Mes techniques pour la perche
A l’identique de mes pages sur mes techniques pour le Sandre et le brochet, Il ne s’agit pas pour moi de faire l’inventaire de toutes les techniques pour prendre des perches, ces dernières sont si nombreuses qu’il faudrait un livre, voir deux pour en faire état.
Je vais par contre vous décrire celle que j’utilise régulièrement ou occasionnellement et qui m’ont rapporté des prises. Comme d’habitude, ces techniques n’ont rien de secret, ni rien de très innovant, elles ne font appel qu’au bon sens, qu’à la qualité des matériaux employés et au rapport technique utilisée / saison.
En préambule, je vous dirais que la perche est certes abondante mais ce n’est pas pour cela qu’il faut en faire un massacre. Remettez à l’eau les moins de 25 cm ou les moins de 20 si vous adorez les filets mais pensez toujours que la ressource n’est pas inépuisable.
Début juillet 2010 je suis tombé sur une frénésie dans un lac de la région creusotine (71), sur environ 90 perches attrapées, mon collègue et moi n’en avons gardé qu’une vingtaine, c’est largement suffisant. Ceci s’est reproduit en 2020 et là encore je n’en ai gardé qu’une dizaine pour l’ apéro, comme quoi ces moments magiques de frénésie ne sont pas si courants.
Je commencerai par décrire en détail mes montages qui fonctionnent aux appâts naturels, puis aux leurres pour terminer par un survol rapide des techniques au fil des saisons.
Tout d’abord en préambule, un petit point sur le matériel. Soyez rigoureux sur la qualité de vos montages. La perche vivant en banc, elle a tendance à se jeter comme une folle sur le leurre avant que ses consœurs n’y aille aussi, néanmoins elle n’est pas aveugle ni complètement tarée alors soignez les présentations de vos montages. Il est fréquent de voir les perches suivre sans attaquer un montage trop grossier.
Concernant les hameçons, j’utilise les marques Owner, Decoy ou VMC (marques de qualité les mieux distribuées en France) en taille 10 pour le vairon et 6 pour le gros lombric en hameçons simples, en triples il est rare de monter au dessus du 4. La perche étant une goulue, ferrez à la touche ou ne comptez que deux à trois secondes avant le ferrage, il est extrêmement rare que l’hameçon soit planté loin dans la gorge avec cette méthode.
Au posé ne pêchez pas la perche avec votre matériel à brochet, utilisez une canne anglaise, une canne feeder ou une canne au toc. Vous pourrez pêcher plus fin et votre plaisir sera grand lorsque vous prendrez une diablesse rayée. Une grosse perche de plus de 30 cm est un valeureux adversaire au bout d’une ligne fine. La fragilité de sa bouche est un élément à prendre en compte lors du combat, évitez de la faire sauter hors de l’eau, allez y en douceur.
La perche à l’appât naturel:
D’entrée je citerai l’appât roi: Monseigneur le vartiau (nom morvandiaux du ver de terre).
Lombric, ver de berge, tête noire…..Tous ces vers sont de véritables aimants à perche. Ils sont faciles à stocker, à trouver (ou à acheter pour les moins courageux). Ils fonctionnent à merveille au bouchon, en plombée, en weightless, en trailer derrière un spinner ou une cuillère, en drop shot et en tirette.
Ayez toujours à l’esprit que la finesse et la discrétion doivent être de mise: corps de ligne en 16 ou 18 centièmes nylon ou 8 centièmes en tresse, bas de ligne fluoro de 14 ou 16 centième, hameçon de 6/8, pour de belles perches..
J’ai le souvenir d’une partie de pêche en 2009, sauvée de la bredouille parce que mon coéquipier Patoche le grand, amateur de vers (et de verres !!) en avait eu marre des leurres et avait décidé d’ouvrir un boite contenant des gros têtes noires. Au premier lancer en tirette, il avait sorti une perche de plus de 25 et en avait enchaîné d’autres à chaque lancer avant de déclarer forfait par manque d’appâts. Quant à moi, têtu, je n’en avais péniblement sorti qu’une seule au crankbait.
Ayez toujours avec vous une boite de vers de terre, il pourront vous sauver votre partie de pêche à la perche.
Auparavant, avec l’ ami Patoche, nous faisions notre provision de ver à têtes noires en mars. A l’issue d’une matinée de pêche à la truite, nous partions au centre d’un pré que nous connaissions riche en vers (plein de tortillons de terre entre les brins d’herbes).
Il suffisait de piétiner durant 10 minutes pour récolter une vingtaine de vers, puis bouger de 20 mètres et recommencer. On arrivait à récolter un litre de gros lombrics en une demi heure que je conservais dans un grand seau fermé rempli de terre et de feuilles mortes gardé à la cave. En remettant des feuilles de temps en temps et en changeant la terre, je gardai mes vers pour presque toute la saison.
