Bonjour à tous
Aujourd’hui je donne la parole à Alberic qui revient d’une Rando Pêche extreme nord de l’Ecosse
Albéric à passé 10 jours à marcher et à pêcher, amateur de grand espace et de territoire vierge, cet article est pour vous !!!
J’ai 10 jours devant moi, il me reste à trouver une destination. Je n’ai pas un énorme budget, je cherche un pays européen. Je pars pour randonner, camper, voir du paysage et pêcher. Nous sommes au mois de mai, la période la plus sèche en Ecosse. Il y a absolument tout ce que je cherche dans la région des Hi ghlands: du relief, des belles randonnées, une multitude de lacs et une mer poissonneuse. C’est là-bas que je me rendrai. Je pars seul pour m’éviter toutes les contraintes que l’on trouve en groupe. Le processus de décision sur place est simplifié, et l’on s’intègre plus facilement. Ce n’est pas une première, j’étais déjà parti explorer l’Irlande à vélo sur une période de 6 semaines… en hivers. J’ai aimé partir seul donc je réitère l’expérience.
Je pêche du bord depuis plus d’un an en Bretagne Nord, et j’y ai vite pris goût. Ce qui m’intéresse dans la pêche au carnassier, c’est la traque, chercher à comprendre le comportement du poisson, et se déplacer en fonction du vent, des marées, de la météo, de la saison… Ici je chercherai le brochet et le lieu, deux espèces que je ne connais pas encore. En eau douce, le brochet n’est pas du tout recherché ici, je m’abstiens donc de carte de pêche et me fais discret. Le poisson-roi en Ecosse est bien sûr le saumon, mais les tarifs sont élevés, et c’est une pêche bien plus technique, ce sera pour une prochaine. Je m’offre une canne 4 brins et prends l’avion pour Glasgow. Je pars avec un sac de leurres qu’un ami me prête généreusement avec un moulinet, accompagné de ses très bons conseils. A partir de ce moment j’ai un peu plus la pression. Je n’ai plus le choix, il faut prendre du poisson ! Le voyage se fera en 2 parties.
Je commence sur la West Highland Way, connue des marcheurs, où je ferai bien des kilomètres et ou je rencontrerai de l’eau douce et salée. Ensuite je monterai plus au Nord sur l’ile de Skye. Il faut donc prendre en compte les contraintes liées à la randonnée, et y rajouter celles de la pêche. Tout ceci n’est pas facile à gérer. J’avance en fonction de mes cartes « Ordonnance Survey » pour la marche, mais aussi des cartes marines sur le téléphone. Ce n’est donc pas un trip 100% pêche, sinon j’aurais loué une voiture, pour multiplier mes chances de faire du résultat. Autant le dire, je ne rencontrerai pas de lacs tous les jours, et je n’aurai pas non plus de résultat à chaque endroit pêché. La pêche a quand même une belle place dans l’aventure, et quelle aventure ! Enjoy 😉
Jour 1 : Glasgow – Bridge of Orchy – Loch Tulla
J’arrive à l’aéroport de Glasgow vers 15h et me rends directement à l’office de tourisme en centre-ville. J’ai besoin de m’équiper encore un peu, je gagnerai du temps en sachant ou aller. Après quelques achats (carte SIM, trépied, nourriture, gaz, bonnet), je prends un train à 18h qui m’emmène plus au Nord, sur un tronçon de la West Highland Way. Il s’agit d’un sentier long de 153 km, reliant Glasgow à Fort William. Cette marche est l’occasion de traverser quelques-uns des plus beaux paysages de la région. Depuis le train les paysages sont magnifiques, la suite s’annonce bien. Le wagon est très prisé des randonneurs et de leurs back packs. Mes seules craintes à ce stade sont la météo de la semaine à venir, qui s’annonce mauvaise, et le poids de mon sac (13 kg à priori). Pourtant j’essaye de voyager léger (3 t-shirts, 3 paires de chaussette, 1 pantalon, un demi-tube de dentifrice…etc). Le poids en trop est surtout dû au matériel de pêche et audiovisuel. Il faudra aussi que j’ai une bonne gestion de mon eau. En plus du besoin de s’hydrater, il faudra cuisiner. Je ne prends que 3 bouteilles de 33 cl.
Je m’arrête à Bridge of Orchy. Après 3h de train, il fait bientôt nuit mais je préfère marcher un peu pour rejoindre le Loch Tulla, à 2 km de la gare, pour y installer la tente. Sur le chemin je croise plusieurs tentes. Sur ma gauche, il y a une clôture. C’est en fait une réserve animalière. Au loin j’aperçois plusieurs biches, qui prennent peur d’un quad qui passe. J’arrive au lac, mais une clôture bloque l’accès. Je passe quand même et cherche un endroit où bivouaquer. Je vois un spot parfait… déjà pris par 2 campeurs. Je vais un peu plus loin et m’installe. Je fais vite pour pouvoir tester ma nouvelle canne avant qu’il fasse complètement nuit. Je ressens absolument tout, le leurre qui vibre dans l’eau, le plomb qui racle le fond. Je suis content de mon achat. Il y a très peu de fond, je perds un shad au 1er lancer. La suite attendra demain, j’ai encore mes pâtes à cuisiner. Je n’ai pas beaucoup d’eau pour demain, je boirai l’eau des pâtes plutôt que de jeter.
