Mort manié ?

AxelMM01012016-13Préparer ses montages, vérifier ses bas de lignes, mettre la goutte d’huile dans le galet du moulinet, c’est déjà être un peu au bord de l’eau, n’est-ce pas ?

Dans cette rubrique « un peu de bricolage », Je vais vous présenter et vous détailler aujourd’hui une monture un peu originale pour pêcher au mort manié.

En premier lieu, je tiens à préciser que je ne revendique aucune « invention » personnelle dans ce qui va être décrit ci-après, tout ayant déjà été plus ou moins imaginé (ou presque) depuis l’invention de la pêche … Cette monture est simplement le fruit d’une réflexion basée sur des idées pertinentes glanées ici et là, et de différentes expérimentations et essais pour en tirer le meilleur profit (je ne parle pas d’argent ici, bien sûr …)

 

La plupart des pêcheurs au mm utilisent une monture de type drachko. Elle est très simple à réaliser, très répandue, et plutôt efficace.

Mais néanmoins, lorsque l’on souhaite aller un peu plus loin, et que l’on est un peu perfectionniste, il est toujours possible et passionnant de modifier, et/ou d’améliorer, selon ses propres critères, ses montages.

Cette monture rassemble à elle seule de nombreuses idées et astuces :

-Eschage latéral, avec fixation du vif par agrafe
-Plombée fixe et modulable à volonté
-Montage coulissant des avançons, interchangeables facilement
-Parfaite également en animation verti-manié

La technique de pêche au mm consiste à imiter un petit poisson moribond, qui devra sembler une proie facile et irrésistible pour un carnassier affamé.
Vous avez sans doute déjà pu observer l’agonie d’un poisson : Il tend à se mettre sur le dos, présente le flanc, essaye de se redresser dans un dernier moment de lucidité …
La monture « Donzette », et surtout la InnovaPêche, que l’on peut trouver dans le commerce, s’inspirent de cette observation.

AxelMM01012016-12Le montage « latéral », c’est à dire avec le corps du poisson à plat, permet d’imiter à merveille ce mouvement désespéré. A la moindre sollicitation du poignet, le corps du poissonnet ondule, remonte, redescend en tournoyant sur lui-même. Grâce à la plombée fixe, le contrôle est parfait, et permet un maniement très planant, avec une animation lente et coulée. C’est encore plus probant avec une brèmette …

AxelMM01012016-14De plus, la position du ou des hameçon(s), disposé(s) du côté opposé au plomb, permet de limiter au maximum les accrochages, que ce soit dans un herbier, ou lorsque l’on pêche avec la monture sur le fond, à la limite de la tirette ou de la verticale. En effet, le vif se positionne toujours de la même façon sur un axe horizontal, avec les hameçons vers le haut, et vient reposer bien à plat sur le fond. Seul le plomb peut éventuellement se coincer dans un enrochement, et encore …

Le principe du montage des avançons coulissants est inspiré d’un article de Michel Tarragnat et Marc Tissot. Cette idée, mise au goût du jour par les leurres 3D Line thru trout (SavageGear) ou Nautilus (MegaBass), est vraiment intéressante à plus d’un titre.

D’une part, on peut “dégager” les hameçons à la mise en place du vif sur la monture, évitant ainsi de se piquer les doigts.

AxelMM01012016-16Ensuite, la plupart du temps, l’appât, en remontant le long de la ligne lors du combat, est éjecté de la gueule du prédateur, ce qui limite les décrochages intempestifs, et limite l’impact des dents du carnassier sur le vif (qui peut être le plus souvent réutilisé).

Pour finir, ce système facilite grandement le passage de la pince à hameçon lors d’un engamage un peu profond, la gueule du prédateur n’étant plus encombrée par le vif.

Par contre, l’inconvénient de ce dispositif est qu’il oblige l’utilisation d’un bas de ligne en fluorocarbone, une tresse acier risquant de tire-bouchonner rapidement en coulissant dans l’oeillet.

Mais il y un autre atout : En cas de coupe ou de casse (que celui à qui cela n’est jamais arrivé me jette la première pierre …), le carnassier « chanceux » pourra très facilement éjecter la monture, et pourra ensuite facilement se débarrasser de l’hameçon.

