En septembre 1979, alors âgé de 12 ans, je dépensais 8 francs pour acheter le numéro 412 d’un magazine de pêche qui allait me suivre toute ma vie, jusqu’à y écrire depuis ce début d’année : La Pêche et les Poissons.
Magazine de référence à cette époque, il l’est toujours et s’impose comme le leader de la presse écrite sur la pêche. Tous les grands noms de la pêche ou presque ont écrit pour ce magazine.
Pour les plus anciens d’entre nous, ces noms vous rappelleront quelques souvenirs : Victor Borlandelli, Jo Nivers, Michel Duborgel, Albert Drachkovitch, Henri Limouzin, Jacques Chavannes, et un pêcheur que je côtoie de temps en temps puisqu’il vient souvent dans le Morvan : Marc Sourdot.
J’ai aussi redécouvert avec bonheur les bd de Foissy avec son petit halieuticoscope illustré qui deviendra plus tard la rubrique actuelle racontant les aventures de la célèbre vandoise.
Ce numéro titrait « comment prendre 500 poissons à l’heure » et les thématiques les plus développée étaient la pêche au coup et la pêche de la truite. Il faut dire qu’à cette époque les techniques modernes de la carpe, de l’anglaise et du carnassier n’étaient pas encore arrivées en France.
En 1979, Henri Limouzin qui reste ma référence journalistique halieutique écrivait déjà dans ce magazine. Celui qui nous fera découvrir le manié, la tirette, l’anglaise, la carpe à la bouillette..etc, etc, avait déjà sa rubrique de la musette à Matthieu.
Que découvre-t-on dans ce numéro ? Que la Mepps Lusox était une nouveauté, que le numéro était en grande majorité en noir et blanc et que les photos étaient plus rares que maintenant. Quelques pages en couleurs et des pubs pour des alcools, des voitures…
Et surtout des photos de vrais pêcheurs, dans le sens qu’ils étaient habillés normalement, la clope au bec, la gueule burinée. Pas de maillots de compétiteurs à la mode bardés de logos de marques, de simples chemises à carreaux, des vestes de treillis et une bonne vieille casquette !
Le dernier numéro que j’ai retrouvé dans le grenier de mes parents est le 457 de juin 1983. Ce mag posait déjà le débat sur l’asticot en première catégorie. Il coutait 12 francs et pour un ado comme moi, je ne pouvais pas me l’offrir tous les mois.
Henri Limouzin y signait un papier très intéressant sur les acides aminés, il augurait que dans un futur proche on les retrouverait dans nombre de nos appâts et il a vu juste, comme souvent.
Plus de pages en couleurs, des pubs sur du vin, de la bière, du matériel de pêche, des cigarettes pour un numéro d’ouverture puisque la pêche en seconde catégorie ouvrait le samedi 11 juin. Les textes étaient plus denses que maintenant mais la façon d’écrire n’a guère changé.
Peu, voir très peu de reportages ou d’articles techniques sur la pêche des carnassiers, rien sur le silure qui n’était encore qu’une vague rumeur à cette époque.
Ce magazine m’a fait rêver et il était à cette époque le seul moyen de s’informer. Les blogs, réseaux sociaux et You Tube n’existaient pas. Pour apprendre à pêcher il fallait s’appuyer sur un membre de la famille ou un voisin. Les autres pêcheurs n’étaient pas très partageurs de leurs astuces et il fallait du temps et de la patience pour qu’on vous explique une technique.
Outre les techniques abordées, La Pêche et les Poissons s’est toujours fait le relais des avancées dans le domaine de la pêche. Au début des années 80 on y abordait déjà des sujets polémiques sur les mailles des poissons, les périodes de fermeture, les règlements des AAPP (pas de MA à l’époque), la pollution, etc, etc…
Le numéro d’avril 1980 comportait 135 pages contre 90 pour le numéro d’avril de cette année et titrait « Avril, le réveil des tanches ». il saluait l’arrivée sur le marché français de la première poudre protéinée qui allait devenir peu de temps après le principal ingrédient des bouillettes. J’ai même redécouvert qu’on y parlait déjà des lacs d’ Extrémadure (Cijara, Garcia Sola, Orellana et autres) pour la pêche du black bass.
On y retrouvait peu ou prou les mêmes rubriques que maintenant avec des reportages, des techniques, du droit, un courrier des lecteurs, une bd, du tourisme pêche, une rubrique mer et même des mots mêlés.
Ce magazine poursuit son évolution et cette année a vu l’arrivée d’un nouveau rédacteur en chef. La maquette va changer et quelques rubriques vont disparaitre, d’autres comme la pêche de l’ aspe ou la carpe au posé vont arriver mais il restera toujours ce qu’il est, le principal vecteur de communication de la pêche en France.
Tout ça pour vous dire que je ne suis pas peu fier de participer à ce magazine et j’espère qu’un jour un jeune qui le lit maintenant le redécouvrira 40 ans plus tard dans un grenier et se replongera dedans avec une belle nostalgie comme je l’ai fait.
Gardez la pêche.
Bonsoir Sylvain
Un bel article qui me rappelle mon enfance… La pêche et les poissons et Le pêcheur de France étaient mes deux magazines de référence. Je suis toujours aujourd’hui abonné à La pêche et les poissons et c’est un plaisir de te retrouver dans les pages de ce magazine.
Émouvant, car j’ai reconnu tout de suite les couvertures. J’ai 61 ans et ai commencé comme vous à rêver avec ce magazine.
Ah trop bien, tu m’as fait retombé en enfance.
Le numéro que tu as mis en couverture « 500 poissons a l’heure » je l’ai donné à mon fils de 6ans pour lui montrer qu’il n’y a pas que la pêche aux leurres dans la vie.