Voilà un sujet qui me crispe au plus haut point, lorsque la liberté de prendre sa carte partout où on le veut se trouve bafouée par une vague petite disposition d’un règlement intérieur d’une fédération. Le mieux est de vous expliquer tout cela via un exemple que je connais bien.
Lorsque vous prenez votre carte de pêche, disponible sur internet sur le site carte-de-peche.fr depuis le 14/12/16, vous pouvez adhérer à n’importe quelle AAPPMA de votre choix, c’est votre droit le plus absolu puisque la loi vous impose d’ adhérer à une AAPPMA mais ne vous en impose aucune.
Or, chez mon détaillant, depuis la mise en place des cartes par internet, il était auparavant impossible d’obtenir une carte de l’ AAPPMA la Gaule Lucenoise car il ne pouvait en proposer qu’une seule, celle de l’ UGAPM, l’ association locale.
Je voudrais préciser à ceux qui ne connaissent pas que Lucenay L’ Eveque est une petite commune située à 15 km d’ Autun dont les baux de pêche sont riverains de ceux d’ Autun. Le village de Lucenay ne comporte pas de détaillant en matériel de pêche alors qu’il y en a deux à Autun.
Chaque année, lors de l’ouverture de la truite et les semaines qui suivent, nombre de pêcheurs de la ville voisine viennent pêcher sur le parcours de Lucenay, ils sont les bienvenus et la réciprocité les y invite. Tous les 15 jours, notre petite AAPPMA dont je suis le secrétaire rempoissonne en surdensitaires afin de dépenser l’ argent qu’elle reçoit des pêcheurs et nombre de ces poissons sont attrapés par des personnes ayant pris la carte de l’ AAPPMA voisine car celle ci ne fait qu’un lâcher annuel. 15 jours après l’ouverture, le parcours morvandiau de Lucenay est visité plus par des étrangers à l’ AAPPMA que par ses membres.
Cela ne dérange pas le bureau de notre petite société de pêche qui se voit aidée par une somme d’ argent venue de notre fédé via une caisse de compensation, un pot commun obligatoire à toutes les AAPPMA réciprocitaires du département.
Mais, car il y a un mais, cette subvention ne couvre pas dans l’ absolu le ratio de frais engagés par notre AAPPMA à destination des extérieurs, qui plus est l’argent n’arrive pas en temps réel où se règlent les factures du pisciculteur.
J’avais donc proposé qu’un détaillant d’ Autun, le plus important, puisse vendre les cartes de notre AAPPMA puisqu’une carte majeur nous rapporte directement 15,25 euros, j’ai donc entamé les démarches administratives avec mon président durant plus de 2 ans. Et enfin cette année nous avons pu proposer nos cartes à ce détaillant après l’ accord de l’ AAPPMA locale avec qui nous entretenons d’ excellents rapports.
Il existe nombre d’endroit dans le pays où existe ce type de restrictions, pour protéger une AAPPMA ou pour ne pas compliquer un règlement de caisse de compensation mais en tant que pêcheur, trouvez vous ça normal, ces deux poids deux mesures ?
Pourquoi, de chez lui le pêcheur peut il prendre sa carte partout en France et pourquoi chez un détaillant sera t’il obligé de prendre la carte du lieu où est implanté ce détaillant ?
Comment expliquer à nos adhérents en assemblée générale que leurs cotisations pour parties servent à organiser la pêche de nos amis voisins ? Nous avons été élus pour gérer la pêche sur nos lots, il va de soit que nous avons le devoir de défendre nos membres face à des dispositions réglementaires aberrantes et tatillonnes qui nous pénalisent.
Le principe d’ égalité et de liberté de cotiser là où on le souhaite est tout simplement bafoué, deux des principes de notre république qui ornent les frontons de nos mairies et nos bâtiments publics sont foulés au pied, tout simplement, tout bêtement pourrais on dire.
Mais pourquoi ? Deux logiques s’affrontent, celle de l’ idéal de liberté de choix comme la mienne et celle plus comptable de certains qui auraient peut être peur d’une perte de revenus. Il est clair que bien que le nombre de cartes prises par internet soit à la hausse, une grande majorité sont encore achetées chez le détaillant, assurant un revenu en temps réel à l’ AAPPMA locale. Les plus motivés feront le déplacement dans le village chez le dépositaire de la petite AAPPMA mais combien sont ils ? Une petite poignée, la très grande majorité prend sa carte en achetant sa pochette d’ hameçon chez son magasin de pêche.
Un détaillant se moque de vendre une carte pour X ou Y, d’autant que c’est techniquement possible sans rien révolutionner d’autre que les mentalités. Il ne s’agit pas de se déclarer la guerre entre AAPPMA ou de se jalouser mais de travailler ensemble au seul bénéfice du pêcheur. Mais, si ça ne se fait pas, parce qu’un membre ou deux du bureau s’y sera opposé, cela montrera aux pêcheurs que l’argent reste aux yeux de certains l’élément le plus important.
Le contre exemple de mon AAPPMA n’est certainement pas le seul mais il est rare, comment peut on imaginer encore qu’à notre époque on soit obligé d’ adhérer de gré ou de force à une association qu’on ne souhaite pas forcément, si on n’a pas internet ou si on ne peut pas faire 15 km.
Cette situation ubuesque doit cesser avant qu’un jugement du tribunal administratif ne vienne entacher de mauvaise publicité ce type de disposition honteuse vis à vis du petit monde de la pêche. Si on peut prendre sa carte sur Internet partout en France on doit pouvoir faire de même chez nos détaillants !
Gardez la pêche
NDLR: Mise à jour 2018, évidemment cette situation idyllique entre deux AAPPMA ne pouvait pas perdurer et l’ accord a été dénoncé par l’ AAPPMA d’ AUTUN. Nous sommes donc revenus au point de départ après tant d’ énergie dépensée pour vendre quelques cartes de plus. Le jour où les AAPPMA seront au service des pêcheurs et non au service d’un conseil d’ administration rétrograde, je pourrai arrêter de me plaindre mais ce jour n’est pas encore venu et ne semble pas prêt de l’être.
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