Communiqué du GN CarLA, texte et images GN CarLA.
Dès la publication de la composition de l’Equipe de France, la pression est montée d’un coup et les compétiteurs qui l’ ont composé sont de suite partis à la « pêche aux informations » sur la qualité piscicole du Lac de la BRENA (province de Cordoba en Andalousie » , les informations glanées çà et là par Sylvain Garza en particulier nous ont permis de nous faire une idée sur ce splendide Lac. Durant tout l’hiver chaque membre de notre sélection a tenté de récupérer un maximum d’infos, sur les compétitions passées organisées sur ce lac ces dernières années, sur le poids moyen des prises, sur les techniques et les différentes zones porteuses de succès etc etc ….
Je dois bien vous le concéder les informations sur la pêche furent plus faciles à obtenir que celles concernant l’organisation. Mais à force de patience et de persévérance nous avons réussi extrémis à nous inscrire et à obtenir à peu près tous les renseignements nécessaires au bon déroulement de notre séjour. Car organiser la vie d’une équipe sur un championnat du monde nécessite un minimum de travail en amont pour décharger nos compétiteurs des soucis inhérent à la vie de tous les jours, et leur permettre de se consacrer pleinement à la stratégie pêche et à la préparation du matériel.
Apres 15 heures de route nous retrouvons tous notre camp de base, situé à 5 minutes du lac .
Le mardi sera consacré à la récupération, a une reconnaissance succincte du lac et à la préparation de notre approche stratégique menée de main de maitre par le capitaine Laurent Poulain et Sylvain Legendre. C’est avec calme et détermination que notre plan de bataille fut élaboré et chaque bateau se voit confier une partie du Lac à explorer chaque jour du préfishing officiel. Le soir le Capitaine Laurent Poulain accompagné du manager Fred Marre et de Sylvain Garza ont assisté à la réunion des officiels afin de recueillir les dernières informations nécessaires à notre participation à ces 9emes championnats du Monde BASS.
Recit des trois jours de compétition par Sylvain Garza.
JOUR 1
En ce vendredi matin, le petit déjeuner à saveur différente, tout le monde s’alimente tranquillement mais une petite boule au ventre accompagne chacune de nos gorgées de café. Dans quelques heures les choses sérieuses commencent. Fred, en bon coach nous galvanise lors d’une petite causerie, histoire de ne pas oublier le chemin parcouru et se montrer à la hauteur de nos ambitions : une médaille. Les regards sont sereins, pas d’excès de confiance, pas d’euphorie, chacun se remémore les gestes de la compétition, du ferrage au vivier, tout devra toujours être exécuté avec maitrise et simplicité. Le départ approche, chacun a définit son poste de départ et sa stratégie pour la première heure de pêche, ensuite, ce sera l’observation qui dictera la suite…
Laurent et Tristan Poulain sont en première vague, ils vont faire cap sur une pointe très marquée et toute proche du barrage, face au plein lac elle est souvent brassée et a toujours produit de beaux bass aux entrainements. Sylvain Legendre et Gael Even, seconde vague, font cap sur la zone des îles et des nombreuses pointe qui se trouve à la jonction des deux bras du lac. Une zone qui produit toujours des poissons, meme lorsque c’est difficile, une valeur sure. Sylvain Garza et Mickaël Weill, derniers à partir, vont attaquer l’entrée de la baie 1, la plus proche du départ, avec un gros topwater. D’experience nous savons que c’est une option certes ambitieuse mais souvent récompensée, nous sommes tous convaincu que les premières heures sont celles ou il faut essayer de prendre au moins 1 ou 2 gros poissons, ils sont plus actifs. En topwater ce sera poussif mais finalement après 1h30 de compétition, le gros stickait (un Illex Bowstick 130) a produit un quota à 4,5kg pour la paire Garza / Weill, tandis que les deux autre équipes ont seulement un quota de petit poisson autour des 3,5kg. L’heure a tourné et le soleil va bientôt monter haut dans le ciel. C’est de Tristan Poulain qu’une bonne nouvelle arrive dans nos Talkies Walkies, en pêchant sur un dôme boisé, au large d’une petit île, il vient de rentrer deux gros bass, 45 et 49cm, au Senko (Gary Yamamoto), en « dead sticking », une technique qui consiste à laisser couler tranquillement et librement le leurre souple dans la couche d’eau, sans meme l’animer. Ce sont les poissons qui viennent l’intercepter ou le ramasser sur le fond. Une technique dont Sylvain Garza c’est fait une spécialité qu’il n’a pas manqué de montrer a Tristan durant l’entrainement et qui paye! Tandis que Laurent et Tristan entament la prospection de la petite île voisine, Sylvain et Mickaël prennent le fameux poste de Tristan et rentrent un nouveau beau poisson (1,2kg), exactement de la même façon; un vrai travail d’équipe qui gonfle leur vivier juste sous la barre des 5kg. De leur coté Sylvain et Gael « galèrent” un petit peu, les poissons de 800g s’enchainent mais leur vivier plafonne et les heures passent… Nous sommes un peu anxieux mais après tout, nous avons une énorme confiance en eux, s’il y a bien une équipe qui ne s’affolera pas c’est la paire Legendre / Even. Vers la mi manche le Talkie Walkie nous annonce la bonne nouvelle : Sylvain Legendre a réussit à extirper un bass de 2kg au Heavy Texan avec un Berkley Power Worm de 7inch. C’est bien rare d’être aussi content d’entendre la capture d’un beau poisson par une autre personne que soi même ou son propre coéquipier ! Les joies de la compétition en équipe apportent une dimension vraiment sympathique a cet événement.
