Dans l’inconscient collectif, la pêche au mort manié est emprunte de mystère, une technique qui ne se maîtrise qu’après une longue quête. Or, c’est tout le contraire, le mort manié est facile mais comme toute technique il suffit juste de l’expliquer.
C’est ce que je vais tenter de faire à destination de ceux qui voudraient s’y mettre.
Il y a 30 ans de cela le mort manié était une pêche réservée à l’élite des amateurs de carnassiers. Non pas qu’elle demandait une technicité hors pair mais elle demandait un bel investissement dans du matériel haut de gamme, ce qui n’était pas l’habitude à cette époque pour le carnassier.
Puis le matériel se démocratisa et presque tout le monde s’y mit avant de prendre le virage du leurre dans les années 2005.
Tous ceux qui ont pratiqué cette technique avaient certes leurs petits secrets mais rien de très exceptionnel. Un maniement, une monture, une canne sonore et le tour était joué. Maintenant à mon grand étonnement, tous ceux qui veulent essayer cette technique pensent qu’elle est diaboliquement difficile. Dédiabolisons donc le mort manié.
Pour démarrer il vous faudra du bord une canne leurre souple (assez rigide et très résonnante) d’au moins 2,60 ou 2,70 m, pour le bateau ou le float tube une canne de 2,10m suffit largement.
Cette canne sera équipée d’un moulinet spinning/casting à ratio lent et monté avec une bonne tresse de qualité.
La monture est le point le plus important, toutes celles qui se rapprochent de la monture originale inventée par Albert Drachkowitch conviennent. Pour débuter, oubliez les autres et restez sur une valeur sûre.
Une fois le poisson mort enfilé sur la monture on choisira de la lester selon le poste choisi et selon le poisson choisi. 7g pour peu de profondeur et visant le brochet, jusqu’à plus de 20g pour le sandre.
Pour le brochet une monture lestée au centre donnera un effet planant que le brochet apprécie, lestée ou non en tête cette dernière monture pourra pêcher toutes les couches d’eau. On pourra ôter les avançons en corde à piano pour les remplacer par des crinelles en tresse armée plus souple.
Le vif est aussi important, le gardon étant le meilleur pour sa tenue à la monture mais tous conviennent. Les puristes du sandre au manié apprécient les ablettes qui en perdant leurs écailles font un effet teaser.
Concernant l’action c’est ultra simple, elle est décrite dans ces deux schémas, coulé et ample pour le brochet, saccadé et de faible amplitude pour le sandre.
Il n’y a aucun mouvement secret, juste des coups de poignets pour donner un semblant de vie au poisson mort qui pêche aussi simplement posé sur le fond, ne pas l’oublier.
Le problème du manié c’est qu’il demande de balader des vifs dans un seau pour en avoir toujours de très frais sous la main, les poissons congelés n’étant pas terrible, même congelé montés. Ce peut être rébarbatif lorsqu’on pêche du bord en crapahutant, promener un seau à vif n’est pas chose aisée. On peut alors tuer quelques vifs et les glisser dans du papier alu, ils seront efficaces niveau souplesse pour un après midi.
L’armement à deux triples pourra être réduit à un seul selon le biotope. Concernant le brochet il semble que l’hameçon de tête soit plus prenant contrairement à celui de queue où ce serait le sandre qui se piquerait mieux. Personnellement après plus de 30 ans à pêcher régulièrement au manié je n’ai jamais corroboré ces constatations mais elles me paraissent quand même pertinentes.
Pour que le manié soit efficace il faut soigner la présentation du poisson mort, ne pas le cintrer sur la monture, ne pas le désaxer. Un manié qui nage de travers sera un peu moins efficace.
Si vous pêchez au leurre souple à gratter vous ne serez pas surpris, il s’agit de la même pêche mais avec un appât plus efficace qui vous procurera un nombre de touches supérieur que le meilleur des leurres souples.
Essayez donc le manié, vous comprendrez que la simplicité a parfois du bon.
Gardez la pêche.
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