Jour 2: Loch Tulla – Black mounts
J’ai eu froid toute la nuit. J’ai fini par dormir en bonnet. Le lac forme un beau couloir de vent, ce n’était pas la meilleure idée de dormir exposé. Mais le réveil se fait les pieds dans l’eau, c’est agréable. Je me lève à 9h30. Et le temps de faire la vaisselle, ranger le matériel, compartimenter le sac à dos, plier la tente… Il est déjà 11h ! Je prépare la canne et me déplace sur la rive, mais il n’y a du fond nulle-part. Je suis mal placé, pour bien faire il aurait fallu aller de l’autre côté de la rivière qui se forme à partir du lac. Mais le pont est à 30 min de marche. Il est déjà tard. Après 1h d’accrochage de leurre sans résultat, je reprends la route. Il y aura d’autres lacs sur ma route.
Je suis inquiet du peu d’eau qu’il me reste pour la journée (33 cl). J’essaye de rejoindre la West Highland Way et me trompe une première fois de chemin. Je gaspille 15 minutes de montée puis retourne sur mes pas. Je prends ensuite un chemin qui longe une rivière, pour me rendre compte 30 minutes plus tard que je ne suis pas sur le bon chemin. Je m’apprête à reprendre la bonne route, mais croise un vieux monsieur à qui je demande confirmation. Il a une carte « Ordonnance Survey » sur sa tablette, bien plus détaillée que ma carte Michelin. Nous trouvons un chemin alternatif qui s’avèrera être plus long et plus en altitude que l’officiel. Je grimpe. Après 1h30 de montée, je n’ai plus d’eau. Pas le choix, je décide de me servir au robinet magique : la rivière. Je croise un randonneur originaire d’Angleterre. Il me conseille un autre chemin que celui que j’allais prendre et me parle d’un lac plus haut, ça fait tilt. Je prends une photo de sa carte. 1h plus tard, mon corps fatigue, je fais une pause. Il est 14h30 je n’ai mangé que 2 bananes depuis le réveil. Ce n’est pas très intelligent. Je pousse encore un peu et vois le lac, qui est en fait une grande flaque d’eau avec très peu de fond. J’y cuisine mes pâtes et me repose. Je lance des leurres mais c’est évident qu’il n’y a rien ici. Il y a beaucoup d’algues, je ne persiste pas. La redescente se fait dans une superbe vallée entre les montagnes. Le chemin à disparu, il faut avancer au pifomètre. Arrivé en bas, il y a une grande étendue, avec énormément de ruisseaux qui se rejoignent dans une rivière, c’est très marécageux, je m’enfonce tous les 10 pas. Il y a énormément de cerfs et absolument personne. Il est 19h et j’ai enfin retrouvé la West Highland Way. J’installe le bivouac dans une bois, sur un sol penché. C’est l’heure de prendre mon courage à 2 mains et sortir le savon de Marseille… A la douche ! La rivière est gelée, et il y a un vent frais. Mais je finis par y arriver, et finalement cela fait du bien, il faut juste ne pas tomber malade, ni à cause de la douche ni de l’eau que j’ai bue. Je me rends compte que la vie de nomade n’est pas facile. Toutes mes affaires tiennent dans un sac à dos de 50L, qu’il faut constamment réorganiser, compartimenter… Il faut penser à la gestion de l’eau, de la nourriture, au bivouac.
Jour 3 : Black mounts – KingsHouse – Kinlochleven – Loch Leven
La nuit a été fraiche mais moins qu’hier. J’entends des petites poc sur le double-toit. Il vaut mieux attendre un peu que ça passe pour ne pas plier la tente sous la pluie. Je fais la vaisselle, remplis les bouteilles d’eau, m’enfonce dans la boue, plie la tente et refais le sac. Je croise enfin quelques marcheurs, solitaires. Il ne pleut plus mais les nuages cachent les sommets des montagnes. Je passe devant une station de ski, traverse une route et rentre dans une auberge prise d’assaut des hikers. Une biche s’approche d’un touriste qui lui tend une pomme, il n’a pas peur et la mange. Il est 11h, je demande à acheter des fruits car à part les spaghettis et 2 pâtes de fruit je n’ai plus rien. Finalement je me laisse tenter par un Scottich Breakfast qui me remet d’aplomb, et c’est plutôt bon (sauf la sauce HP). Je recharge mon téléphone, qui m’est bien utile pour prendre en photo la carte des autres. Je prends des fruits, le serveur me dit qu’il n’y en a plus que pour 1h45 de marche avant Kinlochleven. Il y a du relief, je mettrai en fait 3h30 pour y arriver… En haut d’un col, on aperçoit un lac, c’est le loch Eide More, qui n’est pas sur ma route mais que j’aimerais bien aller prospecter pour le brochet. Je retrouve un hiker anglais que j’ai déjà croisé ce matin.
Après une longue descente, J’arrive enfin à Kinlochleven. Le village se situe à l’extrémité d’un lac, le loch Leven, qui n’est en fait pas un lac mais un bras de l’atlantique, l’eau est salée. Je profite des toilettes publiques pour faire ma toilette. J’achète une carte du coin avec les chemins pour ne pas demander ma route à chaque kilomètre. Je ne sais pas encore ou je vais demain : soit je fais au plus court en prenant la West Highland Way, ou alors je fais un détour et j’arriverai à Fort William en 2 jours au lieu d’un seul. La responsable du magasin d’escalade me prévient que c’est une sooo long way et que je ne verrai personne ou presque. Mais la récompense c’est qu’il y a un lac en chemin. Je refais des provisions de nourriture au Sainsburry et pars chercher un endroit ou poser la tente.
