Les GG de la pêche de novembre : FNPF, Fédés, AAPPMA, pour ou contre une refonte du système pêche en France ?

grande-gueule-peche1Vaste sujet que j’ai lancé là, polémique et pas facile à aborder ! Il y a dans cet article multi auteur beaucoup de points de vue, dont celui de Claude Roustan, Président de la FNPF qui s’est prêté au jeu et que je remercie. A vous de vous faire votre opinion.

Comme d’ habitude, le sujet est clos à la parution de cet article, plus besoin d’envoyer vos contributions. Un grand merci à tous ceux qui y ont participé: JB Dioux, JL Gabriel, Jis Mouches, Dom Hossa, Arno Fourrier, Eric Bailly Bazin, Claude Roustan et Julien Benard Capelle.

Ces GG seront un peu plus longues que d’habitude et un peu plus dense, j’espère qu’elles provoqueront une réflexion de fond chez vous et pourquoi pas l’envie de vous investir un peu plus dans le système.

Bonne lecture et bonne réflexion !

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avatar-esoxiste14Je suis pour une refonte du système pêche en France et je vais tenter de m’en expliquer sans vous endormir. En préambule, il convient de préciser que je suis secrétaire d’une petite AAPPMA, que j’assiste aux AG de ma fédé depuis un certain temps, que je l’ai visité et ai pris le temps de me renseigner sur ses missions et que je sais l’étendue de leur travail.

Je ne souhaite pas réformer la pêche en France parce qu’en faisant partie du système associatif, je sais qu’il marche assez bien, non c’est en tant que pêcheur que je souhaite une réforme de nos institutions.

La FNPF a été imposée via une loi à toutes les fédés, les fédés sont imposées via la loi aux AAPPMA sinon point d’agrément pour elles. Et pour terminer les AAPPMA vous obligent à vous inscrire chez elles si vous voulez pêcher sur leurs baux ou les baux réciprocitaires.

La pêche et la chasse sont tous deux basés sur le même système, une délégation de service public qui ne coûte de l’argent qu’ aux chasseurs et pêcheurs et pourtant l’eau est un bien commun et tout ce qui s’y rapporte devrait être géré par l’état et non par des associations. Nous dépendons du ministère de l’écologie alors que notre activité est plutôt sportive, pour le ministère de l’écologie nous comptons pour des prunes, pas moins…Il doit gérer les agences de l’eau , les agences de machin, de trucs et va verser des subventions à la FNPF mais aussi à plein d’autres organismes en rapport avec l’eau mais qui se moquent de la pêche et des pêcheurs et vont souvent travailler contre notre avis.

Ce qui me gêne c’est que nous payons la CPMA et qu’une partie de la CPMA aille à des projets dont nous ne nous doutons même pas et qui n’intéressent pas le moindre pêcheur. D’autre part, ce qui me gêne aussi c’est que nos AAPPMA sont des collecteurs d’impôts, idem pour nos fédés alors que ce ne sont pas des associations qui collectent l’impôt sur le revenus, la taxe foncière..etc etc…Une autre chose me chagrine, telle que la pêche est organisée actuellement, elle favorise un hermétisme et je m’en explique. Certes avec une carte on peut pêcher, mais si on veut donner son point de vue et s’investir il faut alors choisir son AAPPMA et y rentrer au bureau, et là….pas facile de faire sa place si les anciens ne le veulent pas.. De même, trouvez vous normal que la plupart des AAPPMA aient un bas de laine aussi énorme, de l’argent des pêcheurs qui dort et ne sert pas à la pêche et que rien ne les oblige à le dépenser. Les fédés n’ont pas ce problème car leurs statuts leur interdit de thésauriser.

La solution, pas facile selon moi mais il faudrait déjà passer sous la tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports, abandonner les AAPPMA pour en faire de simple clubs qui ne lèveraient pas l’impôt et ne s’occuperaient que de pêche laissant la protection du milieu aquatique à l’Etat qui doit faire son boulot. Nous serions alors fondus dans les clubs sportifs et pourrions bénéficier de la manne financière de ce ministère. Pour cela, il faudrait aussi changer la loi sur la propriété pour que la pratique de la pêche ne soit pas liée au droit de pêche du propriétaire mais libre partout sauf où l’Etat y mettrait une réserve… Bien entendu je rêvasse, l’Etat n’a pas assez d’argent pour ça et est bien content que les milliers de bénévoles fassent le travail à sa place.

Pour nous simples pêcheurs, nos discussions de comptoirs nous amènent toujours à critiquer les AAPPMA, les fédés et la FNPF. Nous n’avons pas forcément tort car nous voyons qu’il est impossible de se mettre d’accord sur des quotas, des tailles, des dates…….C’est l’inefficacité de l’ associatif face à l’administratif. On cause, on tergiverse, on palabre..et le temps passe alors que l’administration, elle, décide et fait appliquer avec effet immédiat. A l’étranger ce sont souvent des fonctionnaires qui gèrent la pêche et c’est souvent bien mieux géré que chez nous. Notre force ce sont nos milliers de bénévoles qui rappelons le ne font pas que des banquets, ceux là défrichent, aménagent, rempoissonnent et ils le font avec leurs idées quelquefois si différentes des vôtres.

Donc, en conclusion car il me faut être court pour laisser la parole aux autres, oui à une réforme mais une grosse, en profondeur, afin d’appréhender la pêche de demain pour mieux la préparer et la gérer.

Sylvain RUSSO

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seb-jis-mouchesUn sujet auquel il est difficile de répondre pour le « pauvre pêcheur » que je suis …. Même avec quelques recherches, je peux juste faire quelques remarques plutôt que de réelles opinions. C’est vrai que vu le nombre d’adhérents dans notre discipline, le « bateau » ne doit pas être facile à mener….mais, on a quand même l’impression que le système est une véritable « usine à gaz »…Des unions, des groupements, des regroupements…..avec en sus des objectifs « européens »….(et oui, encore!!!)

Que dire, il faut être un spécialiste politicien pour comprendre le rôle de tous ces organismes… En tant que pêcheur lambda, je ne vois que l’aspect plus « local » et le travail effectué (ou pas) par les aappma locales, et pourtant, elles ne se partagent pas la plus grosse part du gâteau!!!.Je vois aussi qu’il est bien difficile de ne pas se perdre quelquefois dans « la jungle » des différentes réglementations locales…

On croirait que la volonté est d’avoir une « entente » nationale mais on en est encore très loin…. Dans les hautes sphères, l’opacité est profonde mais peut-être une intervention de quelques gens éclairés m’aidera dans la quête de la compréhension de ce système

Jis mouches

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dom1En voilà une de bonne question…et dans ma logique de pêche LOISIR, je dirais plutôt contre. Pourquoi une refonte ? Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ?

Au niveau de la FNPF, je ne connais pas trop le fonctionnement, donc difficile de juger…si ce n‘est les habituels clichés de personnes gouvernant sans connaitre notre milieu et à des kilomètres de la réalité…bref des politiques !

Pour les Fédés, je connais un peu celle de notre département (71) et même si je ne suis pas toujours d’accord avec certaines de leur décisions, elle a déjà le mérite (et souvent le courage) d’en prendre…Et les personnes à l’intérieur de celle-ci sont assez accessibles et semblent très bien connaitre le milieu….leurs actes semblent cohérents et plutôt dans le bons sens de la pêche…alors pourquoi en changer, nous pouvons toujours avoir mieux mais bien pire aussi.