Concernant la fixation du vif à l’aide d’un système à agrafe, il est depuis longtemps employé par différentes montures à truite (Jauffret, Rudipontain …), par le système H2O (Joël Parcel), etc …
je le trouve plus simple et plus rapide à mettre en œuvre que le traditionnel fil de cuivre recuit, surtout en hiver, avec les doigts engourdis.

La réalisation de la monture :

Rien de compliqué dans ce qui va suivre, la réalisation d’une monture mort-manié est la portée de tout le monde, et ce avec un minimum d’outillage.

Vous aurez besoin de :

-Corde à piano diamètre 80/100ème (plus fin, c’est trop souple, et un diamètre plus important nécessite des outils vraiment adaptés …)
-Un peu de gaine thermo-rétractable, diam 2,00mm, avec un briquet
-L’outillage de rigueur (pinces plates, à bec rond, coupantes …)
-De quoi fabriquer ses avançons (tresse gainée, fortrex, sleeves, etc …)
-Hameçons triples et chevrotines fendues

AxelMM01012016-11/ Couper 20,00cm de corde à piano, former une petite boucle en laissant un brin de 4cm environ à 90°.

AxelMM01012016-22/ Former la boucle inférieure, à environ 1cm de la première. C’est la patte de fixation pour la plombée.

AxelMM01012016-33/ Former le corps de la monture, d’une longueur de 5,00cm. La règle vous permet de visualiser la dimension globale de la monture.

AxelMM01012016-4C’est maintenant qu’il faut enfiler 5cm de gaine thermorétractable

AxelMM01012016-54/ Positionner la gaine en prenant le brin restant, veillez à faire passer les deux brins du même côté.

AxelMM01012016-6Chauffer doucement la gaine à la flamme d’un briquet, afin de la rétreindre (veiller à ne pas la cramer en chauffant trop fort). C’est cette fixation qui assurera une bonne rigidité à l’ensemble, tout en conservant un peu d’élasticité, et permettra un maintien optimal du vif sur la monture.

AxelMM01012016-75/ Former l’agrafe, d’une longueur de 2,5cm, et couper l’excédent.

AxelMM01012016-86/ Le bas de ligne, ici en fluorocarbone 60/100, passe au travers de l’oeillet, et une agrafe d’émerillon N°4-1/2 vient en butée contre celui-ci (l’agrafe ne passe pas au travers), et sert de fixation pour les empiles.

AxelMM01012016-9Veillez à laisser un petit brin de 5mm sur le nœud. Il sera suffisamment rigide, une fois repassé dans l’oeillet, pour maintenir l’empile en place et limiter les mouvement intempestifs de celle-ci, et suffisamment souple pour se dégager facilement lors de l’engamage, et permettre le coulissement du bas de ligne.

AxelMM01012016-10Il ne reste plus qu’à pincer sur la patte prévue à cet effet une chevrotine adaptée aux conditions de pêche du jour (taille du vif, profondeur, courant, etc …), et à fixer une empile (ou deux…) sur l’agrafe.

AxelMM01012016-11Enfoncer bien à fond la monture dans la bouche du vif, en laissant l’agrafe de côté, puis piquer celle ci dans le dos du poissonnet, en la tendant au maximum . Rien ne doit bouger. Il faut veiller à ce que l’agrafe de fixation soit plantée dans le dos derrière la tête, et non dans celle-ci, car sinon, au premier choc, l’os du crâne éclatera, libérant le vif …

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Un des principes fondamentaux de la pêche au mm, c’est la simplicité et le coût de revient d’une monture.
Ici, rien de compliqué, et pas de système de plombée tarabiscoté et onéreux.
La taille de cette monture se veut assez universelle. Elle permet la mise en place de poissons dont la taille se situe entre 8/10cm et 15/16cm, ce qui convient dans la plus grande majorité des cas.
Le dispositif d’agrafe/butée permet de moduler simplement et aisément ses empiles en fonction de la taille de ses vifs et des conditions de pêche, sans avoir à changer de monture.

AxelMM01012016-15Pour des poissonnets plus petits, il faudra sans doute adapter le gabarit, et pour des appâts plus gros, je ne suis pas sûr que le système à agrafe soit le plus approprié, le poids intrinsèque du vif risquant de le déformer au lancer. De plus, la plupart des cannes au manié seront dépassées en puissance, et pêcher avec d’aussi gros vifs n’est pas très plaisant à la longue.

AB


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