La pêche au plomb palette

 

La pêche au plomb palette

Attention sauve bredouille ultime ! C’est ce que l’on pourrait dire sans crainte pour qualifier le plomb palette tellement il est efficace. Certes il ne vaudra jamais un vif en tirette ou en drop shot mais c’est à mes yeux le leurre ultime, celui qui marche encore lorsque plus rien ne fonctionne.

Accusé par ses détracteurs de pêche simpliste, de pêche de braconnier harponneur, on découvre pourtant que les amateurs de plomb palette sont capable de personnaliser ce leurre comme aucun autre. Leurre pas cher, le moins cher de tous en fait, il est  l’ennemi du fabricant de leurres souples ou de poissons nageurs qui n’ont jamais voulu se l’approprier pour en faire un de leurs produits. On a donc affaire à un savant mélange de bricolage pêche qui dame le pion à des ingénieurs concepteurs de leurres.

Historique

Lorsque j’avais 15 ans et que je parcourais mes coins de pêche en mobylette, je m’étais pris de passion pour la perche et ses différentes pêches. A cet époque, pas d’internet, il fallait imiter les locaux ou s’acheter des livres et c’est ainsi que j’ai acheté un ouvrage d’une cinquantaine de pages  sur la perche chez mon détaillant.

Au chapitre des pêches hivernales figurait un montage dit « dandine », un plomb pyramidal semblable au plomb palette qu’on grattait pour le faire briller et qui était sensé attirer les zébrées. J’ai acheté un de ces plombs que j’ai fini par oublier dans ma boite. Les anciens s’en servaient pour dandiner un ver de terre  avec des mouvements vifs car ce plomb pesait au moins 20 g et selon le livre c’était très efficace, je n’ai jamais essayé car je n’avais pas de zone propice à cette animation particulière  mais j’ai retenu l’idée.

Bien des années plus tard, un guide de pêche corrézien du nom de Christian Cochard s’inspira des techniques de pêche de divers coins de France pour mettre au point le plomb palette tel qu’on le connaît maintenant.  On l’appelait «  la régule », « la bouine », la « dandine au lancer » et chaque région avait son type de plomb et son animation propre. Le grand mérite de M . Cochard fut de démocratiser tout ça au moyen d’un kit distribué par Delalande.

Il mit aussi au point des cannes, accessoirement…Il n’a pas fait fortune mais à bénéficié de l’effet de mode.

Berkley ne mis pas longtemps à comprendre  l’intérêt commercial et sous l’impulsion  de pêcheurs comme Sylvain Legendre et Gael Even mis sur le marché le Vertical Power Jig, un plomb palette prêt à l’emploi.

Actuellement c’est Laurent Vrignault, surnommé el plombo par certains pêcheurs qui se démarque par ses montages techniques en texan et par sa maîtrise du plomb palette.

L’histoire du plomb palette aurait pu se terminer après la fin de la mode mais des compétiteurs de tous niveaux continuaient à l’employer et à réaliser de beaux scores avec cette technique.  Du bord, elle permet d’aller chercher très loin les poissons, plus loin qu’aucun leurre et en bateau c’est une pêche de réaction qui fonctionne en tous temps.

La forme n’a quasiment pas changé depuis sa création, un simple triangle allongé que certains on taillé en biseau ou agrémenté de facettes. C’est ce qui fait son charme, la simplicité.

 

Les différents montages

le premier montage de plomb palette tel qu’il a été  livré dans les revues de pêche a  évolué depuis, il s’est même simplifié.

Il fallait à l’époque trouver un teaser à placer à l’hameçon, on a donc pris de la gaine à scoubidou rouge, environ deux centimètres qu’on enfilait entre le plomb et l’hameçon triple. Pour éviter que le triple ne se croche dans le montage on rentrait en force le scoubidou dans l’oeillet du triple, ainsi il restait bien à 90° du plomb. Il suffisait ensuite de pincer une chevrotine d’un gramme ou moins devant le scoubidou pour amortir la frappe du plomb palette sur le montage.

Ensuite, façon Cochard, on monta une perle devant le scoubidou puis une chevrotine, on fit un nœud  20 cm devant le plomb palette pour limiter le débattement du teaser…

Vinrent les octopus, mais avant vinrent les leurres souples qu’on enfilait sur la hampe du triple. J’avais trouvé des appâts à crappies de la marque Northland qui étaient des mini octopus d’ 1,5 cm  rouges et blancs et de plus salés. Malheureusement, le sel attaquait mes montages et ne servait à rien dans cette  technique, j’ai donc fait tremper dans l’eau mes mini octopus pour les dessaler.