Les AAPPMA… !!!!! Sans eux, que ressembleraient nos rivières, nos plans d’eau….Tous ces bénévoles qui prennent sur leur temps pour que chacun puisse trouver plaisir à être au bord de l’eau…Jai mis plusieurs années à trouver cette AAPPMA qui me corresponde, et je pense l’avoir trouvé….Pas de tape à l’œil, un réinvestissement des fonds intelligents, les lots de pêche entretenus….à l’écoute de ses membres…..

Je ne peux pas m’investir plus dans une AAPPMA, manque de temps…boulot, famille et sorties de pêche, mais tous les ans je participe à l’A.G. et force est de constater…qu’il y a moins de monde à ces assemblées que sur les berges (ceux-là même qui critiquent sans cesse le travail des AAPPMA)

Oui la pêche évolue, mais est-ce dans le bon sens ? pas sûr… Alors une refonte du système afin de professionnaliser un peu plus…je ne préfère pas…j’ai peur que l’on tombe dans une pêche élitiste, gardons ce côté amateur pour notre pêche LOISIR….Gardons la pêche aux pêcheurs et si l’on a des idées, des critiques, des projets pour améliorer notre loisir, c’est en adhérant à ces AAPPMA, en participant à ces AAPPMA…..la critique a toujours été facile lorsque nous sommes en dehors mais posez-vous la question…. » Êtes-vous prêt à donner de votre temps pour faire avancer les choses ? »

Et en réfléchissant un peu, je trouve le système plutôt pas mal…un gouvernement (FNPF), ses Députés (Fédés)et pour le fonctionnement de proximité, nos maires (AAPPMA)…je pense sincèrement que les petits disfonctionnements de notre pêche peuvent se régler avec ce système et juste un peu plus d’engagement de notre part.

Dominique HOSSA

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Jean-Louis-GabrielInterpellé sur le sujet: « pourquoi pas une refonte du système pêche en France », je me permet d’intervenir en tant que Président d’AAPPMA mais en mon nom propre car ce sujet ne pourra être débattu en réunion de bureau. Pour faire simple l’ Union Gaule Autunoise et Pêcheurs Morvandiaux regroupe environ 1100 pêcheurs. Le domaine géré est constitué de 40 km de rivières de1 er. cat., 40 km de rivières de 2em cat. et d’un plan d’eau partagé avec d’autres activités. L’avoir de notre société est d’environ 54000 euros et nos revenus annuels( ristourne de cartes de pêche, caisse de compensation de la fédé + diverses subventions) sont de 17000 euros. Depuis le renouvellement de Bureau nous dépensons intégralement les revenus de l’année et cette année, en A.G., nous avons décider de sortir 12000 euros pour les consacrer à la promotion de la pêche auprès des jeunes mais aussi a l’introduction de nouvelles espèces( en l’occurrence l’Ombre Commun depuis 2012).L’importance du fond de réserve est liée à la bonne gestion des « Bureaux » précédents ou le nombre élevé de pêcheurs et la bonne santé halieutique de nos rivières ne nécessitais pas de dépenses importantes. Maintenant le « bas de laine » pose la question de ce que l’on en fait? Si cet argent ne sert qu’a introduire en surnombre des poissons destinés aux  congélateurs, je n’en vois pas l’intérêt et ceci n’est pas le rôle d’une AAPPMA. A Autun nous nous occupons de 2 frayères naturelles et nous produisons, suivant les années, de 3000 à 12000 alevins de brochets entre autre. Nous vidangeons tous les 2 ans 2 étangs d’un et quatre hectares , dont le produit est réinjecté dans la rivière et le plan d’eau. Ceci nous procure un alevinage sain  et naturel estimé à environ 5000 euros. Notre AAPPMA travaille à la production de poissons sans avoir trop recours à » la politique du carnet de chèque » (bien pratique et bien moins stressante et fatigante, soit dit en passant…).Ceci nous permet de faire l’essai d’introduction d’Ombres Communs afin de palier au réchauffement de nos eaux de 1er cat. et ainsi diversifier la pêche des salmonidés.

Notre fond de réserve peut paraitre excessif mais il peut faire face à une pollution ou une catastrophe naturelle exceptionnelle. Celui-ci pourrais servir à nettoyer les berges de nos rivières , malheureusement notre linéaires et plus long que notre compte en banque d’autant plus que ce nettoyage n’est pas pérenne. Même si nous menons quelques actions dans l’année ,l’entretien des berges doit être assuré par les propriétaires riverains.

Mai nous, AAPPMAA, sommes bien peu de choses face à la politique menée par la Fédération Nationale ainsi que divers organismes intervenants dans le milieu de la pêche. Devinez qui vas devoir débattre de l’augmentation abusive de 5 euros de la taxe EGHO sur nos cartes de pêche 2015? Je n’ose même pas faire le calcul du gain enregistré d’autant que l’on ne nous explique pas le pourquoi de cette augmentation.

La date d’ouverture du carnassier, fixé au 1er Mai, ne correspond pas du tout à la climatologie de notre région. Chaque Préfet peut retarder cette échéance à la demande du Président Fédéral Départemental, mais encore faut-il le faire. Le Bureau National trouve t-il que les stocks de carnassiers sont trop importants pour qu’il ne réhausse pas la taille légale de prise et n’instaure pas de quotas…? (Cela me rappel quelque chose  quand on augmente les impôts  sans résoudre les problèmes…).Ceci amène aux situations ubuesques lors des ouvertures, ou une concentration de pêcheurs se déplace de département en département au fur et à mesure des dates autorisées. Le pire est le paiement d’amandes quand on diffère l’ouverture et je tiens à saluer l’attitude courageuse et responsable des Fédérations de Saône et Loire, de Côte d’Or et de toutes celles qui s’opposent à cette date « officielle », afin de laisser le temps de la reproduction à ce monde piscicole plutôt malmené.

Les pêcheurs proposent, la Fédération Nationale dispose. Si tous reste dans cet ordre nous allons vers des jours sombres (sans pessimisme exagéré).

 Jean-Louis GABRIEL Président de l’AAPPMA d’Autun.

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JB Dioux

En gros, pour redéfinir le rôle de chacun, il s’agit :

« pour la FNPF de gérer le budget global de la pêche, de coordonner les actions à mener sur le territoire et assure la représentation des pêcheurs au plus haut niveau de l’état »

« pour les Fédés, elles doivent définir, coordonner et contrôler les actions des aappma, avec si possible la plus grande cohérence. Elles doivent êtres en relation avec les instances de leur département. Elles ont bien entendu des missions de garderies et souvent de gestion d’étangs etc… »

« en ce qui concerne les AAPPMA, elles détiennent les droits de pêche, font signer les baux et ont une mission de gestion du cheptel piscicole sur leur secteur.

Elles ont également toutes les trois une mission de promotion et de développement de la pêche associative. Bien sûr cela est encore très réducteur, il suffit de vous rendre dans une quelconque AG (AAPPMA, Fédés, FNPF) pour vous rendre compte du travail accompli dans des domaines très variés. Quelques chiffres encore, illustrant notre représentation et l’impact de la pêche associative dans la vie de tous les jours. Même si ces chiffres sont dans une spirale de baisse inquiétante. Nous sommes encore 3800 AAPPMA et 1 million 270 000 pêcheurs, en deuxième position derrière la fédé du foot-ball. Sur le territoire cela représente un tissu associatif énorme ainsi qu’un budget commercial non négligeable pour le pays.

