Cette page vous présentera les périodes de reproduction de nos carnassiers les plus courants, de cette façon, en bon pêcheur, vous saurez éviter de pêcher une espèce qui se reproduit.
Je traiterai des périodes par ordre chronologique en partant de l’année civile et non des dates d’ouverture ou de fermeture de la pêche, don je commencerai par le brochet, puis la perche, le sandre, le Black Bass, le silure et enfin la truite.
J’éviterai d’ aborder le bass à petite bouche, le chevesne, l’aspe et autres poissons comme l’anguille qui sont pourtant de redoutables carnassiers. Peut être une autre fois, pourquoi pas.
Premier à se reproduire dans l’année, le brochet est aussi celui dont la fraye est très visible.
Dans le petit plan d’eau familial, il entamait sa fraye dès la mi février. C’était alors pour moi un réel défi que de passer tous les jours pour tomber sur le moment ou je pourrait admirer Mme Esox de 60/70 cm courtisée par ses deux flutiots mâles de 40cm et les voir s’ébattre dans les herbiers rivulaires.
Depuis, il n’y a plus de brochets dans l’étang, seuls des bass occupent le terrain du carnassier.
On peut aussi admirer les brochets en fin mars dans nos rivières froides de première catégorie. Ils se regroupent une semaine ou deux après l’ouverture dans les plus grands emplacements, souvent avant ou après un barrage. Ils semblent préférer des fonds importants (plus de deux mètres) et pas mal d’espace.
En 2011 au lieu dit le Saintfoin (bief de moulin de 50m de long) sur le Ternin (rivière morvandelle de première catégorie), il s’est pris un brochet de 50, un de 67, un de 81 par mon épouse et un de 90. En 2012 j’en ai pris un de 78 et il s’en est pris un autre de plus de 80. Sur la partie du bief la plus profonde soit un coin d’à peine 500 m² c’est remarquable. Une année, selon le président de l’AAPPMA ce sont 7 brochets qui ont été pris dans ce lieu.
La reproduction du brochet s’étale en février mars dans une eau de 7 à 11° c. Les mâles et femelles qui vivaient chacun sur leurs territoires respectifs se regroupent, quelquefois à plusieurs dizaines d’individus sur quelques centaines de m². Cette promiscuité aiguise l’agressivité de notre esox national et souvent les brochets repartent abimés de ces galipettes.
Une femelle est mature à deux ans, un mâle la première année, généralement il ne mesure qu’une trentaine de centimètres, la femelle environ 50.
Celle ci va déposer environ 20 000 à 30 000 œufs (par kilo de son poids) oranges d’un diamètre d’un millimètre sur les herbiers du bord pour la rivière ou ceux du fond pour les noues ou les étangs. Le brochet apprécie pour sa reproduction une profondeur d’environ 20 cm à un mètre, ensoleillée et dont le niveau reste stable.
A ce sujet l’ONEMA (Office national de l’Eau et des Milieux Aquatiques) a calculé qu’il fallait un niveau constant de 40 à 60 jours pour que la reproduction soit idéale. Le principe des prairies noyées favorables au brochet est battu en brèche, aucune de ces prairies ne reste en eau aussi longtemps, seules des noues (bras morts) peuvent convenir à optimiser la reproduction. D’autre part en grand lac de barrage on comprend que la reproduction ne soit pas optimale, les gestionnaires tirent sur les niveaux avant la fin de la période et assèchent les zones les plus favorables.
L’incubation des œufs durera 120°/jours, soit 12 jours à 10° ou 10 jours à 12°. A l’issue de la naissance les alevins mettront encore 100°/ jours pour résorber leur sac vitellin. Au fur et à mesure de leur croissance rapide il passeront du phytoplancton au zooplancton puis à la chair de poisson. Une importante mortalité par cannibalisme est constatée chez le brochet.
Pour en avoir gardé un petit en aquarium durant presque une année, je peux vous assurer qu’un brochet mange de tout, du lombric au vif, en passant par l’asticot, l’insecte…..
Seconde à se reproduire, notre perche commune n’est pas un bon parent comme le sandre que nous verrons ensuite, plutôt un parent indigne comme le brochet.
Elle pond en mars avril dans une eau autour de 13°.
La maturité des femelles se fait à 4/5 ans soit 15/18 cm et 2/3 ans pour les mâles soit 10/12 cm. Cette espèce est le carnassier le plus fécond en terme de quantité d’œuf/poids.
La femelle dépose sur des branches noyées, des herbiers, des pierres…un ruban translucide agglomérant les œufs. Il mesure entre 2 et 5 cm de large pour une longueur de 1 à 3 m.
Une perchette à un jour pondu dans mon aquarium, avant la ponte son ventre était vraiment énorme. Elle a déposé son ruban sur toute la surface de l’aquarium, c’était impressionnant de voir autant d’œufs sorti d’un si petit poisson (15cm).
