Tout pêcheur de carnassiers sans bac à vif s’est un jour confronté au problème de l’approvisionnement en appâts.
D’aucuns ont la chance d’habiter en bord de rivière ou en bord de lac et de disposer d’un ou plusieurs tambours de machines à laver implantés à l’année.
Pour la plupart des autres, conserver ses vifs reste un problème surtout en été. Après de nombreuses années de tâtonnement j’ai réussi à garder mes vifs en évitant les hécatombes meurtrières. Je vous propose de partager ma méthode, au demeurant très simple, et vous faire bénéficier de mon expérience à ce sujet.
Tout d’abord examinons ce qu’il ne faut pas faire:
Garder beaucoup de poissons dans peu d’eau et garder les vifs à la cave dans l’obscurité.
C’est simple, si vous évitez ces deux travers vous pourrez conserver vos vifs pour vos parties de pêche.
Vous devrez penser pour votre futur bac à vif à avoir beaucoup d’eau, un système de filtration, un système d’oxygénation, une lumière naturelle et un emplacement empêchant les variations de température.
Beaucoup d’eau:
Les vifs (gardons, vairons, goujons, rotengles, carpettes……) nécessitent un certain volume d’eau pour survivre. Si en plein cœur de l’hiver on peut garder 10 vifs dans un seau d’eau de 10 litres, il en va autrement en fin de printemps et en été. Pour les conserver il faudra veiller à ce que l’eau reste fraiche et qu’ils disposent minimum d’au moins 10 litres par poisson.
J’ai possédé un tambour de machine à laver mais j’ai vite arrêté. Le peu d’espace disponible faisait que les poissons s’écaillaient contre le métal et crevaient assez vite. De même quelques paniers ajourés de seaux à vifs posés dans une mare ne permettait de garder les vifs que quelques jours en été jusqu’à deux ou trois semaines en hiver. Le problème est toujours le rapport place/volume d’eau/nombre de poissons.
L’idéal est une mare de plusieurs mètres cubes mais se pose alors le problème de la capture des vifs.
Un système de filtration:
Tout système de pompe de jardin ou d’aquarium convient, du moment que sa taille et sa capacité soit en rapport avec le volume d’eau.
Depuis plusieurs années, j’utilise une pompe de marque FLUVAL modèle 4+ à filtre intérieur qui convient parfaitement. En rejetant l’eau en jet elle me permet même d’oxygéner mon bac. On peut utiliser des pompes simples pour bassins de jardins mais elles sont un peu plus cher que celles d’aquarium.
Un système d’oxygénation:
Hormis ma pompe qui rejette l’eau filtrée par le dessus en jet puissant, il existe des pompes à air d’aquariophilie qui au moyen d’un « sucre » produisent un chapelet de bulles servant à l’oxygénation. Vérifier si cette pompe est étanche et peut supporter son fonctionnement en extérieur.
La lumière naturelle:
Vos vifs ne sont pas des guppys élevés en aquarium depuis leur naissance, ils ont besoin d’un cycle jour/nuit égal au cycle réel en fonction de la saison. C’est pourquoi j’ai choisi de disposer mon bac à vif en extérieur. Auparavant j’avais un vieux congélateur dans ma cave mais une grande partie de mes vifs mourraient lorsque j’allumai la lumière. J’ai constaté qu’en les laissant sous l’influence de la lumière extérieure ce phénomène ne se reproduisait pas. Donc, installez votre bac dehors ou sous une fenêtre de votre garage.
Les variations de température:
Voilà ce qui fait crever régulièrement nos vifs. Un bac en plein soleil et c’est une eau qui prend 20 degrés en quelques heures, fatal pour nos vifs.
J’ai résolu ce problème en installant mon bac à vif contre la façade nord de ma maison, qui plus est à l’ombre des frondaisons. Ainsi même en plein cœur de la canicule, ce bac ne voit jamais le soleil et la température de l’eau reste stable.
Si vous gardez votre bac à vif à l’intérieur, dites vous bien que la fraicheur de la nuit ne lui bénéficiera pas. J’ai eu un aquarium dans mon garage et la différence de température de l’eau au petit matin en juillet aout était flagrante entre mon aquarium et mon bac extérieur.