Sur la carte marine j’ai repéré un endroit très profond et proche du bord. C’est à 2 km, il pleut, je suis fatigué, je prends un bus. Je m’arrête sur un parking avec une belle pelouse et une superbe vue. Il y a un endroit parfait sous un arbre mais déjà pris. Un groupe de 4 personnes est au coin du feu sous une bâche. Je ne vois pas de tente, ils ont une voiture, j’espère qu’ils vont bientôt partir. Je descends plus bas chercher un endroit correct mais le terrain est pentu et marécageux. Je remonte leur demander à quelle heure ils partent pour prendre la place. Je n’ai pas le temps de les saluer qu’ils me proposent à boire. Quand je leur dis que je suis français, ils partent me trouver une grosse pierre en guise de siège. Ils campent ici cette nuit, je resterai avec eux. Ils me servent à boire depuis une gourde de rando, ce n’est pas de l’eau, mais du whisky, et il est excellent. Ils ont aussi du cidre qu’ils font eux-mêmes. Ils sont en fait une bande d’amis, 35 ans, d’Angleterre, et font tous les ans un voyage entre copains. C’est leur premier jour. Ils sont tous sympas et très drôles. Chris prépare à manger : du poulet curry cuisiné à l’indienne, aromatisé au cidre. Il me prévient que mon assiette sera un peu épicée. Et en effet c’est costaud. Je prends sur moi au début, mais je croque quelque chose qui m’explose la bouche. Il fait soudain très chaud, je transpire, deviens tout rouge. Je pleure. Ils rigolent. Je demande de l’eau, on me sert du whisky. Je trouve une bouteille d’eau d’1L que je vide d’un coup. Eux ont l’air habitués! Finalement on ne se couche pas si tard. Nos 5 tentes sont alignées face au loch Leven. Même chacun dans sa tente les blagues continuent.
Jour 4 : Loch Leven – Loch Eide More – Vallée maudite
Le matin, ils repartent en voiture pour le Nord, je reste un peu profiter du lac. L’accès à la rive est très difficile. Je laisse mon sac sous un arbre. J’arrive au niveau de l’eau, c’est très encombré, il y a des arbres, ça ne facilite pas les lancers. J’essaye plusieurs leurres, ça ne donne rien. Je me déplace plus loin, vers une zone de courant. Il a plu, les rochers glissent, je fais comme je peux. Je lance mon black-minnow couleur kaki en 25g, et le ramène linéairement dans le sens du courant. Et c’est une touche ! Je ferre. Je ne sais pas très bien quel genre de poisson je peux trouver dans ce genre d’endroit, ce sera la surprise. Je ramène mais le poisson repart et fait chanter le frein. Je l’aperçois finalement, c’est un lieu jaune ! Je ne pensais pas que le lieu vivait dans ce genre d’endroit. Il doit faire 40 cm. C’est mon premier lieu (de taille adulte), et il est Ecossais. Je lance un autre leurre, plus gros et plus flashi pour essayer de prendre son papa. Ça ne donnera rien, même avec d’autres leurres. Il se met à pleuvoir, il est temps de reprendre la route.
Je retourne à Kinlochleven, à pied cette fois-ci, et prends un produit anti-midges, avec qui j’ai fait la rencontre hier soir. Les midges, ces moustiques locaux qui aiment les levers et couchers de soleil et attaquent à l’abri du vent. Je choisis finalement de prendre la plus longue route jusqu’à Fort William, plutôt que la West Highland Way. Je prends une route si pentue que je me demande si n’importe quelle voiture peut vraiment grimper ici. Je croise un hôtel abandonné, qui me rappelle mon voyage en Irlande. J’avais dû traverser une zone du Connemara très peu peuplée. C’était l’hiver et je n’avais pas de tente, j’avais dormi dans une maison abandonnées, dans le lit d’une personne décédée récemment je pense. Ses affaires étaient encore disposées dans la maison. C’était froid et glauque. Bref, je passe cet hôtel écossais abandonné. Plus loin je croise un couple, encore des anglais. Ils ont un labrador, il me fait ma fête. Après 2h de marche, j’arrive au loch Eide More. Je dis bonjour à un marcheur. Il est en T-shirt, j’ai 3 couches sur moi. C’est la dernière personne que je verrai avant 24h. Je monte la canne et vais chercher le brochet. Il fait beau, il y a du vent. Je teste quelques leurres et me place en fonction des arrivées d’eau et du fond. Je lance le leurre vert dur de 25g devant une rivière qui se jette dans le lac, et… Poisson ! Je pense que c’est un petit brochet. Ca tape quand même ! C’est en fait une truite, je croyais que la truite vivait uniquement en rivière. J’hésite à la garder pour le repas mais ce serait trop long à cuisiner et il me reste du chemin à faire, je la relâche. Je prospecte toute la rive mais je n’attraperai rien d’autre.
