Il y a peu j’ai été invité par la fédération de l’ Aube qui souhaitais nous présenter ses travaux de reconnexions hydrauliques d’anciens bras mort de la Seine.
Deux exemples pour illustrer ce propos, un bras mort bouché de la main de l’ homme à « la Grande Courbe » et un bras mort en phase de comblement naturel à « Chanteloup » sur la commune de Savière (10). Vous découvrirez qu’avec peu d’investissement on peut recréer des frayères naturelles et redonner un peu de vie à ce fleuve canalisé.
La Seine est une superbe rivière dans l’ Aube, large et puissante qui n’a pas encore son profil de fleuve et n’est pas encore navigable, tout du moins pour les péniches. Pourtant il a quelques décennies sous l’impulsion d’une rationalisation des terres agricoles, les instances administratives d’ après guerre ont procédé à une quasi canalisation de cette rivière. Des bras morts on vu leur connexion bouché, des boucles ont été coupée en creusant un nouveau lit, tout cela au nom du progrès sans penser que la rivière ne serait plus un milieu accueillant pour les poissons.
La fédé de l’ Aube comme d’autre fédérations du pays a eu comme mission d’ étudier et d’ amorcer des travaux de reconnexions hydrauliques dans l’intérêt du poisson et au travers des deux exemples suivant vous découvrirez qu’elle a réussi son pari et ceci sans puiser dans les fonds des pêcheurs alors que ça va leur rapporter du poisson.
J’ai donc été accueilli un matin de printemps par M. Benoit Brévot, président de la fédération des pêcheurs de l’ Aube, accompagné d’un administrateur, du directeur et d’ Alexandre Roberty technicien à la fédé.
Notre première visite s’est faite sur le lieu dit Chanteloup à Savière. A cet endroit un ancien bras mort ne communiquait plus qu’avec la Seine lors de crues et si quelques poissons pouvaient y rentrer à ce moment, ils restaient souvent piégés. Le travail a consisté au moyen d’une excavatrice de redonner un lit à ce bras mort quasiment comblé et à le reconnecter à la Seine un peu plus en aval du point précédent afin que les alluvions déposés dans une sortie de courbe ne comblent à nouveau la connexion.
Après avoir ôté quelques saules, défriché et creusé, le bras actuel qui se rempli par des sources de résurgence de la Seine coule à nouveau dans le fleuve royal et lors de ma visite j’ai pu y constater la présence de poissons et d’ alevins. Photos suivantes des travaux fédé 10:
Ces travaux pourtant importants, effectués en 2016 n’ont laissé aucun trace. La végétation a colonisé les bordures et le coin que j’ai découvert semblait des plus naturels comme s’il avait toujours existé. J’ai pu voir en outre qu’il était très fréquenté par les chevreuils et les sangliers qui eux aussi y trouvent leur compte.
Notre seconde visite nous a amené dans un autre site, un ancien méandre de la Seine bouché en son milieu pour accéder à une peupleraie toujours en activité. Le défi étant qu’il fallait conserver une voie d’ accès pour l’ exploitation forestière, photos suivantes des travaux fédé 10:
il a donc fallut ôter une levée de terre puis la buser au moyen d’un Dallot qui est une buse plate renforcée puis refaire le passage. Le reste des travaux a été de consolider l’ endroit où ce bras rejoint le cours actuel de la Seine afin de maintenir les berges en place. Celles ci sont en voie de revégétalisation et les stigmates de ces travaux auront disparu l’ année prochaine.
Le fait que l’eau circule à nouveau a entraîné l’ apparition d’herbiers différents ce ceux des eaux stagnantes précédentes et la densité de poissons a augmenté tout en leur offrant là aussi une zone propice à la reproduction de toutes les espèces présentes.
Tout ces travaux sont financés par l’agence de l’ eau, la région, l’ état, l’ Europe et la fédé n’y apporte que son concours pour l’ expertise et c’est elle qui impulse les travaux. Certes cela coûte du temps aux personnels mais ce sont les pêcheurs qui vont profiter d’une reproduction plus importante des poissons. Tout le monde est gagnant dans cette affaire, pas seulement le milieu mais les pêcheurs j’oserai dire y sont les plus gagnants.
D’autres travaux ont été réalisés sur des tronçons de Seine qui visent à lui redonner son coté sauvage et d’autres encore sont à l’étude.
Avec juste de la volonté et des financements que savent trouver les fédés, des actes concrets sont faits pour nos milieux aquatiques. Bien plus que les gesticulations des écolos urbains, ces actions montrent que les fédés en travaillant intelligemment pour la nature, travaillent aussi au futur de la pêche et pour cela on peut féliciter la fédération de l’ Aube.
Gardez la pêche.
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