme et de la responsabilité et donc d’une action au plus proche du terrain. Je souhaite qu’une véritable concertation entre les différents acteurs ait lieu et notamment à I’initiative des collectivités territoriales pour permettre un partage harmonieux de nos rivières. Ce sont d’ailleurs les intercommunalités qui, dès le ler janvier 2018, devraient gérer les milieux aquatiques et la prévention des inondations.
Elles seront ainsi incitées à renforcer la vie démocratique locale en passant d’une écologie de I’immobilisme à une écologie de projet en associant mieux la société civile et donc le monde associatif de la pêche aux décisions environnementales.
Un des objectifs de mon projet est d’arrêter I’inflation législative et de commencer par faire appliquer les lois existantes. Je m’assurerai que la législation existante concernant le principe du pollueur-payeur soit pleinement appliquée au nom du principe de responsabilité. Je vous prie, d’agréer, Monsieur le Directeur Général, l’expression de ma considération distinguée.

Réponse de François Asselineau:

François_ASSELINEAUMonsieur le Président,
Nous avons bien pris connaissance de votre missive et nous vous en remercions. Vos questions sont légitimes, mais il convient de rappeler que les sujets sur lesquels vous nous interpellez sont des considérations législatives et non pas présidentielles : le
seul Président ne peut pas agir sur la loi, il doit également compter sur une majorité à I’Assemblée Nationale pour que de telles lois soient proposées, promulguées, ou même rappelées. L’article 5 de la Constitution prévoit en effet que le rôle du Président de la République est un rôle d’arbitrage, qu’il est le garant de I’indépendance nationale et du respect des traités.
Nos candidats aux élections législatives veilleront à faire avancer dans le débat public ces sujets afin que les français puissent en conscience, désigner les législateurs qui feront en sorte des propositions comme celles que vous défendez soient débattues.
Nous voudrions toutefois vous rappeler les axes de réflexions développés pendant les dix ans d’existence de notre mouvement :
– Les sciences et les technologies ont toute leur place dans notre société à I’aube du troisième millénaire, et doivent privilégier d’une aide publique substantielle, laquelle n’est pas possible aujourd’hui en vertu de l’article 106 du traité de Rome qui prévoit le démantèlement de tout ce qui s’apparente aux Services Publics, donc à la recherche publique et aux investissements de l’Etat dans des secteurs de recherche qui sont pourtant porteurs ;
– Nous n’interdisons aucun modèle agricole mais privilégions davantage ceux se rapprochant de l’agriculture traditionnelle et familiale ; Nous souhaitons que, par le biais des référendums d’initiatives populaires, tout sujet puisse être évoqué de façon objective et démocratique, que différents points de vues soient débattus, et que les français fassent un choix éclairés une
fois confrontés à ces questions ; La confiance envers les scientifiques pourra être restaurée quand se ne seront plus les seuls scientifiques travaillant pour des intérêts privés qui pourront émettre un avis constructif et éclairant sur leur travail et les conséquences de leurs découvertes ; Enfin, l’Union européenne ne doit pas avoir vocation à dicter à la France sa
manière de gérer son agriculture, ni sa manière de classifier ou de protéger les plantes issues des nouvelles technologies d’édition du génome. Dans le cadre de cette élection présidentielle, nous vous invitions chaleureusement à découvrir notre programme et nos analyses sur notre site internet www.upr.fr
Salutations républicaines,

Si vous avez réussi à tout lire, vous aurez compris pourquoi le premier a été élu. D’accord ou pas d’ accord, il (son équipe) répond assez précisément aux questions posées.

Gardez la pêche.

 

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