La cuiller ondulante
La cuiller ondulante est le leurre qui m’a vraiment fait découvrir la pêche du brochet. Bien que j’ai pris mes premiers brochets avec des tournantes, c’est avec le modèle Syclops de Mepps que j’ai eu une liaison exclusive qui aura duré de nombreuses années, cette cuiller m’aura fait attraper un grand nombre de brochets dans de multiples situations.
Pourquoi une ondulante ondule ? Je ne vais pas réécrire l’excellent article de notre ami jean Paul Charles dont vous trouverez le lien en fin de page mais ce morceau de ferraille est perpétuellement en rupture d’équilibre sur l’eau et décroche sans arrêt pour vite essayer de retrouver son équilibre dans l’autre sens. Ceci nous donne un leurre envoyant une multitude de flashs lumineux dans toutes les directions et pour certaines une sorte de rolling et de wobbling digne des meilleurs poissons nageurs.
Deux grandes formes de cuillers ondulantes existent. Mettons de coté les cuillers à jigger qui sont aussi des cuillers ondulantes mais qui n’ont pas cette nage chaloupée et imprévue d’une ondulante classique.
Vous constaterez que les formes reprennent peu ou prou les deux parties d’une cuiller à soupe. La large et galbée pour la cuiller proprement dite et la fine en S pour le manche.
Ceci n’aurait rien du hasard mais serait la découverte empirique d’un pêcheur anglais dont la légende raconte qu’il aurait par hasard vu une grosse truite attaquer sa cuiller tombant à l’eau. Vrai ou pas vrai ? Peu importe mais la cuiller ondulante est sans conteste le premier leurre métallique inventé par l’homme.
L’ondulante est souvent un leurre de traîne en grands lacs alpins ou les ombles chevaliers ou les truites lacustres semblent l’adorer. Au canada on place une ondulante devant un bas de ligne de 50 cm esché d’un ver, ce montage est l’un des plus utilisé pour capturer les truites chez les cousins d’outre atlantique.
Jeune, j’ai découvert l’ondulante grâce à Henri Limouzin dans un épisode de la série « Histoire Naturelles », on y voyait le regretté Henri nous présenter outre la Lusox, la toute dernière Syclops de Mepps. Celle ci assez légère était en forme de S, concave avec un méplat sur la fin. Une forme assez complexe dont le triple était ornée d’un appendice souple rouge en plastique.
A cette époque hormis quelques Rapala et Aglia, les leurres techniques et novateurs étaient rares et cette cuiller avec H. Limouzin en ambassadeur dévoué a équipé tous les pêcheurs de l’époque. Dans l’émission on voyait donc Henri nous donner un cours sur les formes, les coloris, nous faire la démonstration d’une animation peu courante à l’époque et surtout prendre de jolis brochets avec cette cuiller.
Bien évidemment, du haut de mes 13/15 ans je m’en suis offert une que j’avais acheté en grande surface. C’était une numéro 3 qui finira au fond de l’un des étangs que je fréquentait mais avant elle m’aura pris quelques poissons verts très énervés.
Le seul désavantage de l’ondulante est que le brochet ou tout autre poisson peut se servir de sa grande surface rigide pour y prendre appui et se décrocher mais cet inconvénient n’obère pas ses nombreux avantages.
Une ondulante c’est pas cher, ça se lance très loin, ça pêche en simple lancer ramener et tout peut mordre dessus. J’ai même pris du sandre sur une ondulante placée derrière une bombette pour lancer très loin.
Mon ondulante préférée fut la Syclops 3 en coloris orange fluo. Cette cuiller m’a pris énormément de brochets et durant de nombreuses années je n’avais quasiment qu’elle dans mes boites. Il faut dire qu’elle était régulière, passait partout et j’avais certainement compris en l’utilisant tout le temps comment la faire s’exprimer au mieux. Elle dort désormais au fond de mes reliques au garage mais il y a toujours une Syclops orange dans une de mes boites de poissons nageurs.
J’ai encore ce souvenir en moi de ce joli brochet de 75 cm pris dans l’Arroux (rivière de seconde catégorie qui passe à AUTUN 71). Il a mordu dans mes bottes alors que je n’avais qu’un trentaine de centimètres de nylon sorti. J’ai eu le réflexe de ne pas ferrer et d’ouvrir mon pick up. Il s’est éloigné avec la Syclops dans la gueule et lorsque j’ai eu deux mètres de fil sorti je l’ai ferré. Autant dire que rarement j’ai eu autant d’émotions qu’avec ce morceau de ferraille !
L’ondulante à forme de cuiller est un leurre à ramener doucement, les gros modèles ne font pas peur à des brochets de 40 cm. En Irlande, il est commun d’utiliser ces chausses pieds de 20 cm peu épais qui permettent de pêcher peu profond sur les bordures. Ces leurres là sont très difficiles à trouver chez nous mais un bon bricoleur peut marteler une feuille de laiton pour s’en confectionner une.
Les plus lourdes bien entendu pêchent plus creux mais leur grande portance leur interdit de descendre trop profond pour cela les cuillers moins larges mais plus épaisses en forme de S conviennent mieux. C’est avec ce type d’ondulante que j’ai beaucoup pêché. Pour passer au dessus des herbiers il suffisait de lever la canne puis la baisser pour la faire replonger. Cette même cuiller, telle la Syclops, permettait de pêcher en rivière avec un peu (pas trop) de courant et j’ai le souvenir de brochets de première catégorie qui y avaient succombé.
Pour avoir énormément pêché à l’ondulante au siècle dernier, mes prises les plus fréquentes étaient les brochets et les truites. Étonnamment les perches semblent plus attirées par le vrombissement des tournantes, pourtant j’ai essayé. Les gros moustachus sont aussi très sensibles aux ondulantes, le célèbre Jean Claude Tanzilli y est pour beaucoup, c’est lui qui a démocratisé cette méthode en France en bricolant justement ses premières ondulantes avec des cuillers à soupe.
Peu d’innovation technique dans l’ondulante, d’ailleurs en a t’elle besoin ? Sébile à pourtant développé une ondulante « Onduspoon » qui possède un corps creux garni de billes bruiteuses, quant à Rapala c’est la Rattlin Minnow Spoon, elle aussi équipée de billes mais armé d’un gros simple avec anti-herbe qui est l’évolution de ce type de leurre.
En traîne en grands lacs alpins, les ondulantes capturent de superbes truites lacustres que personnes ne prend autrement. Pour qui veut efficacement attraper du carnassier sans se ruiner, l’ondulante est un choix pertinent face aux poissons nageurs onéreux.
Relire l’excellent article de Jean Paul Charles sur les cuillers ondulantes.
Lire l’article du même auteur sur son propre blog sur comment fabriquer une ondulante.