Sandre : La théorie du chemin des sandres

sandre-manque-dorsaleil y a quelques années de cela des pêcheurs de sandre de renom relayés par la presse halieutique de l’ époque avaient traité d’un sujet nouveau : Le chemin des sandres.

Selon eux nos chers sandres parcouraient leur territoire selon un schéma donné, empruntant régulièrement le même parcours.

A cette époque où les connaissances des tenues de poissons étaient empiriques car nous n’ avions pas droit au sondeur, cette théorie eut bonne presse et nombre de pêcheurs s’y mirent sérieusement avec quelquefois pas mal de succès mais qu’en est il désormais ?

Pour faire simple et bien appréhender cette théorie, il fallait étudier les déplacements des proies au cours de la journée, surtout en hiver où c’est le plus facile pour tenter d’en déduire qu’un sandre viendrait taper dans le banc de vifs à une heure déterminée.

Ainsi nombre de pêcheurs de l’ époque, ayant touché à un endroit donné un sandre à 10h00 n’ attaquaient la pêche qu’à 09h30 pour la finir à 11h00, persuadés que les sandres avant ou après n’étaient pas là.

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Bien évidemment, ceci marcha une ou deux saisons avant que les habitudes de sièges à 4 cannes de l’ aube au crépuscule ne reviennent s’installer.

On a vite compris que les sandres n’ avaient pas vraiment de chemin, qu’ils ne migraient pas régulièrement à heures fixes mais plutôt qu’ils pouvaient se trouver plus sur une zone à un moment donné que sur une autre.

Cette information est à nuancer selon la nature du lieu, dans certains plans d’ eau on sait que la baisse des températures fera monter les sandres du plus profond à l’ aube pour taper dans les blancs rassemblés près de la bordure. On sait aussi qu’en grande rivière ou fleuve et toujours en hiver, les sandres sortiront de leur cachette dans le lit pour venir aussi taper dans les blancs dans les ports ou les darses.

De là a en tirer une théorie, il me semble que c’est un peu exagéré.

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J’ai, dans ma jeunesse, tenté moi aussi de comprendre le comportement des poissons en notant durant  deux saisons le vent, la température, la lune, l’ heure de prise ….Et en essayant de compiler ça pour en découvrir ma propre théorie.  Et j’ai découvert au vu de toutes ces notes que rien de rien n’ expliquait la hausse ou la baisse des pêches hormis la température  et la présence de poissons blancs.

Plus tard en discutant avec des techniciens de bureaux d’ études, j’ai aussi découvert que le taux d’ oxygène dissous y était pour beaucoup dans la présence ou l’ appétit des poissons.

Les sandres sont des poissons grégaires qui aiment  se tenir pas trop loin du garde-manger  mais pas trop loin ne veut pas forcément dire à cul de celui-ci, ils peuvent être à quelques centaines de mètres et bien malin celui qui découvrira pourquoi ils sont là au milieu de nulle part ou dans une profondeur improbable.

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Les poissons que nous attrapons sont le plus souvent des poissons actifs donc la zone est propice à y revenir mais quelquefois par hasard nous piquons un poisson  de-ci, de-là…Et ceux-là étaient juste en promenade et n’y seront plus les jours prochains.

Pour être efficace dans sa pêche, il suffit juste de se trouver au bon endroit au bon moment, pas facile non ?  En hiver, en lac pêchez près du barrage en localisant les blancs, les sandres finiront par venir chasser dedans, mais matin, soir ? Telle est la question.

En fleuve lorsque l’ eau monte, cherchez les vifs dans les darses et les ports et là où c’est autorisé , pêchez.. A un moment donné là aussi les sandres viendront mais s’ils viennent à 15h00, rien ne garantit que le lendemain ça ne sera pas à 10h26 !!

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Toutes les observations faites depuis maintenant plus de 15 ans avec les sondeurs nous démontrent que les sandres sont souvent présents dans les postes classiques et qu’ils ont des moments où ils se mettent à chercher à manger.  Du bord mieux vaut barrer une pointe classiquement au vif à quatre cannes ou la matraquer au leurre que de parcourir la berge en tous sens sur plusieurs kilomètres. On a plus de chance de tomber sur le passage en se plaçant en embuscade qu’en maraudant. Certes la pêche est bien moins amusante car on reste constamment sur le même secteur mais elle est plus stratégique.

Certains ont du succès en traquant le sandre surtout en fleuve et en délaissant les postes classiques souvent surpêchés mais c’est certainement  du à un grand sens de l’ eau qui s’est développé au bout de plusieurs années d’ expérience et de nombreuses brecouilles.  C’est bien entendu en forgeant qu’on devient forgeron mais avant de courir les berges en tous sens, mieux vaut tenter l’ embuscade si on veut optimiser sa sortie.

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Le chemin des sandres fut une belle idée qui tentait de nous faire croire que nous pourrions comprendre ce fantasque poisson qui déjoue toujours les théories les plus simples. On les trouvera un jour suspendus dans la colonne d’eau, un jour dans 8m, le lendemain dans 1,5m !

Gardez la pêche.

 

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