En moyenne une perche pond 100 000 œufs/kilos de poisson, soit pour une perche moyenne de 25 cm et de 300 g une ponte de 30 000 œufs.
La perche abandonne sa ponte à la nature un fois celle ci effectuée. Les œufs éclosent au bout d’une quinzaine de jours puis résorbent leur sac vitellin en 10 jours. Ils vivent alors en banc, et c’est là leur force et ce qui leur permet de prospérer par rapport à d’ autres carnassiers.
Les alevins commencent par se nourrir de phytoplancton puis passent rapidement au zooplancton pour ensuite se nourrir de tout.
La perche grandit extrêmement lentement, une perchette d’un an mesurera 5 à 8cm puis elle ne gagnera que quelques centimètres par an. Une perche de 25 cm est un poisson âgé d’environ 5/6 ans, une joli perche de 50 cm est une bête qui a bravé le temps et qui est âgée de plus de 10 ans.
Troisième dans la reproduction, le sandre diffère dans son comportement du brochet. Il surveille et protège sa fraye contrairement au bec qui s’en moque royalement.
Les mâles sont matures à deux ans, les femelles à quatre (en moyenne).
Le sandre entame sa fraye d’avril à juin, il a besoin d’une eau à 10/14°c pour se reproduire. Idem au brochet, dès les prémices de le reproduction, les poissons gagnent leur zones de ponte. Les mâles arrivent en premier sur les lieux et fabriquent un nid sommaire. C’est en réalité une dépression d’environ 5cm de fond et de 50cm de diamètre, creusée à même le sol ou entre des branches ou des herbiers.
Ces nids se situent en moyenne de 1 à 4m de fond dans des zones exposées au soleil. Je précise un fond moyen de 1 à 4 m mais il arrive qu’ils pondent dans 50 cm ou dans 8 m de fond.
Le mâle sur son nid parade et attire les femelles, ainsi plusieurs peuvent pondre dans le même nid. Chaque femelle peut pondre entre 150 000 et 200 000 par kilo de son poids. Une fois la ponte effectuée, la femelle délaisse le nid et s’en va se refaire une santé avec ses copines en tapant dans les bancs de poissons blancs.
Le pauvre mâle, noir de colère, garde le nid. Il ventile les œufs et repousse les assaut des carpes, des brèmes, des chats, des écrevisses et des pêcheurs peu scrupuleux. Il prend une teinte sombre du plus bel effet, c’est ainsi qu’on le nomme « charbonnier » en regard à cette coloration caractéristique du sandre mâle sur le nid. Il devient très agressif et mord tout ce qui passe à proximité du nid. Voici la très connue vidéo de Filfish où il se fait croquer la main par un sandre sur son nid.
Il reste sur le nid entre 5 et 15 jours le temps que les œufs incubent. Une fois les alevins nés, il regagne ses postes de chasses et retrouve ses potes.
Quatrième Carnassier de notre article, le Black Bass ou Achigan à grande bouche.
Il n’a pas encore fait l’objet d’études très poussées de notre communauté scientifique mais les pêcheurs en observateurs avertis on constaté les éléments suivants:
Le bass est le seul de nos carnassiers à être originaire du continent américain. Il entame sa période de reproduction lorsque les eaux sont suffisamment réchauffées et atteignent les 16/19°.
Un bass serait sexuellement mature autour de 25/30cm, néanmoins j’ai personnellement constaté dans l’étang familial au début de son implantation la présence de petits bass de l’année alors que mes bass introduits ne mesuraient que 15/20 cm.
Pour se reproduire l’achigan construit un nid comme le sandre. La taille du nid varie de 30 à 50 cm pour quelques centimètres d’épaisseur de débris végétaux. Il y attire sa femelle et va monter la garde sur le nid jusqu’à l’éclosion des œufs. Le nombre d’œufs peut aller jusqu’à 10 000/ kg de génitrice.
Le mâle restera sur le nid une bonne semaine en moyenne, nid qu’il défendra ardemment contre les autres poissons, les écrevisses et les grapinettes des viandards. Le nid du black se situe généralement à une profondeur entre 50 cm et 1 m, bien exposé au soleil.
Une fois les petits éclos, à la fin de la phase résorption de vésicule vitelline, ceux ci vont rester en banc compact et nager juste sous la surface en s’alimentant de phytoplancton puis de zooplancton. Ces boules de blacks sont facilement détectables et une tonalité rougeâtre s’en dégage.
Le papa bass veille sur sa progéniture et se place dessous, il accompagne les alevins jusqu’à l’âge de trois semaines, puis le banc se délite et les jeunes bass doivent se débrouiller pour survivre. Il arrive qu’ils se fassent croquer par leurs congénères (je l’ai vu de mes yeux), ils rejoignent alors les bordures et se cachent dans les herbiers. Lorsqu’ils grandissent, ils se mêlent aux bancs de gardons jusqu’à atteindre la taille d’une quinzaine de centimètres où ils vivront seuls ou à deux ou trois.