5 km plus loin, j’arrive à une maison en ruine avec un abri clos à côté et une rivière, ça aurait été parfait pour la nuit, mais il est trop tôt pour s’arrêter. Un gros nuage noir arrive sur moi, je décide de quitter rapidement les lieux pour tenter de l’éviter. Mais ça ne marche pas, il se met à pleuvoir, et très fort. Le vent monte. Le chemin devient une simple trace dans l’herbe et finit par s’effacer. Je sors le pifomètre, il faut suivre la rivière. Plus j’avance, plus je m’enfonce dans le sol. C’est parti pour plusieurs heures de marche dans cette zone marécageuse, sans chemin. Je dois traverser des centaines de ruisseaux qui se jettent dans la rivière, il faut bien regarder ou l’on met les pieds. Parfois je dois traverser la rivière. Pas grâce à des ponts, mais en marchant sur des cailloux. Sauf qu’il a plu, et la pierre mouillée, ça glisse. Ça ne rate pas, je glisse sur un cailloux et tombe dans la rivière. J’ai 15 kg sur le dos, pas facile de se rattraper. Je sauve le haut du corps heureusement, et le matériel n’a rien, mais mes jambes et bras sont trempés. Le plus ennuyeux c’est l’intérieur des chaussures. Je ne sais pas comment je vais pouvoir faire sécher ça. Mes nerfs lâchent. Et pourtant il n’est que 17h, il faut continuer pour avoir moins à marcher demain. La journée avait parfaitement commencée, et est devenue beaucoup trop longue ! Je m’arrête vers 19h pour trouver un endroit ou planter la tente. Ce sera au bord de la rivière. Je prépare un feu pour faire sécher mes chaussures. Pas évident de trouver du bois mort dans une vallée ou il n’y a pas d’arbres. Il se met à pleuvoir, je n’arrive pas à le faire partir, je marcherai demain dans des chaussures mouillées.
Jour 5 : Vallée maudite – Glen Nevis – Fort William
Il pleut encore ce matin. Ça s’annonce compliqué pour faire le sac et ranger la tente en gardant mes affaires au sec. Je reprends ma route, sur un vrai chemin cette fois-ci. Et 2h plus tard, j’aperçois des gens ! Cet itinéraire devenait long. J’arrive en fait à un endroit touristique, une grosse waterfall que les gens viennent prendre en photo. Je croise donc un tas de daily marcheurs entre la « Steall Falls » et un parking 5 km plus loin. Le parking a été spécialement créé pour le tournage du film « Braveheart ». Ensuite c’est du bitume. Je longe une petite route et arrive au pied de Ben Nevis, le plus haut point du Royaume-Uni (1344m). Je suis bien trop fatigué pour y grimper. Je traine des pieds, je suis fatigué, mouillé, le chemin vers Fort William me parait long ! J’arrive quand même en milieu d’après-midi jusqu’au centre-ville et à l’office du tourisme poser mes questions. Je craque et réserve 2 nuits dans un hôtel, le temps de se reposer, faire sécher les habits, chaussures et préparer des vrais repas.
Jour 6 : Fort William – Fort William – Pub
Poulet curry, saucisses, cannettes de Magners, what else ? Au même moment où j’écris ces lignes, dans la pièce à vivre de l’auberge, 4 bonhommes ouvrent une bouteille de Grants et du coca. Il est 17h, bienvenue chez eux. C’est mon dernier soir à Fort William, je prépare mon bagage pour le lendemain et pars chercher un pub. J’entre au Volunteer Arms, qui a l’air d’être le plus animé. Guinness au comptoir, le meilleur moyen de rencontrer du local. J’entame la discussion avec un bonhomme d’un accent inconnu. Il est polonais. Il me dit clairement qu’il n’aime pas l’Ecosse. Son collègue est plus difficile à aborder mais on sympathise. On échange quelques mots de français. Il a des tatouages sur tout le corps. Il m’en montre un, un peu abstrait, c’est censé être une fleur. Il s’est en fait tatoué lui-même à une soirée un peu alcoolisé ! Il a 22 ans, mais il parait plus âgé, sûrement parce qu’il a un fils de 3 ans. Il s’appelle Callen, comme son père, comme son grand père. Je fais la fermeture du pub.
Jour 7 : Fort William – Glenfinnan – Arisaig – Ile de Skye
La journée s’annonce longue. Je me lève tôt et prends un train qui part à 8h30 pour Arisaig, à l’Ouest. Le train passe par Glenfinnan Viaduct, sur lequel passe le Poudlard Express dans Harry Potter. La scène a été tournée ici. Le conducteur stoppe le train sur le viaduc pour que les touristes prennent la photo qui va bien. J’arrive à Arisaig. Le coin est magique, fait de rochers et sable blanc, eau turquoise. Il y a un loueur de kayaks que j’avais déjà repéré sur internet, mais le guide est obligatoire et la session est chère (en effet sans quelqu’un qui connait le coin c’est très facile de se perdre parmi ces centaines d’îlots). Le guide me dit qu’il y a du macro dans le coin, mais que ce n’est pas encore la saison malheureusement. Dommage car on m’a dit qu’ils sont bien plus gros que chez nous. J’ai quand même pris en photo la carte OS qui était en vente dans leur boutique. J’essaye un chemin, mais qui finit par disparaître, je commence à m’y faire ! Après 30 min de galère, j’arrive sur une baie, c’est sableux, l’eau est transparente, je me demande si je suis vraiment en Ecosse. Je rattrape une petite route qui longe la côte. Il n’y a pas beaucoup de passage mais le peu de voitures qui passent me frôlent, il faut se ranger. La route est magnifique, je fais une pause devant un golf. J’arrive à Morar, le prochain village, mais il n’y a plus qu’une route départementale pour rejoindre Mallaig, d’où le ferry part. Je sors le pouce, mais il n’y a pas beaucoup de passage. Au bout de 10 minutes, à la 3eme voiture, une vieille femme et sa fille me prennent. La fille est justement gérante d’un des campings que j’ai croisé. Les clients sont écossais, anglais, mais aussi français et allemands.