Nous sommes maintenant tous avec des viviers au delà des 5kg, il reste environ 3h de pêche, généralement c’est un moment de faible activité ou les poissons semblent s’enfoncer dans la couche d’eau (entre 6 et 12m). 3 techniques se dégagent alors : Le Senko, le Drop Shot, Le plomb palette. Notre stratégie est d’insister sans relâche car de temps a autre, c’est un poisson de 850 a 1,2kg qui se laisse leurrer et qui vient remplacer l’un des 800g dans notre vivier. Ce sera le cas au Senko pour les deux équipes Garza / Weill et Legendre / Even, tandis que les Poulains, fidèles à leur réputation, vont surtout y parvenir au plomb palette. Le premier jour touche à sa fin, et il ressemble à ce que nous avions envisagé : Une pêche compliquée sans véritable technique dominante. Il faut cumuler les captures à l’aide de nos 4 ou 5 techniques phares et parfois se risquer à une technique plus aléatoire, comme le Topwater ou le Heavy Texan pour rentrer un plus gros poisson. Malheureusement, le vent, qui nous avait permis de trouver 2 leurres faisant la différence : Spinnerbait noir et au Flat Shad Snagless (Sébile) lors des entrainement, a complètement disparu.
L’heure de la pesée a sonnée, le moment est grisant, il y a vraiment du bruit et de l’ambiance, des dizaines de spectateurs espagnols assistent au défilé des compétiteurs qui présentent leur sac de bass avant d’immortaliser leurs captures par quelques photos. Le speaker annonce beaucoup de poids entre 4 à 5.5 kg.
Voici les notres : Legendre / Even : 6,6kg; Poulain / Poulain 6,1kg; Garza / Weill 5,2kg.
Nous sommes respectivement 4, 6 et 16emes sur 33 bateaux. Nous prenons la 3ème place, derrière les Sud Affricains, solides seconds, et les Russes qui ont tout simplement survolée la pesée, ils ont pris les trois premières places avec des pesées autour des 8kg. C’est a dire un moyenne de bass à 1,6kg (en taille cela correspond à des poissons de 45/50cm). Ce résultat nous laisse pantois, impossible de deviner leur technique nous ne les voyons jamais … Nous les percevons un peu comme des fantômes qui ne semblent pas pêcher au meme endroit que nous … Perplexes, nous rentrons à l’hotel.
JOUR 2
Pour cette seconde journée de compétition, les trois memes équipes sont sur la grille de départ. La paire de remplaçant : Laupin / Menteur quand à elle patiente dans un rôle frustrant mais très enrichissant : Celui de Juge. Frederic Laupin est sur le bateau des meilleurs espagnols tandis que David Menteur est avec les meilleurs Mexicains. Evidemment nous ne pouvons communiquer avec eux en direct, mais le soir ils peuvent nous raconter comment agissent nos concurrents. Il se dégage de leur observation que c’est le Heavy Texan, une technique qui consiste à coupler un leurre souple (généralement un écrevisse ou un worm) à un lest balle plutôt lourd (20 à 30g). Il faut ensuite pêcher au coeur des arbres, meme les plus impénétrables, pour espérer y extirper un beau poisson à l’aide d’un corps de ligne ultra résistant : 65lbs.