Passons au second appât que j’affectionne: Le vairon
Celui ci pourrait prétendre au titre de meilleur vif pour sa résistance au bout de la ligne, sa capacité à survivre dans un bac à vif et son attrait irrésistible pour tous les carnassiers d’eau douce.
Facile et ludique à pêcher, il se conserve bien un mois en mars avril dans un gros bac, de préférence en ciment, gardé dehors et placé contre un mur au nord et à l’ombre. Avec un filtre de bassin vous optimiserez la durée de conservation, même en plein été.
Pour les moins courageux, allez jeter un œil sur le site vairons.com de la société Armor Vif, un pisciculteur breton se propose de vous les envoyer dans des sacs gonflés à l’oxygène, la livraison des vairons vivants est garantie par l’exploitant. Avec les frais de port, cela vous sera facturé un peu plus cher que chez votre détaillant mais sachez que ce dernier n’a généralement plus de vairon en bac à partir de mai.
Un vairon lancé derrière une chasse de perche en été et ce sont les grosses suiveuses qui mordront sur ce mets de choix.
Pour l’équipement au bouchon, une canne au toc convient parfaitement, la même que pour la pêche au ver. Le montage sera sensiblement identique mais avec un flotteur plus « light » qu’au ver (le ver pèse sensiblement plus lourd qu’un vairon), l’hameçon sera un simple 10/12 ou un triple équivalent.
J’aime bien pêcher à l’anglaise au waggler avec un vairon vif. Ça me permet de jeter assez loin et d’aller tenter les belles zébrées un peu plus profond qu’au flotteur fixe.
J’aime aussi la pêcher au feeder lorsque je tente aussi le sandre, j’utilise alors une technique particulière pour la plombée. C’est un truc que je décris dans un article sur le sandre en montage finesse: Utilisez une cage feeder sur anti-emmeleur, glissez y de la mousse imprégnée d’attractant, n’oubliez pas le long bas de ligne en fluorocarbone.
La perche aux larves aquatiques ou aux insectes:
Il y a bien longtemps que je ne l’ai plus pratiquée mais je lui dois de fabuleux souvenirs. Certains font des cartons à la petite bête (larve d’éphémère) mais je n’en avais que très peu chez moi. Par contre elle mord très bien au porte-bois en avril mai et quand vient le moment des sauterelles, c’est l’apothéose en août. Ce sont des pêches simples, le plus souvent à vue, contre les ouvrages hydrauliques mais elles vous procurent de belles sensations. Essayez le buldo et la bombette.
J’aimais aussi les prendre au têtard mais je viens d’apprendre qu’il est interdit d’utiliser un têtard comme appât.
La perche au manié ou au fire ball:
Généralement elle n’est qu’une victime collatérale de ce type de pêche. Mais j’avoue qu’une perche de 45 cm me fait bien plus plaisir qu’un sandre de 60. Au moins il y a du combat à la clef et avec ses superbes couleurs, Perca Fluviatilis, fera une belle photo avant d’aller rejoindre son élément ou ma bourriche, car j’adore manger les grosses perches (je n’en prends pas beaucoup dans l’année).
Le perche à la tirette: Technique très efficace sur la perche avec de petits vifs ou de gros lombrics, comme je l’ai mentionné plus haut, elle nous a sauvé plusieurs partie de pêche de la bredouille. Après pas mal essais, faites comme moi passez au plomb tyrolien pour moins perdre de montages.
Il faudra vous munir d’une canne spéciale tirette pour bien ressentir les touches quelquefois discrètes de la perche. A la touche, rendez la main quelques secondes, à essayer d’urgence si vous ne l’avez jamais pratiquée et si vous appréciez les sensations tactiles.
Le point important est de ramener doucement et de faire des pauses régulières, vous devriez sentir votre vif s’affoler juste avant l’attaque. Usage de la tresse indispensable pour bien ressentir les coups de nez de la belle zébrée.
La perche au drop shot :
Cette technique fonctionne remarquablement lorsque l’on pêche depuis une embarcation mais fonctionne aussi depuis le bord. Je l’ai d’ailleurs énormément utilisée cette année, ainsi que Patoche le grand, initiateur de cette technique pour l’équipe (voir mon article sur le double drop).
On peut dropshoter au vif, au ver ou au leurre, tout fonctionne et cette technique est véritablement plus prenante que les autres.
Il suffit de lancer, gigoter du scion quelques secondes, déplacer d’un mètre….etc. Les doublés de perches (la loi autorise deux hameçons) ne sont pas rares lorsque ça mord. Et quand ça ne mord pas, cette technique insistante est plus prenante qu’aux leurres durs, d’autant qu’on peut mettre de l’attractant sur les vers.
