Vif : Est-ce devenu un crime de pêcher au vif ?

Au-delà de la sensiblerie déplacée prônée par des groupuscules animalistes, il s’avère que la jeune génération de pêcheurs intègre sans s’en rendre compte une partie des valeurs que ces animalistes voudraient nous voir adopter. Et ça craint !

Il y a quelques décennies, guère plus de deux, le nokill était  encore une notion élitiste que seuls pratiquaient en conscience certains moucheurs sur des parcours privés ou prestigieux. De tout temps il y a eu des pêcheurs qui relâchaient leur poissons, soit ils n’aimaient pas les tuer soit ils n’aimaient pas les manger mais ce qui est sûr c’est qu’ils aimaient la pêche. On les regardait un peu de travers mais toujours avec une certaine bienveillance. Pour les autres, tout ce qui mordait ou presque était tué pour être consommé ou donné à des connaissances et ça ne choquait personne.

 

Y avait-il plus de poissons en ces temps ? Certains disent que oui mais pour les avoir vécu je dirai que c’était pareil, il y a avait des jours avec et des jours sans mais on acceptait la bredouille comme un fait inéluctable dut au plus complet hasard. Jamais un pêcheur d’il y a 20 ans n’allait remettre en question sa technique ou ses appâts parce qu’il n’avait rien pris, désormais c’est le contraire. A l’heure actuelle si on rentre bredouille ce n’est pas parce que le poisson a la gueule fermée mais parce qu’on n’avait pas le bon leurre, la bonne animation, canne, moulinet, tresse… On est tellement persuadé de tout savoir du comportement du poisson qu’on ne remet en cause que son matériel, comme si c’était le matériel qui était le pivot central de l’acte de prédation !

Les nouvelles sondes Live sont doucement en train de faire revenir le pêcheur à la réalité en lui montrant en direct qu’un poisson, eh ben ça fait comme ça veut. Cette fausse certitude que le poisson doit mordre sur notre leurre, argument commercial développé par un génie du commerce quand même, cette certitude dis-je ont fait que beaucoup on cru que la pêche était facile et qu’elle s’apparentait à un jeu.

 

Je bondis sur mon siège lorsque je vois certains écrire au sujet des poissons « nos partenaires de jeu ». Non ! Si on jouait avec on ne leur planterait pas des hameçons dans la gueule, on ne les ferait pas suffoquer hors de l’eau. On ne joue pas avec un poisson, on le pêche et certes ça peut déranger les animalistes mais c’est dans l’ordre des choses naturelles. On écrase des moustiques, on piétine des cafards, on empoisonne les poux et les souris, on tue les bactéries à grand coups de javel et il faudrait qu’on soit sensible au bien être des poissons ?

Paris Zoopolis a réussi cette escroquerie intellectuelle de faire accepter à une frange de la population que la pêche est cruelle, voir même sadique, une abomination selon eux car nous jouons avec la vie des pauvres petits poissons. Si 99 % des pêcheurs ont rejeté en force ces arguments, il restera toujours ce petit 1% qui n’a pas totalement adhéré mais qui trouve que dans la pêche il y aurait des choses à changer niveau respect du vivant.

 

C’est ainsi qu’au travers des réseaux sociaux, on découvre régulièrement des pêcheurs qui brandissent leur qualificatif de Nokill tel un étendard, qui voudraient faire interdire la pêche au vif. Et la raison est ? Ben y’en a pas trop de raisons, ou tout du moins de raisons valables et comparables au reste. Le pêcheur au vif utilise un poisson pour prendre un autre poisson, où est le mal ? Ah oui on lui plante un triple sur le dos mais le triple se plante aussi dans la gueule du brochet non ?

J’ai même lu un jour qu’un pêcheur disait que c’était un crime de pêcher au vif, si si , un crime !!! Pourquoi alors ne pas parler d’assassinat si on garde un sandre, de génocide si on garde 15 perches pour en faire des filets ?

Souvent ces commentaires viennent de jeunes pêcheurs et on sait que la jeunesse manque de maturité (oh le beau pléonasme !) pour juger sereinement des choses mais il arrive que ce soit un pêcheur plus vieux, ou une pêcheuse bien entendu. Ce changement de normes et de valeurs en rapport avec la pêche est de nature à la faire interdire un jour prochain. Soit on accepte la pêche dans son entièreté et on assume avec plaisir d’être un pseudo tortionnaire de bébêtes, soit on entrebâille la porte à nos ennemis, et ils vont vite y coincer le pied pour que nous ne puissions jamais la refermer.

 

Très honnêtement si je me préoccupais du bien être animal, je ne pêcherai pas, c’est incompatible selon moi. Mais il se trouve que je m’en b…., je prends grand soin de mes animaux domestiques mais pour le sauvage, je m’en moque, c’est à la nature de gérer. Et si je relâche la majorité de mes prises ce n’est pas par dogme, c’est par choix, par une réflexion longuement murie dans l’espoir de les prendre plus gros et de prendre du plaisir à les pêcher. Si je donne des graines aux oiseaux c’est pour les admirer certes mais c’est aussi parce qu’ils sont de précieux auxiliaires dans la lutte contre les insectes ravageurs. Si je favorise la présence de hérissons dans ma propriété, c’est pareil mais je piège les taupes, les frelons, les renards qui veulent manger mes poules. Bref, je suis un vieux rétrograde qui pense que nos anciens se sont forgé une longue expérience et qu’appliquer leurs conseils est plutôt judicieux. Il y a des choses à changer dans la pêche et chacun a sa petite idée mais interdire une pratique ancestrale sous prétexte d’être raccord avec la bien-pensance actuelle me semble une énorme erreur.

Et je vais continuer à pêcher au vif, bien entendu.

Gardez la pêche.

 

3 réflexions au sujet de “Vif : Est-ce devenu un crime de pêcher au vif ?”

  1. Bonjour,

    Plutôt d’accord avec cet article, surtout le passage « partenaire de jeu » insupportable à entendre de la part de gens qui veulent se donner bonne conscience.
    Pour la pêche aux vifs, je ne la pratique pas, je l’ai déjà pratiqué, mais ce n’est pas mon délire, par contre en aucun cas je ne juge ceux qui la pratiquent… Je ne juge pas non plus ceux qui mangent leurs poissons, c’est le but logique..
    Ce qui nous manque, c’est simplement la tolérance, dur à appliquer pour beaucoup.

    Merci pour ce sympathique moment.

    Bonne continuation.

  2. Cher Sylvain,
    Merci de ce poste, et de manière plus large merci pour l’ensemble du site et la place donnée aux techniques « a l’ancienne ».
    J’adhère complètement a ce que tu écris, on pêche, et on assume de planter des hameçons dans le poisson.
    Alors longue vie a la pêche au vif!

  3. Bonsoir
    très bel article je partage totalement votre avis ,j’ai 64 piges je pêche depuis tout petit tradition familiale j’ai transmis à mon fils 34 ans et mon petit fils 7 ans et quel bonheur la pêche au coup aux leurres aux vifs enfin on en garde de temps en temps pour le plaisir de l’assiette et au diable tous ces intégristes du no kill absolu et ces associations soi disant écolos Bonne soirée et encore merci pour toutes vos parutions continuez
    Michel

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