Je pense, pour ma part, que cette pyramide, allant du simple bénévole d’une quelconque AAPPMA, jusqu’au président de la FNPF est très bien construite. Si elles fonctionnent correctement, toutes ces instances ont les moyens dans leur domaine d’actions, de faire avancer les choses. De nombreuses « passerelles » existent entre le pêcheur, son AAPPMA, cette AAPPMA envers sa Fédé départementale, puis de cette Fédé vers la FNPF, quoiqu’ à ce niveau là, il serait peut-être bien de revoir à la hausse la fréquence des rencontres. Je suis personnellement très attaché à ce système qui a permis de faire de la pêche ce qu’elle est aujourd’hui, c’est à dire pour une très grande majorité, une pêche associative et réciprocitaire, ouverte à tous, même si tout n’est pas parfait, loin s’en faut !

Comme dans bien des secteurs, la clarté du but à atteindre, les idées, les actions menées dans la plus grande transparence et en toute démocratie sont difficilement attaquables, c’est peut-être ce qui manque actuellement dans certaines fédés laissées aux mains de personnes dont la vision de la pêche n’est plus du tout en adéquation avec ce qui se passe actuellement au bord de l’eau, qui, s’ils n’y prennent garde, sont entrain de creuser la tombe de la pêche associative telle que nous la connaissons aujourd’hui. (Je fais juste une parenthèse hors sujet sur le prix des cartes de pêche, qui année après année augmentent, générant une désaffection inquiétante du nombre des pêcheurs vers d’autres secteurs de loisirs, ou pour le moins incitant les pêcheurs à ne plus prendre de carte…. Cette situation risque de créer dans un avenir plus proche que ce que nous pensons, les conditions favorisant une pêche réservée à « l’élite et au fric »).

Alors peut-être qu’un directeur de Fédé rémunéré en tant que tel, ayant le poids décisionnaire d’un président de fédé actuel et appliquant, avec un conseil d’administration élu et bénévole comme maintenant les directives venues directement de la FNPF provoquerait une cohésion, une coordination, une simultanéité dans l’application des mesures décidées plus haut ? il en ressortirait une plus grande lisibilité et sans doute une plus grande simplicité auprès de tous les pêcheurs ?

Il ne faut pas se le cacher, la pêche associative d’aujourd’hui vit, tant bien que mal, grâce à tous les bénévoles qui la soutienne au jour le jour. L’avenir de la pêche est encore entre nos mains, l’intégration dans les instances dirigeantes de jeunes, de nouveaux pêcheurs non intégristes, est sans doute un élément qui permettrait de conserver nos statuts actuels, je crains fortement qu’une quelconque autre solution aboutirait à une perte de ce qui fait la pêche associative et réciprocitaire ?

Voilà juste quelques éléments qui me viennent à l’esprit sur ce sujet très, très vaste qui mériterait des heures de discussions. A bientôt

Jean Bernard DIOUX, Président de l’ AAPPMA la Truite Morvandelle (Pannecière).

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eric-bailly-bazinLe système associatif pêche était articulé  autour de trois entités : les AAPPMA, les fédérations et la FNPF. Je dis était, car s’est immiscé depuis peu les unions fédérales comme l’URNE, c’est-à-dire que l’on a rajouté une couche à un système déjà complexe. Usine à gaz ? C’est une question légitime que chacun peut se poser au regard de la réglementation qui n’est pas des plus simples.

Il y a deux aspects qu’il faut décerner : Les AAPPMA qui bénéficient du droit de pêche cédé par des propriétaires privés (c’est le cas souvent en première catégorie), et celles qui gèrent des baux du domaine public. Cela n’est pas anodin. En effet, dans le premier cas c’est souvent parce que le président ou un membre du CA connait ou et parent avec un propriétaire riverain que le droit de pêche est concédé à l’association. Les supprimer au bénéfice d’une fédération comme l’idée à déjà germé au sein de la FNPF, c’est probablement provoquer une scission et l’émergence de parcours privatif car rien n’interdit les membres de l’AAPPMA dissoute de constituer juridiquement une association de pêche non agréée. Un risque évident car les propriétaires riverains ne céderont pas forcément leur droit à des gens, fussent-ils de la fédération, qu’ils ne connaissent pas.

Concernant les baux du domaine public, l’opération est possible et il est loisible de penser, notamment quand il s’agit de petites AAPPMA, qu’une gestion fédérale serait souhaitable, encore faut-il que la fédération ait les moyens humains et la volonté de valoriser ces parcours et ces plans d’eau récupérés, ce qui reste à démontrer.

Sur l’organisation de la pêche en France, on peut constater qu’il y a une succession de couches qui nuit probablement à la modernité et la simplicité du loisir pêche. Je le dis sans état d’âme étant moi-même président d’AAPPMA. Si on considère que les AAPPMA pourraient très bien être supprimées au bénéfice des fédérations, on peut également avancer que l’on pourrait aussi supprimer les fédérations au bénéfice des Unions fédérales et laisser les AAPPMA gérer leurs baux comme c’est le cas aujourd’hui, ou alors on supprime carrément la FNPF.

Réorganiser la pêche en France pour une simplicité de la réglementation et de la carte de pêche : il n’y a pas beaucoup de personnes contre évidemment. La question subsidiaire qu’on peut se poser : Pour pêcher quoi ? Et c’est là que le bât blesse parce qu’aucun signes forts émanant de la FNPF n’a été donné pour que les biomasses, la qualité de l’eau, les aménagements, les réhabilitations, la taille et le nombre de prises, les quotas, le no kill, permettent que nos aires de jeu soient attractifs et productifs. J’estime donc qu’il fallait en préambule, même s’il y a des disparités sur les biotopes refondre la réglementation pour l’adapter aux réalités : On ne pêche plus pour se nourrir. Si toutes les AAPPMA adoptaient des mesures de gestion efficaces, soucieuses des équilibres qui passent par une augmentation des tailles, une diminution des prises et des périodes (tournantes ou non) de zones no kill, si on parlait le même langage, fut-il à contre-courant des aficionados du sac à bidoche, alors oui la réciprocité, voir une seule structure sur le département aurait un sens.

Mais attention, ceux qui ont une vision globale et une connaissance de leurs milieux aquatiques et sont une entité de proximité, ce sont les AAPPMA. Mais on peut les supprimer, comme les Conseils Généraux ! On y gagnera peut-être en simplification réglementaire, mais en gestion de la biomasse, c’est une autre histoire.

Eric Bailly Bazin, Président des lacs de la Forêt d’Orient

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Courrier adressé à la DDT du Jura 39

arno-fourrierBonjour et merci pour l’attention que vous porterez à ce courriel ( avec quelques modifications par rapport à celui que je vous avais déjà adressé en 2013).

Moins de pêcheurs au bord de l’eau, des milieux dégradés et des poissons moins nombreux par endroits ( cas du sandre et du brochet dans le Jura où d’après l’extrait du projet d’arrêté préfectoral 2015, ces deux espèces sont menacées et de moins en moins représentées)

Je cite :

« Considérant  que  le  sandre  est  actuellement  l’espèce  de  poissons  carnassiers  la  plus recherchée tant par les pêcheurs à la ligne que par les professionnels aux engins, que le comportement particulier des sandres mâles rend l’espèce particulièrement vulnérable aux pêcheurs à la ligne en période de reproduction et que les études disponibles démontrent un net déclin des effectifs de sandre dans le département du Jura ; Considérant que le brochet et le sandre sont capturés par des techniques et des matériels similaires »

. Triste constat mais l’avenir de la pêche n’est pas figé. Merci sur ce point de contribuer à mettre en œuvre ce débat d’idées suivi de mesures concrètes et rapides on l’espère !

