Cet été, deux lacs de mon secteur sont fermés à la pêche, tout du moins aux activités nautiques à cause d’un taux de cyanobactéries trop élevé. Qu’est ce donc que cette fameuse cyanobactérie qui semble si dangereuse et qu’en est il des restrictions de pêche dont elle est la cause ?
D’aussi loin que je me rappelle, il y a toujours eu des eaux vertes en été sauf dans de très rares étangs et lacs d’altitude chez moi. Par contre par le passé on s’en moquait totalement, on savait juste qu’il ne fallait pas boire cette eau. Désormais avec le principe de précaution le moindre petit bloom de cyano provoque émoi, articles de presse locale alarmistes et bien entendu arrêté municipal ou préfectoral interdisant tout ou presque.
Voici une définition des cyanobactéries qu’on peut trouver un peu partout : Il s’agit d’un organisme microscopique utilisant la photosynthèse autrefois appelée algue bleue qui peut proliférer dans les eaux douces lorsque des conditions de températures et de nutriments sont présents.
Elles ressemblent à des algues mais n’en sont pas et leur pigmentation peut aller du vert au bleu voir au rouge, d’ ailleurs le nom de cyanobactérie utilise la racine cyan, qui est le coloris bleu le plus connu.
La cyanobactérie, ou plutôt les cyanobactéries car il en existe plusieurs espèces, libèrent une cyanotoxine dans certains cas et si la concentration est importante, cette toxine peut provoquer chez l’homme des troubles intestinaux, voir des atteintes graves au foie et/ou aux reins dans le pire des cas. Chez le chien qui a bu de l’eau infestée, la mort est souvent l’issue fatale.
Ces toxines peuvent aussi se retrouver dans la chair des poissons, l’ ARS conseille aux pêcheurs d’ étêter et de vider les poissons, en gros de lever les filets…
Pour éviter une intoxication à la pêche, il faut éviter de boire de l’eau du lac, éviter le contact d’une plaie (écorchure) avec l’eau contaminée et se doucher ou rincer à l’eau propre si on a été contraint de s’immerger dans une eau où un bloom est constaté. Le bloom est le nom anglais pour efflorescence.
Cette explosion alguale comme elle est aussi appelée ne date pas de la semaine dernière, elle a été notée depuis le haut moyen âge sur certains plans d’eau.
Wikipédia nous apprend quand même que les cyanobactéries sont plutôt sympas puisqu’elles sont à l’origine de l’apparition de la vie sur terre en produisant de l’oxygène, certaines d’entre elles sont aussi à l’origine du calcaire et elles sont une bonne part du phytoplancton consommé par le zooplancton donc le début de la chaine alimentaire.

Sur 7500 espèces de cyanobactéries, seulement une quarantaine secrètent des cyanotoxines qui sont des neurotoxines, les plus puissants poissons naturels sans antidote connu…..Donc nos cyanos locales font partie de ces quarante espèces.
La fameuse spiruline, que certains consomment pour ses soi-disant vertus de bien être ou comme complément alimentaire est une cyanobactérie….
Bref, pour nous pêcheurs à cause du parapluie du principe de précaution on nous interdit de pêcher dès qu’un bloom est détecté ou qu’une analyse d’eau met en relief des cyanos. En Espagne j’ai pêché Alcantara avec une eau tellement chargée en cyano qu’elle ressemblait plus à un potage épais qu’à une eau de lac. L’odeur était piquante à cause de la fermentation, et la couche si épaisse dans l’eau que le bateau ne créait pas de vagues en navigation. Pourtant nous n’avons jamais été malades, et les poissons mordaient..
Nous voilà encore sacrifiés sur l’autel des fragiles, et je pèse mes mots. Qu’on nous interdise de consommer le poisson, peut être, mais de là à nous interdire la pêche…On nous interdit pas la ballade en nature sous prétexte de frelons ou de vipères, on nous interdit pas d’aller aux champignons sous prétexte d’amanites, entre autres.
Et tout ça se passe sans que nos instances ne réagissent, comme d’habitude.
Le jour où on arrêtera de nous infantiliser sera une réelle révolution des mentalités mais ce n’est pas prêt d’arriver.
Gardez ou essayez de garder la pêche.