Quelle espèce sera l’avenir de la pêche des carnassiers en France ?

 

Le sandre, le sandre, entend t’on  brailler à longueur de temps dans les réunions diverses, c’est vrai que le sandre a amené une majorité des pêcheurs à s’intéresser aux carnassiers. D’une part, il a été abondant et le reste encore et d’autre part il est succulent, c’est certainement l’argument de poids ne nous leurrons pas. Il a su amener dans son sillage de nouvelles techniques de prospection verticales, la généralisation de la pêche en bateau avec un échosondeur mais maintenant ?

Le sandre mord moins, voir il ne mord plus du tout. Certes c’est dans sa nature d’être fantasque mais j’en connais qui les cherchent exclusivement et qui s’y cassent régulièrement les dents.

J’en veux pour preuve la pêche de Pannecière ou de très gros sandres on été pris aux filets alors que personne ne sortait un sandre de plus de 60 cm depuis un bon moment, ou alors exceptionnellement.

 

On peut protéger ses frayères, retarder la date d’ouverture pour laisser une chance aux nids mais s’il ne mord pas, il ne mord pas. Dans quelques endroits les populations de sandres sont importantes et leur pêche est encore assez facile mais dans d’autres…

Dans un étang de mon secteur, j’ai compté plus de 20 nids sur une bordure de 100 m et quasiment personne ne le pêche. J’ai tenté encore cette année de le pêcher, leurres, vifs, manié mais sans succès. Je sais que la population de sandres est là mais aucun ne veut mordre. Est ce de nature à me donner envie de retourner à la pêche ? Et bien non, j’ai jeté l ‘éponge et j’ai laissé tomber la pêche dans cet étang, j’y retournerai une fois ou deux en octobre novembre mais dorénavant je préfère aller m’amuser avec les brochets qui  sont plus réguliers dans leur activité.

 

Pourtant le brochet est moribond dans pas mal de secteurs et seuls quelques lacs offrent encore la possibilité de réaliser de belles prises. Sa voracité fait qu’il finit par mordre à n’importe quoi agité sous son nez à un moment de la journée. Les meilleurs pêcheurs de brochet ne partagent pas leurs coins et qui plus est, et bien que le changement soit en marche, une grande majorité de pêcheurs ramène toutes ses prises à la maison. Alors qu’ils pourraient se fixer une taille supérieure ou un quota, le pêcheur Lambda se dit « j’ai payé une carte de pêche donc j’y ai droit »..

Et pourtant selon moi, le brochet est le poisson de sport par excellence, bagarreur, violent, il offre au pêcheur la possibilité de diversifier ses techniques à l’infini et de bien s’éclater durant la bagarre. Il mort au cœur de l’hiver comme au cœur de l’été, en surface ou au fond, en eau courante ou en eau calme… Certes il y en a moins, toutes les AAPPMA s’en font le relais et pourtant les opérations d’alevinage se font régulières mais notre maitre Esox est victime de son succès et se fait matraquer à longueur de temps.

 

La perche, celle qui passe pour le bouche trou de la pêche des carnassiers pourrait être notre poisson sauveur. On ne la recherche quasiment jamais, sauf quelques rares spécialistes, mais quand on la trouve on est content. Prendre une perche de 45 cm c’est aussi jouissif qu’un brochet si on pêche suffisamment fin. Ce poisson carnassier est celui de nos eaux qui grossit le plus lentement donc leurrer une perche de 45 cm c’est réussir à prendre  un poisson de plus ou moins 10 ans, donc qui en a vu du leurre et du pêcheur.

La perche est comme le brochet, elle mord à toute les techniques, à toutes les hauteurs d’eau. Gamin, elle est restée durant de longues années mon poisson de prédilection. J’avais même acheté un ouvrage entièrement dédié à sa pêche : Balle nickelée, cuiller….tout un arsenal pour s’amuser avec ce superbe poisson zébré qui en plus vit en bancs donc vous offre l’opportunité de réitérer vos prises.

Désormais, même si je ne la cherche plus spécifiquement, sauf quelques jours dans l’année, j’ai toujours une canne light montée pour un drop rapide où une pêche aux leurres de surfaces où la perche chassant à courre vous livre un spectacle mémorable.