1 ) Protection des espèces par ouverture différée

Ouverture de la pêche du brochet et du sandre le 1er Juin 2014 : Très bonne chose mais insuffisante. Le 15 Juin serait mieux. Je m’explique :

Le climat Jurassien est froid l’hiver et les périodes de reproduction sont encore plus tardives que dans certaines régions françaises. Les sandres n’ont pas, comme l’an dernier, terminé leur reproduction le 1 er Juin en raison d’un hiver qui s’est éternisé avec des températures anormalement froides. Les charbonniers (mâles qui défendent les nids) étaient encore bien présents sur Vouglans à cette période.

Cette mesure est indispensable pour éviter les pillages sur les frais de sandres en Mai ! A ce moment ces poissons se jettent sur n’importe quoi et sont malheureusement, traditionnellement «  viandés » lorsqu’ils sont vulnérables.

Pour finir sur ces périodes de fermeture, je pense que fin Novembre comme il y a quelques années, était plus raisonnable que fin le 31 décembre. Les pêches modernes se sont développées à vitesse grand V et les pêcheurs en «  verticale » sont désormais légion ( boom depuis 1 an ou 2 ) à la période Novembre/Décembre. Les sandres s’étant regroupés et font le plein de réserves pour l’hiver dans des profondeurs importantes ( 15 mètres et plus ) . Leur remontée en surface leurs infligeant des dégâts majeurs dus aux phénomènes de décompression et des lésions internes irréversibles . De plus, cette période de gavage sur cette période automnale, fait prendre énormément de poissons à chaque sortie. Malgré les quotas, prendre 10, 20 sandres dans la journée n’est pas rare et même relâchés, ces poissons iront pour beaucoup agoniser au fond de l’eau, suite aux lésions internes expliquées en amont.

Je suis moi-même pêcheur aux leurres, et occasionne parfois des dommages aux poissons dans ces conditions. Comme tous les pêcheurs aux leurres d’ailleurs, ni plus ni moins! Je ne trouve pas que ce soit une bonne chose de fermer certains plans d’eau profonds ( 15 mètres et plus ), où le sandre est présent, au 31 décembre pour les raisons évoquées ci-dessus ( mortalité élevée des prises à cette période ).

2) Taille des captures :

Je suis clairement pour une maille de 50 cm pour le sandre et de 60 cm pour le brochet.

Explications : un sandre de 40 cm ne s’est pas forcément reproduit. Un sandre de 50 cm si !!!

Pour le brochet, je suis partisan d’un système de maille inversée comme en Irlande. La pêche y est ouverte toute l’année et le poisson abondant. Les pêcheurs peuvent garder un poisson de moins de 50cm et un poisson trophée. Les meilleurs géniteurs étant les poissons entre 60 cm et 90cm . Donc si vous prélevez ces poissons dans cette fourchette de taille, vous diminuez les capacités de reproduction de cette espèce.

3) Salmonidés :

Pour le corégone, taille à 36 cm partout. Les pêcheurs de Chalain se plaignent de prendre moins de poissons maillés. A 32,1 cm, un coup de matraque derrière la tête. Pas étonnant donc de voir les jolis poissons de plus en plus rares. Sans parler des 5 poissons journaliers sur ce plan d’eau… Un non sens. On ne va plus à la pêche pour se nourrir en 2013.

4) Quotas :

Très déçu qu’une proposition de quotas revus à la baisse ne soit pas proposée sur tout le département 39. Nous ne pouvons plus faire l’autruche et faire comme si les milieux allaient bien. Ce n’est pas en alevinant que les problèmes de fond seront résolus.

La diminution des quotas est un passage incontournable pendant plusieurs années pour redonner à nos milieux un second souffle.

5) Réserves temporaires :

C’est un point INDISPENSABLE à GENERALISER PARTOUT. L’idéal étant de coupler réserves temporaires/ zones de frayères et aménagement du milieu.

L’AAPPMA de la Gaule Moirantine a demandé à Monsieur le Préfet, la possibilité d’installer des zones de réserves temporaires sur le lac de Vouglans, entre son ouverture en Mars et jusqu’au 15 juin. Toute forme de pêche y serait interdite (même la pêche au coup, principe d’une réserve) pour éviter le pillage des sandres sur leurs zones de reproduction dès le mois d’Avril / Mai).

Demande refusée…

Comme dit au préalable, il faut aménager des zones de frayères, investir des sommes utilement, c’est-à-dire portant sur l’amélioration de la qualité de l’eau et des milieux,  et non centrer les actions sur l’alevinage bien inutile, si le milieu est dégradé et si le poisson n’a pas le substrat nécessaire pour se reproduire .

6) Les parcours no-kill :

Les 23 km de linéaire sur la Bienne sont une très bonne chose : à maintenir même quand les souvenirs de la mortalité de 2012 seront moins présents dans les esprit. Quand on raisonnera en termes d’objetifs halieutiques et non en terme de mortalité du à une pollution.

Bonne initiative à condition que les contrôles soient renforcés. 23 km , c’est beaucoup à surveiller .

A condition que les piscicultures pollueuses responsables de la transmission de germes, virus et autres, soient lourdement sanctionnées (pollueur/payeur). Dénoncer ces pisciculteurs peu scrupuleux et leur faire mettre la main au porte-monnaie est aussi une étape incontournable pour retrouver des milieux plus sains.

Concernant le PNK sur l’AIN et son  » déplacement » qui fait gagner 2 km de linéaire au final. Très bonne chose pour le nouveau, mais pourquoi ne pas avoir laissé les 2 parcours? Quelles études sérieuses et dignes de ce nom montrent que la population en truites sur l’Ain est suffisante et en hausse, pour se permettre de supprimer le premier tronçon du PNK mis en place il y a 3 ans ?

7) Les pêcheurs professionnels :

Les pêcheurs désertent les rivières et lacs et ce n’est pas fini si rien n’est fait pour inverser la tendance!!!. Moins de cartes vendues, moins de poissons qu’il y a 10, 20 ou 30 ans. Des réalités. Les pêcheurs professionnels ne sont pas les bienvenus et ne le seront jamais. Trop peu scrupuleux, irrespectueux de la ressource par uniques enjeux économiques et financiers, pillant les plans ou cours d’eau où les AAPPMA s’évertuent d’œuvrer, allant où les PCB ne sont pas assez nombreux pour que les poissons puissent encore être consommés et désertant la zone lorsque les réserves sont épuisées. Voilà le contraire de ce qu’il faut pour l’avenir de nos milieux.

En conclusion :

Le développement de la pêche de loisir passe par une augmentation des biomasses de poissons ( notamment sandres, brochets, truites, et corégones qui intéressent majoritairement les pêcheurs.) La conséquence directe serait la hausse du nombre de pêcheurs prenant une carte. Certains présidents d’AAPPMA raisonnent à court terme sur le nombre de cartes vendues et non à long terme sur l’évolution des populations piscicoles.  Je vous donne l’exemple très parlant des lacs de la forêt d’Orient ( Président Eric BAILLY BAZIN et ami ) : Je cite :

 » En 2008 quand on a pris les commandes nous avions autour de 790 adhérents annuel. En 2014 nous en avons plus de 1000 ! et 470 cartes journalières, 512 cartes hebdomadaire vendues. Alors qu’on arrête de nous dire que l’on va perdre des adhérents en mettant en place des mesures efficientes. Vous voulez maintenir vos effectifs, vous voulez avoir de nouveaux adhérents ? Je vous donne la formule magique : Que vos lots de pêche soient poissonneux !