C’est en effet ainsi que Sylvain Legendre a pris notre plus beau poisson lors du Jour 1. Avec son équipier Gael ils décident donc d’insister beaucoup plus aujourd’hui en Heavy Texan et Heavy Jig. Pour la paire Poulain / Poulain, c’est Tristan qui va se charger du Heavy Texan tandis que Laurent alternera drop shot et plomb palette pour assurer sur les poissons de 800g. Sylvain Garza et Mickaël Weill décident de plus ou moins reproduire le meme schéma que lors du premier. Topwater d’entrée durant 1h, Et ensuite Drop Shot et Senko mais avec au moins un des deux pêcheurs qui utilisera régulièrement le Heavy Texan depuis l’arrière du bateau.
En ce second jour, évidement la pêche ne peut être que plus compliquée, cela fait maintenant 4 jours que les black bass sont ultra sollicités par 33 équipages, les conditions météos annoncent un vent inexistant et un grand soleil… bref toutes les conditions sont réunies pour une journée sans véritable activité des bass. A la mi-manche nous ne pouvons que confirmer cela : Laurent et Tristan et Sylvain et Gael ne parviennent pas a extirper les gros poissons du cover. Les touches ne manquent pas mais presque à chaque fois le bass reste coincé dans les arbres, s’en suit une casse ou un décroché … C’est usant pour le matériel et pour le mental ! Sylvain et Gael persévèrent depuis le matin mais c’est maigre, Ils ont perdu un 2kg tout près du bateau, et Gael en a même cassé l’une de ces cannes a force de tirer sur les poissons pour les extraire !
Tristan Poulain quand à lui a réussi à remonter un beau bass de 43cm avec un Power Worm de 10 inch ! Mais c’est le seul poisson correct et leur vivier frise les 4,5 kg grâce aux autres poissons glanés au Senko et Plomb Palette par Laurent. Sylvain et Mickaël ont rentré un quota à 4kg en Topwater durant la première heure, mais avec aucun vrai beau bass, seulement un poisson de 900g sort un petit peu du lot. Dans l’après midi, après de nombreux échecs en Heavy Texan, ils choisissent de se re-concentrer uniquement sur leurs points forts : Sylvain passe au Senko, Mickaël au Drop Shot et en fonction du poste c’est l’un ou l’autre qui enchaine les poissons. A force de trier dans un grand nombre de captures, Sylvain a pris deux bass autour d’1kg. Puis en fin de manche, C’est Mickaël qui détecte une belle boule de poisson profond au bas d’une pointe et qui se met à les enchainer comme il sait si bien le faire, le Drop Shot avec un Ishad 3’8 coloris Ayu est vraiment son arme de prédilection. Il finit par remonter au bateau un nouveau poisson qui passe les 1kg après une belle série de poissons au delà des 850g. Nous choisissons alors d’appeler Sylvain et Gael qui ont encore des poissons autour des 800g afin qu’ils améliorent leur pesée sur ce poste qui semble regorger de poissons un poil plus gros. En effet ils vont rapidement grappiller quelques précieux grammes, mais rien qui ne leur permette de bien remonter au classement. Cette journée a vraiment été compliqué pour l’équipe de France. Aucun vrai beau bass n’a bien voulu se rendre jusqu’à nos viviers. C’est Sylvain Garza et Mickaël Weill qui s’en sortent le mieux avec 4,8kg, ils sont 16èmes, Laurent et Tristan Poulain ont 4,4kg et se classent 22èmes, Pour Sylvain Legendre et Gael Even, cette journée compliquée n’a rapporté que 4,1kg et une 26ème place. Nous sommes parmi les plus mauvaises nations en ce second jour, mais nous ne concédons qu’une place au classement général. Nous voila donc 4èmes; l’écart c’est resserré, les Portugais nous on dépassé et les espagnols nous ont bien rattrapé. Devant, La Russie survole toujours devant de solides Sud Africains qui placent toujours au moins 2 équipes parmis les meilleures pêches. La régularité des Russes est impressionnante, ils continuent à passer les 7kg de moyenne.
Le soir venu nos remplaçants Frederic et David sont parvenus à glaner des informations intéressantes : Ils ont pu observer les Russes à la jumelle, ils semblent pêcher très au large, sur des postes immergés, avec certainement des poissons suspendus dessus. Nous pensons qu’ils utilisent plutôt des leurres durs. En réalité ce sont des Cranckbaits et des Spinnerbaits, mais nous ne pouvions en être certain à ce moment là, et nous ne pouvions pas non plus nous résoudre à imiter leur technique car elle suppose un grand travail de reconnaissance pour identifier ces postes invisibles. Sans une parfaite connaissance de la topographie des fonds et en ignorant les meilleurs leurres a utiliser, c’était peine perdue.