Avant dernier de nos carnassiers à se reproduire, le Silure.
C’est celui dont la reproduction est la plus méconnue du grand public , mais c’est un bon papa comme le bass et le sandre.
En mai-juin voir juillet lorsque l’eau atteint une température de 18/20°c , papa silure construit lui aussi un nid où il attirera sa femelle. Se nid est un tas de branchettes que le silure construit a proximité d’une cache. Je n’ai pas trouvé de documentation sur la profondeur moyenne du nid des moustachus.
M. Silure est mature pour la reproduction à l’âge de 3-4 ans alors que Mme ne l’est que vers 6 ans, il semblerait que la maturité sexuelle soit plus une question de taille que d’âge. La taille pour la première reproduction d’une femelle semble être d’environ 60 cm.
Une fois arrivé sur le nid et courtisée par le mâle, la femelle silure expulse environ 30 000 œufs par kilos de poids. Imaginez ce que peut produire une femelle de 100 kg…
Le mâle reste sur le nid, il surveille, ventile et chasse avec agressivité tout importun.
Les œufs mesurent entre 2 et 3 mm et nécessitent 140°jours pour éclore. Avec une eau à 20 ° en moyenne il faudra donc 7 jours d’incubation avant l’éclosion. A la naissance, ils mesurent déjà 7 à 9 mm. Une fois éclos, les alevins qui ressemblent à des têtards s’accrochent aux branchettes du nid et résorbent leur sac vitellin en 4/5 jours.
Le mâle quitte le nid quelques jours (2 -3 jours) après l’éclosion des œufs. Les alevins sont alors des proies faciles pour les aspirateurs aquatiques (les carpes). Les petits silures qui ont finit de résorber leur poche s’agglutinent alors en banc compact et se nourrissent de zooplancton et de microbestioles.
A trois semaines le petit silure mesure 4 cm, il mesurera environ 20 cm à la fin de la première année.
Dernier de nos carnassiers à se reproduire, ou premier selon les régions: La truite
La truite, du fait d’un élevage maitrisé est le poisson d’eau douce dont la reproduction est la mieux connue. Tout le monde a vu un reportage sur la reproduction des truites en lycée aquacole.
Notre vraie truite, la sauvage, se reproduit en tête de bassin de novembre à fin février. Dans les ruisseau du Morvan des reproductions ont été observées en fin octobre par mon beau père qui a la chance d’être riverain de l’Yonne.
Sur des zones de graviers à courant vif, Mme truite dépose ses œufs dans une cuvette qu’elle aura fait avec sa caudale. Le mâle les féconde et les œufs sont enterrés sous le gravier. Les œufs mesurent entre 3 et 5 mm et sont de couleur orangée.
Une femelle pond environ 2000 œufs par kilo de poids. Il faut 400 °/jour pour arriver à l’éclosion des œufs soit dans les petits ruisseaux très froids, plusieurs mois d’incubation.
Les jeunes alevins encore équipés de leur vésicule la résorbe en restant enfoncé dans le substrat, il n’en émergent qu’au printemps.
Il existerait trois types de truites qui pourraient être issus d’une même ponte dans l’absolu, la truite de rivière reste à proximité de son lieu de naissance, la lacustre dévale pour trouver un lac ou un fleuve et remonte frayer à peu près là où elle est née et la truite de mer dévale jusqu’à l’eau salée.
Voilà, vous en savez un peu plus sur la reproduction de nos carnassiers d’eau douce, pour les autres espèces consultez régulièrement le dossier ichtyologie, où un descriptif des différentes variétés de poissons sera bientôt en ligne.
Bonjour,
Dans l’Indre la pêche au carnassier ouvre fin avril, ce qui correspond à la fraye du sandre.
Les femelles brochets sont pleines d’œufs dés la fin décembre et les mâles pleins de laitance.
La pêche au carnassier ne ferme que fin janvier.
J’ai signalé ces incohérences plusieurs fois à la fédération, mais évidemment sans succès. Tout le monde s’en moque. Personnellement je ne pêche pas le carnassier de fin décembre à fin mai début juin, je me sens responsable de cette vie du milieu aquatique.
Bien cordialement
je partage totalement votre avis et comme vous le dites tout le monde s’en moque je compte sur la nouvelle generation de pecheurs pour faire evoluer les mentalites mais je sais que ce n’est pas simple cordialement
Excellent article, comblant beaucoup de méconnaissance malgré tant d’années de pratique au bord de l’eau.
Merci.
Cordiales salutations.
Jean-Luc CORREARD-TEILLET.