J’espère que vous ferez appliquer les retours du public et ne resterai pas figé sur vos positions en faisant uniquement référence à la loi pêche et en rejetant en masse , les adaptations réglementaires locales !La fédé39 et l’ONEMA n’ont pas non plus la science infuse! Sachez écouter et entendre l’avis des pêcheurs qui n ont pas le même poids pour faire pencher la balance, et on le sait bien, ne sont là que pour  » les finitions » dans la mise en place d’un arrêté préfectoral .

Les fédés n’arrivent même pas à avoir une vision commune sur l’avenir de la pêche de loisir et tirent la couverture à elles par purs intérêts personnels.

Les divisions au sein des différentes présidences des fédérations de pêche ralentissent les évolutions à apporter, et ces divergences impactent directement les décisions prises par la FNPF qui a du coup, laissé parfois des occasions en or de faire avancer les choses.

De là à harmoniser l’intégralité des décisions à tout le territoire national je ne suis pas pour compte tenu des différences géographiques climatiques notamment ( périodes  de frai différentes et donc impactées) et des proportions de cours d’eau de 1ère et 2ème catégories entre les départements. Les dates d’ouverture seraient donc à adapter au cas par cas.

En revanche je suis pour une loi qui fixerait des mailles rehaussées et des quotas à la baisse partout en France. Et l’imposition faite aux AAPPMA de mettre en place des zones de réserves temporaires tournantes sur plusieurs années.

J’attire enfin votre attention sur le fait que ces mêmes pêcheurs ne font pas que  » râler  » sans argumenter et sans s’investir dans les AAPPMA en proposant des mesures concrètes et souvent fondées. Mesures qui ne voient le jour que trop rarement par blocage au niveau des instances dirigeantes.  Les élections de 2015 vont on l’espère, permettre de voir les choses évoluer dans le bon sens et lutter contre cet immobilisme chronique qui dessert l’avenir de la pêche. 

 Arnaud FOURRIER, La Gaule Moirantine, Jura39.

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julien-benard-capelleIl y a en France plusieurs milliers d’AAPPMA, toutes régies non par des statuts, mais par des « statuts types». Mais au fait, que contiennent ils exactement ? Et pourquoi « types » d’ailleurs ? A bien y regarder, leur lecture révèle la philosophie de l’organisation de la pêche en France. Bien de ses qualités et de ses défauts son résumés dans ces quelques pages approuvées à la va vite en assemblée générale.

Double A

Les AAPPMA appartiennent elles mêmes au million d’association de type “loi 1901”.Mais elles ont une bien étrange particularité : les statuts de l’intégralité des AAPPMA sont écrits par l’Etat et non par leur membres. Soyons clairs : ils ne sont pas influencés, suggérés ou encadrés par l’Etat. Ils sont entièrement écrits, du début à la fin et jusqu’à la moindre virgule, de la plume du directeur de l’eau et de la biodiversité, par délégation du ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Pourquoi ? A cause du deuxième « a » de AAPPMA, qui signifie “agréée”. Nos associations sont en effet agréées par la préfecture, c’est à dire par l’Etat, car elles sont en charge de la gestion d’un bien commun : la ressource halieutique. Ca se passe le plus naturellement du monde. Le ministre publie un arrêté dans lequel est stipulé dans son article 3 :

Le dossier de demande d’agrément, signé par les membres du bureau, comprend :[…]

4° Un exemplaire des statuts de l’association, qui doivent être conformes aux statuts types figurant en annexe au présent arrêté ;”Il est probablement possible de les modifier, mais seulement si le préfet et la fédé sont d’accord (article 6 de l’arrêté). Il est tout à fait normal qu’une autorité publique se charge de garantir qu’il ne sera pas fait n’importe quoi de notre patrimoine à tous. Mais recevoir en délégation une partie du bien public a un prix pour les associations : celui de la perte d’indépendance. Donc à l’inverse de toutes les autres associations qui organisent et défendent les intérêts de leurs membres ou du public auquel elles s’adressent, les AAPPMA gèrent un intérêt public pour le compte de l’Etat. Et sont donc sous sa tutelle.

Double tutelle

D’abord, les AAPPMA sont sous la tutelle du préfet. Celui ci donne l’agrément à l’association mais également au président et au trésorier (article 20 des statuts types) :

L’élection du président et celle du trésorier sont soumises à l’agrément du préfet du département. Mais elles sont également placées de fait sous la tutelle des fédérations départementales. On en trouve des illustrations dans le texte de l’arrêté et dans celui des statuts types. Par exemple voici l’article 5 de l’arrêté :

Le dossier de demande d’agrément est adressé au préfet qui consulte la fédération départementale des associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique.

Et un extrait de l’article 6 des statuts :

Les décisions de la fédération départementale […] s’imposent aux associations adhérentes et à leurs membres conformément à l’article 32 des statuts de la fédération départementale. Allez, encore un petit bout de l’article 7 des statuts, pour la route :

Pour la poursuite de ses objectifs, l’association doit :

  1. S’affilier à la fédération départementale des associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique du département dans lequel elle est agréée et s’acquitter des cotisations statutaires dont les montants sont fixés annuellement par le conseil d’administration de cette fédération.

Quelle est donc être la légitimité des fédérations départementales sachant que toutes les AAPPMA, qu’elles soient d’accord ou non, sont obligées de s’y affilier et d’en appliquer les décisions ? En fait, elles tiennent cette légitimité de la loi et non pas des pêcheurs ! La même chose vaut pour le niveau du dessus : les fédérations départementales sont sous la tutelle de la fédération nationale. Vous appelleriez ça comment : de la démocratie ou de la bureaucratie ?

Où est le problème ?

Mais d’abord, pourquoi cela pose t’il problème ? Prenons un cas imaginaire : une AAPPMA décide que la pêche de loisir est devenue trop chère et inaccessible pour de nombreuses familles en ces temps de crise. Elle souhaite mener une politique sociale en instaurant un prix réduit sur les cartes. Pas de bol, l’article 29 des statuts précise :

La cotisation doit être la même pour tous, sauf […] Mais la liste des cas ne comprend pas les pauvres. D’ailleurs l’article 28 stipule que : Les ressources de l’association ne peuvent être affectées qu’à son objet social. Lequel objet social, décrit dans l’article 6, ne précise rien du tout à propos d’une

quelconque politique… sociale. J’imagine mal une fédération ou un préfet attaquant une AAPPMA parce qu’elle décide d’aider les plus pauvres. Mais les statuts le leur permettent ! Donc à moins defaire exactement ce que veulent l’Etat et les fédérations, il est plutôt recommandé dene pas se fâcher avec eux…

Et ça n’arrive pas que dans mon exemple imaginaire. Nous en avons eu un illustration avec les PCB. Ces polluants d’origine industrielle ont été déversés pendant des années dans nos cours d’eau et font qu’aujourd’hui la consommation des poissons est interdite sur certains des plus grands fleuves de notre pays. Que ce soit une bonne ou une mauvaise chose n’est pas le débat ici. La question est : qui est à l’origine de cette interdiction de consommation ?

