Généralement le pêcheur qui achète son premier sondeur se retrouve fort dépourvu lorsqu’il faut l’utiliser. Des fréquences, des pings, des angles de sonde…..Tout ça fait que certains jettent l’ éponge et que d’autre n’osent même pas rentrer dans le menu expert, alors qu’entre nous ce n’est pas si complexe que ça.
Pourquoi certains sont-ils des maîtres dans l’utilisation du sondeur et d’autre restent des ceintures blanches ? Je vais essayer de vous simplifier le truc pour que vous puissiez trouver les points qui vous ont fait achopper dans votre compréhension du sondeur.
L’eau c’est plus que de la simple flotte
L’eau est dans notre esprit une chose à part, un aliment ou un liquide qui sert à tout, c’est pourquoi notre esprit buggue lorsqu’il faut entrevoir l’eau comme une matière, je m’explique. Prenons un bout de bois, chacun sait qu’il existe différents bois, des durs et des légers, des noueux et des lisses, des secs et des verts, pouvez vous projeter ça à propos de l’eau ?
L’eau n’est jamais la même entre deux endroits à cause de sa charge de matériaux en suspension, quelquefois invisibles ou bien visibles. Une eau fortement minéralisée par exemple conduira mieux le courant qu’une faiblement minéralisée et l’eau hyper pure (H2O) est un isolant ! Si on transpose ça à nos eaux de pêches on aura des eaux plus favorables au sondeur que d’autres tout simplement à cause de la conductivité mais la conductivité sonore de l’ eau. Un sondeur est un ordinateur qui envoie un bruit sous forme de clics (les fameux pings) et l’ordinateur va analyser le retour sonore de ce clic pour en déduire un tas d’informations car le bruit se propage très bien dans l’eau, bien mieux que dans l’air. C’est là que les programmations des ordinateurs sondeurs sont importantes pour donner un rendu le plus fidèle du fond et ça diffère selon les marques.
Eaux acides ou calcaires, température, matières en suspension…
Quelquefois on se demande s’il n’y a pas un peu de magie dans le sondeur, pour ma part je trouve qu’il est plus précis en eaux calcaires. Dès que j’arrive sur des eaux acides de mes lacs morvandiaux il me faut me plonger dans les réglages pour obtenir la meilleure image. Ceci est dû à plusieurs paramètres relatifs à la qualité de l’eau, sa température et sa profondeur.
Notre sonde émet des clics, des impulsions sonores, et on apprend que le son se transmet à 1482 mètres par seconde dans une eau douce pure et à 20 °c alors qu’il se transmet à 1500 m/s dans l’eau de mer, donc la qualité de l’eau et les minéraux qu’elle contient vont influer sur le signal sonore émis puis reçu par la sonde, à fortiori le sondeur qui va transcrire ces résultats va lui aussi donner des résultats différents.
Nous avons tous remarqué que la thermocline s’ affichait souvent sur notre écran, en effet elle abrite une densité différente d’eau qui elle aussi influe sur l’interprétation des clics par le sondeur. Enfin, la température elle aussi peut altérer les résultats et par conséquent vous faire changer votre règlage.
Le dernier paramètre se rapporte aux matières en suspension comme le phytoplancton et le zooplancton, ceux-ci pourront vous obliger à descendre votre sensibilité au plus bas niveau afin de garder un écran lisible.
Angle de sonde, zone aveugle
Une sonde envoie des impulsions sonores qu’on pourrait représenter par le halo d’une lampe torche dans le brouillard mais le sondeur ne sait pas aller plus loin que le premier obstacle dur qu’il va rencontrer. Pour faire simple si vous sondez une zone de 2m de diamètre et qu’à droite vous avez 5m de fond et à gauche 5,8 m, votre sondeur vous annoncera 5m de fond. Si un poisson se trouve dans la zone des 0,8m non pris en compte, votre sondeur ne vous l’indiquera pas. C’est ce qu’on appelle la zone aveugle. Les fabricants ont mis au point des subterfuges électroniques par contrer cette zone, en abaissant artificiellement le fond. En gros en faisant sonder le sondeur un peu plus profond que le fond car lui s’en fout, un fond n’existe pas pour un sondeur ce n’est qu’un retour de ping parmi d’ autres qui sondent plus profond. L’idéal pour une lecture précise serait une multitude de faisceaux distincts mais ça reviendrait trop cher. Par le passé avec son Matrix 3D, Humminbird avait une sonde à 6 faisceaux, c’est donc faisable.
Donc si votre sondeur le peut, car ça existe seulement sur le haut de gamme, on peut abaisser la zone aveugle ou créer une ligne de fond plus précise.
L’angle de la sonde ne va pas influer sur le point précis de la détection ou discrimination des cibles mais sur le confort du pêcheur. N’étant pas ingénieur je ne vais pas me lancer dans la théorie mais les angles correspondent à des fréquences sur les sondes. Pourquoi une fréquence de 200 khz est assortie d’un angle de cône de 20 °, je ne le sais pas. Pourquoi la 83 khz est de 60 °, idem mais ce que je sais c’est que 60 ° correspondent à peu près à diamètre du cône = profondeur. A titre d’ exemple avec une 60 ° à 5m j’éclaire un cercle de 5,7m de diamètre alors qu’avec une 20 ° je n’éclaire que 1,75m.
Les poissons, des échos courbes ?
Encore un mystère facile à résoudre et à expliquer. A pleine puissance, donc dans le centre du cône, l’écho d’un poisson apparaît large ou épais, s’il s’en éloigne l’écho s’amenuise car il y a moins de puissance sur les bords du cône, ceci explique déjà la forme en soucoupe. La forme cintrée vient du fait que lorsque le poisson arrive dans le cône il est toujours plus loin de la sonde que lorsqu’il est au centre du cône puis quand il ressort la distance augmente, on aura donc cette forme caractéristique de croissant
Les réglages, même pas peur.
Après toute cette théorie, un peu de pratique. Une fois le sondeur allumé et la sonde dans l’eau (les sondes peuvent griller à l’air si on les laisse allumées) on va dans un premier temps se poster sur une zone d’au minimum 5m de fond et on va régler la sensibilité de façon à obtenir un écran juste un peu sale. Ne vous affolez pas si l’ écran est sale même à sensibilité 1, ça arrive en cas de bloom de phytoplancton. Une fois ceci fait on va chercher quelques échos et bidouiller à nouveau la sensibilité et le contraste.
Ensuite, pour bien régler sa fréquence par rapport au poste pêché, on prend la 60 ° en eau peu profonde et en terrain plat, la 20 ° en plus profond et fond plat et la dual (les deux en même temps) dès qu’il y a déclivité car la 20° aura moins de zone aveugle.
Si on a de la chance et qu’on tombe sur un banc de perches en activité (des S se chevauchant) il serait intéressant dans l’ absolu d’affiner la fréquence chirpée si votre sondeur vous en laisse la possibilité. En vrai vous ferrez comme tout le monde, vous vous jetterez sur votre canne pour pêcher ces perches et les réglages, ben on verra une autre fois…
Si vous pêchez le silure et que vous cherchez le gros, faites en sorte que votre sondeur le fasse aussi, donc fréquence 83 Khz et sensibilité à 1.
Si vous pêchez le brochet en pélagique, sonde sur 83/200 et là aussi on descend en sensibilité pour ne voir que ce qui nous intéresse. En verticale, je passe en double écran avec un écran sonde 83 et un sonde 200 pour bien affiner.
Pour conclure
Soyez curieux, vous avez là toutes les infos suffisantes pour bien exploiter votre sondeur, il suffit de s’y mettre et de le bidouiller sans cesse pour le connaître par cœur. Un sondeur qu’on maîtrise c’est un sondeur efficace. J’ai pris l’habitude de bricoler tout ça lorsque je me rends sur le poste, ça passe le temps et ça permet quelquefois de belles découvertes.
Gardez la pêche.
Relire la page consacrée au sondeur: Sondeur les bases techniques
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