A partir du 8ème siècle et durant 300 ans une grande partie de l’Europe vécut dans la crainte des invasions Viking. Par pur soucis de revanche patriotique, j’ai voulu à mon tout envahir amicalement le Danemark et me mesurer à cette contrée sauvage en affrontant les brochets scandinaves.
Des poissons nombreux, combatifs, agressifs que l’on pêche ballotté dans une barque secouée par les flots puissants des grands lacs saumâtres. Vous verrez que c’est sportif ! C’est grâce à Jackie Farrona, chantre de la pêche verticale, vulgarisateur des techniques nordiques, que j’ai pu me glisser dans un séjour brochet organisé par Westin au sud de la capitale Copenhague sur la grande île de Seeland.
Les brochets arrivés là lors des glaciations qui ont fait reculer la mer par le passé se sont retrouvés piégés ensuite dans un dédale de lacs. Désormais une eau saumâtre est leur quotidien, eau qui recèle une abondance de nourriture qui donne à ces poissons une croissance rapide.
Avant de se mesurer à ces brochets il a fallu arriver à Copenhague, dire que je n’avais pas pris l’avion depuis 1990 et un voyage à Nouméa. Gros changement à Orly et Roissy par rapport à mes souvenirs d’il y a 25 ans. J’ai donc retrouvé Jackie, accompagné de Ben Ampaud, de Thomas Delebarre et de Franck Noirot, tous prêts à en découdre avec le seigneur aux 700 dents.
Après un nuit courte à Copenhague c’est Elias Narvelo de la team Westin qui est venu nous prendre en charge pour nous conduire sur un gigantesque lac au sud de la capitale. Arrivés après une bonne heure de route, nous avons pu enfiler les combinaisons qui allaient nous permettre d’affronter la température glaciale mais surtout un vent d’au moins 40 km/h. J’embarquais alors avec Jackie sur le Linder Sportman 445 de Thomas Sacht, un célèbre pêcheur Danois surnommé Mister shallow water…
Première surprise pour moi, les barques des pointures locales n’ont pas l’équipement auquel on est habitué en France. Pas de sièges luxueux, de sondeurs énormes et à la pointe de la technologie, de gros moteurs puissants. Ici on pêche , on ne joue pas avec un bateau, on recherche l’efficacité..
Seconde surprise pour moi, le lac : Il est immense mais tellement peu profond ! J’avoue avoir un doute à mon arrivée sur le premier spot, pourquoi pêcher dans 1m d’eau au milieu de nulle part ? Jackie m’explique que les brochets aiment ces zones et répondent bien à des jerkbaits à bavette qui nagent peu profond et selon lui, notre guide est le meilleur pour ce type de biotope. On me présente alors un leurre : Le Jatte (géant ou grand en scandinave), un jerkbait minnow de 17 cm de long plutôt rustique. Je monte ce leurre et j’écoute l’explication relative à son animation : un peu de linéaire ponctué d’un jerk tous les 5/6 tours de manivelle.
Devinez quoi ? Et je ne ment pas ! Au premier lancer de mon Jatte en coloris parrot je me prends ma première secouée et je met au sec un joli bec nerveux de 65/70 cm. Ça commence très bien !!! Notre guide à le sourire, Jackie et moi avons la banane !! Seul petit point noir, là bas on ne mesure pas les poissons, on les pèse. Pas moyen de savoir quelle taille mesure un poisson à part approximativement en utilisant un leurre comme toise.
Et le festival commence, le Jatte fait merveille avec une action inclassable. Un gros rolling et un wobbling très ample et assez lent. Thomas maîtrise parfaitement ce leurre et nous fait une démonstration en capturant brochets sur brochets. Changement de zone pour une à l’autre extrémité du lac toujours dans 50/100 cm d’eau. C’est étonnant de pêcher si peu profond mais si ça marche ?
Le vent souffle très fort et les vagues feraient peur à nombre de pêcheurs de petits lacs français mais nous enchaînons les dérives aidées de l’ancre flottante et corrigées au moteur électrique avant. Je suis resté avec mon coloris parrot qui est moins efficace que ceux en naturel de mes deux compagnons mais j’ai eu le nez fin…Grosse tape d’un coup, énorme rush tout en puissance qui fait chanter le moulinet. Et d’un coup, ça vient tout benoîtement….Ce n’est pas un brochet ça, me dis je ?
Le poisson arrive et je vois la plus grosse perche que je n’ai jamais eu au bout de ma ligne…Oulala..Pas d’épuisette évidemment, je saisi rapidement la mâchoire inférieure et sort vainqueur de ce combat. La belle zébrée est énorme, 1,9 kg selon le peson de Thomas Sacht et en cm, à vue d’œil, largement plus de 50 !!! J’ai mon record, je suis sur un nuage !!
A 13h00 nous accostons pour un repas en commun à la terrasse d’un snack où nos hôtes et nous mêmes peuvent faire connaissance tranquillement. Il y a là Luc Coppens, célèbre compétiteur hollandais et bien d’autres excellents pêcheurs danois et suédois qui sont des célébrités locales.
Vers 15h00 c’est reparti pour 3 heures de pêche où les brochets sont un peu plus durs à prendre mais nous terminons cet après midi avec 32 poissons à bord, 31 brochets et une perche géante, et presque tout cela pris au Jatte, ce leurre diabolique. Je prendrai juste un bec moyen au Platypus de la même marque. Après avoir débarqué j’apprendrais que Franck Noirot a eu l’honneur du big fish, un brochet de 116 cm pris au shad Teez 22 cm, beau poisson. Nous terminons cette journée avec 32 poissons au bateau dont 9 pour moi, 31 brochets dont le plus gros devait mesurer 85 cm et cette jolie perche.