En ce qui concerne le Rhône, l’alerte a été donnée en 2005 par un pêcheur professionnel, 20 ans après qu’une plainte contre X ait été déposé par une association écologiste, la FRAPNA, mais jamais suivie d’effet. Pour la Seine à Paris, elle l’a été par l’association écologiste « Robin des bois » qui a également porté plainte.

Ces deux lanceurs d’alerte ont bel et bien protégé les pêcheurs de loisir que nous sommes d’un danger sanitaire. Et ils ont provoqué la reconnaissance publique de ce qu’il faut bien appeler un désastre écologique majeur. Dans le cas parisien, les preuves accompagnant la plainte sont des données publiques, recueillies par les services de l’Etat. Mais celui ci n’ayant pas jugé nécessaire d’interdire la consommation du poisson, ni les fédérations ni les AAPPMA n’ont pensé à le contredire. Pour obtenir la décision d’interdiction de consommation à Paris, « Robins des bois » a du porter plainte contre X pour pollution et mise en danger de la vie d’autrui, mettant immédiatement le préfet, responsable de la protection des citoyens, en porte à faux.

Quelques jours plus tard l’arrêté préfectoral tombait. Croyez-vous qu’une telle action soit possible pour une AAPPMA sachant le contenu des statuts ?

Tout se passe donc comme si toute la chaîne fédération nationale / fédération départementale / AAPPMA se comportait comme une administration parallèle, supprimant de fait tout contrepouvoir.

Un extrait de l’article 6 des statuts, qui précise l’objet social des AAPPMA, illustre tout à fait ce point :

D’une manière générale, l’association peut effectuer toutes opérations conformes aux orientations départementales définies dans les missions statutaires de la fédération départementale. Traduction : les AAPPMA font ce que leur disent les fédés.

Et au Parlement ?

En parlant de loi, comment est gérée l’organisation de la pêche de loisir par le parlement ? Fait elle l’objet de débats, de controverses ? Une petite recherche sur le site de l’Assemblée Nationale renseigne immédiatement : On y trouve assez peu de d’interventions (38 questions écrites et deux amendements en un peu moins de 20 ans), mais certaines sont significatives.

Parmi elles, une salve de questions écrites visant à défendre les pisciculteurs qui se sentaient menacés par une diminution réglementaire des lâchers de truites et autres « repeuplements » en 2009. La même question a été posée par pas moins de 11 députés ! Preuve s’il en était besoin qu’il est possible de murmurer à l’oreille des parlementaires pour faire avancer ses idées…

Une autre contribution de premier ordre est un amendement déposé par le groupe socialiste en 2010 et demandant à ce que les fédérations départementales de pêche puissent attaquer une décision administrative en justice si elle est manifestement contraire à la protection de l’environnement dont elles sont aussi chargées. L’amendement a été adopté, mais en creux, on comprend que cette possibilité

n’existait même pas avant. D’ailleurs, pourquoi une fédération attaquerait- elle une administration puisqu’elle est presque considérée comme en faisant partie elle même? Je serai d’ailleurs assez intéressé de savoir combien de fois cette possibilité a été utilisée…Enfin, une intervention beaucoup plus récente concerne directement ce dont il est question ici. Il s’agit d’une question écrite posée en 2013 par Marcel Bonnot, député UMP du Doubs. Extrait :[…] les associations agréées pour la pêche et la protection des milieux aquatiques se retrouvent privées d’une grande partie de leur liberté, notamment en ce qui concerne certains tarifs de cotisations. Par ailleurs, le règlement intérieur de ces sociétés de pêche, dicté par la FNPF, serait vidé de sa substance. Aussi, les responsables des AAPPMA regrettent que les pleins pouvoirs soient confiés à la Fédération nationale pour la pêche en France et estiment que ces nouveaux statuts AAPPMA sont contraires au droit des associations, à l’esprit même de la loi de 1901 ainsi qu’à certaines directives de l’Union européenne.

Contraires à l’esprit de la loi de 1901 et à des directives européennes, rien que ça ! Si vous aviez quelques doutes sur ce que je viens d’exposer, la réponse du ministre ne leur laisse, elle, aucune place. Je vous invite à la lire, mais en voici quelques extraits :

En raison de cette obligation d’adhésion, les AAPPMA ne sont pas des associations « loi de 1901 » comme les autres. Ces derniers [statuts-type] leur imposent notamment d’adhérer à la fédération départementale des associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique (FDAAPPMA). […] les FDAAPPMA doivent adhérer également à la Fédération nationale de la pêche en France, et de la protection du milieu aquatique (FNPF).

Le règlement intérieur [des AAPPMA] doit se limiter à « déterminer, en tant que de besoin, les modalités d’application des statuts dans les domaines des règles de fonctionnement de l’association ».

Je résume : les AAPPMA ne sont pas des associations comme les autres, mais doivent obéissance à une administration parallèle. Et elles sont priées d’oublier toute velléité d’y échapper à l’aide de leurs réglements intérieurs.

Privation de liberté

Mais examinons plus en détail la « privation de liberté » dont parle M. Bonnot. Par le passé les AAPPMA conservaient un peu de pouvoir localement. Avant la mise en place des mesures à visée nationale comme l’ouverture commune du carnassier au 1er mai ou les réciprocités généralisées, elles recevaient en échange de leur bons et loyaux services la gestion d’un petit pré carré dans lequel elles faisaient la loi : seuls leurs membres y avaient accès. Mais la marche vers un permis national via les

réciprocités et l’unification de la pêche en France a rogné ces prébendes. Les AAPPMA ont perdu le peu de pouvoir qu’elles avaient. Par exemple, instaurer des TLC plus grandes que celles légales ne peut être que le fait du préfet. Il est toujours possible d’en spécifier dans un règlement intérieur, mais celui ci n’est contraignant que pour les membres de l’AAPPMA en question, pas pour les pêcheurs bénéficiant de la réciprocité. Il est significatif que certaines d’entre elles aient choisi de ne pas suivre la voie de la réciprocité, justement pour pouvoir conserver une marge de manoeuvre et continuer à agir localement.

Qui donc peut faire bouger la pêche ?

L’automne dernier, nous avons assisté à un soubresaut de la FNPF. Devant la montée en puissance de nouvelles formes de pêche (leurre au carnassier et silure), elle a ouvert des discussions avec Black Bass France, Carnavenir et Silurus Glanus Team. Le but étant de donner quelques gages à ce nouveau public (nous en l’occurrence).

Puis elle a organisé un semblant de consultation nationale, histoire de déguiser des modifications clairement clientélistes en referendum populaire. C’est d’ailleurs le principe de ces consultations.

La situation mérite qu’on s’y arrête. Si on excepte la mascarade consultative, qui a du poids dans ce processus ? D’abord l’Etat, puisque c’est le ministre qui décidera des changements à apporter. Puis la FNPF, grand chef d’orchestre de l’opération. Puis trois associations bien combatives. Et seulement tout à la fin, cerise sur le gâteau démocratique, plus d’un million de pêcheurs dûment encartés, répertoriés et organisés. Et dans ce million, des milliers de présidents, de trésoriers, de secrétaires, de membres de CA, de bénévoles qui se dévouent pour leur passion. Mais tous ceux là auront juste le droit de cliquer pour dire (au cas où on les écouterait) s’ils préfèrent deux ou trois hameçons sur des leurres qu’ils n’utilisent peut être jamais.

