Il reste encore dans la mémoire collective une légende concernant le temps à prendre avant de ferrer au vif : Le temps de se rouler une cigarette… Et certains portent cette affirmation à son paroxysme puisqu’ils attendent au moins le temps de la fumer en plus, réduisant ainsi à néant toute chance pour le brochet de survivre.
C’est pourquoi la pêche au vif a tellement mauvaise réputation, à cause de ce ferrage retardé des jeunes brochets sont sacrifiés et finissent ventre en l’air dans l’eau. Pourtant ceci n’est pas une fatalité et bien que des accidents soient possibles, tout autant qu’au leurre, on peut pêcher au vif en ferrant de façon à ce que les hameçons se piquent dans la gueule.
Voyons quelques méthodes qui ont fait leur preuve. Commençons par un constat simple, la taille des hameçons.
Sous le prétexte d’un meilleur ferrage la mode actuelle est aux gros hameçons. Si au leurre dur la taille de l’hameçon est déterminée pour être plus large que le corps du leurre, au souple rien ne justifie cela. Par effet de mimétisme on voit des pêcheurs au vif armer un pauvre gardon de 10/12 cm avec des triples en taille 2 ou 1 voir en 1/0. Non un vif n’est pas un leurre et pour cette taille un numéro 4 est largement suffisant on peut même descendre avec un triple de 6 en bout et un simple en taille 4 pour lui clouer la gueule.
Pourquoi descendre en taille, tout simplement pour minimiser la blessure, et rassurez-vous un brochet d’un mètre n’ouvrira pas un triple de 4 plus facilement qu’un numéro 1.
Pour minimiser le temps entre la touche et le ferrage il faudra prendre en compte plusieurs facteurs :
Le poisson
Le brochet est une grosse brute qui tue en gardant le vif en gueule et l’ avale quelques secondes après. La touche est généralement très franche et les anciens ferraient lorsque le bouchon plongeait sans remonter. Ils péchaient à un triple en gueule de vif et ce temps était nécessaire à ce que le brochet engame totalement le vif. l’un de mes premiers brochet au vif m’ a pris le vif par le travers et lorsque j’ai monté ma ligne j’ai pu voir qu’il tenait ma perchette par le côté et que le triple piqué en gueule pendait hors de la sienne, donc un ferrage n’aurait servit à rien. C’est pourquoi avec un triple planté sur le dos ou un montage à deux hameçons on peut ferrer immédiatement, avec un seul triple en gueule de vif il faut attendre.
Le sandre prend le vif, le tue avec ses canines, le relâche puis l’engame ensuite. Il aime bien ramasser sur le fond une proie qu’il vient de tuer et la gobe d’un coup, donc évitez le montage décollé au bouchon et ferrez lorsque le fil part.
La perche va affoler votre vif et selon sa taille elle va devoir le retourner pour l’avaler tout en l’ ayant mâché un peu avant histoire de le tuer. La touche au bouchon se résume à plusieurs plongeons de l’ antenne suivi du bon avec le fil qui part.
Bien entendu ce sont des généralités et il arrive que ces poissons changent totalement de façon de faire, en zone de courant par exemple la touche est souvent très franche du premier coup.
Le montage
Pour le sandre plombée légère (7 à 14g) avec bas de ligne d’un mètre puis vif cloué par le bec au moyen d’un hameçon simple en taille 4 à 2.
Pour la perche, si plombée, bas de ligne plus court (50 cm) si bouchon, utilisez un waggler avec un hameçon adapté à la taille du vif et ferrez à la touche mais n’attendez pas trop car une perche peut vite gober en cas de concurrence alimentaire avec d’autres congénères du banc.
Pour le brochet soit un montage hyper simple avec un triple qu’on piquera juste avant la dorsale (éviter le rotengle qui emmêle les lignes avec ce montage) pour l’équilibre du vif en nage, soit un montage à deux triples ou un simple et un triple, l’important étant qu’un triple doit être positionné sur le dos ou le flanc, personnellement c’est sur le dos et juste à la fin de la nageoire dorsale.
les techniques
Prenons l’exemple d’une pêche en plombée au sandre. Il faut pour ce poisson utiliser un bas de ligne long, ce bas de ligne mettra plus de temps à transmettre la touche qu’un court mais ça se joue en une ou deux secondes, c’est pourquoi son usage avec un ferrage immédiat à la touche m’a toujours permis de piquer les sandres par la gueule et tant pis si j’en ai loupé quelques-uns.
Au bouchon à la perche il est souvent nécessaire de laisser mordre durant 3 secondes, pas plus. Si vous loupez le poisson c’est que ce sera une petite perche, une de taille courante va mâchouiller le poisson pour le tuer avant de l’avaler et ce acte dure en moyenne de 2 à 3 secondes ou le bouchon coule, remonte, tremblotte avant de partir franchement.
Le brochet est différent, soit il gobe de suite soit il prend le poisson par le travers et part avec avant de l’engloutir plusieurs secondes après. C’est pourquoi un montage à deux hameçons est indispensable si on veut piquer le bec sans avoir à attendre trop longtemps.
Je précise que ces observations ont été faites en aquarium et que des années de pratique me les ont confirmées. Sans vouloir jouer les donneurs de leçons il est vrai que la pêche au vif fait beaucoup plus de casse sur les poissons non maillés que la pêche au leurre. Pour préserver nos jeunes carnassiers et nos plus gros géniteurs, essayons de ne pas les abîmer en ferrant à la touche.
Gardez la pêche
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