Malheureusement, tout comme le sandre, la perche est délicieuse et j’en suis aussi grand amateur en filets. Pourtant elle reste abondante et le combat d’une belle perche sur du matériel fin vaut largement celui de plus gros poissons.

 

Et le silure, ce mammouth des eaux douces ? Décrié par la base, adulé par une catégorie de pêcheurs qui ne pêchent plus que lui, il a de quoi séduire. Il est énorme, vorace mais quand il ne veut pas, il reste la gueule clouée. Il ne mord guère en plein hiver mais une seule de ses touches vaut bien plusieurs combats avec des sandres.

Sa pêche est en plein développement et comme il se pêche bien du bord, on voit arriver une génération d’ex carpistes qui se mettent au silures et le pêchent à fond avec des appâts artificiels.

Le silure est certainement le carnassier qui verra sa pêche se développer exponentiellement dans les années à venir. On commence à le trouver dans les grands lacs, et même dans des étangs de superficie moyenne où sa pêche se heurte à une certaine forme de répugnance qu’il suscite chez les pêcheurs traditionnels. Pourtant le silure est un formidable poisson de sport, très intelligent et bien plus difficile à attraper qu’il n’y paraît.

Tout un marché parallèle de leurres et de matériels s’est mis en place pour  sa pêche, une aubaine pour nos fabricants à cours d’idée qui trouvent en le silure une nouvelle manne et attisent le feu de la demande à grands coups de pubs et d’articles commandés sur de nouvelles techniques et des matériaux high tech.

 

Reste le petit dernier de la bande : Le black bass. Je met délibérément de coté l’anguille pourtant adulée chez nos voisins britanniques qui la pêchent sportivement, l’aspe trop inféodé à une zone géographique mais super poisson de sport et d’autres encore, sans bien entendu oublier la truite qu’on cantonne aux eaux de première catégorie.

Notre Achigan pourra t’il sauver la pêche des carnassiers en France, car elle est en pleine ascension et au bout d’un moment finira par se poser la question de l’adéquation du nombre de carnassiers/pêcheurs ?

J’ai un doute sur sa capacité à devenir le seigneur des poissons de sport. Certes un doute subjectif car j’aime bien trop Esox  mais bien qu’on commence à prendre conscience de la protection de sa fraye, il n’en reste pas moins que ses populations sont disséminées, sauf dans le grand  sud où il se porte mieux.

Le bass est un poisson lui aussi fantasque, qui peut garder la gueule clouée face à votre plus beau leurre mais comme il se pêche plus en surface on peut voir sa réaction, c’est déjà plus excitant et ça énerve le pêcheur, un bon point qui le pousse à réessayer sans cesse.

 

Resterait  alors à importer un nouveau carnassier qui saurait remporter les suffrages ? Et lequel saurait réunir la combattivité, la sportivité, la résistance aux différentes eaux de l’hexagone, la beauté et pour certains la saveur culinaire ?

La solution nous vient peut être encore des USA ou l’achigan à petite bouche, plus adapté au froid, assez prolifique, beau, encore plus sportif que le grande bouche selon les pêcheurs US, pourrait peut être réussir là ou le reste n’évolue guère.

Pourtant rappelons nous que les seuls carnassiers originellement endémiques sont le brochet et la perche (mettons de coté les anguilles, truites lacustres et autres). Silure, sandre, aspe, black bass…..ont été introduits et ont bénéficié d’une niche écologique au dépend des premiers occupants. Certes ils ne sont pas la cause de la raréfaction du brochet mais il bouffent quand même dans la même gamelle !

 

Je plaide personnellement pour un essai du smallmouth bass dans quelques plans d’eaux et rivières pour voir. Normalement il est inféodé aux eaux courantes a fond de gravier mais qui sait s’il ne prospérerait pas en eau close ?

Ce  poisson aurait  son nom inscrit sur l’inventaire français et pourrait donc être  réintroduit sans trop de formalités administratives dixit certains sites. Messieurs les présidents de fédés, je sais que vous vous creusez le ciboulot pour trouver un poisson de sport passe partout, pourquoi ne pas donner sa chance au bass à petite bouche ?

Gardez la pêche.

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