Fermez le ban, la grande consultation est terminée ! La première évolution réglementaire depuis 10 ans est close ! Rendez vous dans 10 autres années, vers 2023, pour décider ensemble si les asticots colorés en rouge resteront admis pour la pêche du gardon.

L’enseignement à tirer de cette péripétie tient en quelques mots : on ne changera pas ce système de l’intérieur. Les associations conviées à la discussion nous montrent la voie. Elles ont choisi une meilleure option pour faire avancer la pêche, parce qu’elles ont compris comment les instances fonctionnent. Le constat me chagrine mais je crois bien que les AAPPMA sont condamnées par la loi à ne gérer que des problèmes locaux, sans jamais avoir la possibilité de promouvoir leur vision globale de la pêche. Nous n’y sommes que des supplétifs des agents de l’Etat, et à ce titre astreints comme eux à un devoir de réserve.

Nous sommes pourtant capables de nous organiser démocratiquement, d’avoir des débats et de dire ce que doit être le bien commun. Les discussions, parfois enflammées, au bord de l’eau ou sur les forums montrent bien les attentes des pêcheurs. Beaucoup s’accordent sur le fait que le gardiennage doit être renforcé préalablement à toute modification efficace. Comment organise ton cela en période de crise quand les pouvoirs publics se désengagent partout ? Quel statut doit on accorder aux nouvelles espèces comme le silure ? Peut on pêcher la nuit ? Comment opérer la transition entre une pêche de consommation et une pêche de loisir ? Quel prix accepterions nous de payer pour contrecarrer l’érosion des cartes de pêche ? Pour quel service ? Comment représenter démocratiquement les différents types de pêche, les différentes visions, pour résoudre ensemble nos conflits ?

Je suis certain que nous arriverions collectivement à trouver des réponses à toutes ces questions, pour peu que nous puissions vraiment en discuter. Malheureusement, nous sommes trop occupés à décider si la verticale et le powerfishing sont de la traîne ou pas.

Des pistes pour l’avenir

Pour arriver à cela, nous avons besoin d’un large débat impliquant tous les pêcheurs. Nous avons besoin de démocratie. Nous avons besoin d’Etats Généraux de la pêche. Alors allons y, rêvons ! Sans préjuger de ce qu’il pourrait sortir d’une telle assemblée, Voici quelques pistes de réflexion.

La première et la plus importante des questions est celle des places respectives des associations et des pouvoirs publics. Confier toute la gestion des rivières et des lacs aux associations de pêcheurs reviendrait de fait à réduire le périmètre de l’Etat et à privatiser un bien commun, tout en donnant un poids exagéré à un seul acteur de l’eau. En fait, il nous faudrait exactement l’inverse : il faudrait rendre à l’Etat les missions qui lui appartiennent. Le problème est que pour le moment, la gestion de la ressource halieutique et la gestion des pêcheurs sont pour une bonne partie faites bénévolement par les AAPPMA, en échange du droit de pêche. Retransférer cette compétence à l’Etat, qui en gère actuellement une partie via l’ONEMA, ferait sortir cette énorme quantité de travail de la logique bénévole.

Devons nous donc en rester là par manque de moyens ? Non, il y a évidemment d’autres solutions. Premièrement nous, pêcheurs, pouvons continuer à travailler de manière bénévole. Mais l’implication de l’Etat dans la gestion doit être améliorée. Et pour cela, il va falloir payer. Deuxièmement, n’oublions pas que pour une grande partie des cours d’eau, l’entretien des berges et le droit de pêche associé relèvent des propriétaires riverains. Eux aussi doivent être d’avantage mis à contribution puisque toute action publique de gestion leur profite.

Enfin, si la ressource halieutique et le bon état écologique des rivières et plans d’eau est considéré comme un bien commun, alors le coût doit être supporté par tous les citoyens et l’accès doit en être libre. C’est le cas des routes, des ponts, des écoles et des hôpitaux. C’est le cas de tant de choses dans notre pays !Je propose donc qu’une taxe nationale soit établie afin de financer la gestion halieutique. Ses modalités sont évidemment à discuter, mais elle aurait plusieurs avantages :

  1. le permis ne serait plus nécessaire,
  2. les AAPPMA pourraient défendre leur vision de la pêche, tout en continuant d’agir localement en obtenant l’autorisation d’intervenir sur le milieu,
  3. les associations de pêcheurs ne seraient plus l’organe de collecte de l’argent de la pêche,
  4. la réciprocité nationale serait établie de fait.

Notez bien que les deux derniers points sont parmi les buts actuellement poursuivis par la FNPF, aux dépends des deux premiers d’ailleurs.

Qui donc désormais pourrait prendre les décisions concernant le milieu aquatique en général et la pêche en particulier ? Qui pourrait garantir le dialogue entre les différents acteurs : état, collectivités locales, pêcheurs de loisir, pêcheurs professionnels, pisciculteurs, propriétaires riverains, associations de protection de l’environnement ?

Il existe déjà des instances paritaires dans lesquelles les associations de protection de la nature, les pêcheurs, de nombreux acteurs de l’eau et l’Etat sont représentées. Ce sont les comités de bassin et les commissions locales de l’eau qui élaborent les SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau). Elles ont une unité géographique pertinente, par bassin, un ancrage local et une expérience de la concertation. Il ne leur manque qu’une légitimité et un contrôle démocratique pour ne pas devenir une nouvelle courroie de transmission des décisions ministérielles.

En attendant, ce ne sont que des pistes de réflexion. Nous avons surtout besoin de débattre ensemble. Je vous propose de commencer maintenant.

Remerciements: Cet article doit énormément à Philippe Jourde, ancien président du Sandre Hourtinais et à son article de 2012 dans le numéro 39 de la revue Predators. Merci également aux autres présidents et à tous les pêcheurs qui ont nourri cette réflexion.

Julien bénard Capelle

 

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Roustan_L150Honnêtement cette question est celle que l’on s’est posée en 2006, lors de la réforme de la loi sur l’eau. Avant cette date, rappelons que la Cotisation Pêche Milieux Aquatiques était entièrement reversée au Conseil Supérieur de la Pêche et non à l’Union Nationale de la Pêche en France, qui représentait les fédérations de pêche adhérentes. La création de la Fédération Nationale de la Pêche en France est apparue comme nécessaire, à partir du moment où les pêcheurs eux-mêmes allaient gérer la quasi-totalité de cette taxe (une partie revient encore aujourd’hui aux agences de l’eau). L’Etat souhaitait que la Cotisation Pêche Milieux Aquatiques Milieux Aquatiques soit redistribuée à toutes les fédérations de pêche de manière équitable, afin de mener à bien le développement de la pêche et la protection des milieux aquatiques. De cette volonté est née la FNPF, qui redistribue la CPMA à chaque fédération départementale de pêche, qu’elle soit « petite » ou « importante », de manière équitable et juste. Chacun a le droit au même niveau de subventions.

