De retour d’Hispanie, avec Naceira et l’ami Olivier, où rien ne se sera passé comme espéré …
Méquinenza, revendiquée comme capitale européenne de la pêche, n’aura pas pu tenir son rang durant cette semaine.
Les circonstances, sans doute dues à des conditions météorologiques encore jamais vues en cette saison, ont entraîné une suite de conséquences peu favorables à l’exercice de la pêche.
Mais avant toute chose, je souhaite préciser un point :
Niveau météo, ce que nous avons subi durant notre séjour en Espagne n’est en rien comparable avec la catastrophe de Valence, et il ne s’agirait pas de se plaindre outre-mesure.
Sachons relativiser notre insignifiant désappointement, et apporter tout notre soutien et compassion à nos amis espagnols, qui ont subi une catastrophe dévastatrice et dramatique durant notre semaine de vacances.
Petit rappel géographique :
Méquinenza est une petite ville de 2300 habitants, situé au bord de la rivière Sègre, au pied du barrage du lac Caspe, à la confluence avec la rivière Ebre (Rio Ebro).
L’eau du Segre et de l’Ebre (sortie du barrage du lac Caspe) se joignent à Méquinenza pour former le lac de Riba-Roja, dont le barrage se situe 35 km en aval.
Lorsque l’on entend parler du lac de Méquinenza, il faut donc comprendre qu’il y a deux lacs en cascade.
Le lac Caspe (amont), d’une longueur de 120 km, et le lac Riba-Roja (aval), d’une longueur de 35 km.
Image Via-Michelin
Une bonne partie de l’économie de la région est liée au tourisme halieutique, et la ville ne désempli pas de pêcheurs de toutes nationalités tout au long de l’année.
Ici, pas de fermeture, pas de réserves, pas de taille de prélèvement, pas de quotas.
Tout au plus, il existe une interdiction de la pêche au vif ou à la traîne, mais je n’ai pas franchement l’impression que quiconque s’en soucie, au vu mes observations.
Organisation du séjour :
N’ayant jamais posé mes valises dans cette région auparavant, et après consultation auprès de mes deux équipiers, nous avons opté, pour ce premier séjour à Méquinenza, pour une offre « clef en main », avec guidage quotidien.
Après recherches, comparatifs, avis, etc…, ce sera l’agence OCP (Chasse/Pêche) qui retiendra notre attention concernant la logistique locale.
Les tarifs sont corrects, l’offre proposée correspond à notre demande, les contacts téléphoniques sont pertinents et agréables.
A titre informatif, pour ceux qui souhaiteraient s’organiser un séjour à Méquinenza, le coût (tout compris) pour ce voyage s’est élevé 1200.00 euros par personne (base 3 pêcheurs 6 nuits), incluant carburant/péages, les repas au restaurant tous les soirs, les panier repas de midi, les petits déjeuners, l’hébergement 6 nuits, plus le guidage 5 jours de pêche (avec bateau, permis de pêche, prêt de matériel éventuel)
Nous aurons le plaisir d’être accompagné pendant notre séjour par Gilles Vidal, un vrai personnage, truculent et sympathique, et surtout fin pêcheur.
Gilles baigne dans le monde de la pêche depuis plus de 50 ans, et connaît parfaitement les lacs et rivières environnants.
Partis dans la nuit de vendredi à samedi, et après un voyage sans désagréments, nous abordons en fin d’après-midi la frontière espagnole sous un ciel couvert.
Cela ne fera qu’empirer tout au long de la route en Espagne, et nous arriverons sous une forte pluie à Méquinenza.
Voilà à quoi ressemble la rivière Segre à notre arrivée : Un torrent de boue, charriant tous les embâcles imaginables.
De plus, Gilles nous annonce que le niveau de ce lac a été subitement abaissé ces derniers jours, certainement en prévision des futures précipitations annoncées.
Cela n’augure rien de bon …
Sans compter que ce plan d’eau fera du yoyo pendant la semaine, puisqu’il reprendra presque 1.00m en milieu de semaine.
Néanmoins, nous prenons possession de notre petit appartement situé au bord de l’eau.
Résidence bien connue des nombreux pêcheurs habitués de la région.