Vous pouvez utiliser un vieux congélateur dont les parois isolées le prémuniront des effets du soleil mais encore faut il que votre épouse accepte un vieux congelo tout moche dans le terrain.
Les différents bacs à vifs:
Il y a quelques années, certains pêcheurs gardaient leurs vifs dans des bacs ou le niveau d’eau était très bas, les poissons se chargeant naturellement d’oxygéner l’eau avec leurs mouvements. Cela peut convenir pour une nuit mais au delà les déjections de poissons transformeront l’eau et la rendront impropre à leur survie.
L’aquarium: Si vous avez les moyens, un aquarium d’au moins 300 litres est idéal pour conserver un vingtaine de vifs, de plus on peut les admirer tout à loisir. Le système de filtration sera tip top, idem pour l’oxygénation. Vous pourrez même les nourrir avec des aliments industriels.
Principal défaut, une eau qui devient vraiment trop chaude en été pour nos poissons endémiques.
Le bac à vif extérieur: En bois, en béton, en plastique, qu’importe du moment qu’il ait une bonde de vidange. L’idéal est un bac de 500 litres, au delà il sera trop difficile d’attraper les poissons à l’épuisette. Une bonne pompe d’aquarium ou de bassin de jardin suffira.
Les systèmes pour mares et étangs: Oubliez le tambour de machine à laver, il convient bien pour deux ou trois jours mais pas au delà.
Vous pouvez fabriquer un enclos flottant avec des morceaux de chevrons et y agrafer un ou plusieurs filets d’épuisette à carpe à maille fine. Ce système copie les enclos d’élevage de saumons, les poissons y survivent bien mais le filet s’obstrue assez rapidement par la vase, les algues et les déjections. Pourtant c’est l’un des plus efficaces.
A titre personnel et après de multiples essais je dispose d’un vieux lavoir de camping en béton d’une capacité de 300 litres d’eau. Possédant une bonde de vidange, je le nettoie au karcher une a deux fois par an pour éviter la pullulation des algues (il existe des produits d’aquariophilie qui règlent ce problème). Etant à l’ombre, ces algues ne sont pas trop envahissantes car au soleil l’eau devient bien vite un vrai bouillon de culture. Ma pompe FLUVAL 4+ à bientôt trois ans et fonctionne sans relâche de mi mars à fin février. Elle n’a droit qu’à quinze jours de repos et à un nettoyage en profondeur. Je nettoie son filtre en mousse tous les mois, ce qui me prend environ 10 minutes. De plus son avancée en béton permet de protéger mes seaux que je stocke dessous. Deux épuisettes d’aquarium permettent de faire le plein rapidement au petit matin.
Je ne nourris pas mes vifs, ils tiennent au moins deux mois sans manger, les déchets et la nourriture non consommée font tourner l’eau. De même si un poisson crève je l’ôte le plus rapidement possible. En cas d’attaque de points blancs ou de mousse je verse un produit de chez TETRA, le MédiFin qui solutionne rapidement ces incidents.
Vous pouvez aussi utiliser un container industriel pour liquides. On en trouve d’occasion partout. Il suffit de réduire son volume et de le camoufler avec un canisse et vous avez un bac correct, facile à entretenir et garanti résistant au gel.
Deux choses primordiales à retenir: Votre bac à vif doit rester en extérieur et au nord, ne mettez jamais trop de vifs. Avec ces deux précautions vous pourrez jouir d’une bonne réserve pour un bon mois. A l’heure actuelle (novembre), j’ai une quarantaine de vifs qui m’emmèneront jusqu’à la fin de la saison , j’irai en pêcher d’autres plus tard. Je ne change jamais l’eau (vieille recette d’aquariophiliste) mais j’en ôte un quart tous les mois pour la remplacer par de l’eau de pluie.
Petit truc en plus, j’ai récupéré des moules dans des étangs et j’en garde toujours deux ou trois pour filtrer naturellement mon eau.
Il est possible d’avoir une installation plus performante mais pour conserver quelques vifs est-il nécessaire d’engager des frais et d’investir dans une station d’élevage ? Si j’achetais tous mes vifs, à raison de 0,4 euros pièces, j’en passe environ 400 par saison, ça me reviendrait à 160 euros. Mon bac ne m’a rien couté, la pompe environ 20 euros. Donc financièrement c’est intéressant et ça permet d’avoir toujours des vifs sous la main.