Depuis 30 ans le CNPL de Clermont Ferrand rythmait la saison de pêche avec un salon qui fut incontournable durant de nombreuses années. Mais, devant le désastre de l’année dernière, les organisateurs ont décidé de jeter l’éponge.
Mon premier CNPL était en 2010, il était alors le salon où il fallait aller pour découvrir toutes les nouveautés. Si on ne pouvait pas acheter sur place on pouvait néanmoins commander une nouveauté et la faire livrer chez son détaillant. Clermont pour moi c’était 3h30 de route, une journée fatigante à marcher dans les allées et prendre des tas de photos, de renseignements, de contacts mais c’était une journée à nulle autre pareille que j’attendais avec impatience.
A partir de 2010, j’y suis allé tous les ans sans interruption sauf Covid, jusqu’à son édition 2024, une édition fade où le salon s’orientait vers la foire au saucisson plus qu’au matériel de pêche.
Pour ceux qui n’ont pas connu la grande époque du CNPL, c’était au bas mot une bonne demi heure d’attente le matin au froid avant de pouvoir rentrer tellement il y avait de monde. On trouvait des petits exposants comme Vario Pêche présent depuis les débuts du salon lorsqu’il n’était encore qu’un petit salon local sous chapiteau. On découvrait toutes les marques sans exception, des plus connues aux nouvelles, des inventeurs, des guides, des tours opérateur. C’était magique et il fallait jouer des coudes dans les allées. L’univers mouche et truite était bien représenté, celui des bateaux était naissant mais on découvrait de rutilants bass boat au coté de barques classique. On pouvait parler aux stars de la pêche et rêver tout simplement…
Au fil du temps, le salon confirmant années après années un succès phénoménal avec énormément d’entrées, les organisateurs ont bien augmenté les tarifs avec des budgets pouvant aller jusqu’à 30 000 euros pour une marque qui souhaitait un grand emplacement. Clermont c’était pas mal, hors saison de pêche ou presque, au centre du pays, desservi par autoroute, des hôtels à proximité mais une organisation bancale, et je m’en explique.
En 2013, content de mon reportage sur le salon 2012, le service presse du CNPL me propose un pass presse coupe fil et permettant d’être reconnu sur les stands. En 2014, ils m’oublient, en 2015 je prépare ma visite et les appelle mais ils m’oublient encore, idem tous les ans où il me fallait aller pleurer un badge presse mais pas un seule entrée gratuite de Centre France Evènement qui pourtant me félicitait à chaque fois à postériori de mon reportage.
Avant le Covid des employés des marques me font remarquer que le jeu n’en vaut peut être plus la chandelle, les tarifs s’envolent et la façon de communiquer change. Quand Pure fishing s’en va le vide que laisse cette entité est palpable, puis tous les autres ou presque désertent Clermont qui en 2024 a réduit énormément son linéaire d’exposants au point que j’arrive à faire le tour du salon en une petite heure alors qu’il me fallait la journée avant. La pêche et les Poissons qui avant occupait un ilot central se retrouve reléguée au fond près des WC à coté d’un cuiseur d’andouillettes, quand on paye cher son emplacement VIP on s’attend à être bien placé. Et là, hypocrites au possible, les organisateurs annoncent une fréquentation stable et une organisation du salon repensée pour donner plus d’espace au public…. Mon œil oui, c’était la cata et à tel point que je n’ai même pas fait le déplacement en 2025.
Il fallait s’y attendre, lorsqu’on donne l’organisation d’un tel salon à une boite de com, eux voudront faire du fric pas une fête des pêcheurs.
Les raisons invoquées pour cet arrêt font part du retrait des grandes maisons de la pêche mais c’est la fuite de tous les acteurs pêche devant des tarifs hallucinants et une organisation pas à la hauteur. Dans un communiqué destiné à la presse étrangère, pas nous bien évidemment, ils précisent réfléchir à organiser en 2027 un salon plus orienté activités nature en général.
Les marques pêche ont réussi à couler ce salon, c’était d’ ailleurs leur intention de reprendre la main depuis un bon moment. Avec leur organisation syndicale, le GIFAP, ils ont crée la fête de la pêche à Nantes en plein moment de l’ouverture du brochet. La première édition, saluée comme un grand succès alors qu’ils n’ont pas fait la moitié de la fréquentation de Clermont est reconduite en 2026 en avril. Nantes c’est loin, c’est excentré et ça mélange eau douce et mer, donc pas ma tasse de thé.
A coté de ça, les salons régionaux marchent pas mal, moins bling bling, celui de Vichy en 2025 a été une vraie réussite comme celui de Strasbourg délocalisé à Colmar cette année. Celui à venir de Saint Etienne semble prometteur, à voir donc.
Il semble donc que les énormes salons d’envergure nationale ne soient pas le meilleur format, on peut être passionné de pêche et rechigner à faire 8h de route, deux nuits à l’hôtel, 4 repas, tout ça juste pour voir du matos de pêche. D’autant que les réseaux sociaux permettent désormais de tout savoir dès l’automne qui précède niveau nouveautés. Reste que les salons régionaux permettent aux pêcheurs du coin de se retrouver, d’échanger et de découvrir quelques trucs.
Bye bye CNPL, tu m’as fait vivre quelques superbes journées, à moi comme à de nombreux autres.
Gardez la pêche.
