Pêche hivernale de l’aspe

Il y a encore quelques années, mes saisons de pêche de l’aspe prenaient généralement fin au courant de l’automne. Non pas que les premiers frimas ne m’encourageaient guère à me rendre au bord de l’eau… mais parce que les poissons semblaient avoir déserté les postes habituellement fréquentés et ne répondaient que très peu, voire même pas du tout, aux sollicitations des leurres que je leurs proposais alors. Mais ça, comme on dit, c’était avant … Avant que je ne me défasse de mes connaissances et habitudes de l’époque, que je ne remette tout à plat et que je décide de changer mon approche globale dans ma recherche hivernale de ce poisson. Une remise en question qui m’a alors permis de renouer assez rapidement avec la réussite, même au plus dur de l’hiver. Un succès qui a rendu incontournable cette période dans ma saison de pêche à l’aspe … d’autant plus que les belles prises sont généralement au rendez-vous !
A travers cet article, je vais donc tenter de vous donner quelques pistes pour que vous puissiez vous aussi traquer ce joli et puissant cyprinidé carnassier jusqu’à la fermeture du brochet en 2nde catégorie.

Les zones où les aspes peuvent potentiellement se tenir en hiver

LES POSTES
Pour commencer la pêche de l’aspe en hiver sur de bonnes bases, la première chose à modifier dans votre approche habituel concerne la sélection des postes à prospecter.
Si à la belle saison, ce poisson se tient habituellement dans les eaux les plus vives et les veines de courant les plus puissantes, il en est tout autre au cœur de la période hivernale.
La baisse de la température de l’eau influe inévitablement sur le métabolisme des poissons qui ne sont désormais plus suffisamment aptes à lutter longuement contre les courants les plus violents. Cherchant à s’économiser davantage , ils fréquentent alors des zones beaucoup plus calmes telles que les amortis, remous peu puissants et plages, toujours bien exposés au soleil et où l’eau a tendance à se réchauffer un peu plus rapidement.
Un positionnement qui n’est pas non plus sans rapport avec le regroupement du poisson fourrage (eux aussi des cyprinidés) sur ces mêmes zones thermiquement plus confortables et éloignées des courants généralement plus forts régnant à cette saison. Et oui, comme pour tous les autres carnassiers, proies et aspes ne sont généralement pas très éloignés les uns des autres !
Pour l’anecdote, sur mes postes, cette migration des aspes vers les postes d’hiver se produit généralement au moment où les grues cendrées passent au dessus de mon département (nous sommes en plein couloir de migration) pour se rendre vers leurs quartiers d’hiver. Étonnant … mais vérifié depuis maintenant plusieurs années !

LE COMPORTEMENT DU POISSON
En parallèle du changement radical des zones de tenue, l’aspe va également modifier sa manière de chasser et d’évoluer dans la couche d’eau. Ainsi, il va désormais se tenir bien plus profondément que d’habitude, au point d’être parfois complètement collé au fond lors des phases de repos. Un fait que vous pourrez aisément constater grâce aux multiples petites sangsues parfois fixées sur le ventre et les nageoires des poissons capturés.

Lors des phases d’activité, les aspes patrouillent alors généralement entre deux eaux à la recherche de poissons fourrages évoluant en bancs ou dérivant, désorientés, au gré des courants et remous. Des nouveaux paramètres qui vont directement influencer les types de leurres à utiliser et les animations à leur donner …

LES LEURRES ET LES ANIMATIONS
En hiver, exit les leurres de surface et les animations rapides ! Il vous faudra privilégier des prospections bien plus lentes entre deux eaux ou même près du fond.
Pour répondre à ces nouveaux impératifs, j’utilise régulièrement certains leurres des gammes Adam’s et Molix dans des coloris naturels et plutôt flashy … turbidité plus importante des eaux oblige.

Minnow 80 S et SP (Adam’s)
Un petit poisson nageur effilé assez classique que j’utilise à cette période de l’année en versions plongeante et suspending.