Je monte dans le ferry pour 30 minutes de traversée. Il fait beau, il y a du vent. [Ça me rappelle mon Cherbourg – Rosslare quand je me rendais en Irlande avec le vélo. Sauf qu’il y a avait 20h de traversée, une tempête, et pas de cabine. J’avais dormi sur une banquette du bar, avec les verres qui faisaient gling-gling à chaque creux. J’avais rencontré un russe un peu fou en fumant mes 2 paquets de golden-virginia pour passer le temps]. J’arrive donc sur l’Ile de Skye, facilement accessible et donc la plus touristique d’Ecosse. Je dois aller au Nord. Je monte dans un bus qui m’amène à Broadford son terminus. Je dois aller à Portree par un autre bus, mais qui part dans 2h ! Je tente ma chance en levant le pouce avec un panneau « Portree » mais ça ne prend pas. Ma destination est à 30 minutes d’ici, je pense que le stop marche mieux sur des petites distances, hors agglomération et sur des territoires moins touristiques. Pourtant je vois passer plein de camping-cars, j’aurais bien fais le trajet en prenant une douche ! J’abandonne le stop et vais me réchauffer dans un restaurant boire une « Skye Gold » et passer le temps en regardant les couples manger des fish & chips.
Une fois à Portree, je me demande bien ou je vais pouvoir planter la tente, le village est peuplé. On me conseille un camp-site… à 30 minutes de marche. J’ai une blessure au pied gauche, je préfère prendre un taxi. Le chauffeur est un ancien fisherman de métier. Il me dit qu’il y a du gros pollack dans le Nord, j’ai le sourire. On arrive, c’est bien la première fois que je me rends dans un camping en taxi. Le camp-site est fait de grandes pelouses, sans délimitations, ou les hikers plantent les tentes. Je m’amuse à comparer les tentes avec la mienne, il vaut mieux en rigoler. J’ai passé la journée dans les transports aujourd’hui (train, marche, ferry, bus et taxi). Je m’installe et fais chauffer la popotte avant que la nuit tombe. Je joue les originaux en ajoutant de la sauce BBQ à mon riz. J’entends un bruit arriver sur moi, de plus en plus fort, qui commence à m’inquiéter. Un avion arrive droit sur le camping, il rase les arbres, j’espère qu’il va atterir sur la tente du voisin plutôt que la mienne. C’est en fait la Royal Air Force qui s’entraine à voler à (très) basse altitude. Et ils ont l’air d’aimer Skye, je verrai un avion de chasse au-dessus de ma tête le lendemain.
Jour 8 : Portree – Uig – Kilmaluag
Je me lève parmi les derniers, ils sont chauds ! Je me rends au centre-ville de Portree, à pied cette fois. C’est un village mais il y a plein de touristes. Je vois mes premiers chinois. Ca klaxonne pas mal, les locaux doivent en avoir marre des français qui apprennent à conduire à gauche. Je fais le plein de nourriture au Spar et me rends au magasin de pêche. C’est en fait le local d’un loueur de vélos, avec un petit bout de rayon consacré à la pêche. Je viens chercher du fluorocarbone que je cherche depuis Glasgow, mais il n’en a plus. Je prends quand même une cuillère 20g couleur orangée pour le lieu. J’en profite pour sortir ma carte et lui demander les bons coins. Il me confirme ce que j’avais déjà en tête. Je lui dis que j’ai pris une truite au leurre plus au sud (malgré moi, car je cherchais le brochet). Il me dit que ce n’est pas autorisé, la truite se pêche uniquement à la mouche ici. Je n’ai pas encore compris pourquoi.
Je monte dans un bus pour explorer le Nord de l’île. Dans les passagers il y a des retraitées qui font du jeu à gratter, et un moustachu que je croise pour la 3eme fois depuis hier. Le bus passe par Uig, là où partent les ferrys jusqu’aux îles Hébrides extérieures. Ça faisait partie de mon itinéraire initialement, mais je n’ai malheureusement pas le temps d’y aller. Le chauffeur ne s’arrête pas là où je voulais, je l’arrête un peu trop tard. Je descends au milieu de nulle part, devant des toilettes publiques en ruine, ou je m’abrite du vent pour finir mon sandwich. Je ne vais pas très loin. J’ai repéré sur la carte marine une zone avec du fond accessible du bord. Je marche 1h et arrive dans la zone. L’endroit n’est pas accessible par la route. Je cache mon sac dans un bateau près d’une ferme et trouve un endroit pour camper à l’abri du vent, qui souffle fort. Pour accéder au spot, je passe par les rochers, travers un champ et descends un bout de falaise. Après 30 minutes d’acrobaties j’arrive sur un grand plateau. L’endroit est tellement difficile d’accès que je ne sais même pas si le propriétaire du terrain est déjà venu ici, ni si l’endroit a déjà été pêché du bord. Je passe l’après-midi à faire des lancers mais ça ne donne rien. Je m’accroche souvent au fond, sauve les leurres (parfois en tirant sur la tresse à la main, pour ne pas abimer la canne). Un shad reste quand même au fond, dommage c’était le plus gros et le plus coloré. Je refais mon nœud à l’abri du vent, je me sens observé. Et pourtant il n’y a que des moutons depuis que je suis arrivé ici. Quand je lève les yeux, je tombe sur une tête qui dépasse de la surface de l’eau… c’est un phoque ! Je ne m’y attendais pas. Il m’observe, se demande ce que je fais chez lui. Je me demande s’il faut vraiment que je continue à pêcher, je n’ai pas envie de pêcher un phoque ! Je n’ai pas envie de le blesser, et ma canne pourrait s’abîmer aussi. Je ne sais pas si c’est bon signe de tomber sur un phoque. Est-ce que c’est synonyme d’eau poissonneuse, est-ce qu’il fait peur aux lieus ? En tout cas je n’attrape pas de poisson, malgré une belle zone de courant. Il a fait beau toute la journée, j’attends le coucher de soleil voir si c’est plus pêchant, mais c’est un échec. C’est un vent de terre, ça n’aide sûrement pas. Je rentre installer la tente, j’ai encore 30 minutes de marche pour retrouver mon sac, s’il est toujours là ! Tout est prêt pour la nuit, il n’y a plus qu’à faire la cuisine, mais je n’ai plus d’eau. Ici il n’y a pas beaucoup de rivières. Je vais remplir mes bouteilles chez mon voisin. Riz, sauce BBQ, banane, pinguin et au lit.
