Cette pêche ancestrale a eu son heure de gloire il y a une trentaine d’année avant d’être détrônée par la pêche de la carpe et celle des carnassiers. C’était auparavant la plus sportive des pêches et chaque ville moyenne ou presque possédait son club de moucheurs.
Le carbone arrivait tout juste ou presque et les magasins consacraient une partie de leurs rayonnages aux plumes et poils alors que dorénavant la VPC a fait s’étioler ces rayonnages.
Pourquoi ne pas tenter de vous y mettre, vous verrez au travers de cet article que ce n’est pas si cher, pas si élitiste et que ça va dynamiser votre pêche.
Le jour où vous prendrez un poisson à la mouche, vous saurez alors ce que combattre veut dire, ici pas de triche, c’est vous qui freinez, qui rendez du fil à la main. Le poisson combat sur une pointe de bas de ligne très fine et l’élasticité de la cannes absorbe les coups de nez. C’est aussi votre poignet, plus encore qu’en spinning ou casting, qui va s’amuser car pas moyen d’appuyer une quelconque poignée sur l’avant bras ! C’est hyper jouissif !
Le gobage en sèche c’est une montée d’adrénaline impressionnante, un moment à vivre à 100 %.
On peut tout prendre en mouche, pêcher tous les biotopes, presque tous les poissons avec un équipement réduit à sa plus simple expression, voyons cela.
Débuter à la mouche c’est tout d’abord s’équiper et comprendre comment fonctionne le truc. La canne est fine et plutôt souple, pour lancer une mouche de quelques microgrammes elle utilise ce qu’on appelle une soie qui se termine par un bas de ligne nylon ou fluoro. Le moulinet ne sert quasiment que de réserve de fil et pour terminer il existe cinq types de mouches. Voyons tout ça.
La canne
Ma première canne était une nounouille en fibre de verre et je devais arriver à lancer à 10m guère plus, depuis le matériel a fait des progrès et on trouve des cannes premiers prix qui permettent de s’éclater.
Les cannes mouches sont différentes des cannes carnassiers en ce sens que ce n’est pas leur puissance qui sert de référence mais le poids optimal de la soie qu’elle vont utiliser. Les longueurs de ces cannes se mesurent toujours en pieds, tout ça parce que ce sont les anglais qui ont codifié cette pêche.
Une canne débutant pour une rivière moyenne sera idéalement une canne entre 8 et 9 pieds. Un pied mesure 30,48 cm et un pouce 2,54 cm. Une 8 pieds fera donc 2,43 m et une 9 pieds 2,74 m, l’ancienne 8,6 pieds mesurait 2,6m et était celle conseillée pour passer partout.
Les cannes actuelles sont multibrins et tiennent dans une petit housse de 80 cm, l’action vaut une monobrin sauf pour la résonance mais on n’en a pas besoin à la mouche.
Une canne est donc nomenclaturée ainsi, longueur + diamètre de soie : 9′ #5 pour 9 pieds et soie de 5.
Le prix d’une canne varie selon sa qualité, pour bien débuter sans être déçu une canne à 100 euros sera suffisante.
Le moulinet
Un moulinet correct à la mouche, en carbone c’est 50 euros guère plus, en alu c’est 120 euros mais les prix s’envolent avec des créations artisanales. Dorénavant les moulins ont tous des freins de combat, sont à large bobine (large arbor), ce qui pour débuter ne sert à rien ! Mais autant avoir ce qui se fait de mieux.
En 30 ans mon frein n’a chanté qu’une fois sur une grosse truite d’ étang. Généralement on place ce qu’on appelle un backing, qui est une tresse assez grosse, sous la soie afin d’avoir une réserve au cas où !!! ça ne vaut pas très cher mais évitez de mettre 100m de backing sauf si vous visez le saumon ou les truites géantes des rivières alpines. Perso 20 à 30 m de backing suffisent largement lorsque qu’on commence.
La soie
La soie est un fil plastique dont le diamètre varie. Comme c’est anglais, une soie mesure généralement 30 yards soit 27m. Il existe plusieurs profils mais nous n’en retiendront que deux pour débuter. Une soie possède une partie dite « shooting head » et une seconde partie dite « running line ». Prenons l’exemple du modèle de soie WF (fuseau décalé), la shooting head plus épaisse sera à l’avant et la running line derrière, ainsi la soie sera plus lourde au début donc se lancera plus loin qu’avec un profil DT (double fuseau) ou la partie la plus lourde sera au milieu.
Ne retenez que ça pour débuter :
- Une DT peut se retourner si la pointe est usée et pas une WF.
- Une DT permet des posers plus doux et plus discrets
- Une WF est plus facile à déployer lorsqu’on débute et permet de pêcher plus loin
- Une WF transperce mieux le vent.
Le coloris ?
