Il en est des leurres comme les cannes et les moulinets, tous un jour ou l’autre sont amenés à disparaitre à moins que leur célébrité soit telle qu’il vont rester au catalogue pour de nombreuses années. Mais beaucoup de leurres efficaces ont disparus, c’est bien dommage pour leurs utilisateurs réguliers.
Rappelez vous le Mean Dude, un leurre signé Mister Twister, pourtant très efficace sur le sandre mais qui a disparu du jour au lendemain sans que l’on ne connaisse les raisons de cet abandon de fabrication. Nombre de leurres ont eu le même destin funeste, soit ils n’étaient pas aussi efficaces qu’espérés, soit ils ne rapportaient pas assez à leur concepteur car ils ne se vendaient pas. Parmi toutes les raisons dites ou tues, les trois suivants sont celles qui sont le plus évoquées par les fabricants et les distributeurs.
L’innovation technique
Il est clair que le bon vieux shad original, même s’il prendra toujours du poisson, ne fait plus le poids face à ceux sortis ces derniers temps en termes d’apparence ou de nage. Il suffit de regarder le niveau de détails qu’on trouve chez certaines créations, tant dans la forme que dans les coloris. Ces nouveautés relèguent rapidement certains leurre dans la case « has been », pas parce qu’ils ne fonctionnent plus mais parce qu’ils ne sont plus utilisés. Il en est de même avec les leurres gorgés d’attractant ou salés face aux leurres qui n’ont pas ces atouts.
Les produits interdits
N’étant pas chimiste je n’aurai pas la prétention de dire que certaines matières constitutives des leurres sont interdits mais pour en avoir discuté avec un fabricant français il y a quelques années, il a été obligé de changer la formule de son plastique pour s’adapter à la règlementation. Désormais les plastiques, en réalité des silicones, sont sans phtalates, sans machin truc et sont donc plus sécuritaires au titre de la pollution. Il existe encore des leurres qui sentent horriblement mauvais le plastoque lorsqu’on les sort de leur pochette mais ils deviennent de plus en plus rares.
La mode
Si vous suivez un peu l’actualité du leurre, vous constaterez que chaque année les fabricants nous proposent un nouveau modèle. Quelquefois la différence avec le précédent est peu visible mais proposer une nouvelle gamme va créer le désir chez le pêcheur qui s’équipera de quelques pochettes au lieu d’une seule de son favori. Il faut voir avec quelle insistance les sponsos nous vantent les nouveautés sur les réseaux sociaux pour comprendre que ce marché se rapproche de celui des biens de consommations classiques comme les vêtements. La mode fait disparaitre de nombreux leurres ou des couleurs efficaces pour les remplacer, puis les remplacer à nouveau….Et nous, on achète !
La nouveauté attise le marché et plus il y a d’offre, plus il y aura de clientèle. Pour certains, proposer le même leurre depuis trop longtemps va de fait leur donner l’image d’une société peu innovante qui se repose sur ses lauriers, alors on préfère sacrifier.
D’autres au contraire proposent un leurre abouti selon eux et n’en bougent pas, les japonais sont plus sur cette optique avec de grandes marques comme Megabass ou Sawamura. En fait les premiers à faire les frais de ce déréférencement sont surtout les leurres souples car ils coûtent moins chers à produire. Les durs restent plus longtemps au catalogue car il faut écouler les stocks et on sait que les durs partent moins vite que les souples.
Lorsque son leurre préféré n’est pas reconduit, c’est bien souvent la mort dans l’âme que le pêcheur se tourne vers d’autres références. J’en vois beaucoup sur les réseaux sociaux rechercher de vieux leurres ou d’anciens coloris mais la demande est si marginale que les fabricants ne s’y intéressent pas. D’ailleurs, de plus en plus, chez les grandes marques, beaucoup de responsables produits ne sont pas des techniciens de la pêche mais des techniciens de la vente !
Gardez la pêche