Descendant à une profondeur de 0,8 – 1 mètre, il trouve sa place au bout de ma ligne lorsque je pratique des pêches 3/4 aval en laissant mon leurre décrire des arcs de cercles en plein courant pour qu’il arrive sur le bord, tel un poisson désorienté, dans la zone de remous où patrouillent les aspes actifs.

Shiner 75 SP-SR (Adam’s)
Un poisson nageur suspending et très bruiteur que j’utilise souvent comme le leurre précédent, en animation linéaire et dérive 3/4 aval. Son usage peut également s’envisager lorsque les aspes se tiennent dans des zones calmes, sur le fond, dans très peu d’eau (il descend à 1 mètre de profondeur maximum). Il vous faudra alors le ramener lentement en réalisant de temps en temps de courtes petites pauses.

A noter que ce type d’animation avec récupération lente et pauses courtes engendre parfois des touches discrètes caractérisées par une détente de la ligne … qu’il faudra sanctionner immédiatement par un ferrage puissant. Et oui, l’aspe hivernal peut être délicat ! 😉
Le Shiner 75 permet également de présenter une bouchée d’un volume un peu plus important, détail faisant parfois la différence au cours de certaines sorties. L’aspe peut en effet être très pointilleux sur ce qu’il chasse…

Chiko Minnow 70 (Adam’s)
De loin mon leurre préféré pour traquer les aspes en hiver ! Calqué sur le modèle de son petit frère destiné à la truite, le Chiko Minnow 70 est un leurre passe-partout à cette saison. Pouvant couler jusqu’à une profondeur avoisinant les 1,40 m, il s’adapte aussi bien aux limites courant-remous qu’aux zones les plus calmes.

Ramené de manière linéaire, canne haute, il me permet de prospecter les remous et contre-courants à la recherche des aspes actifs. Ramené lentement, canne basse, il me permet d’aller solliciter les poissons les plus apathiques ou au repos qui sont posés au fond ou stationnés non loin de celui-ci.

C’est le leurre le plus régulier au cours de mes pêches hivernales de l’aspe. Bon, peut être aussi parce que je l’utilise plus que les autres…

Rolling Minnow 85 (Molix)
Un poisson nageur initialement taillé pour la pêche dans les courants les plus puissants que j’utilise en hiver lorsqu’il s’agit d’aborder les postes les plus profonds (il descend dans une fourchette de profondeur allant de 1,30 à 1,80 m).

Coulant rapidement, je ne l’utilise que sur de simples récupérations linéaires.
Concernant les tailles de tous ces leurres, vous remarquerez que je reste dans des gammes assez standards qui correspondent en fait aux mensurations moyennes des proies que les aspes chassent sur mes spots. A vous bien-sûr d’adapter cette taille aux particularités des postes que vous fréquentez.En complément de ces différentes sortes de poissons nageurs, j’utilise également deux « leurres jokers » qui m’aident parfois à débloquer la situation.

RT Shad (Molix)
Un shad assez tonique que j’utilise avec tête plombée de 7 ou 10 grammes et que je récupère lentement, en linéaire, au ras du fond.

Disponible en tailles 3.5 , 4.5 et 5.5 pouces, ce petit souple peut parfois faire la différence, surtout en cours de crue, lorsque l’eau est bien teintée.

Cuiller mer JZ (Autain Pêche)
Un casting jig que j’utilise habituellement en été mais toujours d’actualité en hiver lorsque les niveaux d’eau sont durablement stables laissant les eaux propres et claires. Animé lentement en récupération 3/4 aval, les aspes actifs n’hésitent généralement pas à monter sur ce leurre pour le saisir.

Comme vous pouvez le voir, avec un peu de remise en cause et d’adaptation, la pêche de l’aspe en hiver reste tout à fait envisageable. Je vous invite à essayer tout cela dans les mois qui viennent et à me tenir au courant de vos résultats via les commentaires de cet article.
A bientôt.
Guilhem COGNET
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