La perche au leurre:
La perche est souvent le premier poisson que le pêcheur novice prend au leurre. Elle en devient quelquefois le préféré du pêcheur expérimenté qui peut se faire plaisir avec diverses techniques grâce à son abondance.
La perche mord à tous les leurres sans exception, en cela elle est géniale pour s’amuser. Pêchez-la au nylon (plus discret que la tresse) et intercalez une tête de ligne en fluoro de trois mètres pour plus de discrétion.
La perche à la cuiller:
Technique ancestrale du vieux vingtième siècle (cela ne me rajeunit pas !), la cuiller reste toujours une arme d’actualité pour tenter la perche. Tous les modèles fonctionnent, tournante, ondulante, spinner bait…..
La perche en fin d’été à un faible pour les pompons rouges, certainement afin de cibler son attaque, en outre la teinte rouge semble l’attirer, donc n’hésitez pas, points rouges, gaine plastique rouge tout est bon à prendre du coté du rouge.
La perche au poisson nageur:
Elle mord sur tout, cranckbaits, longbill minnow, jerkbaits mais préfère les petits PN d’une taille comprise en 45 et 60 mm. Ma découverte qui date de l’année 2011: le SX 40 d’Ecogear, un mini longbill fabuleux qui nous a rapporté de très nombreuses prises et qui en 2020 fonctionne toujours aussi bien.
Essayez les poissons nageurs de surface de type Sammy 65 ou Megabass DogX junior pour voir les nageoires dorsales des zébrées sortir de l’eau et entendre leurs « smacks » de gobages. Un grand moment de pur bonheur à vivre.
Pour cette technique au leurres durs, utilisez une canne Light comme la Pepper d’ Illex montée avec une tresse 12 brins fine (on ne sait jamais s’il n’y aura pas un brochet qui mordra !). Ce matériel fin vous procurera du plaisir et saura résister aux belles pièces. A titre personnel, j’ aime aussi utiliser un ensemble Shimano Exage mini télé spin d’1,6m monté sur un Shimano Symetre 500 qui a déjà 15 ans mais qui me satisfait largement.
La perche au leurre souple :
A la tête plombée avec une virgule, un shad, au drop, au texan, au weightless. Toutes les déclinaisons et tous les leurres souples attirent et font mordre la perche. La question de la couleur ne nous mettra tous jamais d’accord. Ici elle préférera le chartreuse, là le blanc et rouge, ailleurs…..Essayez plusieurs couleurs pour trouver la teinte du jour.
Un leurre fabuleux pour la perche que j’ai découvert en coloris watermelon: Le rockvib de Reins en 2 pouces . Testez-le, il est vraiment impressionnant.
La perche au plomb palette:
Le plomb palette ou tout du moins sa forme existe depuis des lustres. J’ai un vieux livre datant de 1975 où on décrit cette forme de pêche à la dandine avec un ver. Néanmoins le Plomb palette de maintenant offre pas mal d’avantages et s’accroche moins, il m’a bien réussi à Pannecière en 2008 et 2009 et ça continue depuis !
La perche à la dandine:
A la balle ou à au plomb pyramidal, la dandine est certainement l’une des pêches les plus spécifiques à la perche. De moins en moins utilisées car répétitive, je suis sur que son potentiel lui permettra de revenir sur le devant de la scène dans peu de temps. Il vous faut une grande canne au toc, un fil fin, un hameçon adapté au leurre pour pratiquer. Il suffit de déposer votre montage près de buissons immergés et de dandiner par petits coups de poignets. Les perches ne sont jamais très grosses mais ça peut être amusant.
La perche au jig:
Là je sens une pêche d’avenir à l’identique du jig utilisé en mer, le jig d’eau douce commence à poindre du nez. Son ancêtre était le poisson d’étain qui marche bien, le jig étant articulé, il y a moins de décrochage.
Idéal en barque dans les lacs de barrage par grand fond, je jig est le seul leurre capable d’aller les agacer par 20m en lancer ramené, et ça fonctionne. Il arrive même de prendre des sandres et des brochets sur un jig de 6 cm. Vivement que les assist hook en taille 2 et 4 soit mieux distribués car les triples de nos jigs adorent rester pris au fond.
Les lames vibrantes:
Seconde révolution depuis 2009: Les lames vibrantes.
Au tout début, j’étais dubitatif. Encore une nouveauté…….Présentée au salon de Clermont par Ecogear, j’avais bien noté les chouettes coloris mais bof, si seulement j’avais su ! J’ai constaté l’efficacité de ces lames en 2010 et je suis emballé, c’est une véritable tuerie sur les perches.
De plus ces lames peuvent pêcher très creux, on peut même les employer en dandine. A éviter par contre sur les hauts fonds.