C’est affaire de goût, perso j’aime l’orange qui se voit beaucoup mais le vert clair est un grand classique ainsi que le jaune beige. Vu que vous avez un grand bas de ligne, le poisson ne voit presque pas la soie et ne la considère pas comme une danger. Il faut simplement qu’elle soit claire pour se confondre un peu avec le miroir de la surface.
Flottante, plongeante etc….
On réserve les soies plongeantes à des techniques spécifiques, équipez vous d’une simple flottante pour débuter en sèche, voir d’une intermédiaire pour pêcher en nymphe mais on y arrive en flottante.
Résumons nous, il vous faut une flottante, en profil DT et en poids de 5 pour débuter en rivière moyenne donc la soie sera une DT5F.
Quelles modèles acheter ? Oubliez les soies très cher et budgetez entre 30 et 50 euros car en deça la qualité est vraiment médiocre.
Reste le gros truc de taille : Le lancer. Pas facile à maîtriser lorsque personne n’explique, mais il existe pléthore de vidéos nous montrant comment faire. J’ai appris seul à l’époque ou You Tube n’avait même pas encore été imaginé par son créateur, j’avais bouquiné puis trouvé le truc seul. Un copain m’a ensuite montré d’autres lancers et c’était parti ! J’ai ensuite appris cela à d’autre et il faut en moyenne une petite heure pour piger le truc. Voici une vidéo très complète d’ Europêche 34 qui vous explique la technique en détail:
le bas de ligne
Un bas de ligne à mouche, pour pouvoir se lancer doit être dégressif en diamètre, ça commence environ en 40 centièmes pour se terminer sur une pointe en 16 centièmes. La longueur moyenne est de 2,7m. On peut rajouter une pointe de fil d’1m en 14 ou 12 centièmes en l’aboutant via un nœud de chirurgien, c’est ce que je fais mais je ne suis pas un spécialiste. Les longs bas de ligne du commerce de 5m sont à réserver à la pêche en nymphe.
La jonction bas de ligne soie peut se faire de différentes manières, longtemps j’ai été un adepte du grain de riz mais il passe mal dans l’anneau de tête. Dorénavant je suis passé à la chaussette dont voici en quelques photos le tuto de son installation sur une soie.
sortir le tube creux de la chaussette et enfiler cette dernière sur la soie jusqu’au bout:
S’aider d’un bout de nylon pour enfiler le tube plastique
Faire glisser en force le tube plastique jusqu’au bout, c’est fini
On aboute ensuite son bas de ligne via une simple boucle classique facile à défaire si on veut changer.
D’autres méthodes existent mais elles restent l’apanage de personnes initiées, contentez vous d’ une chaussette c’est le plus simple. Pas la peine de coller car la traction resserre la chaussette sur la soie, perso je n’ai jamais eu de soucis avec cet équipement.
Les mouches
Le grand mystère de la pêche à la mouche est là. Vous remarquerez si vous fouinez les autres sites et les forums que les moucheurs aiment couper les cheveux en 8, voir pire encore car tout le monde croit détenir la vérité et chacun y va de son idée tout en gardant secrète « sa » mouche qui fonctionne le plus souvent.
Le choix d’une mouche est un mystère total mais il y a quand même des pistes logiques. On distingue plusieurs types de mouches : Les sèches qui flottent sur l’eau dans lesquelles on trouve les éphémères, les palmers et les mouches figurant les coléoptères ou autres insectes, les émergentes qui flottent dans la pellicule et qui figurent des mouches en train de commencer leur vie ou qui pondent, des noyées qui sont comme leur nom l’indique des mouches qui sont sous l’eau et des nymphes coulantes qui imitent les larve subaquatiques. On rajoutera les streamers qui sont des mouches à animer en linéaire et qui sont censé imiter des poissonnets.
Je reste le plus simple possible sinon ça deviendra vite complexe car il existe des centaines de modèles…
Pour débuter, prenez deux éphémères en coloris verdâtre et jaunâtre en cas d’éclosion massive et en taille 12. Prenez deux palmers qui imitent tout et rien en coloris noir et marron mais qui flottent haut en taille 14 et prenez deux mouches marrons foncé en montage parachute avec un tag sur le dos pour la voir de loin et en taille 16. Terminez avec 2 mouches verdâtre et marron en cul de canard qui vont figurer des émergentes, ça marche très bien.
Prenez aussi deux nymphes à bille tungstène en 14 au cas où vous verriez une truite en maraude, une imitation de gammare en 14 aussi et ça ira pour débuter.
Vous pourrez ensuite étoffer la gamme avec de nouveaux coloris, des matériaux autres… Mais n’achetez pas 20 mouches d’un coup avant de voir ce qui vole au dessus de votre rivière.
Vous remarquerez grâce au dessin suivant que les mouches n’ont pas la même flottaison, un palmer et une éphémère imitent un insecte au dessus de l’eau, un hélicoptère imite un insecte dans le film de surface et un cul de canard imite une mouche en train de s’extraire de l’eau.