En tout, 90% du budget de la FNPF est redistribué. Sur les 20 millions d’euros, 12 millions sont dédiés à l’emploi dans les Fédérations Départementales et les Unions Régionales. 4,7 millions le sont sous forme de subventions aux fédérations départementales afin de soutenir leurs actions en faveur des milieux (restauration de frayères…) et en faveur du développement de la pêche (création de pôles d’initiation à la pêche, de pontons, de mises à l’eau…). Chaque fédération désirant être subventionnée doit présenter un dossier étayé avec un chiffrage précis et une description du projet. Nous reversons également 500 000 euros aux associations de protection des poissons migrateurs et 500 000 d’aides à la structuration des Unions Régionales de pêche. Ensuite la FNPF elle-même représente les pêcheurs partout où cela est possible au niveau national afin que les milieux aquatiques d’eau douce ne soient pas les parents pauvres de la protection de l’environnement. Nous créons des « outils » pour aider les fédérations et les associations dans leur quotidien : communication, développement de la pêche, gestion des milieux aquatiques… Nous les aidons également dans leurs démarches juridiques, notamment, par exemple, quand une fédération et ses associations se portent « partie civile » face à des pollutions de cours d’eau. Mais pas que ! Gestion du site cartedepeche.fr, de la formation des gardes de pêche particuliers, du déploiement du programme pédagogique d’éducation à l’environnement, de la labellisation des parcours… il y a une quantité de choses qui sont au cœur des actions de la FNPF. Pour mener à bien tout cela, il y a des bénévoles, dont je fais partie, mais aussi des permanents, qui travaillent au siège. A titre d’exemple, France Nature Environnement, qui représente 3 000 associations, compte 41 salariés. La FNPF n’en compte que 14, allant du secrétariat/administratif au pôle développement et technique en passant par la communication, le juridique et la comptabilité.

Nous aidons dans leurs missions 3 800 associations locales, 93 fédérations départementales, 9 Unions Régionales, 3 groupements réciprocitaires, 8 associations migrateurs. A côté de cela nous aidons également financièrement les deux fédérations sportives et l’association représentant les pêcheurs en situation de handicap.

Ce système, qui comporte sans doute des faiblesses – qui n’en n’a pas ? – est assez efficace. Ce sont les associations de pêche qui gèrent sur le terrain les populations piscicoles en fonction des spécificités locales. La fédération coordonne les actions au niveau départementale et poussent des projets sur l’ensemble du territoire. Ces deux structures connaissent les milieux et peuvent ainsi porter auprès du préfet les demandes de dérogations nécessaires.

Les Unions Régionales, qui commencent à se mettre véritablement en place, portent des projets de bassin d’importance comme l’arasement d’un ouvrage hydroélectrique ou des projets de communication globale. Mais toutes n’ont pas de salarié. Il est vrai que cette structuration peut paraître « opaque » quand on est pêcheur. Le « qui ? » fait « quoi ? » n’est pas très bien compris. Preuve en est les messages que nous retrouvons sur les réseaux sociaux où les adhérents nous demandent des comptes sur la gestion qui est faite de leur rivière. L’AAPPMA et la fédération départementale peuvent apporter des éléments concrets de réponse. La FNPF a une vision beaucoup plus large de la pêche et de l’environnement aquatique : se battre pour que la pêche de loisir ne soit pas réduite face aux pressions diverses, se battre pour que les espèces vulnérables soient considérées comme telles et donc protégées, permettre de moderniser notre loisir dans une société en constante évolution… Nous avons en face une administration souvent « prudente », contrainte par le code de l’environnement et les textes de loi. J’entends souvent les pêcheurs se plaindre que « rien ne bouge ». Et pourtant depuis 2007 que de chemin parcouru ! Nous avons porté tant de projets : de génétique, d’éducation à l’environnement, d’amélioration de la garderie dans son aspect qualitatif, de la communication… et nous avons tant de choses encore à mettre en place.

Néanmoins, peut-on se demander si ce tout jeune système, créé en 2007, doit être réformé en profondeur ou être adaptée au monde dans lequel nous vivons aujourd’hui ? Cette question sera au cœur des débats que nous allons mener début décembre lors du séminaire des membres du Conseil d’Administration. La thématique de ce rendez-vous portera sur cette question. Impossible pour moi d’y répondre avant.

Néanmoins, prenons la problématique dans l’autre « sens ». Que se serait-il passé si la création de la FNPF avait achoppé lors de la mise en place de la nouvelle loi sur l’eau de 2006 ? Ce qui aurait pu être le cas : l’examen de la LEMA avait disparu de l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale et il a fallu déployer un véritable forcing en collaboration avec Nelly Olin, la Ministre de l’écologie de l’époque, pour que cette loi soit examinée et votée in extremis par l’Assemblée Nationale le 30 décembre 2006.Il n’aurait plus été obligatoire d’adhérer à une association de pêche pour pratiquer notre loisir. Ces mêmes associations auraient peu à peu disparues. Les baux de pêche, détenus aujourd’hui par les associations en contre partie de la gestion du milieu aquatique, ne seraient plus gérés tels qu’ils le sont aujourd’hui et pourraient être loués par des particuliers ou des entreprises, à d’autres particuliers ou mis à disposition moyennant finances. Les rivières auraient été tronçonnées. Certaines parties seraient fermées à la pratique de notre loisir, tout simplement parce que le particulier le désire. D’une carte de pêche à 95 euros pour pêcher dans la quasi-totalité des cours d’eau, on passerait à des prix exorbitants puisqu’il faudrait s’acquitter plusieurs fois du droit de pêche. Ce serait d’ailleurs un vrai casse-tête pour savoir à qui payer le droit, à quel moment on passe d’une zone à une autre. Quant au domaine public, dont la gestion serait confiée uniquement à l’Etat, il ne faudrait pas espérer y voir se développer des mises à l’eau, des pontons ou autres commodités.

La voix des pêcheurs pèserait beaucoup moins qu’aujourd’hui puisque non représentée au niveau local, au niveau départemental, au niveau régional et enfin au niveau national. Qui s’opposerait à l’augmentation des quotas pour la pêche professionnelle ? Qui militerait pour la sauvegarde des espèces d’eau douce ? Qui s’opposerait à la construction d’un barrage ou au déploiement de l’hydroélectricité ?

Il est vrai que le système actuel comporte de nombreuses strates issues de notre histoire, de la manière dont la pêche a été façonnée dans les territoires par les différentes lois sur l’eau, par l’organisation de la gouvernance écologique et par la mise en place des structures de la pêche associative. Est-ce un mal ou un bien ? En tous cas, l’organisation de la pêche associative reste et doit rester démocratique. Tout à chacun peut s’y exprimer, venir aux Assemblées Générales, voter, s’y investir ou au contraire aller pêcher en confiant la gestion à d’autres. Tous les élus de la FNPF sont d’abord issus des AAPPMA locales. Ce sont des pêcheurs, de province pour la grande majorité. C’est la grande force de notre pêche et moi, je crois dans cette gestion du terrain car ce sont ceux qui vivent la pêche au quotidien qui aiguillent la pêche. Et non le contraire comme certains le pensent. La FNPF n’impose pas. Elle guide. Elle aide. Que l’on soit d’accord ou non, je pense que la pêche associative est le seul mouvement associatif français à ce point à l’écoute des revendications qui lui sont faites, pour peu qu’on prenne le temps de lui dire et d’argumenter ses propos.

Claude ROUSTAN, président de la Fédération Nationale de la Pêche en France

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Merci à tous les participants pour ces interventions de qualité. J’espère au milieu de toutes ces idées proposées à notre lecture, certaines feront leur chemin…. Dommage qu’aucun président de fédé n’ai pris le temps de jouer le jeu.

Gardez la pêche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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