Vue depuis la coursive
L’appartement que nous a réservé Gilles pour la semaine : Vue depuis la porte d’entrée
Le coin cuisine (qui ne va être utilisé que pour les petits déjeuners)
Une des deux chambres : C’est propre et fonctionnel.
Nous profitons également de cette fin d’après midi pour effectuer quelque repérages.
Le barrage du lac Caspe est quasiment à son niveau maximal (plus de 90% de taux de remplissage). Ça aussi, c’est du jamais vu en cette saison.
Pour rappel, en novembre 2023, il était à -15 m, est en automne 2022, à -25 m !!!
Sans compter qu’il va monter de quinze à vingt centimètres par jour. imaginez la quantité d’eau qui se déverse dans ce réservoir de 7000.00 hectares. C’est vraiment exceptionnel.
Notre premier jour de pêche est pour demain, et on y croit …
La météo pour les prochains jours s’annonce mitigée, et les sites consultés ne sont pas tous d’accord entre eux.
Ce sera donc habits de pluie de rigueur. Et dire que nous qui venions chercher le soleil !!!
Du fait de l’état de la rivière Segre, il est convenu avec Gilles que nous allons pêcher en priorité le barrage de Caspe.
La cale de mise à l’eau située juste au dessus du barrage. Gilles prépare le bateau.
D’une manière assez étrange, ce grand plan d’eau, s’étalant sur 120 km de longueur, n’est pourvu que de trois cales de mise à l’eau « officielles » (si l’on retire les accès par des chemins seulement connus par les locaux …).
La prochaine cale, en amont, est Mas de la Punta, distante de 35 km.
Et c’est parti, sous la pluie …
Le bateau de Gilles est un RANGER 165 VS, propulsé par un moteur de 115cv.
Il est équipé de toute l’électronique dernier cri : MinnKota Ultrex, Sondeur Lowrance 12″, LiveScope avec sonde motorisée.
115 cv, ça drope !!!
Nous allons commencer par la prospection de quelques anses et bras, à la recherche des perches.
En effet, Gilles nous l’annonce tout de suite : Les sandres sont aux abonnés absents depuis plusieurs semaines, et les beaux black-bass quasi imprenables.
Et pourtant, on fera tout ce qui est possible afin de réussir à capturer quelques spécimens, mais en vain.
Nous allons rencontrer, durant ce séjour, d’autres pêcheurs, eux aussi confrontés à cette problématique.
Entre les spécialistes du blackBass qui arrivent péniblement à rentrer un à deux poissons par jour, et les purs verticaliers, obligés de se convertir au drop ver de terre, la situation est compliquée.
D’autant que les poissons sont regroupés sur des zones extrêmement réduites et très localisées. Si tu te loupes de 10 m, tu passes complètement à côté.
De plus, les poissons ne semblent réactifs qu’au jig et au ver de terre. Pas moyen d’en faire réagir un seul à la lame ou au leurre souple, sauf lors de quelques rares périodes de chasse dans les bancs d’ablettes, fort nombreuses sur ce lac.
Un petit rayon de soleil entre deux averses …
Lorsque Gilles t’explique comment prendre une jolie perche au jig, on écoute attentivement les conseils du maître …
Et on essaie de faire aussi bien …
Le lac de Caspe regorge de jolies perches, et nous allons en capturer un nombre conséquent, de toutes tailles.
Il faudra néanmoins se rendre à l’évidence : Durant cette semaine, le ver de terre en drop shot fera toute la différence.
Les poissons sont dodus comme des ballons de rugby.
Sur notre demande, Gilles va également nous guider vers des coins qu’il sait habités par de nombreux black-bass.
Mais malgré tous nos efforts, seuls de petits spécimens (et fort nombreux) se laisseront berner par nos leurres. On remarque bien que de jolis poissons,curieux, surgissent des profondeurs lorsqu’un petit black se débat au bout de notre ligne, mais malgré toutes les astuces envisagées (montages de teasers, double drop shot, etc…), pas moyen d’en appâter un.
Les petits black réagissent très bien aux leurres souples et aux poppers. il sera plus compliqué d’en prendre quelques-uns au cranck ou au spinner-bait
Et toujours la pluie qui nous accompagne pour ces deux premiers jours de pêche.
De retour le soir, c’est atelier séchage.
