Alors, oui, nous avons tous des leurres qui, après un certain temps d’utilisation, finissent lamentablement au fond de nos boites, ou pire encore, jetés en vrac dans un tiroir de l’atelier.
Cela est d’autant plus navrant que bien souvent, ce sont des petites merveilles de technicité que nous avons payé un tarif, qui, ramené au prix du kilo, paraîtrait totalement déraisonnable pour un esprit rationnel.
La couleur est défraîchie, Les yeux sont partis, la déco est usée, … Voici les principales raisons de la mise au rencart du précieux, avant remplacement par le nouveau modèle, ou le nouveau truc à la mode.
Il faut quand même signaler que bien souvent, l’épaisseur de la couche de vernis, ou la qualité de la peinture, sont inversement proportionnels au tarif de la mignardise. Certains fabricants, pourtant réputés, sont particulièrement chiches de ce côté là.
Et sans parler des yeux, satellisés au troisième lancer. C’est un peu rageant.
Et pourtant, combien de poissons ces leurres ont-ils bernés, et combien de souvenirs glorieux ont-ils laissés dans nos mémoires ?
Alors pourquoi ne pas profiter de cette période de disette halieutique pour tenter d’en sauver quelques-uns ?
Bien sûr, sans trop délirer : L’opération ne doit pas faire chauffer la carte de crédit. Si la restauration coûte plus cher qu’un leurre neuf, il n’y a pas grand intérêt, sauf peut être d’un point de vue écologique. Et encore …
Déjà, trier le bon grain de l’ivraie. Inutile de s’attarder sur des bouses achetées bien trop souvent d’une manière impulsive à l’occasion d’opérations commerciales, ou sous l’influence d’un article de presse ou d’une vidéo sponsorisée. Ces leurres là, on ne sait que trop bien pourquoi on ne s’en sert plus.
Concentrons nous sur des valeurs sûres, dûment éprouvées.
Par exemple, ce magnifique Lucky Sammy 65, la terreur des bacs à sable avec les perches.
Ne mérite-t-il pas une petite remise à niveau ?
Mais je dois d’abord vous parler d’un produit, qui, bien que déjà connu, n’avait pas encore trouvé sa place dans mon petit arsenal de bricolage : La résine UV.
La photoréticulation sous UV est une technique qui fait appel à la lumière UV pour démarrer la réticulation d’une formulation liquide (ou d’une poudre), et obtenir un revêtement sec, solide et bien réticulé, sans bulles ni aspérités.
Cette technique est utilisée depuis longtemps dans la protection des panneaux de bois, le vernissage des sols en PVC, les fibres optiques, les arts graphiques … Et remplace les traditionnels plombages de nos molaires.
Cette résine, le plus souvent un monomère acrylate, possède de nombreux avantages par rapport à un bi-composant de type époxy ou polyester.
- Pas de mélange à préparer ou à doser
- Temps d’application quasiment illimité
- Prise ultra rapide (quelques minutes …)
- Très faible montée de température à la prise (si on y va pas trop fort niveau puissance de la lampe)
- Grande dureté, transparence cristalline, grande résistance au UV (pas de jaunissement), en tout cas pour la résine qui nous intéresse plus particulièrement.
Bien sûr, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.
Il y a aussi quelques inconvénients :
- Temps de conservation de la résine assez court (quelques mois tout au plus)
- Ne permet pas de faire des couches trop épaisses
Mais dans le cadre notre utilisation, ce sera parfait.
Grattage puis léger ponçage du revêtement initial
Comme je n’ai pas vraiment de talents artistiques, je me contente d’un léger voile de peinture sur le dos, à l’aide d’une vieille bombe de peinture qui traîne dans mon garage, souvenir d’une retouche sur un véhicule utilitaire.
Deux yeux de récup prélevés sur une chinoiserie, et il n’y a plus qu’à badigeonner le leurre avec la résine, achetée en promo dans un magasin de loisirs créatifs.
Enduire le leurre à la manière d’un léger glaçage. On ajoute quelques paillettes pour faire joli.
J’utilise un moteur de boule à facette, généreusement offert par un ami DJ, afin de mettre en rotation le leurre, et ainsi bien répartir de façon homogène la résine par gravité. Un moteur de tourne-broche à piles conviendra tout aussi bien.
La lampe UV à LEDs, fournie avec le pot de résine. Ce n’est pas très puissant, mais suffisant pour l’usage.
Le montage, avec une simple tôle pliée pour faire office de réflecteur
Après quelques minutes sous la lampe, le résultat est au top. Effet gloss garanti !!!
Plus de risque de perdre les yeux, ils sont noyés dans la résine
Un bon vieux B-Freeze 100SP des familles … B-Freeze outragé, B-Freeze brisé, B-Freeze martyrisé …
Mais B-Freeze libéré !!!
Détail des LEDs de la lampe UV
Il reste quelques stigmates dus à un usage intensif, et à des dents bien acérées … Il n’y a plus qu’à remettre des hameçons, et c’est reparti pour une (ou plusieurs) saisons.
Profitons-en également pour remettre à niveau ces petites babioles dont les truites raffolent, mais qui souffrent énormément dans les rocailles des torrents …
Décorations simples effectuées avec quelques markers de couleur.
Voilà, j’espère avoir donné quelques idées à certains. Avec un taux de réparabilité élevé (c’est dans l’air du temps), et pour un investissement modique, j’ai remis en état une bonne dizaine de leurres dont le prix moyen constaté en boutique avoisine les 15.00 Euros. Quand économie rime avec écologie …
AB
Nota bene : Je ne touche aucune rétribution de la part d’une reine d’Égypte, et je ne suis pas sponsorisé par un fabricant de leurres. Les marques citées ici ne le sont qu’à titre indicatif.
