Hommage aux grands noms de la pêche: Gérard CHIMANEAU et Jean Francois DAILLEHOUAT.

Un article tiré de mon précédent blog qui méritait une petite retouche et une nouvelle publication en hommage à ces deux grands personnages.

L’immense héritage halieutique que nous ont laissé ces deux grands ingénieurs illuminera encore le monde pour des décennies. Initiateurs des moulinets de nouvelle génération, leur génie mécanique n’aura eu d’égal que leur génie commercial. Japoniser leur nom aura été une trouvaille qui a permis de pénétrer le marché nippon et américain tout comme l’avait fait Claude Moine qui devint Eddy MITCHELL, lui qui chantait en faisant des moulinets de ses bras.

Gérard Chimaneau, fils de Paul Chimaneau, ch’minot à la SNCF et de Stella Répondmoi, mère au foyer,  est né un beau jour de mai 1953 à AILLANT SUR THOLON, charmante bourgade située dans l’Yonne près de la ville de SENS. Selon une formule de la bas, c’est en y aillant qu’ça à du sens.

Après des études moyennes, le jeune Gérard, alors passionné de vélo, eu l’idée de perfectionner le système de dérailleurs qui équipait les bicyclettes haut de gamme. C’est ainsi qu’en 1972 il intégra la prestigieuse université de DIJON où il réussit brillamment une maitrise en engrenages et roulements. Malheureusement pour nous cette filière exceptionnelle s’est arrêtée début des années 80 et DIJON n’enseigne plus que des matières insipides comme le droit par exemple.

 

 

C’est à DIJON que Gérard rencontra le jeune Jean François DAILLEHOUAT. Jeune car entré à l’université à l’age de 17 ans, Jean François poursuivait lui des études de Manivelle appliquée.

Le jeune Jean François, fils de Jean (inventeur du pull over en ouate) et de Marcelline Defond et originaire de TOURNUS (en Saône et Loire, sur les bords de la Saône),  fut très tôt amoureux des moulins à café « Peugeot » dont il admirait la résistance et la qualité de fabrication. Poussé par son père et par le curé qui avaient deviné en lui un potentiel exceptionnel, Jean François quitta le giron familial pour rejoindre l’école   des Jésuites  de Chalon sur Saône (disparue depuis) qui lui  donna cette rigueur et ce goût du travail accompli. Il passa son bac à 16 ans avec mention et intégra l’université où comme je le narrai précédemment il fréquenta Gérard CHIMANEAU.

Ces deux brillants étudiants s’étaient découvert une passion pour la pêche . Nous étions en 1972 – 73 et la pêche des carnassiers à la mode américaine arrivai véhiculée par les magazines comme «life, Télé 7 jours et Point de vue et images du monde ».

Leur maitrise réussie, ils s’associèrent alors et fondèrent  l’Assocation Broadcasting Union for Sérial  Industrial  Fishing  (A.B.U.S.I.F.) et mirent au point le premier moulinet moderne de spinning. Fini les bâtis en métal, place au plastique ou au graphite. Sur les modèles des moulins à café, Jean François inventa une poignée sur roulement , un frein micrométrique, une bobine profilée. Sur les modèles des vélos qu’il adorait Gérard inventa le pickup avec un galet mobile. Il repoussa la science des engrenages dans ses derniers retranchements afin d’acquérir une fluidité exemplaire. Le moulinet du futur était né, les nôtres ne sont que de pâles améliorations des grands principes énoncés par ces deux grands chevaliers d’industrie.

 Malheureusement, comme souvent, la collaboration de ces deux génies prit fin au moment du baptème du moulinet. Gérard insistait pour lui donner le nom de  la phrase qu’il avait prononcé à la création de l’entreprise: « Bon , on a les locaux et les idées, maintenant il ne reste plus qu’à s’y mettre » d’où le nom de Symetre. Jean François de son coté qui s’était beaucoup pris la tête dans la conception du moulinet voulait l’appeler le serre tête, d’où Certate.

Ce désaccord permis l’émergence de deux sociétés distinctes, nos protagonistes ayant décidé de japoniser leur noms, anticipant par là même la mode de la pêche façon nippone (ni mauvaise). SHIMANO et DAIWA naquirent ainsi à l’automne 73. Les deux sociétés continuèrent leur petit bonhomme de chemin sans que plus jamais leurs directeurs respectifs ne collaborent.

Un jour de 1978, Gérard CHIMANEAU s’entretenait avec l’un de ses ouvriers nommé Michel RHEUNNEUR, un alsacien bougon très bon ouvrier qui lui proposait l’idée du débrayage de la bobine, il s’exclama: « c’est pas bête RHEUNNEUR » et garda cette phrase pour la transformer en Baitrunner que nous connaissons tous.

Il nomma son moulinet fleuron de sa gamme STELLA comme sa mère dont le bras (de pick up) était connu pour sa douceur et dont la fluidité était légendaire (dixit son père mais parlait il du moulinet ou de son épouse ?).

De son coté Jean François DAILLEHOUAT qui terminait son nouveau moulinet conçu pour la mer, s’exclama à l’encontre de l’arpette de l’atelier qui passait le balai : « C’est sale ptit gars !», il comprit alors qu’il venait de trouver le nom de son moulinet « le Saltiga ».

Rendons leur grâce car nous leur devons les galets antivrilleurs, les pick-up monobloc,l’enroulement à spires croisées, les manivelles pliantes, les bobines profilées, les freins micrométriques, les freins arrières, les moulinets débrayables, la double oscillation…………

 

Pour ceux qui l’aurait cru (s’il y en a eu seulement un je me marrerai bien) ces deux illustres Français n’ont jamais existé. J’ai juste voulu m’amuser quelques minutes à faire des jeux de mots. Il n’empêche que ces deux marques auront véritablement révolutionné notre façon de pêcher et que DAIWA et SHIMANO resteront pour toujours des marques de pêche  indétrônables.

Mon premier ensemble de qualité a été un ensemble DAIWA, j’ai toujours le moulinet acheté il y a 27 ans et il fonctionne encore parfaitement. Pour preuve il équipe ma canne à vif lorsque je pêche en bateau et il s’en est très bien sorti avec un silure dernièrement. Malheureusement il n’est pas étudié pour la tresse mais avec un bon nylon il remplit parfaitement son rôle.

Derniers points où il faut remercier ces deux marques: La normalisation dans les tailles. Maintenant quand on parle d’une taille moulinet en 2500 on comprend, alors qu’avant chacun avait ses références propres, idem pour le FD et le RD (Front Drag et Rear Drag). Lorsqu’on me parle d’un 4000 FD je sais qu’il s’agit d’un moulinet  plus particulièrement étudié pour le brochet ou le  gros sandre  dont le frein avant le destine plus aux pêches actives qu’au posé. Rien que pour ça ils méritent notre admiration.

Gardez la pêche.

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