Jour 9 : Kilmaluag – Rubha Hunish – Kilmaluag
Il est 7h, je me fais réveiller par la folle température sous la tente. Ca tape, je peux enlever le bonnet. Je remballe les affaires. C’est toujours aussi long de faire un sac. Je dois me rendre à l’endroit le plus profond que j’ai vu sur la carte marine. Le Highlander qui m’a abreuvé hier est sur sa terrasse, il scrute la mer. Je reprends la même route que j’ai faite en bus hier. Il y a peu de passage. La route est très étroite. En Ecosse, les gens utilisent des passing place, des bords de route qui servent à laisser passer la voiture qui arrive en face. Après 1h, a essayer de marcher sur le peu d’herbe qu’il y a entre le bitume et le fossé, j’arrive bientôt à destination. Il y a un château en ruine en haut d’une falaise à proximité de la route. Hier j’y ai vu des gens s’arrêter. J’admire la vue, mais j’admire surtout la pointe rocheuse qu’il y a en bas. Il y a une zone très profonde un peu plus loin, les poissons sont plutôt la bas je pense, mais je monte quand même la canne. Je pose le sac à dos et pars dans les rochers. J’utilise mes leurres les plus flashis, ça commence par le shad vert. Je fais quelques lancers, ça dure 20 minutes, et puis… poisson ! La touche est violente, je ferre sec pour que le lieu n’aille pas me promener trop profond. Je le ramène presque jusqu’à moi mais il décide de repartir. Il finit par se montrer. C’est bien un lieu, et pas un petit, puisqu’il fait 60 cm ! J’ai le sourire jusqu’aux oreilles, c’est un costaud. Je le remets à l’eau mais il semble complètement KO. Il flotte. Est-ce que je l’ai laissé trop longtemps hors de l’eau ? J’ai pourtant essayé de faire vite. Il frôle les rochers avec la houle. Je ne le quitte pas des yeux. Et puis il donne un grand coup de queue et repart. Ouf.
C’est un bon spot ! Je reste un peu ici. Je change de leurre pour le leurre dur vert, avec lequel j’avais attrapé une truite alors que je cherchais du brochet. Et ça ne rate pas… Poisson ! La touche est encore plus violente, est-ce le grand frère ? Le combat se fait devant mon public : un groupe de touriste s’est arrêté admirer le panorama depuis la falaise et est descendu jusqu’aux roches satisfaire leur curiosité. C’est un lieu. Il ne veut pas se rendre, c’est sport. Il fait dans les 60 cm, exactement comme le premier. J’ai en fait bien l’impression que c’est le même ! Sa mâchoire inférieur est marquée, exactement là où j’ai retiré l’hameçon du premier. Je le relâche, mais cette fois-ci en le stabilisant dans l’eau, pour qu’il reprenne plus facilement sa respiration. Après une trentaine de longues secondes, il donne un grand coup de queue et part en vitesse. Mon public ne doit pas très bien comprendre ce que je fabrique, ni pourquoi je le relâche d’ailleurs.
Je suis sur une pointe intéressante mais ce n’est pas là que je voulais aller initialement. Plus loin il y a une falaise, et à ses pieds une avancé de terre, c’est là qu’il faut que je me rende, en ne sachant pas encore si l’endroit est accessible. Je dois traverser des champs de moutons et de vaches, il n’y a pas de chemin. En Ecosse ça n’a l’air de ne déranger personne. Je laisse mon sac à dos contre un bâtiment de l’exploitation, à l’abri du vent si jamais il pleut et avec sa housse comme d’habitude. Ici la pluie n’est jamais bien loin, il faut toujours anticiper même si aujourd’hui il fait très beau. Je prends avec moi ma canne, mon sac de leurres, banane et eau. Je suis la mer, j’aurais plus de chance de contourner la falaise en passant au plus près de l’eau. Et ça marche, j’arrive au pied de la falaise, qui doit faire une centaine de mètres. Je me rends vers une avancée qui n’est pas facile d’accès. Apres quelques acrobaties j’arrive sur un tas de roches. Il y a l’air d’avoir du fond. Je m’y rends difficilement. Malheureusement cela ne donnera rien cette fois-ci. C’est très dommage mais ma déception est compensée par cet environnement magnifique. Je suis absolument seul, une fois de plus. Peu de monde doit venir jusqu’ici. Et même sur l’eau, je ne verrai qu’un seul bateau, un zodiac qui fait une excursion touristique. C’est l’heure pour moi de rentrer. Je dois encore marcher 2h jusqu’à Staffin, ou je prendrai un bus demain à l’aube pour visiter le fameux Old Man of Storr, et rentrer à Glasgow dans la foulée.