 

Les accessoires :

la boite d’un palettiste de base se compose  de perles, tubes, octopus, brins de guirlandes de Noël,  voir même de plumes qu’emploient généralement les moucheurs.  Je connais un amateur de plomb palette qui réalise de superbes montages avec du Marabout ou des tinsels, c’est presque des streamers attelés à son plomb palette qu’il coule lui même.

J’ai laissé tomber la gaine rouge pour un simple octopus bien coloré, je n’en utilise qu’en deux tailles : 4 cm et 6 cm qu sont suffisants pour mes carnassiers morvandiaux, au delà je n’ai pas enregistré plus de touches et je jette moins loin.

Au niveau des hameçons on peut se limiter à deux tailles : 6 pour les octopus de 4 cm et 4 pour les octopus de 6 cm mais là encore tout est affaire de perception personnelle. Je préfère les hameçons nickelés mais d’autres préféreront les black nickel.

Le corps de ligne est l’interrogation première du débutant. Que mettre ?  Vu les contraintes subies par les nombreuses tractions qui font partir le montage en tous sens, la tresse armée va vite rendre l’âme pourtant les brochets aiment bien le palette !

Certains doublent un gros nylon et le torsadent, perso je tente le diable et met un fluoro ( pour la résistance à l’éraillement du au plomb) en 30 ou 40 centièmes. Pas la peine de chercher la finesse extrême car c’est un leurre de pure réaction et le poisson ne viendra pas admirer longuement votre montage avant de mordre.

 

Classique coulissant

Montage classique, le coulissant laisse le fil se promener dans l’oeillet du plomb qui ne sera bloqué en haut que par l’agrafe ou un nœud.

Ce montage se freine seul  à la descente et l’octopus semble flotter derrière le plomb avant d’accélérer à la vitesse de l’éclair sur une traction du pêcheur. Le montage coulissant trouve là son utilité qui est de donner une double impulsion au montage, animation qui devient très agressive, et très appréciée des percidés.

Rien n’interdit de remplacer le triple par un simple, un texan ou n’importe quoi d’autre. On peut aussi y adjoindre un shad, un finesse, un worm, une créature…

 

Moderne fixe.

Une variante moins cher du Jiga rig américain. Là l’effet planant s’amoindrit mais en fixant un hameçon  de façon fixe sur le plomb on laisse le plomb à la descente faire le chemin dans les endroits encombrés. Idéal pour le montage palette avec un texan.

 

 

 

Le montage Vario pêche

Alain Segond, le génial inventeur halieutique qui est à la tête de Vario Pêche a développé toute une série de montages astucieux.

Ses dandines en forme de poisson stylisés se terminent par un oeillet, ce qui permet un montage fixe ou coulissant. Les dandines sont proposées en diverses densités par adjonction de métal moins lourd que le plomb, on peut donc pêcher dans 2m d’eau avec un plomb de 5 cm de long par exemple.  Il propose aussi des bas de lignes prémontés : Un triple sur une tige en corde à piano sur laquelle est enfilée un scoubidou. On fixe alors sa dandine et ce bas de ligne à l’agrafe de votre corps de ligne.

Idem pour des hameçons simples façon assist hook. Il va sans dire que je suis un grand amateur de ses produits que je vous recommande chaleureusement.

Le montage texan:

Pour pêcher dans les lieux encombrés, on agrémente l’hameçon avec un leurre souple  qu’on fixera solidement pour qu’il résiste aux animations « viriles ».

 

 

 

La canne, le moulinet, le corps de ligne.

Du bord canne longue et puissante pour jeter le plus loin possible, même si je suis plus adepte de la puissance ML pour le palette j’ai quand même une canne de 3,10m en 8/32g. Un peu limite pour lancer très loin, je compense en montant le corps de ligne en Nanofil qui possède la meilleure glisse. On peut alors atteindre 60/80 m avec du 30g.

En bateau c’est aussi une ML classique mais de 2,1m et à l’action plutôt souple  que je préfère à l’action de pointe. Elle encaisse mieux la touche et évite l’impression de rebond dans le poignet  à chaque tirée.

 

Coté moulinet c’est du super robuste qu’il faut. Les ferrages incessants vont peser sur l’axe du moulinet et celui ci va s’en prendre plein les gencives. Il faut donc être intransigeant et prendre du moulinet conçu pour les pêches fortes. Pas la peine de monter au delà de la taille 4000 mais ne descendez pas sous le 2500 et surtout choisissez de la qualité, oubliez les matériaux léger et prenez un moulin conçu pour la pêche en mer avec axe en inox.