Depuis leur arrive assez récente en France, les Tailspins ont fait des ravages dans les rangs des perches. Ce leurre est avec la lame vibrante, l’un des plus efficace sur les percidés.
Aussi bon en linéaire basique qu’un traction, voir même animé sur le fond, ce leurre fait réagir les belles perches en combinant le poids élevé des lames et l’ attrait des palettes
Voilà je pense avoir fait le tour de mes techniques préférées actuelles ou un peu passées mais que j’ai toujours effectuées avec bonheur et efficacité. D’autres existent et d’autres encore sont super efficaces mais je ne peux parler que de ce que je connais.
Passons maintenant à l’utilisation des techniques que j’utilise en fonction des saisons:
La perche au printemps: Le vif et le vers quasi exclusivement. Le vif en tirette, le vif en drop shot, le vif au bouchon, en plombée etc. etc, idem pour le ver.
Au printemps il semble que la perche soit dingue des appâts carnés, alors oubliez les leurres et sortez vos vairons, c’est d’ailleurs la meilleure saison pour s’en procurer.
En barque, une touche de perche se remarque par la quasi absence d’affolement du poisson, quelquefois on note un tremblement du bouchon juste avant une plongée rapide. Au contact, la perche nous démontre ses talents de bagarreuse en sondant avec force mais se rend finalement assez rapidement. Quel plaisir de faire glisser ce superbe poisson dans l’épuisette.
Du bord, elle se tient sur les plages ou à leur limite, guettant un vif isolé ou alors elles sont au milieu des arbustes rivulaires noyés. Quelquefois on touche des grosses dans 6/8 m près des obstacles noyés.
Avant leur fraye les perches sont maigres, plus encore après la fraye. Attendez juillet août pour les déguster, elles n’en seront que meilleures.
La perche en été :
Elle est partout, ses chasses sont bruyantes à l’aube et au crépuscule. Début juillet elle fonce sur les mini alevins de sandre ou sur les siens, en août septembre elle tape sur les alevins de gardons et de carpes.
Elle mord à tout, l’important est de localiser les chasses et de les pêcher. Partout où se trouveront de la blanchaille, plage au soleil, queue d’étang, arrivée de tributaire, il y aura des zébrées. Sachez en profiter.
Si vous avez un sondeur, trouvez le lit noyé de la rivière, suivez le et vous tomberez sur des boules de blancs en juillet aout. Les perches sont à coté, sûr et certain. C’est aussi le meilleur moment de l’année pour sortir vos leurres de surface, peignez les bordures et attendez vous à du sport riche en adrénaline.
La perche en automne:
Les alevins grossissent et quittent les bordures pour le fond, les perches vont les accompagner. Elles chassent encore sur les bords jusqu’en octobre. J’aime bien les chercher au poisson nageur de 6/8 cm (jerkbait) ou alors au crankbait mais plus au large.
Certains s’ancrent dans 10m d’eau et peignent à la cuiller à mi eau, ça fonctionne très bien. Au jig, ça commence à devenir intéressant près des piles de ponts.
Le pêcheur du bord aura moins de chance sauf à pêcher à l’anglaise au waggler à grande distance.
Plus la saison va passer, plus les perches descendront mais un rayon de soleil peut encore les inviter à taper sur les bordures. A essayer.
La perche en hiver:
Au fond, cherchez-la au fond. Du bord, tentez-la en plombée avec un amorçage préalable. La perche est très sensible à l’amorçage ou aux attractants. Elle se prend bien au mort manié à cette époque.
Pêcheurs en barque, cherchez la en verticale ou au plomb palette, voir au jig mais doucement. Elle réagit bien aux techniques insistantes près des obstacles immergés par grand fond (10m et +), manié, gros ver au pendu..
Essayez toutes les techniques possibles, il n’est pas rare d’en prendre une belle au milieu de nulle part au crank. Allez savoir, ce poisson semble quand même garder une certaine activité en plein cœur de l’hiver.
Je pense avoir effectué le tour de mes techniques. Toujours pas de secret, que du bon sens. Je sais, comme pour le sandre, que certains ne seront pas d’accord avec moi sur un ou quelques points de détails mais j’avais dit en préambule que je ne parlerai que de mes techniques et seulement des miennes.
Je pressent un emballement pour la perche dans les prochaines années, ce fabuleux carnassier, beau, bon à manger, bon combattant, présent partout et facile à leurrer deviendra vite une référence pour les pêcheurs de carnassiers qui ne jurent que par le sandre. Avec la perche, tous les leurres fonctionnent, toutes les saisons sont à même de livrer du poisson et il n’y a pas de période de fermeture spécifique.
Pêchez des perches, c’est franchement loin d’être ringard et c’est super ludique.
Consultez aussi les dossiers sur les techniques pour le brochet et les techniques pour le sandre .
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