Je fais donc marche arrière et monte la falaise que je voyais d’en bas. En haut, un peu plus loin je vois une énorme avancée sur la mer, au pied de la falaise. Il y a une énorme zone de courant au bout. Qu’est-ce que j’ai fabriqué. J’essaye de comprendre, de comparer ca sur la carte. Je m’étais trompé d’endroit ! C’est ça le désavantage de naviguer sans GPS et uniquement à la carte papier… On peut se tromper. C’est donc en fait ici que la carte marine indique une cassure, comme il est rare d’en trouver depuis le bord. Mais c’est tant pis pour moi, car même si je m’en veux beaucoup je suis déjà en retard, il faut reprendre la route pour Staffin pour arriver avant la nuit, trouver un endroit pour le bivouac à proximité de l’arrêt de bus, faire la cuisine. Je regretterai plus tard mon choix car c’est ici que j’aurais pu faire du très gros poisson. La prochaine fois que je suis dans ce genre de cas, j’irai d’abord en hauteur pour analyser le spot. J’ai voulu gagner du temps mais ça m’a coûté cher, dommage.
En haut de la falaise, à 114 mètres, il y a un refuge pour 3 personnes. Un couple dort là ce soir. Il y a une minuscule chambre et une petite pièce à vivre, avec vue sur mer et des jumelles. J’aurais adoré passer la nuit ici, je ne connaissais pas l’existence de ce lieu. La vue est magnifique, la mer d’un côté, avec les Iles Hébrides extérieures, et les crêtes des montagnes de l’autre, et du soleil ! J’ai eu beaucoup de mal à quitter l’endroit tellement c’est beau et reposant. Je suis avec le couple, on discute mais on sait aussi se taire pour admirer ce lieu extraordinaire. C’est le plus bel endroit que j’ai vu depuis mon arrivée dans ce pays. Je pars plus tard que prévu, je dois retrouver mon sac (s’il est encore là), et reprendre la route. Il n’a pas bougé. J’y remets le matériel que j’avais pris. Il manque une bouteille d’eau que j’ai dû oublier sur un rocher. Pollueur… J’avance donc, je reprends la même route que ce matin dans l’autre sens. Après 1h de marche, je croise un abri de bus, et au même moment il y a un bus qui s’arrête déposer quelqu’un. J’étais pourtant certain qu’il n’y avait plus de service depuis 17h. J’en profite et monte pour m’arrêter au Old Man of Storr. Ça m’évitera de me réveiller à 6h demain c’est parfait ! Sur la route, des hikers allemands font du pouce. Le bus s’arrête, ils ont l’air desespérés. Le chauffeur est leur « Angel ». Une fois là-bas il faut trouver un endroit pour bivouaquer, à l’abri du vent qui a forci. Je m’installerai dans une clairière entre 2 forets. Il y a un petit lac, et un homme qui installe le moteur de son bateau. Il va pêcher. Je me dépêche de monter la tente pour essayer de le rattraper, mais quand je descends il est déjà sur l’eau. Je pêcherai du bord. Je suis mal placé par rapport au vent qui pousse les petits poissons à l’autre bout du lac. J’espère trouver du brochet mais je n’aurai rien. Je perds un shad. Lui ne cherche pas du brochet mais de la truite, à la mouche. Il se rend dans les zones qui sont à l’abri du vent. Il n’aura rien attrapé non plus je crois. C’était ma dernière session pêche en Ecosse, et le brochet sera pour une autre fois. Une fois rentré à la tente, je suis harcelé par les midges. Je m’asperge du produit acheté à Kinglocheven mais c’est efficace pendant ¼ d’heure pas plus. Difficile de cuisiner mon riz ! Je vais chercher mon trépied dans le sac, acheté 39p le 1er jour, et très pratique. Introuvable. Je me rends compte que je l’ai oublié sur le même rocher que la bouteille d’eau tout à l’heure, à 30 km d’ici. Encore une boulette aujourd’hui.
Jour 10 : Old Man of Storr – Portree – Glasgow
Malgré l’agacement j’arrive à dormir, mais le réveil se fait sous la pluie. Il en faut de la motivation pour sortir de la tente et ranger une fois de plus les affaires. La vie de vagabond devient vraiment plus pénible quand la météo est mauvaise, mais j’ai choisi l’Ecosse en connaissance de cause, et j’ai plutôt été chanceux jusqu’ici. Le sac est prêt, je jette la nourriture qu’il me reste et donne mon gaz à des hikers allemands qui ont aussi passé la nuit dans cette même clairière. Même sous la pluie il faut que j’aille voir le fameux rocher, le Old Man of Storr. Il n’y a pas beaucoup de distance, une boucle de 5 km, mais la dernière partie est pentue et j’ai gardé mon sac sur le dos. Il y a un vieux couple de locaux qui monte, la femme est en robe longue, l’homme n’est pas vraiment équipé contre la pluie. Ils se posent moins de question que moi. Une fois arrivé là-haut, il pleut encore plus fort, j’hésite presque à sortir le reflex. Je suis dans un nuage, pas facile de distinguer le relief. Les rochers sont quand même impressionnants, pointus qui piquent vers le ciel. Je ne tarde pas trop à redescendre, déjà parce qu’il pleut très fort la haut, et que je dois prendre un bus pour Portree.