Frederic et David ont également pu observer les zones ou Mexicains et Espagnols sont parvenus à extirper plusieurs gros bass en Heavy Texan. Notamment l’équipage Mexicain qui c’est classé second de cette seconde manche en sortant 8kg sous les yeux de David. Ils ont identifiés un type de cover et une façon de l’aborder : Fort de cette expérience, ils tenterons leur chance lors du troisième jour en lieu et place de l’équipe Garza / Weill qui leur cède la place.
JOUR 3
L’objectif est dans toutes les têtes : Il faut aller chercher la 3ème place ! Frederic Laupin et David Menteur sont les premiers à partir et s’engagent dans une bataille sur les meilleurs postes des Espagnols et Mexicains avec qui ils ont passés les précédentes journées. Leur journée est simple a résumer : Lentement mais surement ils vont extirper de beaux Bass des arbres en Heavy Texan à l’aide d’écrevisses (achetée en urgence par Frederic Marre, le coach envoyé en mission à Cordobà) et de balles texan 21g (Illex Tungsten Bullet). Avec 2 beaux poissons de plus de 1,5kg et 3 autres corrects autour du kilo ils sont en confiance jusqu’a la pesée du soir.
De leur coté Sylvain Legendre et Gael Even connaissent encore une journée compliquée, la plus difficile selon leur ressenti. Les conditions n’ont pas changées, grand soleil, aucun vent et toujours 66 pécheurs chevronnés en action de pêche! Ils vont assurer un vivier autour des 4kg en insistant au drop shot profond au large des pointes et profiter d’un bref moment d’activité pour capturer un bass correct au stickait. L’une des forces de l’équipe de France aura été sa capacité à toujours être capable de rapidement se mettre a l’abri avec au moins un quota de poisson de 800g. Ce n’était pas le cas de tout les équipages, beaucoup se « trouaient » parfois avec 1,2 ou 3 poissons en dessous des 700g. Plutôt handicapant meme en capturant 2 beaux sujets par manche ! Ce fut le cas des Italiens, des Allemands, parfois des Espagnols; ou plus flagrant, des Mexicains : Capables de sortir deux bass de 2kg et ensuite chuter avec 3 poissons de seulement 500g pour compléter le sac.
Pour Laurent et Tristan Poulain, ce troisième jour sera celui de la réconciliation avec la réussite. En effet, Laurent dans un combat pourtant mal engagé, parvient à extirper un gros bass de 50cm avec sa canne plomb palette ! Après tout les gros que nous avions tous perdus tour à tour équipés de cannes ultra puissante, c’était un juste de retour des choses! Bien orchestré, il est vrai, par la dextérité de Laurent (pour l’anecdote, Laurent avait auparavant dans la compétition capturé un brochet du mètre du coeur d’une foret avec son ensemble plomb palette). La suite de leur pesée sera assurée par Tristan, bien inspiré de sortir un gros stickait (un Bowstick, identique à celui utilisé par Sylvain Garza) sur une zone ou quelques beaux bass semblaient actifs à plus de 30m de la bordure. 4 poissons autour d’1kg s’ajoutent à leur vivier et remplacent ceux de 800g précédemment capturés.
Au bord, Frederic Marre et les remplaçant accueillent la nouvelle par talkie walkie avec soulagement car les informations qui filtrent des différentes nations annonce une journée compliquée. Et cela se confirmera le soir pour la pesée finale : Les français sont second de cette journée, nos équipes sont respectivement 8, 9 et 22èmes. La première place, comme d’habitude : Russe.
A ce moment là nous ne savons pas que cette performance est synonyme de médaille, les Sud Africains semblent avoir fait le boulot et seront intouchables c’est certain. Avec le Portugal ce sera très chaud et la pesée de deux équipes espagnoles au delà des 6,5kg dans une ambiance incroyable ne nous rassure guère ! Ce ne sera que le soir venu, alors que nous nous préparons pour le diner de gala que la nouvelle arrive de source sure … Nous sommes médaillés de Bronze ! La joie éclate ! Nous nous rendons avec une grande fierté à la remise de notre prix, l’occasion également de féliciter les champions Russes et Sud Africains puis de savourer notre performance au son de notre hymne. Un souvenir inoubliable pour chacun des membres de notre groupe. De l’avis de chacun ce fut une performance d’équipe, tant la solidarité, la confiance et le partage nous avait animés depuis la constitution de notre groupe.
Voici les impressions du capitaine Laurent Poulain à l’issue de cette compétition: