Peut être vous êtes vous posé un jour la question de savoir comment la truite surdensitaire que vous venez de prendre à la cuiller était elle née ?
J’ai eu la chance de visiter la pisciculture de Vermenoux, dépendant du LEGTA ( Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole) du Morvan où les étudiants en bac pro pisciculture procédaient à une fécondation des œufs de truites farios.
Embarquez avec moi pour ce miracle de la nature mais vu avec un œil plus technique que bucolique.
C’est par un après midi froid de fin novembre que j’ai été convié à un TP à la pisciculture de Vermenoux au pied de Chateau Chinon (58) sur le cours de l’ Yonne en compagnie des étudiants de troisième année de bac pro pisciculture. J’ai été accueilli par M. Nicolas Finance, responsable du site qui m’a laissé en compagnie de Rodolphe (que je côtoie à l’ AMC) pour un cours sur la reproduction des truites.
Ces grosses farios reproductrices sont conservées en bac séparé et bien nourries dans l’attente du moment où elles seront prêtes. Seules, elle ne pondront pas leurs œufs, elles ont besoin de la présence des mâles pour cela et c’est pourquoi le personnel teste les femelles en leur appuyant sur le ventre toute les semaines. Une fois qu’une a relâché des œufs, elle est apte à pondre et atterrit dans un autre bassin avec celles qui sont dans le même état. Une journée de fécondation est alors programmée avec les élèves avec un délai d’environ 7 jours.
Le jour de ma visite ce sont 22 truites femelles qui avaient été sélectionnées, pour les mâles la semence de 7 est largement suffisante.
Les truites sont pêchées à l’épuisette dans les bassins et emmenées à l’ écloserie où on pénètre après un passage obligé au pédiluve pour des raisons d’ hygiène.
Elle finissent dans un bac où une dose d’un anesthésiant les calme et évitera les blessures lors des manipulations.
Les mâles sont matures à deux ans et les femelles à 3 ans, chez les arc-en-ciels c’est 2 ans pour une femelle et un an seulement pour un mâle. Les femelles de farios vont pondre 3 fois, à trois ans, quatre ans et cinq ans puis partiront en transformation (filets de truites fumées, terrines) ou seront vendues aux AAPPMA en poissons trophées.
J’ai pu voir une mémère de près de 70 cm, je rêvais de la voir pendue à ma ligne !!!
C’est le mâle qui est « travaillé » en premier car son sperme peut se conserver assez longtemps s’il ne rencontre pas d’eau. Les poissons sont séchés dans des chiffons puis par un mouvement de pression sur le ventre on chasse la semence dans des récipients qui sont ensuite mélangés pour la diversité génétique.
Vient ensuite les femelles qui suivent le même protocole, on les fait pondre sur des passoires pour laisse s’écouler le liquide ovarien qui pourrait se contaminer et contaminer à son tour les ovules. Cette opération demande du calme et une gestuelle douce afin de ne pas casser les ovules car si cela se produit l ‘ovule brisée va libérer une substance qui va gêner la fécondation de toutes les autres ovules.
Les différentes couleurs des œufs viennent des teneurs en graisse, plus la truite est grosse et en forme plus elle donnera de beaux œufs oranges vifs.
Une fois égouttées les ovules sont mis dans de l’eau à laquelle on rajoute un dilueur qui va donner du temps supplémentaire pour effectuer les opérations de fécondation et faciliter aussi le boulot des spermatozoïdes.
A partir du moment où les ovules rentrent en contact avec l’eau ils deviennent fécondables.
Juste avant ce bain le sperme est déversé dans les bassines puis le tout est remué en transvasant plusieurs fois dans une autre bassine, plus besoin de plume d’oie.
Pour que la mesure fonctionne bien, l’eau doit être idéalement entre 8 et 12 °, à 13 ° mortalité et à 5° c’est la même chose.
Quelques minutes plus tard la nature a fait son œuvre et les ovules sont devenus des œufs fécondés, ils sont ensuite rincés pour éliminer les coques vides, le sang, d’autres déchets. A ce moment les œufs sont encore mous et supportent une manipulation, dans quelques heures ils auront grossis et durcis et il ne faudra plus les toucher avant que l’apparition de l’ œil de l’ alevin n’annonce que la naissance est proche.
Les œufs sont déposés ensuite sur des clayettes plastiques avec un fond en grille métallique. Différents systèmes existent où l’eau courante en circuit fermé les baignera tout le temps de la maturation.
Le gros soucis sanitaire de cette production est un champignon qui peut proliférer et détruire une couvée entière pour cela régulièrement des jeunes étudiants sont de corvée pour enlever les œufs devenus blancs dans les clayettes au moyen d’une pipette. On voyait le ravissement sur leur visage à nettoyer 25 clayettes….
Le lycée possède aussi des bouteilles d’incubation où les œufs maturent mais ce type d’appareil ne permet pas d’ôter les œufs morts uns à uns et il arrive qu’il faille jeter la totalité d’une bouteille. Quatre systèmes d’incubation différents sont en place afin que les étudiants puissent connaître toutes les méthodes.
Une fois la reproduction effectuée le local est entièrement désinfecté pour une prochaine séance. Pendant ce temps là, selon les degrés-jours, les fœtus vont se développer puis finiront par éclore et donner naissance à un alevin équipé de son sac vitellin mais ceci est une autre histoire !
Le lycée agricole du Morvan propose un bac pro aquaculture ainsi qu’un BTS, il est situé à Chateau Chinon dans la Nièvre. Si j’avais su ça quand j’étais jeune….
Visiter le site internet du Lycée Agricole de Chateau Chinon
Gardez la pêche.
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