Dans le bus je me rends compte que mon téléphone s’est éteint… définitivement. Il n’a pas aimé être dans la poche de ma veste, en gore-tex pourtant. La logistique devient tout de suite plus compliquée sans lui ! A Portree je m’autorise un repas dans un pub. Moules en entrée puis Fish & Chips, et Guinness bien sûr. Je discute avec les piliers du bar, on rigole un coup et je file à la recherche d’un PC avec Internet dans Portree. Il faut encore que j’imprime mon boarding-pass et que je cherche un endroit où dormir ce soir à Glasgow. Je trouve un PC à la bibliotheque, mais pas de lit pour ce soir ! Tout est complet. Le bus est prévu d’arriver à 22h à Glasgow, je sens la galère arriver. Je prends mon bus après avoir fait le plein de Pinguins, Roxy et Twix.
C’est parti pour 6h de route. Je m’autorise un enlevage de chaussures. J’espère que le chauffeur ne va pas sentir l’odeur (atroce). Et ça passe. Les paysages sont magnifiques. Des lacs et des montagnes tout le long et des belles lumières. Le chauffeur salue ses collègues, mais aussi les chauffeurs de Poids lourd, les éboueurs et tout ce qui est gros. Je remarque aussi qu’il n’y a pas de bande d’arrêt d’urgence en Ecosse. Il prend de la Nationale, de l’Autoroute mais aussi des petites routes ou il faut klaxonner avant les virages. Je reconnais les endroits où j’ai dormi sur la West Highland Way pendant la 1ere partie du trip. On longe le Loch Lomond, qui est d’une taille incroyable : 50km de long ! Il doit y en avoir du gros broc la dedans.
J’arrive donc à Glasgow à 22h comme prévu, et je n’ai pas d’endroit où dormir, comme prévu. Mon avion part demain, j’hésite à aller directement à l’aéroport mais les hôtels ne doivent pas être donnés. Je ne mettrai pas plus de £50 de toute façon. Je marche dans la ville avec mon sac et mon tapis de sol, les hostels sont tous complet selon leur site web. Les écossais sont tous au pub et dans les rues. Je les envie. Il faut donc que je trouve un Hôtel, mais du tchip. Et c’est introuvable. Les seules chambres disponibles montent à £150, £200. J’apprends en fait qu’il y a un marathon le lendemain, les coureurs sont arrivés avant moi. 22h30, 23h00, minuit. Je désespère. Soit je fais une nuit blanche en boite de nuit, soit je campe dans un parc, ou sur un rond-point. Le problème est toujours le même : je dois me trimbaler un sac à dos, difficile de s’en séparer. Donc je vais en direction du fleuve qui traverse la ville, il doit bien y avoir un coin de pelouse sous un pont pour planter mes sardines. Sur le chemin je passe devant un Hostel qui affichait complet sur Internet. Je tente quand même ma chance. Il est minuit passé, j’espère qu’ils auront pitié de moi. Bingo, le gars m’ouvre un dortoir de 4 lits. En plus je suis tout seul. Certaines lumières ne s’allument pas, ils doivent n’ouvrir le dortoir que si nécessaire j’imagine. Une douche ! C’est la récompense. Je fais mon lit mais je ne vais quand même pas quitter l’Ecosse sans boire une Guinness.
Il est 1h, les bars ferment, il ne reste plus que les boites de nuit, mais je n’ai pas le courage. Et il faut voir mon look. Je me balade quand même 45 min, sans bière mais c’est un joli spectacle. Je suis sobre, ils sont tous à 4 grammes. Les filles sont maquillées comme jamais et habillées très court. Le vomi envahit les trottoirs. C’est assez drôle de voir ça sobre. Ce qui m’a marqué ce sont les écossais qui allaient en soirée en Kilt, je pensais que c’était pour le folklore, mais apparemment non, ils sont très sérieux !
Le réveil se fait sans montre ni téléphone, au feeling ! Je suis obligé de prendre une photo au reflex pour voir quelle heure j’ai pris la photo. Je ne suis pas en retard. Je remballe et prends mon avion en fin de matinée. Mais ça ne s’est pas passé aussi facilement. J’enregistre mon sac, et tente de garder ma canne à pêche en bagage à main dans l’avion. La femme qui m’enregistre n’est pas certaine que ça passe mais je prends le risque. Je monte au portique de sécurité. Evidemment, même avec mon plus beau sourire on me recale. Le bonhomme a pris un air très sévère en me voyant arriver une canne à la main. Impossible de négocier. Je ne sais toujours pas pourquoi, ça n’a rien de dangereux. Il va falloir trouver une solution. Je retourne au comptoir. Mon sac est parti il y a 15 min sur un tapis, mais je sais qu’il reste encore un peu de temps avant la fin de l’enregistrement. Une des hôtesses me demande d’acheter une valise et de l’enregistrer ! Je ne sais plus si je rigole ou je pleure à ce moment. Je propose qu’on fasse plutôt ramener mon sac pour que j’y mette ma canne. Elle refuse mais la collègue m’arrange les choses, passe un coup de file et porte même mon sac, qui est un peu lourd quand même. Je la remercie 13 fois pour son aide. Je passe au Duty Free, le whisky n’est plus envisageables, j’ai déjà explosé le budget avec mes pinguins. Je monte dans l’avion vers la France avec un tas de souvenirs en tête, que j’ai essayé de partager avec ces quelques lignes.
L’Ecosse est un superbe pays pour ceux qui aiment les beaux paysages, les sourires, marcher et bien sûr pêcher. Je n’aurai fait ni saumon (par choix), ni brochet malheureusement. Les écossais sont tous très sympa, mais selon où l’on va ils sont plus qu’habitués à voir des hikers. Ils sont accueillants, respectueux et drôles. Je suis plus que satisfait de ce voyage, et j’ai hâte de repartir quelque part !
Albéric
Les commentaires sont fermés.