Nous avons tous certainement pêché au moins une fois une carpe, c’est le poisson qui suscite le plus d’intérêt chez les pêcheurs français. J’ai démarré comme nombre d’entre nous, qui avons connu les débuts de Goldorak, en pêchant la carpe à la ligne à la patate, au maïs avant que les techniques anglaises ne viennent mettre un coup de neuf dans cette pêche.
J’ai bien encore quelque part ma batterie de trois cannes, ses détecteurs et son rod pod mais ce n’est plus une pêche qui me passionne, je lui préfère le feeder.
La carpe ou Cyprinus carpio est présente partout en France sauf dans quelques rares lacs d’ altitude mais ailleurs elle a envahi seule ou grâce à l’homme la moindre marre, la moindre rivière dès qu’elle cesse d’être fraîche et courante.
La carpe n’est pas endémique en France, elle est arrivée apportée par les romains comme le poisson le plus facile à élever pour nourrir les populations. Elle est originaire de la région ponto-caspienne sur le Danube. La carpe verra son expansion territoriale en France confirmée par les moine après l’ an mille qui créeront des milliers d’ étangs pour son élevage.
La carpe c’est un peu le cochon des eaux douces, elle se nourrit de tout, résiste aux pires milieux et parvient à prospérer dans des endroits inattendus.
Les scientifiques la classent comme une espèce invasive ingénieur car elle transforme un milieu lentique (eau calme) dominé par les macrophytes (plante aquatiques visibles à l’ œil nu) en eau claire en une eau turbide dominée par le phytoplancton.
La carpe prolifère tellement que dans certains pays elle est classée nuisible. En Australie son introduction a tellement bouleversé l ‘écosystème que le gouvernement voudrait introduire un virus dans ses eaux pour la détruire.
Chez nous elle est fréquemment victime de la virémie printanière, un virus de la famille des Rhabdoviridae, qui peut tuer la quasi totalité du peuplement d’un étang en une petite semaine.
S’il n’existe qu’une race de carpe commune, il existe par contre des variétés chez cette famille avec la très connue carpe royale qui est en fait la commune, elle a le corps recouvert d’ écailles et est plus fusiformes que les autres. On trouve aussi la carpe miroir qui ne possède que quelques grosses écailles sur le dos et les flancs, la carpe « tarte au pommes » qui est une miroir avec plus d’ écailles et la carpe cuir qui ne possède pas d’ écailles.
Les carpes se reproduisent à l’ âge de 2 ans pour les mâles et 3 ans en moyenne pour les femelles. La reproduction se déroule entre mai et juillet lorsque la température atteint au moins 19 ° c. Une femelle peut pondre jusqu’à 180 000 œufs qui vont adhérer à la végétation immergée. Lors de la fraye on peut approcher les carpes rassemblées dans peu d’eau jusqu’à les toucher du doigts, elle semblent perdre toute méfiance.
L’incubation des œufs dure 5 jours à 20 °c et les alevins vont résorber leur réserve vitelline en 3 jours en moyenne. Au tout début ils vont se nourrir de micro algues puis d’invertébrés jusqu’à devenir capable de tout manger ou presque. Elles digèrent sans problème les glands, les pommes, les écrevisses, et tout ce qui peut être assimilé.
La croissance des carpes c’est 50 à 100g le premier été, 500 à 800g le second été, 1 à 2 kilos au troisième été. Dans une mare on peut leur apprendre à venir manger dans la main. Une carpe pourrait vivre 40 ans en captivité en 20 ans à l’ état sauvage, donc les carpes centenaires des douves de château sont des légendes à touristes.
C’est le poisson en tonnage le plus élevé en France par les pisciculteurs et beaucoup de celles pêchées partent à l’ exportation car sa chair n’est pas très consommée en France sauf en Alsace ou les darnes de carpes frites sont un plat typique et un régal pour les papilles.
Il arrive d’ attraper des carpes au leurre, j’en ai pris à la cuiller ondulante, au plomb palette, en France, en Espagne….Et je me souvient de la puissance du coup de ligne. Certains pêcheurs les recherchent en rivière à la mouche, sensations garanties et matériel mis à rude épreuve.
Au niveau du poids maxi, si le record de 37,5kg pris dans l’ Yonne est resté longtemps au pinacle, il semble que des carpes de plus de 45 kg existent dans des étangs privés destinés à la pêche des spécimens.
Désormais la spécialisation dans sa pêche en fait une espèce très recherchée par des passionnés en pointe sur le domaine des attractants. La cohabitation entre pêcheurs de carnassiers en bateau et carpistes peut être quelquefois tendue mais chacun a à apprendre de l’ autre.
Gardez la pêche.
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