Le lendemain les conditions sont idéales, il est tôt, le vent à baissé mais ride encore largement la surface des eaux et il fait juste un peu moins froid. Nous embarquons à nouveau avec Thomas. Évidemment je monte un leurre qui a fait ses preuves…En coloris brochet et c’est reparti pour une journée non stop. C’est la folie, les brochets sont énervés pire que la veille. Cette fois c’est au second lancer que j’attelle mon premier brochet, ça commence très très bien.
Jackie et notre guide Thomas me font une démonstration avec des doublés voir des triplés au bateau. A un moment de la journée, Jackie se déchaîne au shad et se permet de prendre un brochet à chaque lancer sur une zone de chenal. Je reste au Jatte en coloris pike ou fire tiger selon la couleur du ciel qui passe du gris clair au gris foncé et je me permet d’accrocher un beau poisson de près de 90 cm, je jubile….Une demi heure plus tard c’est un 95 cm selon notre guide que je mets au sec, j’aime autant vous dire que je plane littéralement.
La matinée se termine avec plus de 30 brochets au compteur et nous continuons. J’ai alors un gros passage à vide de presque deux heures alors que mes collègues enchaînent les prise. Je change de leurre, d’animations mais rien n’y fait puis enfin c’est la libération avec un rythme normal qui reprend. Etrange situation sans véritable explication mais qui atteint le moral….
Nous terminons cette journée avec, tenez vous bien, 60 brochets au bateau !!!! C’est dingue…Et les autres collègues ne sont pas en reste car tout le monde a fait une belle pêche. Je n’en aurai attrapé que 16 mais j’ai à mon palmarès les deux plus gros. Le soir à l’hôtel c’est ambiance détendue avec un vin rouge espagnol apporté par Luc Coppens qui détend les esprits. Le jour du départ est très proche, il ne reste qu’une matinée de pêche, il faut donc en profiter au maximum. Voici Thomas Sacht qui customise un Jatte, quand je vous dit qu’ils sont pragmatiques, si ça plonge trop profond, on coupe une partie de la bavette:
J’embarque ce vendredi matin avec Elias Narvelo, pêcheur suédois donc voisin et membre de la team Westin dont il gère le site internet et la page Facebook. Nous voilà entre confrères mais ma maîtrise plutôt limite de l’anglais ne permet que quelques brefs échanges alors que j’avais tant de questions à lui poser.
Nous attaquons au petit jour et devinez avec quel leurre ??? La réussite insolente de la veille avec le Jatte a fait le tour des pêcheurs et tout le monde s’y est mis, malheureusement les journées se suivent et ne se ressemblent pas. Ce vendredi le vent est tombé presque totalement, les dérives se font au ralenti, les brochets sont apathiques. Au Jatte je n’aurai qu’un suivi et Elias ne fera guère mieux. Il décide alors de passer au shad, un gros steak d’une bonne vingtaine de centimètres en coloris naturel. Bonne initiative puisqu’il rentrera deux poissons au bateau et aura plusieurs suivis jusqu’à l’embarcation.
11h30 arrive et je me décide enfin à passer au shad, un superbe modèle de Shad Teez de 20 cm au coloris brochet dont le rolling est bluffant. Malheureusement, le temps s’est éclairci et le vent ne souffle guère, les brochets sont partis ailleurs.
Nous terminons près du port car la réserve d’essence est consommée, une dérive sur le chenal d’accès parcouru par un fort courant ne donne rien donc retour au quai pour attendre les amis. Ceux ci arrivent peu après et eux aussi n’ont pas fait une belle pêche, quelques brochets mais jamais plus de 5 au bateau et notre guide de la veille Thomas qui enregistre une bredouille….
Les bateaux sont sortis et nous nous changeons pour partir à l’aéroport, dans le chenal le courant s’est arrêté et une barque s’immobilise à son entrée pour le pêcher. En deux minutes les pêcheurs de cette coque prendront deux jolis brochets, postés ici en attente des petits poissons retardataires.. Incroyable, le poste avait été matraqué sans succès il y a 15 minutes par toutes nos barques et là il devient un hot spot à l’étal..
Nous félicitons de loin ces deux pêcheurs allemands en vacances et mettons le cœur gros le cap sur l’aéroport, puis c’est le retour, les épaules lourdes d’avoir trop lancé, les doigts lacérés par les arcs branchiaux des becs vikings.
Un grand merci à Elias et Thomas pour m’avoir fait découvrir ces eaux si riches en brochets et m’avoir permis de battre mon record perche vieux de 10 ans.
Un immense merci à Jackie Farrona pour m’avoir permis de découvrir ce paradis des carnassiers.
Qu’en aurais je retenu ? Les Danois ne s’encombrent pas de fioritures, ils sont bruts de décoffrage comme l’est leur météo, comme l’est leur façon de pêcher.
Les brochets évoluent là bas dans des plans d’eau peu profonds et se jettent sur des leurres que nous n’oserions pas utiliser, lors des combats ils tapent contre le fond ou la coque, de vraies bêtes sauvages au combat titanesque. Des pêcheurs expérimentés et observateurs, prompts à bricoler les leurres pour les adapter aux conditions du jour.
J’aurai aussi retenu que le Jatte de Westin ferra dorénavant partie de mon équipement lui que ce séjour à porté au pinacle des leurres à brochet. Et pour terminer, pour mon hiver prochain, que la combinaison flottante et les sacs étanches de Westin sont bougrement bien pensés.
Matériel utilisé: Canne Edge Dynamic Power Cast Westin en deux brins, moulinet Tica Tuna, leurres: Jatte, Platypus, Shad Teez de la marque Westin.
Et voici une petite vidéo de ce séjour:
Gardez la pêche !
Ps: Là j’ai le blues, je voudrais tant y retourner !
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