Accès handicapé pêche, gabegie financière ?

C’est à l’occasion d’une assemblée générale de ma fédération que j’ai eu à prendre connaissance de ce sujet. Un accès handicapé venait d’être mis en place sur un poste de pêche et cet aménagement avait couté très cher.

Ce poste handicapé, un ponton de pêche pour personne à mobilité réduite est situé à La Truchère (71) et a couté la bagatelle de  26  255 euros, financé par les Conseil Régional (40 %), la communauté de communes du Tournugeaois (38,1 %), la FNPF (9,5 %)…et l’ AAPPMA de Rancy ainsi que la fédé pour 9,5 % soit environ 2500 euros. A l’énoncé des chiffres j’ai vu plusieurs de mes voisins responsables d’ AAPPMA  froncer les sourcils, voir tiquer en apprenant qu’autant d’argent était dépensé pour si peu de personnes.

Ce n’est pas une charge anti handicapé, ne me jetez pas des pierres en me traitant de salaud mais je ne peux m’empêcher en étant le plus objectif possible de penser est ce que ça en vaut la peine ?

photo midi libre.fr

Nous connaissons tous des personnes handicapées qui pêchent. Généralement ce sont des personnes âgées qui aiment bien le matin rencontrer des copains au bord de l’eau. Généralement ils viennent en voiture car ils ont du mal à marcher mais je n’ai encore jamais rencontré un pêcheur handicapé en fauteuil roulant.

30 années de pêche assidue, des centaines et des centaines de sorties sans jamais voir un aveugle, un sourd et muet, un handicapé en fauteuil à la pêche sur le bord d’une rivière. Alors pourquoi faire ces accès et emplacements réservés ?

Ça part d’une bonne intention, aider nos camarades malades mais pourquoi un pêcheur handicapé aurait il plus de droit que les autres. Pourquoi un emplacement réservé ? Alors que dans la pêche c’est toujours le premier arrivé qui s’installe où il veut ?

photo fnpf

 

Pourquoi dans une AAPPMA, un aménagement onéreux ne serait destiné qu’à un seul membre alors qu’il y aurait tant à faire pour la collectivité ?

Je me pose juste la question n’ayant jamais été confronté au sujet, posez vous aussi la question sans passion mais avec objectivité.

Imaginons un ami en fauteuil roulant qui voudrait aller à la pêche. Il lui faut un accès pour le véhicule et une zone plate, sécurisée, pour son fauteuil. Il pêchera là quelquefois et la plupart du temps le poste aménagé sera abandonné alors qu’il avait couté plusieurs centaines voir milliers d’euros. J’en ai vu plusieurs de ces postes, laissés à l’abandon car inoccupés à l’année. Était il raisonnable d’investir autant pour cela ? Alors qu’en étang privé ou en camping pour une simple carte journalière on peut se garer à coté du poste sur un terrain stabilisé ?

Le cas est difficile est je n’aimerai pas à avoir à trancher en réunion de bureau d’ AAPPMA sur ce sujet. Le membre handicapé est la plupart du temps notre copain et pour lui et nous sa demande est légitime.  La pêche est associative et dans cet état d’esprit il est cohérent de nous voir aider nos membres les moins favorisés, c’est ainsi que chaque AAPPMA aménage des coins pour ses vieux comme pour ses gamins mais un accès handicapé doit en plus être construit selon des normes très couteuses à respecter. Ce qui veut dire qu’une AAPPMA bricolant une plateforme pour l’un de ses adhérents pourrait se retrouver au tribunal en cas d’accident.

C’est pourquoi il y a si peu d’emplacements handicapés au bord de nos eaux. Ça coute cher, trop cher et ça ne sert pas beaucoup. Pourtant une association milite pour ces emplacements et pour faciliter l’accès aux handicapés, il s’agit de l’association Handicap Passion Pêche dirigée par Ludovic Delacour et située à Chalamont dans l’Ain. Elle vise à mettre en œuvre tous les moyens pour favoriser ces emplacements et les faire connaître au plus grand nombre. Si vous êtes handicapé, prenez contact avec eux, vous trouverez leurs coordonnées sur internet ou via le lien placé dans cet article.

Pour en revenir au sujet, les membres des AAPPMA payent une cotisation pour la pêche et la protection du milieu aquatique. Pour la protection c’est facile, aménager pour la continuité des eaux, favoriser les frayères naturelles….Mais pour la pêche, c’est vaste.

photo aisne nouvelle

 

S’agit ‘il seulement de déverser des surdensitaires pour ses membres ou de faciliter la pêche. Parce qu’en ce cas là il y a du boulot, nombre de secteurs demanderaient un débroussaillage, un accès sécurisé, une plateforme, un chemin en bon état…Et si tout ce boulot pour la majorité était effectué on pourrait s’occuper de la minorité, mais voilà le boulot pour la majorité n’est pas souvent fait et c’est pourquoi certains s’étaient émus des chiffres que je cite plus haut.

Vouloir aussi aider les gamins est une excellente chose au travers des animations et écoles de pêche mais là aussi quelques voix s’élèvent en disant que c’est aux parents ou à l’état de s’occuper et de payer pour ça et pas nos AAPPMA avec l’argent des pêcheurs.

Je n’ai rien personnellement contre les journées découverte à destination des gamins et mon AAPPMA en organise deux par an qui nous coutent un certain budget. Voir les gamins prendre des poissons me satisfait plus que voir certains pêcheurs entasser les truites dans leur musette tous les jours après les déversements mais est ce vraiment à l’AAPPMA de faire cela ?

Ces quelques interrogations n’ont pas de réponse car bien évidemment tout le monde est prêt à mettre la main au porte monnaie pour aider nos anciens, nos gosses ou nos copains handicapés  mais chacun n’est pas prêt à y mettre la même somme. Nos pouvoirs publics, nos communes, nos conseils généraux et régionaux et même l’Europe sont là pour cela, mais il faut monter un dossier complexe qui décourage plus d’un président d’ AAPPMA. En cela les associations comme handicap Passion Pêche pourraient fédérer les bonnes volontés et faire que le loisir pêche devienne aussi un sport pêche pour les handicapés et ainsi obtenir plus de financement pour les aménagements.

Je rêve là !

Gardez la pêche.

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