Pour le corps de ligne, je préfère le Nanofil du bord mais en bateau c’est tresse 8 brins, peut importe  la glisse puisqu’on pêche sous le bateau.

Comment stocker tout ça ? Les PP préparés à l’avance sur un bas de ligne de 30 cm sont enroulés sur des supports en mousse ou sur un rouleau mousse d’isolation, vois sur des palettes en mousse.  Comme on accroche beaucoup, prévoir une dizaine de montages pour chaque sortie.

 

Les animations,

Mais qu’est ce qui peut bien rendre le plomb palette si efficace ? Une simplicité du montage qui confine à l’acsètisme tellement peu d’éléments le composent. Est ce ce bout de gaine plastique qui les fait mordre, cette perle qui les attire ? Personne ne peut répondre à cette question, on peut juste supposer que les mouvements désordonnés et rapide engendrés par l’animation de ce montage vont exciter les sens des carnassiers.

Cette action si spécifique, si imprévisible ne semble pas pas pouvoir être imitée par un autre leurre et comme la nymphe  du moucheur, le plomb palette est un leurre que l’on monte soit même ce qui implique qu’on a tendance à y croire bien plus et qu’à la fin on pense même détenir une parcelle de la vérité suprême !

Lorsqu’on regarde les pêcheurs au palette, on en voit ferrer à tours de bras comme des bûcherons, d’autre faire de tous petits mouvements de poignets, chacun possède sa façon d’ animer.  Il faut tout essayer pour trouver ce qui va plaire au poisson, voir l’absence d’animation en le ramenant en raclant le fond, voir le laisser immobile au fond quelques secondes.

Hormis le fait de varier la taille du teaser, c’est surtout le grammage du plomb palette qui devra varier en fonction du biotope pêché. Soit on vise un endroit au loi et en cas il faut plomber soit on pêche un point précis pas très loin de soi et là mieux vaut descendre au grammage minimum. Gardez quand même à l’esprit qu’un plomb lourd fait des animations plus rapides qu’un léger et qu’en hiver mieux vaut ne pas manier trop brusquement.

Il n’y a pas de vérité en ce qui concerne le poids idéal par rapport à la profondeur car rentre en compte dans le calcul le vent, la dérive, la taille du teaser et la vitesse de maniement. L’idéal est d’essayer plusieurs grammage avant de trouver le bon ou faire comme une grande majorité de pêcheurs, toujours utiliser le même grammage et s’adapter pour le maniement.

Mon coéquipier Patoche a mis des années avant de s’y mettre, il m’a vu a de nombreuses reprises prendre du poisson mais restait arc bouté sur ses autres techniques.  Dernièrement et après lui avoir offert un kit personnalisé pour ses 45 ans, il s’y est mis  et a fait deux brochets dans son après midi dont un de 98 cm !

La technique du plomb palette interpelle le débutant qui se noie dans les différentes manières d’animer. Fais-je le bon geste s’interroge t’il ? Peu importe le geste, il faut pêcher et pêcher jusqu’à trouver le truc.

 

les poissons visés.

Terminons avec ce paragraphe consacré aux poissons visés par le plomb palette. Si ce sont les perches qui répondent le mieux et ceci quelque soit la saison, le sandre n’est pas en reste et apprécie cet machin bondissant.

Le brochet répond bien au palette mais il a tendance à couper la ligne avec ses dents tranchantes. J’ai loupé un podium de l’Open des Grands Lacs du Morvan à cause de ça, le souvenir est encore cuisant !

J’ai aussi pris des carpes, des tanches, et un rotengle et par la bouche.  Ce dernier point est ce qui cristallise les rancoeurs de certains, le palette et ses ferrages dans le vide harponnent quelquefois certains poissons. Il serait idiot de le nier, certains s’en font même une spécialité mais je rappelle qu’en France il est interdit de pêcher un poisson autrement qu’en le piquant par la bouche (sauf autorisation spéciale pour la pêche aux engins et les pros), donc ceux qui s’y amusent peuvent se voir verbalisés.

 

Le plomb palette est plus qu’un sauve bredouille simple, c’est une technique à part entière et certains  la maîtrisent avec brio. Qui plus est savoir qu’on va prendre plus de poisson que son voisin avec un truc qui ne coûte rien ou presque rajoute à mon plaisir.

Si vous ne pêchez pas encore au PP, il est grand temps de vous y mettre !

Gardez la pêche.