Le truc sera de déterminer en cas de gobage sur quoi monte une truite, donc en observant les insectes qui dérivent et leur offrir une artificielle qui sera la plus proche de la proie recherchée mais aussi et surtout de sa position dans l’eau, surface ou film de surface. Pour les nymphes c’est lorsque on voit une truite se nourrir sur le fond ou pour pêcher au ras des souches.
Le gilet
Un accessoire indispensable qui dans ses nombreuses poches contiendra de quoi effectuer une belle partie de pêche sans soucis.
Achetez un modèle de wading assez court, pour toutes les autres considérations c’est affaire de goût personnel mais n’oubliez pas que les poches importantes sont préférables aux petites.
Les waders
Autre équipement indispensable, les waders vous permettront de vous poser dans la rivière à l’affût des gobages. Néoprène si vous baroudez au milieu des ronces ou tissu enduit si le coin est propre, vous pourrez ensuite investir dans du haut de gamme mais pour débuter ne pêchez pas avant mi avril jusqu’en août, donc un tissu sera moins « sauna » qu’un néoprène, d’autant qu’on peut l’enfiler avec un pantalon de jogging en dessous.
Bottes ou chaussures, toujours pour des raisons de coût, quand on débute mieux vaut un waders avec des bottes mais avec des semelles feutres pour ne pas glisser. Les waders avec chaussons néoprène où on rajoute des chaussures de rando spéciales sont supers mais ils coûtent au bas mot le double.
Le petit équipement
Lunettes polarisantes, casquette à large visière, boites à mouches, graisse pour flottaison des mouches, bobines spéciales bas de ligne… Tout ça tient dans votre gilet et ne prends pas trop de place.
Rajoutez un coupe fil, une pince pour décrocher vos prises, du sopalin pour sécher vos mouches et vous serez paré pour la journée.
Prenez l’habitude de classer vos mouches dans plusieurs boites car on prend vite la collectionnite. Perso je classe mes mouches à collerette dans des casiers où les plumes ne seront pas compressées et les autres dans des boites où on les pique sur un bloc de mousse.
Aborder une sortie de débutant :
Allez y en fin d’ après midi, lorsque le vent ne souffle pas trop. Arrivez discrètement au bord de l’eau, posez vous la fin d’un pool (zone avec un creux se terminant pas un radier), montez votre matériel et admirez !
Pas de gobage ? Attendez encore, encore, encore….si au bout d’un moment rien ne bouge, changez de coin. Avant de lancer, regardez derrière vous si vous avez de la place.
Pas la peine de vouloir shooter à 30m, pêchez donc à 10m devant vous, ça suffit souvent. Déplacez vous lentement, discrètement et cherchez à voir le poisson. Une fois le gobage vu, jetez devant, laissez dériver, voyez votre mouche disparaître dans la gueule de la truite, attendez de voir la tension du fil et relevez la canne sans brusquerie, vous n’aurez plus qu’à combattre.
Évidemment il y aura des lancers ratés, des nœuds dans le bas de ligne, la mouche qui tape dans le blank ou qui s’accroche derrière dans un arbre, la truite ou le chevaine qui se moque de votre mouche….
Peu importe, continuez tel le gamin qui apprend le vélo en tombant de nombreuses fois, après vous n’y penserez plus et savourerez ces instants avec bonheur.
Trop d’eau, trop de vent ? Essayez la nymphe avec un bas de ligne du commerce de 5m qui possède des petits marqueurs colorés. Faite dériver votre nymphe sous la canne, comme au toc, sur des postes précis en cas de courant, si c’est plus lent lancez et laisser dériver au fil de l’eau en surveillant l’endroit où votre bas de ligne rentre dans l’eau.
Voici pour la pêche en rivière, en réservoir c’est autre chose encore avec un matériel spécifique, des mouches différentes, des soies plongeantes, des animations ou pas…..J’y reviendrai.
Pour conclure, ne soyez pas trop impatient avec la pêche à la mouche, c’est une école qui apprend justement la patience, patience d’attendre le bon moment, patience lorsqu’on est dans l’eau, patience lorsque ça gobe.
Je me suis fait la main sur des chevaines et chaque année c’est bien lui que je prends le plus et c’est tout aussi amusant que de prendre une truite.
Essayez, si vous abandonnez ce ne sera que pour vous y remettre encore plus fort une autre fois. L’idéal est de trouver un club ou d’engager des liens avec un blogueur de votre secteur qui est moucheur, vous apprendrez vite et beaucoup en pêchant à plusieurs, vous pouvez aussi louer les services d’un guide moniteur et ensuite…Le bonheur du moucheur est très souvent dans la solitude face à ses poissons !
Pour plus d’information consultez les articles de Jis Mouches sur ce site ou sur son propre blog:
http://jis-mouches.overblog.com
Amusez vous bien et gardez la pêche.