La cale de mise à l’eau du Mas de la Punta, située 35 km plus en amont de Méquinenza, en face du vieux monastère abandonné. Ce sera notre point de départ pour les deux jours suivant …
Je fais remarquer à Gilles qu’il n’y a pas grand monde sur la mise à l’eau.
Ce n’est pas une situation normale. De nombreux pêcheurs ont déserté la destination ou annulé leur séjour, du fait de la pêche peu prolifique actuellement, et des conditions météo peu encourageantes.
Cela se ressent également le soir : Les commerces sont vides, les restaurants déserts … on sent bien que la situation est un peu tendue.
La météo va être un peu plus clémente. La petite pause repas de midi se prépare sous un timide rayon de soleil.
Et c’est reparti …
Les jolies perches espagnoles !!!
Ce sera le seul sandre de la session, pris au crankbait dans les bordures en cherchant les blackbass.
Remarquez la couleur étrange, et le fait qu’il soit vraiment très maigre par rapport à sa taille.
Malgré les conditions, nous savons garder notre bonne humeur … Ça chambre pas mal sur le bateau !!!
Pour le dernier jour de pêche, nous demandons à Gilles d’essayer le lac aval, c’est à dire le barrage de Riba-Roja, dont le niveau semble s’être stabilisé.
Gilles n’est pas vraiment convaincu de ce choix, mais après tout, pourquoi pas …
Il faut dire qu’outre le fait de la partie purement halieutique, nous souhaitons également profiter de ce voyage pour faire un peu de découverte et de repérage, afin de, pourquoi pas, envisager un prochain séjour ici.
Comme pour le barrage de Caspe, il y très peu de cales de mise à l’eau sur ce lac (hormis les quelques camps de pêches privés qui jalonnent les berges)
Il y en a deux à Mequinenza (dont une payante avec un monnayeur à pièce !!!), et une à Fayon, 35 km plus bas.
Remarquez la couleur de l’eau … Nous sommes à environ 10km en aval de Méquineneza.
Nous allons gratter au leurre souple, mais en vain …
Un orage s’annonce … Vite s’habiller en conséquence.
Une averse diluvienne s’abat soudain sur nous, telle la punition divine. Le tout accompagné d’éclairs et de coups de tonnerre violents.
Gilles prend rapidement la décision de foncer nous mettre à l’abri sous la structure en béton d’une station de pompage.
Nous allons rester coincés la dessous pendant plus de deux heures …
Profitant d’une accalmie (de faible durée), nous prenons la décision de rentrer au port, juste avant de se reprendre une seconde averse torrentielle en remontant le bateau.
C’est plié, et, un peu désappointés, il est convenu de libérer Gilles de ses obligations de guidage.
Nous décidons de repartir en France dans la foulée, alors que notre retour était prévu pour le lendemain matin.
Tout le matériel, complètement trempé, est chargé rapidement dans la voiture, et nous voilà parti pour 1300 km, avec une odeur de chien mouillé qui va nous accompagner durant tout le trajet.
Alors, que retenir de ce voyage à Méquinenza ?
Les points qui m’ont un peu déplu :
- Le « sur »tourisme pêche de la région : C’est un poil « trop », à mon goût.
- Le fait que de nombreux pêcheurs ne respectent pas la réglementation. Pour exemple, tous les matins, les gars venaient au pied de notre immeuble remplir des pleins seaux de vifs à l’aide de carrelets, au su et vu de tout le monde. Et ce n’était sûrement pas pour faire une friture à midi …
- En corollaire, peu de contrôles …
Par contre, le potentiel pêche de ces lacs est phénoménal. C’est juste dommage d’être mal tombé, certainement au pire moment. Difficile de prévoir à l’avance, n’est-ce pas ?
Nous étions venu pour les Black-bass et les sandres, il a fallut, bon gré mal gré, se contenter de perches, certes assez jolies.
Malgré la petite déception concernant ce séjour en particulier, on y retournera, c’est sûr.
Gilles, merci à toi pour ton abnégation et ta bonne humeur. Avoir pris à ton bord une belle bande de zozos de notre calibre, …!!!
Tu n’as pas ménagé tes efforts pour nous faire partager ton expérience et tes coins de pêche.
Nous, on s’est bien marré, et nous avons apprécié d’être en ta compagnie pour ces quelques jours de pêche et de franche rigolade.
AB